Le Vidéotex est un service de télécommunications permettant l'envoi de pages composées de textes et de graphismes simples à un utilisateur en réponse à une requête de ce dernier (interactivité). Ces pages sont destinées à être visualisées sur un écran cathodique, par exemple sur une télévision ou tout autre écran au format de la télévision. Le Minitel français est le terminal adapté à ce service. Le nom du terminal a fini par être utilisé, dans le langage courant, comme nom générique du service et est donc en français devenu synonyme de Vidéotex. Le service utilise une norme de communication basée sur une syntaxe de description des pages. Le service Télétel (ou Minitel) utilise la norme Antiope (Option 2 de la norme internationale T.100)
Le service est généralement rendu par un système comportant des terminaux de type écran-clavier connectés par le réseau téléphonique commuté à un point d'accès spécifique assurant la connexion à un serveur au travers d'un réseau de transmission de données (en France le réseau Transpac de commutation de données par paquets) vers des serveurs, voire vers des terminaux pairs. Seul le service Télétel (aussi appelé Minitel, du nom du terminal), basé sur une option de consommation à la demande permise par l'utilisation de points d'accès Videotex intégrés comme autocommutateurs dans le réseau téléphonique commuté, a connu une exploitation commerciale d'une durée significative. Les services britannique (Prestel), allemand (Bildschirmtext), italien (Videotel), canadien (Télidon) et japonais (Captain), tous basés sur un système d'abonnement, n'ont pas connu de succès commercial et ont été arrêtés peu après la fin des phases d'expérimentation. Néanmoins, le système Viewdata (dont Prestel était la marque commerciale) continue d'être utilisé par les agences de voyages au Royaume-Uni.
La première norme technique mondiale du Vidéotex est la recommandation T.100 du CCITT, ancêtre de l'UIT-T. Cette norme regroupe les caractéristiques des quatre systèmes exploités en 1980, date d'adoption de cette norme :
Au même moment, la norme internationale Recommandation F.300 du CCITT définit les règles d'exploitation et les caractéristiques du service lui-même. Elle a été en vigueur jusqu'en 2004, la France étant la seule à maintenir encore le service.
Une seconde norme internationale, adoptée par le CCITT en 1984 définit un certain nombre de fonctions de commande du réseau correspondant approximativement aux fonctions du point d'accès Vidéotex.
La première norme européenne (T/CD 06-01), adoptée en par la CEPT (Conférence Européenne des administrations des Postes et Télécommunications), regroupe les deux versions européennes de T.100 et y ajoute des fonctions techniques provenant de propositions allemandes (Bilschirmtext) et suédoises. Elle a été mise à jour régulièrement jusqu'en 1988 et est actuellement maintenue et publiée comme norme européenne de télécommunications par l'ETSI sous le titre ETS 300 072 Syntaxe de données de la couche de présentation du Vidéotex. Ses dernières versions incluent le vidéotex photographique (utilisation de la norme JPEG) et la transmission de formes de caractères (DRCS ou jeux de caractères dynamiquement redéfinissables). Les normes européennes successives ont été :
Le mode alphamosaïque est la base des services de Vidéotex européens et ils ont, heureusement, un ensemble de caractéristiques communes. Ils sont basés sur un modèle de terminal alphanumérique classique de la téléinformatique des années 1970 : une mémoire d'entretien de page (mémoire vive) contient les codes des caractères à visualiser et une mémoire morte type ROM contient les formes des caractères. Une base de temps organise la lecture périodique de la RAM de façon à afficher la page avec une fréquence (50 Hz ou plus) évitant le papillottement.
L'originalité du système alphamosaïque, imaginé au Royaume-Uni vers 1971 par les ingénieurs de la BBC dans le cadre du projet Ceefax, consiste en plusieurs caractéristiques :
Cet alphabet mosaïque est également appelé « graphisme videotex ». Il est utilisé également pour le télétexte et a aussi été utilisé sur de nombreux ordinateurs du début des années 1980, tels que le TO7.
Les deux systèmes alphamosaïques se différencient par le mode de gestion de leurs attributs qualifiés respectivement de série (ou sériels) pour le système d'origine britannique et de parallèles pour le système d'origine française.
C'est le mode original du système Viewdata. Il est construit de manière à assurer une compatibilité visuelle avec le système Télétexte (Ceefax) et donc à utiliser la même technologie de terminal. La syntaxe en est cependant différente de façon à permettre le transfert sur un réseau de données transparent.
Le principe de construction du terminal est dérivé de celui de Ceefax dans lequel les codes reçus en ligne sont mis directement en mémoire. Comme la transmission utilisée par Ceefax se fait par mots de sept éléments binaires, la mémoire comporte donc sept kilobits. Sur les 128 combinaisons, 32 d'entre elles sont des codes d'attributs et les 96 autres représentent des caractères. Lorsque le code est un code de caractère, il est transmis au générateur de caractères, si c'est un code d'attribut, il est mis en mémoire dans un loquet (latch) et maintenu jusqu'à ce qu'un nouveau code d'attribut se présente. Le contenu du loquet commande le fonctionnement du générateur d'effet. les effets utilisés sont la couleur du caractère (une parmi huit), la couleur du fond, le clignotement, le type de caractères (alphabétiques ou mosaïques).
La conséquence principale de cette architecture est qu'un code de fonction occupe sur l'écran la place d'un caractère qui est généralement représenté alors comme un espace.
Dans la figure ci-dessous, le mot VIEWDATA est écrit avec une espace entre chaque lettre en raison du changement de couleur entre chaque lettre.
Le système Viewdata utilise deux tables de codage : la version britannique de l'Alphabet International no 5 (ISO CEI 646) pour les caractères alphanumériques et une table pour les caractères mosaïques. Cette dernière est intéressante : en effet, comme il n'y a que 64 formes mosaïques et 96 emplacements dans la table de codage, il reste 32 positions utilisées par la partie majuscule de l'Alphabet International no 5. Ces 32 majuscules portent le nom de caractères « qui passent au travers » (Blast through) . Ceci permet d'inclure un texte en majuscules dans un schéma en mosaïque sans avoir à dépenser un espace pour cette modification. Ce jeu mosaïque est également appelé semi-graphique, voire graphique. Le nom originel est Viewdata Graphics. |
Chaque fonction d'attribut est codée par la succession de deux codes : un code d'échappement (code 1/11 ou hexadécimal 1B) suivi d'un caractère alphanumérique majuscule avec les significations du tableau ci-contre.
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Les deux images ci-dessous représentent la même page, photographiées sur une console de création de pages fonctionnant selon le mode série. Sur la seconde version, on a activé la fonction de visualisation des codes d'attributs sous forme de caractères visibles. Cette version permet de comprendre les contraintes du mode série en montrant notamment le nombre d'espaces requis pour gérer les attributs. On peut voir que les caractères blast through, ne requérant aucun espace pour être visualisés quand on est en mode graphique (comme on appelle aussi le mode mosaïque). On peut également voir la séquence de trois ou quatre codes requis pour commencer une page quand il y a un fond : couleur du caractère suivi de nouveau fond fixent la couleur du fond. Si on en reste là, les caractères seront inscrits dans la même couleur que le fond, ce qui les rendrait peu visibles. Il faut donc à nouveau fixer la couleur du caractère qui va suivre. Si celui-ci est alphabétique, on en reste là. Sinon, on prescrit aussi un « maintien du graphique » qui permet de remplacer l'espace requis par les codes d'attributs à venir sur la même rangée par une répétition du caractère graphique précédent : on voit ce que cela donne sur la première rangée pour le code « mosaïque vert » au niveau du Pas de Calais.
Il consiste en une syntaxe de description de pages indépendante de la couche de transfert des données. Ainsi, les données peuvent elles utiliser un système de télécommunications (incluant le réseau téléphonique commuté) mais aussi utiliser un système de radiodiffusion de données à condition qu'il respecte l'indépendance entre la couche de transfert et la syntaxe de données .
Les pages sont composées de 25 lignes de quarante colonnes de symboles, qui peuvent être soit des caractères alphanumériques (correspondant à un répertoire étendu requis par les 39 langues européennes utilisant une forme d'alphabet latin, soit des caractères mosaïques permettant la composition de graphismes élémentaires. La première ligne n’est jamais utilisée directement, elle joue le rôle de ligne d’état, affichant le prix de la communication par exemple. Chaque caractère dispose d’un certain nombre d’attributs, qui sont la couleur d’écriture et de fond (huit couleurs sont disponibles sur un minitel), les attributs visuels tels l’inversion vidéo, le clignotement, et pour le mode texte le soulignage, et la taille d’affichage (normale, double largeur, double hauteur ou les deux réunis). Les attributs de chaque caractère alphabétiques comme mosaïques peuvent être définis librement et indépendamment de ceux des autres caractères.
Des possibilités d'autres caractères (mosaïques lissés, caractères dynamiquement redéfinissables, caractères non latin tels que cyrillique, arabes ou grecs, voire non alphabétiques pour le chinois ou le japonais ont été progressivement introduits.
Les fonctions de taille et l'indépendance du choix des couleurs ne sont pas disponibles dans l'Option 1 dérivée du système Viewdata utilisé par Prestel, en raison du parti pris de compatibilité visuelle avec le télétexte diffusé britannique dans lequel il n'y a pas indépendance entre la syntaxe de données et le protocole de transport. De même, le répertoire alphanumérique est limité aux caractères non accentués de la langue anglaise.
Ce type d'approche suppose qu'en mémoire, les codes de caractères et ceux des attributs occupent chacun une partie de la mémoire d'entretien de page et donc ce type de terminal coûte plus cher en volume mémoire. Jusqu'à trois fois plus compte tenu du nombre d'attributs normalisés :
On ajoute en outre un attribut qui est surtout utilisés dans le mode radiodiffusé télétexte pour permettre le sous-titrage (incrusté ou non dans une image extérieure) ce qui conduit à quatorze éléments binaires de mémoire pour les attributs, soit vingt-deux en tout si on compte un répertoire de 256 caractères.
Les informations provenant de la ligne sont décodées avant d'être mises en mémoire. Le décodeur n'est pas figuré sur le dessin ci-dessous.
Il est essentiellement basée sur la représentation vectorielle des images et définit une syntaxe indépendante de la résolution (et des autres capacités visuelles) du terminal qui réalise l'interpolation correspondant à ses propriétés. Les coordonnées utilisées dans les instructions sont exprimées en fraction d'écran unité (L'écran est inscrit dans un carré unité) et le terminal se charge d'adapter le tracé à la résolution de son système de visualisation. Cependant, l'usage du mode géométrique n'est optimum que si le modèle de terminal est basé sur l'utilisation d'une mémoire de points (bit map) et non d'une mémoire de caractères. Les canadiens de l'équipe Télidon ont démontré la possibilité de réaliser un décodeur géométrique sur un terminal alphamosaïque en mode parallèle.
Il décrit les pages sous forme d'une image codée par un procédé de compression. Le système original, d'origine japonaise (CAPTAIN) utilise un code à longueur variable analogue à celui de la télécopie. Sa version européenne (décrite dans la norme CEPT) utilise le système de codage photographique JPEG.
Le réseau vidéotex suppose généralement un accès par modem sur le réseau téléphonique commuté.
Dans les services mis en œuvre dans les années 1980, le modem du terminal est un modem asynchrone de type CCITT V.23, les pages sont généralement envoyées au terminal client à 1200 bit/s. Les réponses de celui-ci (principalement les touches pressées par l'utilisateur) sont retournées au point d'accès à 75 bit/s. Des Minitel rapides utilisant une modulation synchrone à 4800 ou 9600 b/s (le modem de la télécopie) ont été vendus dans les années 1990. Plus récemment, des logiciels d'émulation du Minitel sur ordinateurs personnels ont utilisé des accès internet pour rendre le service Vidéotex.
Dans un système centralisé, le terminal est connecté directement à un serveur unique. Généralement, ce serveur unique est en fait un « cache » régional des pages les plus demandées, l'ensemble des pages étant disponibles dans le Centre National. Les fournisseurs de service téléchargent leurs pages dans ce serveur et chaque page a un numéro national unique permettant l'accès arborescent. Le nombre de chiffres composant ce numéro est significatif de la profondeur de la page dans l'arborescence. Ainsi, un fournisseur d'information se voit attribuer un numéro pour sa page d'accueil et tous les numéros plus longs qui commencent par ce numéro. (Ci-dessous, quelques photos illustrent ce propos). En contrepartie de cette lourdeur, la navigation, simple quoique longue, ne requiert que le clavier téléphonique (clavier numérique et non alphanumérique).
Ce sont les systèmes décentralisés dont l'architecture préfigure le plus celle du web sur réseau Internet. Le point d'accès joue plusieurs rôles.
Le service français comporte trois modes :