Mitsumasa Yonai

Mitsumasa Yonai
米内 光政
Mitsumasa Yonai

Naissance
Drapeau du Japon Morioka, Iwate
Décès (à 68 ans)
Origine Japonais
Allégeance Drapeau de l'Empire du Japon Empire du Japon
Grade Amiral
Années de service 19011945
Commandement Drapeau de l'armée impériale japonaise Marine impériale japonaise
Distinctions Ordre du Trésor sacré
Ordre du Soleil levant
Ordre du Milan d'or (1re classe)

Mitsumasa Yonai (米内 光政, Yonai Mitsumasa?), né le et mort le , est un amiral de la Marine impériale japonaise et un homme d'État qui fut le 37e Premier ministre du Japon du au . Il est connu pour sa tendance pro-britannique et pro-américaine, et son opposition à une alliance avec l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste.

Né à Morioka dans la préfecture d'Iwate, Yonai est le premier fils d'un ancien samouraï servant autrefois le clan Nanbu du domaine de Morioka. Il sort diplômé de la 29e promotion de l'académie navale impériale du Japon en 1901, étant classé 68e sur 125 cadets[1]. Après avoir servi comme aspirant sur la corvette Kongō (en) et le croiseur Tokiwa, il est nommé enseigne en . Il sert à des postes administratifs jusqu'à la fin de la guerre russo-japonaise de 1904-1905 avant de retourner en mer à bord du destroyer Inazuma et du croiseur Iwate.

Après la guerre, il sert comme officier en chef de l'artillerie sur le croiseur Niitaka (en), le cuirassé Shikishima (en) et le croiseur Tone (en)[2]. Après sa promotion de lieutenant-commandant en , il sort diplômé de l'école navale impériale du Japon et est affecté comme attaché naval en Russie durant la Première Guerre mondiale de 1915 à 1917. À l'étranger, il est promu commandant. À la suite de l'effondrement de l'Empire russe, il est rappelé au Japon et devient commandant en second sur le cuirassé Asahi[2]. Il est promu capitaine de vaisseau en et sert comme attaché naval en Pologne de 1921 à 1922.

Mitsumasa Yonai

De retour au Japon, il est commandant des croiseurs Kasuga (1922-1923) et Iwate (1923-1924), et des cuirassés Fusō (en 1924) et Mutsu (1924-1925). Yonai est promu contre-amiral le [2]. Il devient chef de la 3e section de l'État-major de la Marine impériale japonaise en où il sert au conseil technique du département technique naval[2]. Il est nommé commandant-en-chef de la 1re flotte expéditionnaire, envoyée sur le Yangzi Jiang en Chine en . À la suite du succès de sa mission, il est promu vice-amiral en et placé à la tête du district de garde de Chinkai en Corée.

Yonai en tant que commandant en chef de la flotte combinée en 1936.

Yonai reçoit le commandement de la 3e flotte en , puis du district naval de Sasebo (), de la 2e flotte () et du district naval de Yokosuka () avant d'être nommé commandant-en-chef de la flotte combinée et en même temps de la 1re flotte en [2]. Alors qu'il commande Sasebo, la marine japonaise est secouée par l'incident du torpilleur Tomozuru (en) quand il est constaté que la conception de base des torpilleurs de la classe Chidori est faussée, ce qui remet en question l'ensemble des conceptions des navires de la marine[3].

Alors qu'il commande Yokosuka, l'incident du 26 février a lieu à Tokyo. Yonai rend visite à sa maîtresse à Shinbashi la nuit de la tentative de coup d'État, à seulement quelques rues, mais ne sait rien de la situation avant de revenir à sa base le lendemain matin.

Ministre de la Marine

[modifier | modifier le code]

Yonai est promu amiral en et ministre de la Marine dans le gouvernement du Premier ministre Senjūrō Hayashi en 1937. Il retourne à ce même poste dans les gouvernements suivants de Fumimaro Konoe et Hiranuma Kiichirō jusqu'en [2]. Après la nomination de Nobuyuki Abe comme Premier ministre, Yonai reste au conseil suprême de guerre. Alors qu'il est ministre de la Marine, Yonai est connu pour être particulièrement laconique. Ses discours sont très courts et prononcés avec son accent nambu presque inintelligible. La longueur de ses discours fait moins de la moitié de celle de ses contemporains.

En tant que ministre de la Marine, Yonai s'alarme de la montée des tensions entre le Japon, le Royaume-Uni et les États-Unis au moment où une grande partie de l'Armée impériale japonaise se retrouve prise dans un bourbier en Chine. Ses efforts pour promouvoir la paix le rendent très impopulaires auprès des extrémistes ultranationalistes et (tout comme l'amiral Isoroku Yamamoto) il est la cible de plusieurs tentatives d'assassinat. Cependant, Yonai soutient la construction des cuirassés de la classe Yamato afin de maintenir l'équilibre militaire avec les deux autres superpuissances navales mondiales.

Premier ministre du Japon

[modifier | modifier le code]
Yonai lisant un mémo durant une session plénière à la Chambre des représentants du Japon en février 1940.

Yonai est nommé Premier ministre du Japon le , principalement grâce au soutien de l'empereur Hirohito. En tant que Premier ministre, il poursuit la forte tendance pro-britannique et pro-américaine qu'il avait quand il était ministre de la Marine et s'oppose à l'éventualité d'un pacte tripartite avec l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste.

Après l'occupation allemande des Pays-Bas et de la France en mai-, l'Armée impériale japonaise commence à montrer son mécontentement envers la politique anti-allemande de Yonai. Le désaccord devient évident début 1940 quand le ministre de la Guerre Shunroku Hata commence à critiquer ouvertement le Premier ministre[4]. Quand Hata démissionne, Yonai est alors contraint de faire de même le . La constitution japonaise requiert que le ministre de la Guerre soit un général de l'armée mais aucun n'accepte le poste en raison des tendances pro-Axe de l'Armée impériale japonaise[5]. Le pacte tripartite est finalement signé le .

Suite de sa carrière politique

[modifier | modifier le code]

Yonai sert comme vice-Premier ministre en même temps qu'il retrouve son poste de ministre de la Marine dans le gouvernement de Kuniaki Koiso le , retournant ainsi en service actif. À cette époque, la bataille de Saipan voit l'île être prise par les Alliés.

Yonai reste ministre de la Marine dans le gouvernement de Kantarō Suzuki. Dans les semaines précédant la reddition du Japon, il rejoint le Premier ministre Suzuki et le ministère des Affaires étrangères Shigenori Tōgō dans l'appel à accepter la déclaration de Potsdam en opposition au ministre de la Guerre Korechika Anami, au chef de l'état-major de la marine Soemu Toyoda et au chef de l'état-major de l'armée Yoshijirō Umezu.

Yonai reste ministre de la Marine dans les gouvernements de Naruhiko Higashikuni et Kijūrō Shidehara à partir d', période durant laquelle il préside à la dissolution finale de la Marine impériale japonaise.

Il joue un grand rôle au tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient en travaillant avec les principaux accusés, comme Hideki Tōjō, pour coordonner leurs témoignages afin que l'empereur Hirohito soit épargné de l'acte d'accusation. Selon son interprète Suichi Mizota, en , Bonner Fellers (en) lui aurait demandé de faire de Tōjō le seul responsable de la Grande guerre de l'Asie orientale[6]. Après la guerre, Yonai dédie le reste de sa vie à reconstruire le Japon dévasté.

Yonai souffre toute sa vie d'hypertension artérielle mais meurt de pneumonie en 1948 à 68 ans. Sa tombe se trouve au Enkō-ji dans sa ville natale de Morioka.

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. (ja) « アジア歴史資料センター », sur jacar.go.jp (consulté le ).
  2. a b c d e et f Stewart, Admirals of the World, p. 292.
  3. Le destroyer a chaviré lors d'un grain. Il appartenait à une classe d'unités de petit tonnage, 600 tonnes, mais armées comme des unités deux fois plus grosses, pour contourner les traités navals en vigueur. Cet armement trop lourd faisait que son centre de gravité était trop haut. Malgré l'ajout de bulbes anti-torpilles après les essais, il manquait de stabilité. Lors de l'incident, ses soutes à munitions étaient pleines mais pas ses soutes à mazout, le rendant encore moins stable.
  4. The Ambassador in Japan (Grew) to the Secretary of State, July 17, 1940, Foreign Relations of the United States, 1940, vol. IV, p. 964
  5. "Japanese Destroyer Captain, Tameichi Hara, Naval Institute Press, Chapter 12
  6. Herbert Bix, Hirohito and the making of modern Japan, Perennial, 2001, p. 584.

Bibliographie

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]