Dans la nature, on peut la trouver en zones rocailleuses sombres ou dans des troncs d'arbres.
Espèce courante des habitations humaines, Steatoda grossa affectionne les recoins sombres : trous dans les murs, caves, derrière les meubles ; en particulier dans les angles et près du sol.
Les mâles mesurent de 5 à 10 mm et les femelles de 6,5 à 10 mm[2].
Le dimorphisme sexuel est peu marqué.
L'abdomen volumineux de la femelle en forme de bulbe est de couleur sombre (brun, violacé voire noir). Son apparence évoque sensiblement celle des veuves noires (araignées du genre Latrodectus), en particulier Latrodectus mactans. Cependant, Steatoda grossa ne dispose pas de dessin en forme de sablier rouge sur la face ventrale de l'abdomen.
L'abdomen du mâle est beaucoup plus mince, et peut présenter des motifs en points jaunes à blancs. Ses pattes sont brun clair à translucides.
La durée de vie d'une femelle peut aller jusqu'à six ans, les mâles ne vivant en moyenne qu'un an et demi.
Comme toutes les araignées du genre Steatoda, la toile est de forme irrégulière, en soie collante ; avec parfois une retraite. Les cocons, contenant de 40 à 100 œufs, sphériques et translucides sont disposés à même la toile et peuvent être facilement observés.
Cette espèce n'est absolument pas agressive et se laisse manipuler sans problème. En cas de menace, la solution privilégiée est systématiquement la fuite[4].
La morsure de Steatoda grossa est extrêmement rare. Elle n'est pas plus douloureuse qu'une piqûre de guêpe et les symptômes d'envenimation sont mineurs : boursouflure, nausée et sensation de malaise pouvant durer quelques jours. Un antivenin prévu en cas de latrodectisme (en l'occurrence, morsure de veuve noire de l'espèce Latrodectus hasselti) s'est avéré efficace dans le traitement des symptômes[5].
Cette araignée ne présente donc aucun danger, mais il reste conseillé d'être attentif dans la manipulation si l'araignée est dans sa toile ; ou lorsqu'il s'agit d'une femelle dont les cocons sont à proximité.
Cette espèce a été décrite sous le protonymeTheridium grossum par C. L. Koch en 1838. Elle est placée dans le genre Steatoda par C. L. Koch en 1850[6], dans le genre Teutana par Simon en 1881[7] puis dans le genre Steatoda par Levi en 1957[8].
Eucharia zonata[9] et Teutana modesta[10] ont été placées en synonymie par Levi en 1957[8].
Steatoda punctilineata[11] a été placée en synonymie par Levi en 1962[12].
Theridion sericum[13] a été placée en synonymie par Hann en 1994[14].
Teutana grossa obliterata[15] a été placée en synonymie par Breitling, Bauer, Schäfer, Morano, Barrientos et Blick en 2016[16].
Teutana grossa strandi[17] a été placée en synonymie par Sherwood en 2024[18].
La docilité de Steatoda grossa, sa globale innocuité et sa ressemblance avec la veuve noire (Latrodectus mactans) en font une actrice de cinéma très appréciée pour figurer une araignée venimeuse. Ainsi, c'est une Steatoda grossa qui est utilisée dans le film Spider-Man de Sam Raimi (2002) pour conférer ses pouvoirs à Peter Parker[19].
↑Graudins, Gunja, Broady & Nicholson, 2002 : « Clinical and in vitro evidence for the efficacy of Australian red-back spider (Latrodectus hasselti) antivenom in the treatment of envenomation by a Cupboard spider (Steatoda grossa). » Toxicon, no 40, p. 767-775.
↑C. L. Koch, 1850 : Übersicht des Arachnidensystems. Nürnberg, vol. 5, p. 1-77 (texte intégral).
↑Simon, 1881 : Les arachnides de France. Paris, vol. 5, p. 1-180 (texte intégral).
↑ a et bLevi, 1957 : « The spider genera Crustulina and Steatoda in North America, Central America, and the West Indies (Araneae, Theridiidae). » Bulletin of the Museum of Comparative Zoology, vol. 117, p. 367-424.
↑Ohlert, 1867 : Die Araneiden oder echten Spinnen der Provinz Preussen, Leipzig, p. 1-172.
↑Bryant, 1948 : « The spiders of Hispaniola. » Bulletin of the Museum of Comparative Zoology, vol. 100, p. 331-459 (texte intégral).
↑Mello-Leitão, 1939 : « Araignées américaines du Musée d'histoire naturelle de Bâle. » Revue Suisse de Zoologie, vol. 46, p. 43-93 (texte intégral).
↑Levi, 1962 : « The spider genera Steatoda and Enoplognatha in America (Araneae, Theridiidae). » Psyche, vol. 69, no 1, p. 11-36.
↑Urquhart, 1886 : « On the spiders of New Zealand. » Transactions of the New Zealand Institute, vol. 18, p. 184-205.
↑Hann, 1994 : « Descriptions of four Steatoda species (Araneae, Theridiidae) found in New Zealand. » New Zealand Journal of Zoology, vol. 21, p. 225-238.
↑Franganillo, 1913 : « Arácnidos de Asturias y Galicia. » Brotéria (Ser. Zool.), vol. 11, p. 119-133.
↑Breitling, Bauer, Schäfer, Morano, Barrientos & Blick, 2016 : « Phantom spiders 2: More notes on dubious spider species from Europe. » Arachnologische Mitteilungen/Arachnology Letters, vol. 52, p. 50-77.
↑Ermolajev, 1934 : « Materialen zur Spinnenfauna Westsibiriens. III. Die Spinnen der Stadt Tomsk. » Folia Zoologica et Hydrobiologica, vol. 7, p. 130-148.
↑Sherwood, 2024 : « Studies on spider nomenclature – I: miscellaneous notes on unrecognisable species, new synonyms, and untenable subspecies (Araneae: Araneomorphae). » The Indochina Entomologist, vol. 1, no 23, p. 189-235.