Point Air

Point Air
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IATAOACIIndicatif d'appel
FW POA POINTAIR
Repères historiques
Date de création 1 mars 1981
Date de disparition 2 décembre 1987 (cessation de paiement), 12 février 1988 (liquidation judiciaire)
Fondateur Maurice Freund
Généralités
Basée à Aéroport de Bâle-Mulhouse
Siège social Drapeau de la France Saint-Louis (Haut-Rhin)
Société mère Association "le Point Mulhouse"
Effectif 480 (1987)
Dirigeants Maurice Freund (P-DG), Pierre Schneider (Directeur commercial)


Point Air (code IATA : FW) était une compagnie aérienne française basée sur l'aéroport de Bâle-Mulhouse dans le département du Haut-Rhin en région Grand Est, effectuant du transport aérien de type charter à l'international mais aussi en France Métropolitaine.

On ne pas parler de Point Air sans parler de Point Mulhouse , le fondateur et de Point Afrique, l'après Point Air.

Point Mulhouse

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Logotype de Point Mulhouse
Maurice Freund le 1er mai 2010

L'aventure commence entre 1964 et 1965 avec Maurice Freund et une bande de copains dans un chalet des Vosges, qu'ils ont construit et dont le financement est assuré par la cueillette des myrtilles, avec pour idée principale "voyager moins cher". L'idée va se muer en une association à but non lucratif, fraternelle et atypique qui prend le nom du journal homonyme "Le Point" et qui devient rapidement "Point Mulhouse" en référence à la ville alsacienne d'où les membres de l'association sont issus.

Cette association avait également pour but la protection et la valorisation du patrimoine locale mais elle servira surtout de support pour organiser et formaliser la construction d'un chalet pour les jeunes dans les Vosges (Markstein) de 1965 à 1970[1].

Tout comme Jacques Maillot (créateur de l'association "Nouvelles Frontières" le 2 octobre 1967), Maurice Freund veut démocratiser le voyage en France. Cet alsacien mordu d’Afrique va révolutionner l’accès au monde, le ciel et les échanges[2].

Le Point Mulhouse est une association de voyages à but non lucratif qui voit le jour grâce à la collaboration des jeunesses étudiantes et ouvrières chrétiennes nommée "Les pointistes".

Portée par cette armée de bénévoles "pointistes" pour qui le voyage est de rencontrer les populations locales loin des sentiers touristiques, l'association prend très vite de l'ampleur en Alsace mais aussi à Paris, Lyon ou Marseille.

Maurice Freund se met en tête de réduire le coût du transport aérien entre la France et d'autres pays, à une époque où le ciel français est soumis au monopole des grandes compagnies aériennes de 1er niveau comme Air France et UTA[2]. Il bouscule le ciel français en proposant d’abord Londres, l’Inde, un pays alors très attractif pour la jeunesse peu fortunée de l'époque, puis l’Amérique latine à des prix cassés.

La technique est alors très simple.

Les billets d'avion des compagnies régulières sont trop chers entre la France et l'Inde, Maurice Freund affrète lui-même un avion. C'est comme ça que naît en 1969[3], le premier vol charter long courrier à la "Française"[4].

La proximité de la Suisse sera un énorme avantage car l'aéroport international de Bâle-Mulhouse permettra des développements avec une clientèle française, Suisse et Allemande.

Dès 1970, elle affrète alors des vols vers l'Afrique, l'Inde, l'Amérique du Sud (Mexique, Pérou ou chaque semaine de 1971 à 1980, un DC-10 de 350 places décolle de Mulhouse vers Lima qui en été est rempli d’Allemands, de Suisses, d’Autrichiens ou de Français dont le jeune Lionel Jospin, la Grèce et les Antilles, auprès de compagnies charters régulières comme Balair et plus tard la SA.T.T. (Société Antilles de Transport Touristique), compagnies aériennes helvétiques. Viendra ensuite des destinations comme l'Afghanistan et le Yémen[5].

Le tourisme n’est pas sans risque car en 1974, Maurice Freund passe onze jours en détention en Bolivie pour avoir aidé des réfugiés chiliens à fuir le régime du dictateur Augusto Pinochet.

Point Mulhouse entre dans le capital de la compagnie S.A.T.T. qui devient son plus grand client. SATT reçoit son B 707-321, immatriculé F-OGIV.

En 1976, Point Mulhouse achète en pool avec la Chambre de commerce des Antilles, un Boeing 707[6].

L’association a accumulé 7 millions de dollars de réserve en 1978 avec 100.000 passagers transportés par an. Air France commence à s’énerver car les avions du Point Mulhouse décollent pour New York, Bangkok, Bombay, New Delhi, Al-Hodeïda ou Kandahar.

À la suite de la faillite de la compagnie helvétique S.A.T.T., le Point Mulhouse acquiert fin octobre 1980, le Boeing 707-321 B de la S.A.T.T., immatriculé F-OGIV, qui est réimmatriculé F-BGST.

Point Mulhouse est à l’origine de la large démocratisation du transport aérien contre le monopole d’État d’Air France.

Très rapidement, le Point Mulhouse va créer sa propre compagnie aérienne au tout début des années 1980, la compagnie Point Air.

Boeing 707-321B F-BSGT de Point Air à Lyon en juin 1982
McDonnel Douglas DC-8 F-GDPS de Point Air nommé "Les Trois Voltas"

Maurice Freund découvre le Burkina Faso et créé la compagnie aérienne Point Air en 1981, une compagnie coopérative à destination de l’Afrique occidentale au départ de Lyon et de Marseille. La compagnie effectue alors six vols par semaine vers Ouagadougou avec un billet à 6 000 francs (qui selon le convertisseur de l'INSEE, correspond à 2 466 euros en 2022) au détriment d’U.T.A et Air Afrique qui le proposent à 30 000 francs (12 332 euros en 2022 selon le convertisseur de l'INSEE).

Menacé d’interdiction de vol, le patron Freund s’en sort grâce au coup de main de Jacques Attali, un conseiller du Président François Mitterrand, comme un retour d’ascenseur après lui avoir prêté un avion lorsque le premier secrétaire du Parti Socialiste avait ramené des Boat-people vietnamiens.

En 1981, les autorisations officielles permettent de voler vers New Delhi et Lomé avec La Réunion et Tahiti en 1982, mais pour ces dernières, avec des restrictions strictes comme une interdiction de départ d’Orly et un maximum de 50% des passagers qui doivent être de nationalité française[6].

L'association et Point Air seront également à l’origine de la démocratisation du transport aérien contre le monopole d’État d’Air France sur l'île de la Réunion en 1983 et qui a surtout largement ouvert celle-ci aux Réunionnais mais aussi aux touristes français, suisses et allemands[7].

Seules trois compagnies demeurent indépendantes sur ce créneau: Corse Air (compagnie de Jacques Maillot) , Point Air (celle de Maurice Freund) et Minerve (celle de René-Fernand Meyer)[8], toutes trois compagnies classées charters.

En février 1985, Freund signe le plus gros chèque de sa vie, 187 millions de francs (55 millions d'euros en 2022 selon l'INSEE) pour l'achat d'un DC-8[9] pour desservir île de la Réunion[10].

La Compagnie commençe à s’intéresser au territoire métropolitain en mettant en place un vol Paris - Figari[11] en Corse au cours de l'été 1985 mais l'administration lui met encore des bâtons dans les roues en lui interdisant les aéroports Parisiens, le Paris - Figari se mua en Beauvais- Figari.

Par la suite, Point Air réalise des vols intérieurs comme Mulhouse - Paris[12],[11], Mulhouse - Marseille, Strasbourg - Marseille et Paris - Marseille[13].

Freund ira jusqu'à offrir des billets gratuits aux Corses entre Paris et Figari[13] et aux clients de l'association le Point Mulhouse entre Paris et Mulhouse[14].

En 1986, elle est autorisée, tout comme Minerve, a desservir les Antilles[15].

La compagnie Point Air est interdite de vol le 5 février 1987 par la Direction Générale de l'Aviation Civile (D.G.A.C.)[16] pour manquement à la sécurité. La D.G.A.C. cloue au sol les deux DC-8 pour 6 semaines. En décembre 1986, la D.G.A.C. avait déjà pris la décision d'arrêter l'exploitation des Boeing-707 qui ne respectait plus les normes de sécurité[16].

Le tapage médiatique de cette affaire provoquera la chute de la compagnie après de longs mois de batailles judiciaires[17].

Le 2 décembre 1987[18],[19], Point Air dépose le bilan[20] laissant 1 600 passagers de la compagnie en souffrance[21] encore en séjour sur leurs lieux de vacances. Ces derniers seront réacheminés par Air France et Nouvelles Frontières[22] sans compter les 6 000 clients à rembourser.

Le Tribunal de commerce de Mulhouse céde Point Air à la compagnie aérienne belge Trans European Airways (TEA) mais l’Etat français annule la décision de justice et privilégie une solution 100% française par l’attribution de la reprise à Minerve qui reprend les 2/3 du personnel de Point Air.

Freund repousse l'offre de Minerve.

Faute de repreneur, Point air a qui il restait un seul Super DC-8-71 appartenant conjointement à la société financière Coginform, à la région de la Réunion et au Point Mulhouse, était mise en liquidation judiciaire le 12 février 1988, entrainant l'association Point Mulhouse avec elle le 30 mars 1988[23], solidaire du passif de 52 millions de francs.

Villages Vacances Familles (V.V.F.), filiale de la Caisse des dépôts et consignations ainsi que Nouvelles Frontières se désistaient sur la reprise des droits de trafic de Point Air[24].

Le Super DC-8 était revendu à la société Irlandaise G.T.A. pour 14,2 millions de dollars américains[25] (3,85 millions d'euros de 2022).

Point Afrique

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Logotype de Point Afrique

À la suite d'événements intérieurs au Burkina Faso, Maurice Freund est interdit de séjour et mettra seize ans avant d’y revenir.

Jacques Maillot le sollicite pour rejoindre Nouvelles Frontières mais Freund préfère remettre sur pied la compagnie aérienne nationale du Mali (Malitas pour "Mali Tombouctou Air Service") de 1989 à 1991 en étant directeur général[26] mais démissionne quand un ministre malien lui propose de partager les bénéfices.

Victime d'une tentative d'empoisonnement, il quitte l'Afrique lessivé[9].

Pour rebondir, Freund créé Point Afrique en 1995[27] en relançant une liaison aérienne Paris-Gao ou Lyon-Gao sous la bannière du Point Afrique en collaboration avec Air Toulouse en Boeing 737[26]. Les premiers charters décollent vers le Mali, la Libye et la Mauritanie transportant 200 voyageurs en 1996 puis 11 000 en 2000 avec dans les soutes, des médicaments pour Médecins sans Frontières[28].

Freund installe l'association dans un vieux musée en 2002 à Bidon dans le sud de l’Ardèche[28]. Elle dispose également de bureaux à Puteaux.

Ne disposant pas d'avion comme à l'époque de Point Mulhouse et Point Air, Point Afrique collabore avec de nombreuses compagnies aériennes dont la compagnie française Air Méditerranée[28] dont détient à 13,5 %, Freund par le biais de Point Afrique voyages depuis 2003[29].

Aujourd'hui, Point Afrique Voyages existe toujours, Maurice Freund n'est plus le directeur général (depuis 2012) mais reste le Président de la coopérative "Point Afrique Développement"[28], actionnaire unique de Point Afrique Voyages.

Il nomme Théodoros Karampatis à sa place à la tête de Point Afrique Voyages, nouvelle administrateur d'Air Méditerranée[30] et Kévin Girard, nouveau Président de Point Air Voyages alors directeur d'exploitation.

Maurice Freund redeviendra Président de Point Afrique Voyages en janvier 2017 en remplacement de Kévin Girard[31].

Point Air a desservi entre autres:

En 1981, Ouagadougou, New Delhi et Lomé,

En 1982, La Réunion[32] et Tahiti,

En 1985, Figari (au départ de Beauvais)

En 1986, Athènes, Héraklion, Tel Aviv, Ouagadougou, La Réunion et Istanbul.

En 1987, Mulhouse vers Paris et Marseille, Strasbourg vers Marseille, Paris vers Mulhouse et Marseille, Ouagadougou et Bangui[33].

  • Douglas DC-8-61, immatriculé F-GDPS (acheté le 3 avril 1982 et vendu le 30 octobre 1987)[28] avec comme nom de baptême "Les Trois Voltas",
  • Douglas DC-8-71 F, immatriculé F-GMFM (acheté le 20 décembre 1985 et vendu en décembre 1988)[28] avec comme nom de baptême "Région Réunion",
  • Boeing 707-321 B, immatriculé F-BGST (acheté à SATT en novembre 1980, anciennement F-OGIV et vendu en mai 1987)[28]avec comme nom de baptême "Bernard Audebourg".

Bibliographie

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  • Est-ce ainsi que les hommes volent ? Mémoires d’un Robin des airs de Maurice Freund. Editions La Martinière
  • Histoire du Point Mulhouse. L’angoisse et le bleu de l’enfance de Claude Coudray. Editions L’Harmattan
  • Charters interdits -15 ans d'aventures pour la liberté par Bued et Reumaux (1987)

Notes et références

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  1. Freund, Maurice, 1943- ..., Est-ce ainsi que les hommes volent : mémoires d'un Robin des airs, Paris, Éditions de La Martinière, dl 2016, 315 p. (ISBN 978-2-7324-7260-7, OCLC 948669926, lire en ligne)
  2. a et b « Si loin si proche - Maurice Freund- Episode 1 : le Point Mulhouse ou l’invention du charter », sur RFI,
  3. « De Point-Mulhouse à Point-Voyages. 1969 : premier vol de Point-Mulhouse, coopérative de voyages fondée cinq ans plus tôt par Maurice ... », sur www.lalsace.fr
  4. Point Voyages, « Point-voyages », sur Tourisme durable
  5. « L'histoire », sur www.point-voyages.com
  6. a et b « charters en france », sur www.crashdehabsheim.net
  7. « "La vérité sur la politique aérienne de Didier Robert" », sur imazpress.com,
  8. Air France Auteur du texte, « Echos transport / Air France, Direction du transport », sur Gallica, , p. 12
  9. a et b Christophe Ayad, « Sa propriété, c'est le vol », sur Libération
  10. France Cour des comptes Auteur du texte, « Rapport au Président de la République suivi des réponses des administrations / Cour des comptes », sur Gallica,
  11. a et b L'Express, Presse-Union, (lire en ligne), p. 33
  12. Air-Inter Auteur du texte et Air inter Europe Auteur du texte, « Inter : journal interne d'Air Inter », sur Gallica,
  13. a et b France, Journal officiel de la République française: Avis et rapports du Conseil économique et social, Impr. des Journaux officiels, (lire en ligne), p. 75
  14. Alexandre Lazareff et Jean-Pascal Tranié, « Les chemins de la réussite : expliqués aux patients », sur rapportgallica.bnf.fr, , p. 220
  15. Air France Auteur du texte, « Entretien / Air France », sur Gallica,
  16. a et b « Une décision de la direction de l'aviation civile La compagnie Point Air interdite de vol », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  17. Antoine de Ravigan, « Une compagnie pas comme les autres », Alternatives Internationales n° 25,‎ , p. 18 (lire en ligne)
  18. « La compagnie aérienne Point Air a déposé son bilan L'empêcheur de voler en rond », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  19. « The Flying Zone - TEA », sur www.flying-zone.be
  20. Air France Auteur du texte, « France-aviation », sur Gallica,
  21. « Des centaines de passagers de la compagnie Point Air en souffrance », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  22. Union des transports aériens Auteur du texte, « UTA Entreprise : bulletin réservé au personnel de l'UTA / directeur de publication Jean Darras ; rédacteur en chef Xavier Morel », sur Gallica,
  23. Mulhouse (Haut-Rhin) Archives municipales Auteur du texte, Chronique mulhousienne, 1924-1989 (2ème éd. rev. et corr.) / Ville de Mulhouse [Archives municipales], (lire en ligne)
  24. « 30 mars: Le Point Mulhouse n'est plus », UTA Entreprise :Bulletin réservé aux personnels de l'UTA,‎ , p. 33 (lire en ligne)
  25. Air et cosmos - Point Air, Impr. Reaumur., (lire en ligne), p. 74
  26. a et b Brigitte ESTRADE et Michel SOUSSE, « «Sortir du comportement touristique classique». Maurice Freund, pionnier du défunt Point Mulhouse, ouvre un vol bon marché sur le Mali. », sur Libération
  27. « Point Afrique : une compagnie aérienne pas comme les autres », sur Alternatives Economiques,
  28. a b c d e f et g Cercle Aéronautique Louis MOUILLARD, "POINT AFRIQUE de Maurice Freund en escale ardéchoise à Bidon"
  29. Procès-verbal de l'Assemblée Générale Ordinaire d'Air Méditerranée le 09 janvier 2003 déposé près le Tribunal de Commerce de Tarbes.
  30. Procès-verbal de l'Assemblée Générale Ordinaire du 31/12/2012 déposé près le Tribunal de Commerce de Tarbes
  31. PV de l'Assemblée Générale du 11 janvier 2017 déposé Tribunal de commerce de Aubenas
  32. région) Auteur du texte Institut national de la statistique et des études économiques (France). Direction régionale (Réunion, « L'Économie de La Réunion. Panorama / Institut national de la statistique et des études économiques, Service régional de La Réunion ; [dir. publ. Michel Jacod] », sur Gallica,
  33. Yves Auteur du texte Tinard, Le tourisme : économie et management / Yves Tinard,... ; [avec la collab. de Jérôme Bon, Daniel Barbe, Jacques Belin... et al.], (lire en ligne), p. 13