Sion Sono(園子温, Sono Shion?), également appelé Sono Sion, est un écrivain, poète, réalisateur et scénariste japonais, né le à Toyokawa, dans la préfecture d'Aichi.
Véritable boulimique de travail, il lui arrive d'écrire ou de réaliser plusieurs projets en même temps. En 2015, il sort pas moins de six films, dont Tag, Hiso hiso boshi ou Shinjuku Swan[1].
Il a grandi dans la baie de Mikawa. Son enfance est marquée par des parents particulièrement sévères et "peu enclins au bonheur"[1].
Il publie ses premiers poèmes à l'âge de 17 ans[2], puis entre à l'université Hōsei[2], à Tokyo. C'est là qu'il commence à réaliser des films, des courts-métrages en premier lieu. En 1987, Otoko no Hanamichi[3], film qu'il a co-écrit, réalisé et dans lequel il a joué, obtient le 4e grand prix du festival du film Pia[4]. Ce prix, assorti d'une bourse, lui permet de tourner son premier long-métrage, Bicycle Sighs (Jitensha toiki), sorti en 1990.
Parallèlement à sa carrière de réalisateur, Sion Sono poursuit son engagement dans le mouvement Tokyo GAGAGA, dont il est le leader, et qui organise des happenings dans les rues de Tokyo. Pendant plusieurs jours, les membres du groupe défilent dans la rue en hurlant de la poésie pour exprimer le mal-être de la société tokyoïte dans les années 1990[5]. C'est d'ailleurs avec cette bande de jeunes qu'il va tourner Bad Film en 1995, projet abandonné un temps pour raisons financières et qu'il ne pourra finir de monter qu'en 2013[6].
Le réalisateur ne se démarquera pas de ses premiers élans poétiques et anticonformistes, qui font de lui un cinéaste singulier, n'hésitant pas à insérer des poèmes dans ses films ou à les faire durer quatre heures (pour Love Exposure).
L'œuvre de Sion Sono est généralement sombre. Elle peut aussi être qualifiée de gore, ce qui l'a d'ailleurs fait remarquer dans de nombreux festivals notamment. Ainsi, en 2001, Il crée l'événement avec Suicide Club, dont la première scène montre le suicide joyeux d'une cinquantaine de lycéennes dans une gare. On retrouve aussi des thèmes récurrents dans ses films, comme celui de l'échec du bonheur familial. Sion Sono traite dans ses films du rôle de la femme dans la société japonaise, remise au rang d'objet, ne pouvant exprimer ses désirs naturels, au risque de passer pour la "mauvaise femme". L'éclatement de la société et de ses institutions (la famille, donc, mais aussi la religion dans Love Exposure) est un thème récurrent dans les films du réalisateur. D'une manière générale, on peut dire que l'artiste est très inspiré par les divers malaises de la société japonaise. L'idée du fanatisme, dû à un manque de repères, ou une recherche de notoriété à cause de l'anonymat imposé par l'individualisme se retrouve également dans Love Exposure et Suicide Club.
Notons aussi qu'il n'hésite pas à aborder la sexualité et les perversions, pour tenter de démêler les vraies perversions de celles de la société.
Par ailleurs, Sion Sono dit s'être toujours inspiré de la poésie et des sentiments qu'il a en écrivant des poèmes pour réaliser ses films[8]. Son tout premier court-métrage, I am Sion Sono ! (Ore wa Sion Sono da!!), reflète d'ailleurs l'importance que la poésie a dans son œuvre. En effet, il se filme en train de déclamer à tue-tête des poèmes de sa composition devant la caméra. La caméra n'était donc au départ qu'un moyen de mettre en avant sa poésie, pour ce réalisateur qui déclare s'être toujours imaginé devenir romancier et poète plutôt que réalisateur, du fait de sa timidité[9].
Son auteur préféré, Edogawa Ranpo, un des grands noms du roman policier d'investigation populaire, est le fondateur de l'ero guro nansensu, un mouvement artistique combinant l'érotisme à des éléments macabres et grotesques. Les œuvres de Sion Sono s'inscrivent pleinement dans ce mouvement[9].
En , le magazine Shukan Josei Prime[10] révèle que Sion Sono est accusé d'agression sexuelle par deux actrices[11],[12]. Selon l'acteur Yuki Matsuzaki, il ne s'agirait pas de cas isolés et il y aurait des douzaines de victimes[13]. Selon The Hollywood Reporter, Sono Sion aurait offert des rôles à certaines actrices si ces dernières acceptaient d'avoir des relations sexuelles avec lui[14].
Le , Sono Sion répond à ces accusations dans un communiqué :
À qui de droit. Merci beaucoup pour votre soutien sans faille. Nous nous excusons sincèrement pour tout inconvénient et inquiétude que cela aurait pu causer à toutes les parties concernées. Nous ferons une nouvelle annonce prochainement, après avoir trié les faits[15].
Pour la journaliste Yuri Kageyama, ces excuses ne reconnaissent aucunement la réalité des faits et peuvent au contraire être perçu comme un avertissement avant une réponse légale de la part du réalisateur[16]. Le 19 mai 2022, Sono Sion porte plainte pour diffamation contre l'éditeur du journal Shūkan Josei, qu'il accuse de donner une version incorrecte des faits[17]. Le 17 juin, Yuki Matsuzaki publie une vidéo sur YouTube dans laquelle il révèle que Sono Sion a également porté plainte contre lui pour diffamation et réclame la suppression de ses précédents tweets sur le sujet[18].
En , l'actrice Milla Chiba(ja), l'une des actrices ayant accusée le cinéaste de viol, se suicide[19],[20]. Elle aurait été victime, ainsi que sa famille de cyberharcèlement à la suite de ses accusations, de plus sa santé s'était dégradées des suites d'une maladie[21][source insuffisante]. Selon SBS TV, la nouvelle de ce suicide ainsi que les accusations contre le réalisateur ont eu de fortes répercussions dans le monde du cinéma japonais, provoquant notamment la rédaction de Hirokazu Kore-Eda ou de Miwa Nishikawa qui condamnent toutes forme de violences commises en tant que réalisateur[16],[22], ce mouvement précède cependant cet évènement précis[16].
↑Antiporno : titre français du film à l'occasion de sa sortie en DVD. Voir l'article de Gwenaël Germain, « Le Roman-Porno japonais : attention, cinéma social sulfureux », Asyalist, (lire en ligne).