Piero Gilardi est un artiste qui utilise la sculpture, le dessin, l’installation et la performance. Il commence sa carrière en Italie dans les années 1960 et expose dès 1967 à la galerie Sonnabend à Paris. Cofondateur de l'« Arte Povera », il prône un « art habitable » et émotionnel, inséparable de la vie. Cet art doit être également « micro-émotif », c’est-à-dire en interaction permanente entre l’individu et son environnement[2].
Il réalise en 1963 une première exposition intitulée « Machines du futur » (Macchine per il futuro) dans laquelle il crée une installation anti-esthétique et ayant pour origine le dadaïsme. Il réalise un diaporama technoscientifique prenant pour thématique la civilisation cybernétique du futur[3].
Il se fait connaître dès 1964 avec ses « Tapis-Nature » des sculptures posées au sol ou accrochées au mur représentant des morceaux de paysage. Ces sculptures sont réalisées en mousse polyuréthane. Sorte de tableaux-reliefs dont l’aspect artificiel est revendiqué par l’artiste, les Tapis-Nature participent à la reconnaissance internationale de Gilardi[4].
Sa conscience écologique s’est éveillé dit-il après avoir vu une rivière de Turin remplie de déchets et de plastiques : « Alors, je me suis dit qu’il fallait que je prépare un petit morceau de rivière, avec ses galets, propre et confortable[5] ! » Quelque temps après la réalisation de ses premiers Tapis natures Gilardi apprend que sa technique est très polluante.
« J’ai créé les Tapis-Nature en 1965 en les pensant comme les exemples de la décoration intérieure de la « cellule individuelle d’habitation » cybernétique, présentée lors de l’exposition Machines du futur. En réalisant les premiers Tapis-Nature, j’ai emprunté à Claes Oldenburg sa poétique sensorielle du « soft » mais, pour moi, la mousse en caoutchouc avait surtout pour fonction d’accueillir et d’interagir avec le corps[6]. »
Piero Gilardi a arrêté sa production artistique durant 12 ans, dans le but de se consacrer à un art relationnel et à des actions militantes. Il fait le choix de ne plus produire d’objets d’art destiné à la marchandisation. Il s’intéresse alors à l’interaction du corps et du public, l’art devait pour lui entrer en contact direct avec le spectateur. Adepte d'une écologie sociale et artistique, il fonde en 2008 le Parc d'art vivant de Turin[7].
Il fait un retour à la production artistique depuis les années 1980, en racontant son parcours artistique-idéologique dans un texte intitulé Dall'arte alla vita, dalla vita[8]all'arte : Piero Gilardi a écrit deux ouvrages témoins de ses réflexions et recherches sur l’art : le premier en 1981 intitulé Dell’arte alla vita, dalla vita all’arte concerne la révolution culturelle et sociale de 1968 et ses effets durant les années 1970. Le second livre s’intitule Not for Sale – À la recherche de l’art relationnel 1982-2000[9].
La plus grande partie des travaux récents de Gilardi est axées sur le sujet c'est-à-dire l'interaction entre l'œuvre et le spectateur. Entre les différentes créations, citons l'installation Pulsations qui met en scène visuellement le battement cardiaque de l'observateur de l'œuvre; Absolut, forêt de matériaux synthétiques, translucides et froids ou encore Shared emotion, qui propose à deux spectateurs une expérience informatique interactive, en les rapportant aux nouvelles modalités d'approche et d'échange dans la société virtuelle et globalisée.
L'artiste a élargi sa pratique au dessin et aux installations interactives multimédia, et exposé au Nottingham Contemporary (2013), au CCC-Centre de création contemporaine de Tours (2010) et à la Semiose galerie (2009). Son œuvre est conservée dans les collections françaises (MNAM- Centre Pompidou, FNAC, FRAC) et étrangères (Galleria Civica of Modern Art and Contemporary à Turin, MAMCO à Genève, Moderna Museet à Stockholm, Musée Tamayo à Mexico, MoMA à New York etc.).
1997 : Elements, Galleria B&D, Milan (I) • Natura umbra, Galleria Ronchini, Terni (I) • Paesaggi sonori, Galleria Dialoghi, Biella (I) • Paesaggi sonori, Galleria Altri lavori in corso, Rome
1996 : Opere multimediali, Galleria Santo Ficara, Florence (I) • Hortus conclusus, Galleria Ciocca e Raffaelli, Milan
1991 : Inverosimile, Sperone Westwater Gallery, New York (USA) ; Galerie Di Meo, Paris (FR) ; Studio d’Arte Raffaelli, Trento
1990 : Galleria II Campo, Rome (I) ; Galleria Santo Ficara, Florence (I) ; Salone Villa Romana, Florence (I) ; Galleria Civica d’Arte Moderna of Trento
1989 : Project Ixiana, Musée des Arts Decoratifs, Paris (FR) ; Falchi e colombe, percorso della scultura, Milan (I) ; Stop Pollution, Studio Marconi, Milan (I) ; Galleria Toselli, Milan
↑Piero Gilardi, Stéphane Corréard, Timothée Chaillou, « Entretien/Piero Gilardi L’expression artistique comme forme de vie », Particules, n°26, , p. 6-7 (ISSN2427-9927, lire en ligne)
↑Andrea Bellini et Piero Gilardi, Entretien avec Andrea Bellini (septembre 2001), Zürich, Paris, JRP Ringier et Semiose éditions, 192 p. (ISBN978-3-03764-242-9), p. 154
↑(it) Piero Gilardi, Dall’arte alla vita, dalla vita all’arte, Milan, La Salamandra,
↑Piero Gilardi (trad. de l'italien), Not for Sale – À la recherche de l’art relationnel 1982-2000, Paris, Les presses du réel, , 217 p. (ISBN2-84066-079-2).