Homme de théâtre et de cinéma, il a monté de nombreuses pièces de Samuel Beckett, a fait découvrir Jean Genet au public français, et a tourné dans plus de 70 films.
Fils de Paul Alexis Jules Blin, médecin, et Marthe Deguy, Roger Paul Jules Blin voit le jour le à Neuilly-sur-Seine. Après des études au collège Sainte-Croix de la ville (où il fera ses premiers pas sur scène, en jouant un garçon tailleur dans Le Bourgeois gentilhomme de Molière), il fait des études supérieures qui le mènent jusqu'à une licence de lettres, à la Sorbonne. C’est lors de cette période qu’il collabore à La Revue du cinéma comme critique de cinéma.
Il fait quelques années plus tard la connaissance d’Antonin Artaud, qui le fait débuter au théâtre, au travers du Groupe Octobre, Dès lors, il fait la connaissance de Jacques Prévert, et travaille également avec Jean-Louis Barrault. Après les émeutes "fascistes" de 1934, Artaud lui demande d’être son assistant pour Les Cenci, en lui offrant dans la pièce le rôle d’un sourd-muet. Cette participation aux pièces du Groupe Octobre se conclura par sa participation à leurs derniers spectacles, jusqu’à la dissolution de ce dernier en 1938. Pendant dix ans, il joue dans de nombreux films dans des rôles plus ou moins populaires, notamment dans Le Temps des cerises de Jean-Paul Dreyfus, ainsi qu’au théâtre, en partageant la scène avec Maria Casarès et Gérard Philipe dans Les Épiphanies d'Henri Pichette en 1947.
À partir de 1949, Roger Blin dirige le théâtre de la Gaîté-Montparnasse, en tant que gérant. Tout en continuant les apparitions au cinéma, c’est en ces lieux qu’il fera ses trois premières mises en scène : La Lune dans le fleuve jaune de Denis Johnston, créé le ; La Sonate des spectres d’Auguste Strindberg le et Le bourreau s’impatiente de Jean Silvant, créé le . La même année, il fait la rencontre de Suzanne Dechevaux-Dumesnil, future épouse de Samuel Beckett, qui confiera à Blin deux manuscrits de son compagnon : Eleutheria et En attendant Godot.
Dessinateur secret, il a réalisé de très nombreuses œuvres sur papier[2],[3],[4]. Le Festival d'Avignon a rendu hommage à cet aspect de son travail en 1983 avec une importante exposition conçu par Alin Avila et Michèle Meunier.
En , quelques mois après sa mort, est fondé un théâtre à son nom qui lui est dédié, basé à Coulon dans les Deux-Sèvres.
Roger Blin a enregistré dans les années 1960 un disque audio où il lit des nouvelles de Kafka, notamment Odradek et Le Pont, lecture que sa diction rend inoubliable.
Roger Blin, Roger Blin, souvenirs et propos : recueillis par Lynda Bellity Peskine, Paris, Gallimard, , 330 p. (ISBN2-07-070608-7)
Sven Åke Heed, Roger Blin : metteur en scène de l'avant-garde (1949-1959), Circé, 1996 (ISBN2842420225 et 9782842420222)
Hermine Karagheuz (ill. Roger Blin), Roger Blin : une dette d'amour, Paris, Séguier Archimbaud, , 76 p. (ISBN2-84049-316-0) (Hermine Karagheuz fut la dernière compagne de Roger Blin).