Avant l'arrivée des Européens dans le Nouveau Monde, la zone connue de nos jours sous le nom de Windsor Terrace était habitée par les autochtones canarsie[3]. Plus précisément, les tribus Gowanus et Werpos habitaient les environs[4]. Le terrain, qui se trouve alors à l'extrême nord-ouest de la ville de Flatbush, est acheté en guise de ferme par John Vanderbilt[5].
Certaines parties du terrain sont à l'époque également entretenues par la famille Martense, qui posséderont des terres dans la région jusqu'en 1895. Cette zone est convoitée en raison de sa proximité avec le centre-ville de Brooklyn, ainsi que de la construction récente de la Coney Island Plank Road traversant la zone et le paisible cimetière Green-Wood au sud-ouest[6]. Après la mort de Vanderbilt, son domaine est scindé en deux.
1849-1900 : de la vente de lotissements à la création d'un quartier.
Les terres de Vanderbilt sont vendues à William Bell, un promoteur immobilier, en 1849[3],[7]. Bell fractionne la propriété en 47 terrains constructibles et, contrairement à certains autres promoteurs de la région, il réussit à les vendre assez rapidement. Bell renomme ensuite la zone d'après l'un des nombreux lieux-dits Windsor que l'on trouve en Angleterre[8]. Bell vend une partie du terrain à Edward Belknap en 1851, et Belknap construit ensuite quatre rues qu'il démarque en 49 lotissements pour de futurs « Pleasant Cottages »[4]. Le nouveau quartier se voit incorporé sous le nom de Village of Windsor Terrace, qui se délimite alors par Church Avenue au sud, McDonald Avenue à l'ouest, la ligne urbaine Brooklyn-Flatbush au nord et Prospect Park Southwest et Coney Island Avenue à l'est[9]. Le Brooklyn Daily Eagle est le premier à employer officiellement le nom de Windsor Terrace en mars 1854[8],[10]. Vers 1856, Belknap perd sa terre à la suite d'une saisie de ses biens[11].
La zone était généralement convoitée en raison de son emplacement privilégié à l'extrême nord-ouest de la ville de Flatbush ; située à proximité de la ville de Brooklyn, mais suffisamment éloignée afin que les résidents de Windsor Terrace soient prêts à s'y installer pour son ambiance agréable de banlieue américaine ; et à distance de marche des lignes de tramway de Brooklyn Rapid Transit[7]. Des quartiers supplémentaires se sont construits en 1862, alors que le village compte 30 habitants vivant dans douze maisons[12]. Le village ne cesse de croître dans les années 1870[12], s’enorgueillissant d'une chapelle protestante en 1874[12], d'une école publique en 1876[3],[13] et de son propre service d'incendie composé de volontaires en 1888[14]. Le village reste rural jusque vers 1900, lorsque des maisons en rangée commencent à sortir de terre dans toute la région, dont les premières le long de Prospect Park Southwest[1].
1900-1930 : l'essor des résidences et l'arrivée du métro
Au début du XXe siècle, le quartier poursuit son développement urbain qui connaîtra une certaine accélération dans les années 1920. Ce regain de vigueur immobilière s'explique par les rumeurs de quartier annonçant l'arrivée prochaine du réseau métropolitain new-yorkais. Résidences individuelles et maisons mitoyennes sont bâties en nombre ainsi que des commerces sur la 11e Avenue. Dans la foulée, deux bâtiments abritant des logements individuels seront érigés sur Prospect Avenue[15].:2–3 Parmi les derniers à emménager à Windsor Terrace, on compte de nombreux habitants d'origine irlandaise ; au XXIe siècle, les descendants de ces mêmes familles seront encore présents en nombre dans le quartier[16],[17]. En 1933, l'arrivée de dessertes métropolitaines de l'Independent Subway System (IND) déclenche une nouvelle période d'engouement immobilier entraînant la construction massive d'appartements et d'immeubles afférents[15].
Jusque dans les années 1960, le quartier de Windsor Terrace saura garder son ambiance paisible digne d'une petite ville périphérique, mis à part un trafic routier urbain en augmentation car alimenté par la construction de la portion autoroutière de Prospect. Dans les années 1980, le quartier se confrontera aux premières conséquences d'un processus de gentrification des quartiers alentour, avec l'installation de nouvelles familles cherchant à fuir l'inflation des prix de l'immobilier des secteurs Brooklyn Heights et Park Slope[18],[17]. Le vieux bâtiment cubique monumental de l'ancienne blanchisserie Pilgrim Laundry[a],[21], édifice en briques de l'époque victorienne situé à l'angle de Prospect Avenue et de Terrace Place, se voit rasé et remplacé par 17 maisons mitoyennes en 1983. Ces logements sont le fruit d'un partenariat financier privé-public et proposés aux habitants du quartier à la vente par tirage au sort. L'opération aura mis l'accent sur les besoins de Brooklyn en logements abordables, et à la fin des années 1980, le quartier est cadastré afin d'empêcher la construction d'immeubles de grande hauteur et ainsi conserver l'esprit de bourgade du quartier[18],[17]. Néanmoins, le quartier se trouve à son tour touché par le processus de gentrification qui se poursuivra dans les années 2000[22].
1975 – Le film Un après-midi de chien, avec Al Pacino, a été tourné essentiellement à Prospect Park West entre les 17e et 18e rues à Windsor Terrace[12],[24].
1985– The film Turk 182, des frères Hamill, présente des scènes tournées à Windsor Terrace[25].
1994 – La scène d'ouverture du film Angie, avec Geena Davis, est filmée à Fuller Place, dans le quartier de Windsor Terrace[12],[26]
1997 – Pour le pire et pour le meilleur montre Jack Nicholson et Helen Hunt échanger des baisers et déambuler dans les rues de Prospect Park West en passant devant les maisons alignées caractéristiques du quartier[28],[27],[12]. Le personnage campé par Helen Hunt vit à Howard Place, soit à une rue de Fuller Place où vivait le personnage interprété par Geena Davis dans Angie[16].
↑À ses débuts en 1884, le Pilgrim Laundry commence ses activités comme petite blanchisserie à Thud Street, au centre de Brooklyn. Elle livre ses clients en véhicules hippomobiles. Très vite, sa flotte comprend 63 véhicules pour étendre sa zone de livraisons aux Bronx, comtés de Westchester et Rockland, Manhattan, Brooklyn, Queens et la majeure partie de Long Island. Détruite dans un incendie en 1910, la blanchisserie rouvre en 1913 dans un nouvel emplacement : Windsor Terrace.
L'entreprise est connue pour la qualité de son travail et la gestion progressiste de son personnel (principalement des femmes mariées combinant travail et vie de famille)
En 1971, le gérant se déclare en faillite mais après enquête des autorités fédérales, il s'avère que la direction se soit servie dans les stock-options et plans d'épargne d'entreprise et fonds de pension des salariées. En février 1974, à la fermeture définitive de la blanchisserie, ses 175 employés se retrouvent au chômage et délestés de l'argent économisé sur des années[19]. Un erratum du New York Times en date du 13 mars 1974 précise que les salariés n'ont rien reçu de Pilgrim Laundry, mais que 140 d'entre eux ont récupéré leur pension de retraite via un collectif de recours d'anciens salariés[20].
↑ ab et c(en) The civil, political, professional and ecclesiastical history, and commercial and industrial record of the county of Kings and the city of Brooklyn, N. Y., from 1683 to 1884, New York, W.W. Munsell, , 230–235 p. (lire en ligne)
↑Nicole Lyn Pesce, « 'The Amazing Spider-Man' brings the Big Apple to the big screen: From Broadway to Brooklyn », Daily News, New York, (lire en ligne, consulté le ) Print edition: July 3, 2012, pp. 40-41