Située à l'ouest du Bocage flérien, Tinchebray est au cœur d'une plus vaste région, le Bocage normand. L'atlas des paysages de la Basse-Normandie place la commune au cœur de l'unité des hauts pays de l’ouest ornais et du Mortainais située majoritairement au nord-ouest du département de l'Orne et caractérisée par un « paysage rude, marqué par un relief complexe modelé par les cours d’eau qui en divergent comme d’un château d’eau »[1]. Traversée par le Noireau, cette petite ville est sur la route départementale 924 (ancienne RN 24 bis), à 14 km à l'ouest de Flers et à 16 km au sud-est de Vire. Elle est également à 16 km à l'est de Sourdeval et à 24 km au nord de Domfront[2]. Couvrant 2 652 hectares, le territoire de Tinchebray était le plus étendu de son canton, supprimé en 2015.
Le territoire est entièrement dans le bassin de l'Orne par son affluent le Noireau qui le parcourt de l'ouest au nord-est et borde le bourg au sud. Le nord est drainé par deux affluents de rive gauche de la rivière et aux cours parallèles à celle-ci : le Vautigé et le Troitre. Le sud est traversé par les affluents de rive droite : le ruisseau de Monbayer, la Durance et le ruisseau de la Gaillardière, ces deux derniers ayant des orientations sud-nord plus marquées.
Le point culminant (311 / 312 m) se situe à l'est, près du lieu-dit la Baronnerie. Le point le plus bas (152 m) correspond à la sortie du Noireau du territoire, au nord-est. La commune est bocagère.
Le climat est océanique, comme dans tout l'Ouest de la France. La station météorologique la plus proche est Caen-Carpiquet, à 51 km, mais Alençon-Valframbert et Granville-Pointe du Roc sont à moins de 75 km[3]. Le Bocage flérien s'en différencie toutefois pour la pluviométrie annuelle qui, à Tinchebray, avoisine les 1 100 mm[4].
Les lieux-dits sont, du nord-ouest à l'ouest, dans le sens horaire : Larbré, la Cabotière, les Châtaigners, les Rondes Noës, la Harie, Launay Caget, la Plurière, les Forges, les Genetets, Croquet, le Gage, la Huberdière, le Rocher, la Provotière, Monbayerla Bichetière, Beau Soleil, la Méhétière, la Clérotière, la Véronnière (au nord), la Sorlière, Martigny, la Peschardière, la Madeleine, les Communes, la Gauberdière, la Mancellière, Beaudoin, la Degrennerie, la Tassinerie, Champ Fleur, la Griche Denterie, Beaulieu, Fieffe au Curé, Butte Rouge, la Source au Lard, les Landes, Rochefort, l'Épinette, les Quatre Acres, le Gacet, les Carreaux, Blanchelande (à l'est), la Baronnerie, la Gautierrerie, la Fieffe du Rocher, la Gorerie, Cherbion, la Coudrette, la Vallée Bonvoisin, le Désert, le Pont de Fer, la Fieffe de Crêpe, la Paluette, la Guitorière, les Hardouinières, les Marières, la Besnardière, les Archeries, la Hognerie, la Fucherie, Roullon, les Pavements, la Prise, la Bionnière, Lorgerie, les Mares, les Cent Acres, le Dojean, le Meslot, le Gué Gaudin (au sud), les Masures, la Pitoterie, la Petite Broussette, la Tominerie, le Champ de Mars, Bel-Air, la Grande Broussette, le Planitre, le Bourdonnet, les Perrettes, Moque-Souris, la Petite Corbière, la Grande Corbière, la Fieffe aux Marches, la Louvetterie, la Gietterie, la Valette, la Piletière, la Beaujardière, les Buissons, la Chapellière, la Hainerie, la Berterie, la Rogerie, la Corderie, le Tronchet, le Bouillon, la Goulière, le Moulin Noir, les Hauts Champs, Sept Fours et la Pommeraie (à l'ouest)[5].
Le toponyme est attesté sous les formes Tenerchebraium en 1100, Tenerchebraicum en 1107, a Tenechebrai en 1170, Trinchebray en 1417-1422 et Tinchebray au XVe siècle[7].
Albert Dauzat et Charles Rostaing considèrent qu'il s'agit d'une formation médiévale basée sur l'ancien français tenerge « obscur » et sur l'ancien français brai (gaulois bracus) « boue, marais »[8].
Ernest Nègre leur emboite le pas à quelques nuances près : langue d'oïltenerge « ténébreux, sombre, sale » et brai « boue »[9].
René Lepelley parle lui du latin tenebrae « obscurité, ténèbres » et du gauloisbraco, évoquant l'humidité[10].
L'ancien français tenerge est issu du gallo-roman *TENEBRICU (< latin tenebra + -icus) et le latin tenebra(e) ne peut phonétiquement pas avoir abouti à Tenerche-, qui suppose obligatoirement *TENEBRICU. L'ancien français brai « boue » (XIIe siècle. Raoul de Cambrai, 2775 dans T.-L.) est issu du gallo-roman BRACU, lui-même du gaulois *bracu (Französisches Etymologisches Wörterbuch t. 1, p. 489)[11], mot qui n'est pas attesté et qui doit donc comporter un astérisque. Brai est encore vivant dans les dialectes au sens de « terrain humide » (Piéron)[11]. Certains patois conservent également le mot tenerge, variante tienerge, occitantenerc.
Ce mode de formation toponymique déterminant - déterminé est un indice de l'influence germanique.
Les armes de la commune de Tinchebray se blasonnent ainsi : De gueules à la clef accostée de quatre navettes de tisserand, passées deux à deux en sautoir, le tout d'or ; au chef cousu de sinople chargé d'un lion léopardé accosté de deux fleurs de lis, le tout d'or[17].
Le conseil municipal était composé de vingt-trois membres dont le maire et cinq adjoints[25]. Ces conseillers intègrent au complet le conseil municipal de Tinchebray-Bocage le jusqu'en 2020 et Jérôme Nury est élu maire de la commune nouvelle et devient également maire délégué de Tinchebray. À la suite de son élection au mandat de député, il est remplacé à ce dernier poste en par Christophe Lecordier[26].
En 2019, la commune comptait 2 580 habitants. Depuis 2004, les enquêtes de recensement dans les communes de moins de 10 000 habitants ont lieu tous les cinq ans (en 2008, 2013, 2018, etc. pour Tinchebray[27]) et les chiffres de population municipale légale des autres années sont des estimations[Note 3].
Tinchebray a compté jusqu'à 4 599 habitants en 1896.
La ville regroupe plusieurs entreprises spécialisées dans la ferronnerie, la quincaillerie et les outils de jardinage. Tinchebray revendique le titre de « capitale de la quincaillerie »[31]. C'était aussi le centre de commerce de la zone cloutière de Chanu, capitale du clou normand, qui consommait 2 000 tonnes de fer en 1761, c'est-à-dire la production d'une quinzaine de forges[32].
Présence d'une chocolaterie Cémoi, située dans l'ancienne abbaye.
Musée ethnographique, rue de la Geôle. Ancienne prison royale, transformée en musée. L'ancienne prison royale, tribunal, halle, XVIe, occupés depuis les années 1970 par le musée de Tinchebray[33]. Dans les vestiges des prisons se trouvent encore les portes originales des cachots où l'on peut voir, gravées, les inscriptions des prisonniers.
Fontaine de Montpensier 1883. Mlle Marie Duchesse de Montpensier (née le ) était comtesse de Mortain
Pour mémoire
La chapelle des Genestés ou Genêtés, dédiée à sainte Anne et aujourd'hui détruite. Elle avait été fondée par Nicolas Guillouet, prêtre, curé de Fresney-le-Vieux, sur une terre qui appartenait à sa famille. Né vers 1595, il fit son testament le au notariat de Tinchebray. Il est mort le et fut inhumé dans cette chapelle qu'il avait fondée. Les registres paroissiaux et le notariat de Tinchebray ont conservé les noms de quelques chapelains de cette chapelle : Jean Guillouet en 1702 et 1721, Charles François Le Roy en 1774, Jacques Julien Onfray en 1783. Le , Jacques Yver, sieur du Clos, est inhumé dans cette chapelle.
Vue depuis la route de Sourdeval ; l'église Saint-Pierre au fond.
Vue depuis de la route de Vire.
L'église Notre-Dame des Montiers.
La chapelle Sainte-Marie.
L'église Saint-Rémy.
L'abside et le clocher de l'église Saint-Pierre-et-Saint-Paul.
↑D'après Malte-Brun, il ne resterait de la forteresse que quelques tronçons souterrain[13].
↑Dans le tableau des recensements et le graphique, par convention dans Wikipédia, le principe a été retenu, pour les populations légales postérieures à 1999 de n’afficher dans le tableau des recensements et le graphique que les populations correspondant à l'année 2006, première population légale publiée calculée conformément aux concepts définis dans le décret no 2003-485 du 5 juin 2003, et les années correspondant à une enquête exhaustive de recensement pour les communes de moins de 10 000 habitants, ainsi que la dernière population légale publiée par l’Insee.
↑André Davy, Les barons du Cotentin, Condé-sur-Noireau, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits et introuvables du patrimoine Normand », , 319 p. (ISBN978-2-91454-196-1), p. 79.
↑ ab et cGuy Le Hallé (préf. Hervé Morin, photogr. Yves Buffetaut), Châteaux forts de Basse-Normandie, t. II, Louviers, Ysec Éditions, , 160 p. (ISBN978-284673-215-4), p. 138.
↑Serge Van Den Broucke, « L'aître Saint-Maclou de Rouen : La renaissance d'un site historique exceptionnel », Patrimoine normand, no 119, octobre-novembre-décembre 2021, p. 13 (ISSN1271-6006).
↑Jean Silve de Ventavon, Louis de Frotté : Le Lion de Normandie, Paris, Éditions Fernand Lanore, , 269 p. (ISBN2-85157-104-4, lire en ligne), p. 150.
↑Sur le site http://perso.orange.fr/emmanuel.hamel/, Emmanuel Hamel a reconstitué la population des paroisses Notre-Dame et Saint-Pierre de Tinchebray des XVIIe et XVIIIe siècles, en y intégrant notamment les 2 600 mariages d'avant 1792.