Perry Anderson est né à Londres mais il passa ses premières années en Chine où son père, James O'Gorman Anderson, travaille pour le service des douanes (son frère, Benedict Anderson, est d'ailleurs né en Chine). Au cours d'un séjour en Californie en 1941, la famille reste aux États-Unis après l'attaque de Pearl Harbor et l'invasion japonaise de Shanghai. Ses premières années d'école se sont donc passées dans un pensionnat à Los Gatos. Après la guerre, la famille retourne en Angleterre, puis en Irlande, après quoi Perry Anderson revient en Angleterre pour étudier à Eton College et à l'université d'Oxford. Il raconte qu'aux États-Unis il était traité comme un étranger en raison de son accent anglais, en Angleterre c'était à cause de son accent américain, puis en Irlande pour son accent anglais et enfin en Angleterre pour un accent irlandais[1].
Proche de ce qu'il identifia comme le courant du marxisme occidental (Western Marxism), il s'opposa à l'historien marxiste E. P. Thompson dans les années 1960 ("Socialism and Pseudo-Empiricism", in New Left Review, jan.-, puis Arguments within English Marxism, 1980). Dans Considerations on Western Marxism (1976), il étudie une série d'auteurs marxistes qui, avec le déclin de la vague révolutionnaire des années 1920 en Europe, s'intéressent davantage aux problèmes esthétiques et culturels qu'à l'analyse économique : Lukács, Gramsci (peut-être une exception dans le courant en raison de son insistance sur l'analyse politique et l'analyse de l'État), Adorno, Marcuse jusqu'à Fredric Jameson, auteur dont il discute avec bienveillance les thèses dans Les Origines de la postmodernité (1998 pour l'édition anglaise), et dont il qualifie l’œuvre d'« apogée du marxisme occidental ».
Selon Anderson, la notion migre ensuite dans le champ de l'architecture avec L'Enseignement de Las Vegas (1972) de Robert Venturi, Denise Scott Brown et Robert Izenour, puis Le Langage de l'architecture postmoderne (1977) de Charles Jencks. Avec ces différents usages du terme, parfois antinomiques, la scène est dressée pour l'entrée sur la scène philosophique de la notion, avec les deux textes, contemporains mais écrits en chassé-croisé et en réponse à des événements différents, de Jean-François Lyotard (La Condition postmoderne, 1979) et Habermas (La Modernité, un projet inachevé, 1981, écrit en réponse à la Biennale de Venise de 1980, « vitrine de la version du postmodernisme défendue par Jencks »).
La suite de l'ouvrage est consacrée à une discussion serrée des thèses de Jameson, en commençant par Postmodernism, or The Cultural Logic of Late Capitalism, publié en 1984 dans la New Left Review et dont le titre faisait référence à l'ouvrage d'Ernest Mandel, Late Capitalism (traduit sous le titre Le Troisième Âge du Capitalisme). Selon Anderson, Jameson effectue un véritable coup de force philosophique et politique, en reconsidérant le postmodernisme en tant que logique culturelle adaptée à une époque spécifique, celle du « capitalisme tardif » ou post-fordisme, lui donnant ainsi une signification globale plutôt que simplement liée à certains courants culturels. En tant qu'éditeur de la New Left Review, où eurent lieu de nombreux débats au sujet de ce texte fondateur, Anderson est bien placé pour donner une lecture de la notion. Sont aussi discutés Peter Wollen (Raiding the Icebox), Alex Callinicos (Against Post-modernism), Arthur Danto, David Harvey ou Terry Eagleton (The Illusions of Post-modernism).
Introduction à London Review of Books: An Anthology No. 3, Londres, Verso, 1996, 320 p.[23] (ISBN978-1859841211)
Traduction de The Two Lolitas de Michael Maar (titre originel : Lolita und der deutsche Leutnant), Londres, Verso, 2005, 112 p.[24] (ISBN978-1844670383)
Le Portugal et la fin de l'ultra-colonialisme, (trad. Fanchita Gonzalez), Paris, Maspero, 1963, 168 p. (titre original : Portugal and the end of ultra-colonialism, Londres, New Left Review, Nos. 15-17, 1962)
Passages de l'Antiquité au féodalisme, (trad. Yves Bouveret), Paris, Maspero, 1977, 412 p. (titre original : Passages from Antiquity to Feudalism, Londres, Verso, 1974)
Sur le marxisme occidental, (trad. Dominique Letellier et Serge Niemetz), Paris, Maspero, 1977, 167 p. (titre original : Considerations on Western Marxism, Londres, New Left Book, 1976)
L'État absolutiste. 1 - L'Europe de l'Ouest, François Maspero, coll. "Textes à l'appui", 1978
L'État absolutiste. 2 - L'Europe de l'Est, François Maspero, coll. "Textes à l'appui", 1978
Sur Gramsci, (trad. Dominique Lettelier et Serge Niemetz), Paris, Maspero, 1978, 412 p. (titre original : The Antinomies of Antonio Gramsci, Londres, 1977)
La pensée tiède : Un regard critique sur la culture française, Seuil, , 136 p. (ISBN978-2-02-080304-5) (compilation de deux articles, « Dégringolade » et « Union sucrée » parus dans la London Review of Books, 2004)
Le Nouveau Vieux monde : Sur le destin d’un auxiliaire de l’ordre américain [« The New Old World »] (trad. de l'anglais), Marseille, Agone, , 744 p. (ISBN978-2-7489-0143-6)
Comment les États-Unis ont fait le monde à leur image : La Politique étrangère américaine et ses penseurs [« American Foreign Policy and Its Thinkers »] (trad. de l'anglais), Marseille, Agone, , 320 p. (ISBN978-2-7489-0232-7)
↑'enhanced with an additional essay and preface for the Indian reader', Americana, New Delhi, Three Essays Collective, 2015: https://threeessays.com/books/americana/
↑'Exploding like so many magnesium flares in a night sky, Fredric Jameson’s writings have lit up the shrouded landscape of the postmodern, suddenly transforming its shadows and obscurities into an eerie, refulgent tableau. The contours of the scenery revealed are on display below. The Cultural Turn offers the most compact and complete resume of the development of his thinking on- the subject, across two decades of intensely productive reflections, from his earliest sorties to his latest assessments. At once introduction and overview, it offers the best scroll of Jameson’s work on the postmodern to date.'