Thieffrain | |
Le centre-bourg avec l'église. | |
Administration | |
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Pays | France |
Région | Grand Est |
Département | Aube |
Arrondissement | Troyes |
Intercommunalité | Communauté de communes du Barséquanais en Champagne |
Maire Mandat |
Colette Laplanche 2020-2026 |
Code postal | 10140 |
Code commune | 10376 |
Démographie | |
Population municipale |
155 hab. (2021 ) |
Densité | 21 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 48° 11′ 48″ nord, 4° 26′ 29″ est |
Altitude | Min. 164 m Max. 225 m |
Superficie | 7,36 km2 |
Type | Commune rurale à habitat dispersé |
Unité urbaine | Hors unité urbaine |
Aire d'attraction | Hors attraction des villes |
Élections | |
Départementales | Canton de Bar-sur-Seine |
Législatives | Première circonscription |
Localisation | |
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Thieffrain est une commune française, située dans le département de l'Aube en région Grand Est, Thieffrain se situe sur le territoire champenois. Au-delà des plaines crayeuses, monotones débouchant vers l'est sur la Champagne humide.
Thieffrain fait partie du canton d'Essoyes. Ses habitants sont appelés les Thieffinois, Thieffinoises.
Thieffrain est à environ 210 km au sud-est de Paris, 39 km de Troyes, 43 km de Colombey-les-deux-Églises. La Boderonne prend sa source à Thieffrain située à 179 mètres d'altitude et se jette dans la Barse, elle-même affluent de rive droite de la Seine, à Montreuil-sur-Barse. La commune est proche du parc naturel régional de la Forêt d'Orient situé à 5 km.
Le terroir de Thieffrain est composé des hameaux suivants : la Baudronne (à sa source), le Bouchot, la Briqueterie, le Chauffour, les Flées, Ru Grojean, Ru Marie, Ru des Vignes, Mongain, la Motte, le Moulin du Bois, le Parc, le Petit Étang.
Le nom de Thieffrain est d'origine franque. Il est formé par un adjectif en ing sur un nom d'homme Teufridus[réf. nécessaire].
La commune est dans la région hydrographique « la Seine de sa source au confluent de l'Oise (exclu) » au sein du bassin Seine-Normandie. Elle est drainée par la Boderonne, le ru de Beurey et la Boderonne[1],[Carte 1].
La Boderonne, d'une longueur de 20 km, prend sa source dans la commune de Beurey et se jette dans la Barse à Montreuil-sur-Barse, après avoir traversé huit communes[2].
En 2010, le climat de la commune est de type climat des marges montargnardes, selon une étude du Centre national de la recherche scientifique s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000[3]. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique altéré et est dans la région climatique Lorraine, plateau de Langres, Morvan, caractérisée par un hiver rude (1,5 °C), des vents modérés et des brouillards fréquents en automne et hiver[4].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 10,4 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 15,8 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 818 mm, avec 12,2 jours de précipitations en janvier et 8,5 jours en juillet[3]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Mesnil-Saint-Père », sur la commune de Mesnil-Saint-Père à 10 km à vol d'oiseau[5], est de 11,4 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 772,6 mm. La température maximale relevée sur cette station est de 41 °C, atteinte le ; la température minimale est de −20,5 °C, atteinte le [Note 2],[6],[7].
Les paramètres climatiques de la commune ont été estimés pour le milieu du siècle (2041-2070) selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre à partir des nouvelles projections climatiques de référence DRIAS-2020[8]. Ils sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[9].
Au , Thieffrain est catégorisée commune rurale à habitat dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à 7 niveaux définie par l'Insee en 2022[10]. Elle est située hors unité urbaine[11] et hors attraction des villes[12],[13].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (70,5 % en 2018), une proportion identique à celle de 1990 (70,5 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : terres arables (61,9 %), forêts (29,3 %), zones agricoles hétérogènes (7,6 %), prairies (1 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (0,1 %)[14]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 2].
Dans les archives, des traces de vie des Gaulois sur le finage de Thieffrain ont été découvertes. L'on a aussi trouvé une monnaie de Dioclétien, empereur romain (284-305) et une monnaie gauloise (le potin).
La conquête de la Gaule par Jules César ne s'accompagne en Champagne d'aucun évènement important. Les Gaulois ont accepté rapidement la civilisation de Rome. Indisciplinés de nature, ils se rendent compte des bienfaits de l'ordre romain. Les Romains imposèrent une administration qui avait modèle le monde par l'art, la culture et le progrès matériel. Les voies romaines sillonnent le pays, facilitant les échanges commerciaux. Dès le milieu du troisième siècle, les provinces gauloise sont envahies par des barbares et les pays champenois sont directement exposés aux excès de ces envahisseurs. La première incursion des Francs (hommes blonds aux yeux clairs, venant d'au-delà du Rhin) se produit en 253.
Au début du XVIIe siècle, on retrouve la trace des seigneurs de Thieffrain :
Les héritiers :
L'héritage des Dinteville fut alors dispersé par des ventes faites à divers particuliers. On ne sait qui devint acquéreur de Thieffrain.
Au XVIIIe siècle, on retrouve encore trace des seigneurs de Thieffrain :
Ils laissèrent dans l'indivision Vilelchetif, et le tiers de Thieffrain, qui dépendaient des dites successions.
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[18]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2004[19].
En 2021, la commune comptait 155 habitants[Note 3], en stagnation par rapport à 2015 (Aube : +0,74 %, France hors Mayotte : +1,84 %).
En 2018, le taux de personnes d'un âge inférieur à 30 ans s'élève à 29,2 %, soit en dessous de la moyenne départementale (35,2 %). À l'inverse, le taux de personnes d'âge supérieur à 60 ans est de 24,6 % la même année, alors qu'il est de 27,7 % au niveau départemental.
En 2018, la commune comptait 78 hommes pour 76 femmes, soit un taux de 50,65 % d'hommes, largement supérieur au taux départemental (48,59 %).
Les pyramides des âges de la commune et du département s'établissent comme suit.
L'église Saint-Mammès de Thieffrain fut commencée au XIe siècle, puis incendiée. L'abside date de la fin du XIIe siècle, ou du commencement du XIIIe siècle. Le transept date du XVIe siècle, il y a deux traversées. La nef en forme de croix latine avec abside à cinq pans sera postérieure à cette date. L'église est dotée d'une cloche[24] qui date de 1553 (elle est classée). Sous le vieux porche une Vierge-Mère de 2,05 m de hauteur du XVIe siècle (classée). Un bahut sculpté du XVIe siècle (classé). Au côté nord une verrière représente l'arbre de Jessé (baie 9)[25]. Dans la chapelle sud, le Tableau : Portement de Croix[26] le Christ et sainte Véronique (Montée au calvaire), toile formant retable à l'autel du transept sud, de l'école flamande du XVIe siècle. Il a été restauré en 1980.
De la même époque, dans la chapelle de la Vierge, le devant de l'autel en bois sculpté représente à gauche, la mort de saint Louis, en façade la mort de la Vierge et à droite, saint Louis rendant la justice sous un chêne. Un autre tableau représente le Christ en croix (le cadre est d'origine Louis XV).
« Ci-gît sous cette tombe, Mademoiselle Gabriell de SAULT (SAULX), femme de Claude de BERLE, Escuyer Seigneur de GUIGNECOURT, ci-devant cornette dans le régiment de SAINCTE-MAURE, LIEUTENANT ET CAPITAINE de cavalerie dans Celuy de MERLIN, sous le règne de Louis XIV. Laquelle dite demoiselle décéda le 1 mai 1684. Priez Dieu pour le repos de son âme. »
« Ci-gît René de BERLE, Ecuyer, Sieur de GINICOURT et de MALET, en partie Jendarme de Monsieur le Duc d'ORLÉANS, frère unique du Roy, lequel décéda à Joinville au retour de l'armée de LORRAINE pour le service du Roy. Décéda le 21 jour du mois de novembre 1635 ou 1735?? prie Dieu pour son âme. »
À droite de l'autel, une statue de saint Gengoult[29] ou saint Gengon ou Gengoul, né à Varennes-sur-Amance en Champagne et mort assassiné en 760.
On trouve encore deux Vierges à l'Enfant :
On doit à Valtat, le maître-autel de l'église,
Parmi les tableaux de valeur dans l'église, trois toiles restaurées en 1989, datées de 1787 et ont été peintes par Cossard :
Plus communément appelée ici, la Chapelle, qui connut autrefois la ferveur des chrétiens du village.
Pour ce qui concerne ses origines, il existe deux versions.
Voici celle de Roserot de Melin, dans le dictionnaire de la Champagne Méridionale : Briqueterie, fontaine, chapelle, dépendent de la commune de Magnant. La tuilerie ou Briqueterie est en ruine.
L'église est sous le vocable de saint Mammès[52] ou saint Mamas[53]. Celui-ci, mort martyr à Césarée de Cappadoce, était déjà populaire au début du IVe siècle dans tout l'Orient. C'était un simple berger, n'ayant pour fortune que sa houlette et une maigre besace. Ses reliques furent transférées au temps des Croisades d'une basilique de Constantinople à Langres en Champagne.
Mais à Thieffrain, on connaît la légende qui s'est transmise depuis de nombreuses générations à ce propos : le finage de Thieffrain s'enfonce en pointe dans celui de Magnant. Saint Julien qui demeurait à Magnant aurait dit à saint Mammès :
« Si tu viens encore avec tes gens cultiver sur mes terres (qui arrivent très près du village de Thieffrain) je t'étripe... »
Saint Mammes ne tenant pas compte de cet avertissement continua, et saint Julien, d'un coup de fourche, lui ouvrit le ventre. Saint Mammès revint mourir au village, tenant ses entrailles dans ses mains. La contrée où se passa le drame s'appelle "Le Tripier". Est-ce une coïncidence ?...
Saint Gengoult (ou Gangolf) se trouve être le patron des maris trompés[54]. Il vit le jour à Varennes-sur-Amance, près de Langres au début du VIIIe siècle. Issu d'une famille de très haute noblesse, il passa son enfance et sa jeunesse sage et studieuse auprès des siens. À l'étude des lettres, il joignit les exercices de la piété chrétienne. Maître d'une grande fortune à la mort de ses parents, il l'administra avec sagesse et prudence, rendant aux églises et aux pauvres ce que Dieu donnait.
Dans l'épouse qu'il prit, il ne trouva pas les qualités désirables de l'esprit et du cœur. Elle était légère, vaniteuse, mondaine, etc. Gengoult avait beaucoup de bravoure, il prit part aux guerres de Pépin le Bref. Sa femme, après s'être moquée de ses vertus, lui devint infidèle. Il s'en aperçut fut plongé dans une vive douleur et une grande perplexité. Il trouvait pénible de punir le crime et funeste de le laisser impuni.
Un jour, il crut bon d'avertir la coupable du soin qu'elle devait prendre pour conserver (ou recouvrer) son honneur. Cette misérable lui répondit avec impudence que les bruits répandus sur elle étaient injustes et sans fondement. « S'il en est ainsi répondit Gengoult, voici une eau limpide ni assez chaude, ni assez froide pour nuire. Plongez-y votre bras, si vous n'éprouvez aucun mal, vous serez innocente à mes yeux ». Elle s'empressa de fournir un témoignage si facile. Mais quand elle retira son bras la peau se détacha comme si on l'eut écorchée et la malheureuse ressentit des douleurs excessives. L'orgueil l'empêchant de s'avouer coupable, elle demeura dans un honteux silence. Gengoult lui dit : « Je pourrais vous livrer à la sévérité de la Loi, mais je préfère vous laisser la liberté d'expier vous-même dans la pénitence et les larmes, l'adultère dont le Ciel vient de vous convaincre. »
Ainsi Gengoult mit sa femme dans une de ses seigneuries et lui assigna un certain revenu pour sa subsistance. De son côté, il se retira dans un château qu'il avait auprès d'Avallon. De là, il l'exhortait souvent par lettre à expier ses fautes passées par une meilleure vie. Mais toutes ses remontrances furent inutiles, cette femme libertine continua ses désordres. Craignant que son mari donnât tous ses biens aux pauvres après sa mort, ou qu'il lui fît subir les rigueurs de la loi, elle en parla à son complice qui se chargea de l'exécution de Gengoult.
Cet assassin vint secrètement à la résidence de Gengoult, trouva le moyen d'entrer dans sa chambre lorsqu'il était seul et encore couché, prit l'épée qui était pendue près du chevet et leva le bras pour lui asséner un grand coup sur la tête. Gengoult s'étant réveillé à ce moment, para le coup qui le frappa seulement à la cuisse. Cette blessure fut mortelle. Gengoult eut le temps de recevoir les derniers sacrements et mourut le . Sur sa statue on peut voir à ses pieds un chien (signe de noblesse : seuls les nobles utilisaient les chiens pour la chasse). Saint Gengoult tient la peau de la main de sa femme telle un gant[55].
Saint Guengoult est honoré aussi en Lorraine à Toul (collégiale Saint-Guengoult), dans le Jura à Moissey[56] et dans le Boulonnais à Fiennes et à Wierre-au-Bois par exemple.
À Thieffrain depuis 1954, Simone Lambert y a recueilli nombre de témoignages sur les événements, drôles ou dramatiques, dont les précédentes générations furent les témoins et qu'elle nous transmet en partie dans son ouvrage Thieffrain, Un village en Champagne[57].