Plasmodium vivax

Plasmodium vivax est la cause la plus fréquente de la fièvre tierce bénigne, l'une des formes du paludisme encore appelé malaria. Cette maladie est moins virulente que le P. falciparum, et souvent considérée comme bénigne. Elle est néanmoins débilitante et parfois mortelle, et économiquement coûteuse (coût estimé entre 1,4 et 4 milliards de dollars américains par an[1]) dans de nombreux pays tropicaux et tempérés hors d'Afrique.

Elle est pour cette raison parfois considéré comme non bénigne et comme une maladie tropicale négligée, d'autant que comme le paludisme, elle pourrait étendre son aire de répartition avec le dérèglement climatique et la mondialisation.

La période d'incubation de l'infection s'étend habituellement de 10-17 jours, mais parfois jusqu'à une année. Les crises de fièvre créés par le plasmodium vivax sont récurrentes.

Particularités

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P. vivax peut résister à des températures plus faibles que P. falciparum, et possède une forme latente dans le foie, appelée hypnozoïte, qui rend possible des récidives contagieuses de la maladie à plusieurs mois ou années d'écart[2]. Combinés, ces deux effets permettent à P. vivax d'être présent dans des zones à climat plus tempéré que P. falciparum[2].

Prévalence et impacts socioéconomiques

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La proportion de la population mondiale infectée ou risquant de l'être par P. vivax est plus importante que celle infectée ou risquant de l'être par Plasmodium falciparum [3]. Les patients de tous âges souffrent d'infections épuisantes et répétées par P. vivax (accès fébriles et incapacitants, souvent accompagnés d'une anémie sévère, de détresse respiratoire, de troubles de la grossesse (chez la femme) et de difficultés de l'apprentissage chez les enfants). Comme pour d'autres maladies négligées, P. vivax affecte surtout des populations pauvres ayant peu d'accès aux soins et la maladie contribue à entretenir cette pauvreté et le manque d'accès aux soins[4],[5],[6].

Les programmes d'élimination du paludisme ont ciblé P. falciparum, car plus mortellement dangereux, mais au détriment de la lutte contre P. vivax qui selon les experts sévit dans les mêmes zones et pourrait être plus difficile à combattre[7], notamment parce qu'on dispose de moins de connaissances à son sujet[8] et qu'il existe aussi des risques de résistances aux médicaments[9].

L'Organisation mondiale de la santé, dans un document datant de 2015, recommande la chloroquine ou une combinaison avec l'artémisine pour tuer le parasite circulant, puis une cure de 15 jours de primaquine pour tuer les hypnozoïtes[10].

Le tafénoquine, en prise unique, pourrait constituer une alternative[11].

Articles connexes

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Liens externes

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Références

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  1. Price RN, Tjitra E, Guerra CA, Yeung S, White NJ, et al. (2007) Vivax malaria: neglected and not benign. Am J Trop Med Hyg 77: 79–87. (résumé)
  2. a et b Megan Michel et al., « Ancient Plasmodium genomes shed light on the history of human malaria », Nature,‎ (DOI https://doi.org/10.1038/s41586-024-07546-2)
  3. Guerra CA, Howes RE, Patil AP, Gething PW, Van Boeckel TP, et al. (2010) The international limits and population at risk of Plasmodium vivax transmission in 2009. PLoS Negl Trop Dis 4: e774. doi:10.1371/journal.pntd.0000774
  4. Ruiz W, Kroeger A (1994) The socioeconomic impact of malaria in Colombia and Ecuador. Health Policy Plan 9: 144–154.
  5. Booth CM, MacLean JD (2001) Knowledge, treatment-seeking, and socioeconomic impact of malaria on the Essequibo Coast of Guyana. McGill J Med 6: 17–25.
  6. Bonilla E, Rodriguez A (1993) Determining malaria effects in rural Colombia. Soc Sci Med 37: 1109–1114.
  7. Feachem RGA, Malaria Elimination Group (2009) Shrinking the malaria map: a guide on malaria elimination for policy makers. San Francisco: The Global Health Group.
  8. Mueller I, Galinski MR, Baird JK, Carlton JM, Kochar DK, et al. (2009) Key gaps in the knowledge of Plasmodium vivax, a neglected human malaria parasite. Lancet Infect Dis 9: 555–566
  9. Price RN, Douglas NM, Anstey NM (2009) New developments in Plasmodium vivax malaria: severe disease and the rise of chloroquine resistance. Curr Opin Infect Dis 22: 430–435.
  10. World Health Organization, Control and elimination of Plasmodium vivax malaria — a technical brief, 2015
  11. Lacerda MVG, Llanos-Cuentas A, Krudsood S et al. Single-dose tafenoquine to prevent relapse of Plasmodium vivax malaria, N Engl J Med, 2019;380:215-228