Robert le Diable | |
Robert le Diable selon la Chronique de Normandie. | |
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Robert le Diable est une figure légendaire du Moyen Âge.
C'est au début du XIIIe siècle qu'un anonyme rédigea un récit en vers de l'histoire de Robert le Diable. Il reprenait sûrement les éléments d'une tradition orale[1]. D'après cette légende, la femme du duc Aubert, Indre, désespérant d'avoir un enfant, invoqua Satan à cet effet. Ainsi, naquit Robert le Diable. L'enfant grandit et devint une terreur pour ses compagnons et pour la contrée. Jusqu'au jour où, adolescent, sa mère lui avoua son origine diabolique.
Robert changea alors d'attitude. Il quitta la Normandie et pour faire pénitence, se voua à un silence absolu, se fit passer pour un fou, selon les conseils d'un ermite, partageant, pour s'humilier, sa nourriture avec les chiens. À Rome ou à Byzance, il se fit remarquer par l'empereur, qui l'intégra à sa cour. L'exilé s'illustra dans trois batailles contre les Sarrasins et sauva ainsi l'Empire. L'empereur lui offrit la main de sa fille, mais il refusa, préférant mener une vie d'ermite.
Robert le Diable a donné son nom à un château, situé à Moulineaux, près de Rouen, en bordure de l'autoroute A13. Mais aucune preuve de sa construction par ce personnage n'existe, d'autant plus que les parties en ruine les plus anciennes datent du XIIIe siècle.
Il est en tout cas difficile de croire que Robert corresponde à un personnage qui ait réellement existé. Le récit comporte très peu de références historiques, et quand il y en a, elles se révèlent incohérentes.
Certains auteurs ont cru y voir Robert le Magnifique, duc de Normandie et père de Guillaume le Conquérant. Leur vie a en effet des points communs : une adolescence turbulente, un séjour à Constantinople auprès de l'empereur, des violences contre le clergé suivies d'une assimilation au diable, un repentir apparemment sincère et un pèlerinage expiatoire (le personnage littéraire va à Rome, tandis que Robert le Magnifique se rend à Jérusalem), enfin une mort édifiante. Cependant, des divergences importantes existent : Robert n'a pas eu de mère nommée Indre, il n'a pas renoncé au duché de Normandie pour devenir ermite, etc. D'autres auteurs ont établi quelques parallèles avec Robert II de Bellême, un seigneur normand dépeint comme cruel, contemporain de Guillaume le Conquérant. Quoi qu'il en soit, même si on peut être tenté de concilier interprétation historique et vision légendaire en se fondant sur des analogies, celles-ci restent très fragiles.