Une école normale supérieure (ou ENS) est, en France, un établissement d'enseignement supérieur public assurant la formation de chercheurs et d'enseignants dans les disciplines littéraires, scientifiques et technologiques. Les écoles normales supérieures appartiennent aux grandes écoles les plus sélectives et sont placées sous la tutelle du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.
Lorsque l’expression est utilisée sans autre précision, il s’agit habituellement de l’École normale supérieure de Paris (située rue d'Ulm, dans le 5e arrondissement de la capitale française), la plus ancienne des ENS dans le monde. Elle existe sous sa forme actuelle depuis 1826 et remonte à l’École normale de l’an III de 1794-1795. L'adjectif « supérieure » a été ajouté au nom de l'École normale en 1845 pour éviter la confusion avec les écoles normales primaires destinées à la formation des instituteurs.
Il existe quatre écoles normales supérieures sur le territoire français :
La première école normale, l’École normale dite de l’an III, est créée sur l’impulsion de Dominique Joseph Garat, de Joseph Lakanal et du Comité d'instruction publique[3] le (9 brumaire an III) à Paris par la Convention. Celle-ci décrète qu’« Il sera établi à Paris une École normale, où seront appelés, de toutes les parties de la République, des citoyens déjà instruits dans les sciences utiles, pour apprendre, sous les professeurs les plus habiles dans tous les genres, l’art d’enseigner ».
L’école, prévue pour près de 1 500 élèves[4], (contre environ 700 élèves-normaliens par année, de nos jours, pour les trois écoles) s’installe dans un amphithéâtre du Muséum national d'histoire naturelle, trop petit pour accueillir toute la promotion. Rapidement fermée, elle réunit des professeurs brillants, marqués par l’esprit des Lumières, tels que les scientifiques Monge, Vandermonde, Daubenton et Berthollet ou les écrivains et philosophes Bernardin de Saint-Pierre et Volney. Les cours ont lieu durant quatre mois du 1er pluviose de l'an III () au 30 floréal de l'an III ().
Elle est refondée par Napoléon en 1808 sous la forme d’un « pensionnat normal » créé au sein de l'Université de France pour « former à l'art d'enseigner les lettres et les sciences ». En 1818, un concours d'entrée est instauré. Considéré comme un foyer de l’esprit libéral, le pensionnat est supprimé par Frayssinous en 1822. L’ordonnance du , du même Frayssinous, crée une « École préparatoire », dans les locaux du collège Louis-le-Grand, puis du collège du Plessis à partir de 1828. À la faveur de la révolution de Juillet (1830), l’École préparatoire prend, par arrêté de Louis-Philippe, le nom d’« École normale » en référence à l’École normale de l’an III. À l’occasion de l’instauration d’écoles normales primaires en 1845, l’École normale est rebaptisée « École normale supérieure ». C’est en 1847 que l’institution s’installe dans de nouveaux locaux, rue d’Ulm, dans le Ve arrondissement de Paris, tel que cela avait été décidé par la loi du .
De nouvelles écoles normales supérieures sont créées dans la lignée des réformes scolaires de Jules Ferry et de la loi Camille Sée ouvrant aux filles l’enseignement secondaire public. L’École normale supérieure de jeunes filles (ENSJF), pendant féminin de l'ENS, est créée le à Sèvres, tout comme l’agrégation féminine. Elle déménage à Paris, dans des locaux situés boulevard Jourdan, en 1940.
La loi « Paul Bert » du impose aux départements de disposer chacun d'une école normale de garçons et, ce qui est nouveau, d'une école normale de filles[5]. Afin de former les professeurs de ces écoles normales primaires, il est créé deux écoles normales supérieures de l’enseignement primaire. Le décret du fonde celle pour les jeunes filles à Fontenay-aux-Roses puis, en , celle pour les garçons ouvre à Saint-Cloud[5].
En 1891, les premières « sections normales » voient le jour. Elles sont annexées à différentes grandes écoles et ont pour but de former les professeurs de l’enseignement technique et des écoles spéciales, notamment : à l’École des arts et métiers de Châlons-sur-Marne pour les écoles pratiques d’industrie (décret du ) ; à l’École des hautes études commerciales (HEC) de Paris, pour la formation des professeurs de commerce et de langues étrangères des écoles pratiques de commerce (décret ) ; à l'École de commerce de jeunes filles de Lyon pour la formation des professeurs des écoles pratiques de commerce et d'industrie de jeunes filles (décret du ) ; à l'École pratique d'industrie du Havre pour préparer, comme dans la section de Lyon, au professorat dans les écoles pratiques de commerce et d'industrie de jeunes filles (décret du )[6],[7],[8],[9].
Le décret du 10 novembre 1903 rattache l’École à l’Université de Paris. « Elle y constitue un établissement investi de la personnalité civile », avec un « budget propre ». Son directeur et sous-directeur siègent au Conseil de la Sorbonne[10].
Un décret du regroupe à Paris les quatre sections normales (Châlons-sur-Marne, Paris, Lyon et Le Havre) sous le nom d’École normale de l'enseignement technique. Cette nouvelle école s’installe dans les locaux de l’École nationale supérieure d'arts et métiers[11]. En 1932, elle est reconnue comme « École normale supérieure de l'enseignement technique » (ENSET)[11], simultanément à la création des sections d’Art, de Lettres et de Langues qui complètent les domaines techniques. En 1942, l'ENSET devient l'« École nationale préparatoire » (ENP), avant de reprendre son nom en 1945.
En 1954, l’École normale supérieure de la rue d’Ulm récupère son autonomie en obtenant la personnalité civile et l’autonomie financière.
En 1956, l’ENSET déménage sur le campus de Cachan au sud de Paris[11], construit par les architectes Roger-Henri Expert puis André Remondet, qu’elle ne quittera pas avant 2019[12] (construction commencée en 1937 mais achevée uniquement en 1955).
En 1985, les écoles normales supérieures sont organisées selon le statut d’EPSCP et l’École normale supérieure de l'enseignement technique devient l’École normale supérieure de Cachan ou ENS Cachan[11].
La même année, l’École normale supérieure de jeunes filles de Sèvres et l’ENS (rue d'Ulm) fusionnent[13] sous la dénomination École normale supérieure, sans autre précision particulière ; c'est un établissement mixte, dont les bâtiments principaux sont toujours à Paris, rue d’Ulm, et qui dispose également des anciens locaux de l’ENSJF, boulevard Jourdan et à Montrouge.
En 1980, le concours d'entrée devient commun pour les ENS de Fontenay et de Saint-Cloud, ceci afin de permettre un enseignement mixte, de fait, les deux écoles fusionnent. En 1985, par décret, il est décidé de les restructurer en les scindant en deux : les sciences exactes s'installeront à Lyon (en 1987) et forment l’ENS de Lyon ; les lettres et sciences humaines restent en région parisienne et forment l’ENS de Fontenay-Saint-Cloud, puis en 2000 elles déménagent à leur tour à Lyon (elles resteront provisoirement séparées de l'ENS de Lyon rebaptisée ENS « Lettres et Sciences Humaines », ou ENS LSH). Au , l'ENS LSH fusionne avec l'ENS de Lyon[14].
En 1994, une antenne de l’ENS Cachan est créée en Bretagne (campus de Ker Lann) mais son éloignement géographique avec le site de Cachan lui donne une grande autonomie qui aboutit, en , à la création de l'École normale supérieure de Rennes.
Au milieu des années 2000, se pose la question de la reconfiguration de l'ensemble des ENS. Un projet de 2005 prévoyait la fusion des écoles de Paris et de Cachan, il n’aura pas de suite[15]. En , les deux écoles lyonnaises fusionnent à nouveau en prenant le nom « ENS Lyon »[16],[17].
Partie prenante d'un enseignement supérieur en pleine mutation, les ENS ont rejoint les communautés d'universités et établissements (COMUE) : Paris Sciences et Lettres - Quartier latin (ENS Ulm), Université de Lyon (ENS Lyon), Université Paris-Saclay (pour l’ENS Paris-Saclay qui a déménagé sur le plateau de Saclay en 2020[18]) et Université Bretagne-Loire (ENS Rennes).
Aujourd'hui, il existe quatre écoles normales supérieures sur le territoire français :
Les écoles normales supérieures constituent une catégorie particulière d'établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel (EPSCP). Elles jouissent de la personnalité morale de droit public. Elles sont soumises aux dispositions de l'article L.716-1 du Code de l'éducation et leurs statuts sont fixés par décrets en Conseil d'État.
Les ENS ont à leur tête un directeur (ENS) ou un président (Paris-Saclay, Lyon et Rennes), assisté d'un ou plusieurs adjoints, et de plusieurs directeurs, ou vice-présidents, chargés notamment des études et de la recherche. Le directeur/président est nommé, pour un mandat de cinq ans immédiatement renouvelable une fois, par un décret du Président de la République pris sur le rapport du ministre chargé de l'enseignement supérieur et de la recherche, après appel à candidatures publié au Journal officiel de la République française et à la suite de l'avis motivé donné par la commission d'experts qui auditionne les candidats retenus.
Ces écoles sont administrées par un conseil d'administration et un conseil scientifique, chacun étant composé pour moitié de membres élus par les différents personnels de l'École et les élèves, et pour moitié de personnalités extérieures désignées par le ministre chargé de l'enseignement supérieur.
Il existe trois façons d'intégrer une ENS à différents niveaux du parcours universitaire :
Depuis une loi de 1948, les élèves acquièrent la qualité de fonctionnaires stagiaires[20]. Ils perçoivent un traitement pendant toute la durée de leurs études (actuellement quatre ans). En contrepartie, ils signent un « engagement décennal » par lequel ils s'engagent à travailler pendant dix ans (à compter de leur entrée à l'école) :
En cas de rupture de l'engagement décennal, les élèves sont tenus de rembourser les sommes perçues durant leur scolarité conformément à l'Arrêté du fixant les modalités de remboursement des sommes dues par les élèves et anciens élèves des écoles normales supérieures en cas de rupture de l'engagement décennal[21].
Jusqu'en 2016[22], contrairement à la plupart des autres grandes écoles, les écoles normales supérieures ne délivraient pas de diplômes spécifiques. Les étudiants qui terminaient leur cursus avaient le droit d'être appelés « anciens élèves de l'ENS » ou « Normaliens ». Des diplômes d'établissement valant grade de master peuvent être délivrés depuis 2016 pour l'ENS Ulm[22], 2017 pour l'ENS Paris-Saclay[23], 2018 pour l'ENS Lyon[24] et 2023 pour l'ENS Rennes[25]. Les écoles encouragent leurs étudiants à obtenir des diplômes universitaires dans des établissements partenaires tout en offrant des cours et un soutien supplémentaires. De nombreux étudiants de l'ENS obtiennent ainsi plus d'un diplôme universitaire[26].
La mission d'origine était de former des enseignants pour les différents degrés du système scolaire public français :
Dès le XIXe siècle cependant, la rue d'Ulm a eu pour mission principale de former des universitaires par la recherche. Les autres ENS ont été alignées progressivement sur son modèle à la fin des années 1960, avec notamment l'autorisation de préparer au concours d'agrégation.
De nos jours, de moins en moins de normaliens passent le concours de l’agrégation (seulement 64 % des élèves en 2010).
Par ailleurs, les écoles accueillent un nombre croissant d’étudiants n'étant pas lauréats du concours (et sans le statut fonctionnaire et la rémunération afférente) pour des diplômes de master ou de préparation de doctorat[27]. Ils constituent aujourd'hui près de la moitié des effectifs des ENS. Les étudiants recrutés sur dossier sont soit normaliens-étudiants, soit auditeurs. Les normaliens-étudiants, bien que non-rémunérés, jouissent de tous les autres privilèges de ce statut, comme les contrats doctoraux spécifiques pour normaliens.
Elles accueillent également un nombre croissant d'élèves étrangers recrutés sur le même concours que les élèves français. Cependant, ils ne bénéficient pas du statut d'élèves fonctionnaires stagiaires, sauf en cas de naturalisation durant leur scolarité.
La mission actuelle est de préparer des élèves « se destinant à la recherche scientifique fondamentale ou appliquée, à l’enseignement universitaire et dans les classes préparatoires aux grandes écoles ainsi qu’à l’enseignement secondaire et, plus généralement, au service des administrations de l’État et des collectivités territoriales, de leurs établissements publics ou des entreprises » (Ulm, Paris-Saclay, Rennes), ou « se destinant aux différents métiers de l'enseignement et de la recherche dans l'espace européen de l'enseignement supérieur et de la recherche. Elle concourt aussi à la formation, par la recherche, des cadres supérieurs de l'administration et des entreprises françaises et européennes » (Lyon).
Le recrutement principal des élèves normaliens et normaliennes se fait depuis les classes préparatoires aux grandes écoles par un concours annuel qui s'inscrit dans le système général de concours des grandes écoles : ce concours, particulièrement exigeant, est considéré comme le plus difficile de toutes les banques d'épreuves, autant en voie littéraire que scientifique (où il est le rival de celui de l'École polytechnique). Environ 75 élèves sont recrutés chaque année par chaque école, sur plusieurs milliers de candidats déjà passés par deux filtres de sélection.
L'ENS de la rue d'Ulm et l'ENS Lyon recrutent également des étudiants ayant suivi leurs deux premières années d'études à l'université par le second concours (même si les places sont très peu nombreuses, voire inexistantes certaines années). L'ENS Paris-Saclay et l'ENS Rennes proposent enfin un second concours de recrutement ouvert aux étudiants titulaires de L3, M1 ou M2 pour suivre deux années de formation. Les élèves normaliens ne représentent cependant qu'environ une moitié à deux tiers de la promotion d'une ENS, certains étudiants sont recrutés sur dossier et entretien académique ; d'autres effectuent un master ; les ENS accueillent également des étudiants étrangers avec différents statuts possibles (soit dans le cadre d'échanges, soit sur une sélection internationale).
Une fois entrés, les élèves disposent d'une large liberté de cursus, qui est cependant variable selon les ENS (choix d'option au concours non déterminant pour la rue d'Ulm et Paris-Saclay). Cette liberté est partout encadrée par un « contrat d'études » négocié annuellement entre l'élève, son tuteur pédagogique, un département de l'École, et la direction des études.
La scolarité des élèves et étudiants, contrairement à celle des auditeurs, dure quatre années (magistère équivalent à bac +5). Cela correspond typiquement au temps de passer une licence (l'année de L3), puis un master (M1 et M2). Les élèves peuvent ensuite enchainer sur un second M2, se préparer en vue de l'agrégation ou de concours (ENM) et souvent commencer une thèse de doctorat pour ceux qui s'engageront dans la recherche.
Les disciplines représentées par les ENS couvrent un spectre très large, notamment :
Trois événements rythment l'année des élèves des différentes écoles :
Les Inter-ENS sportives, faisant partie des traditionnelles rencontres normaliennes, ces compétitions sportives en équipes rassemblent, chaque année, les normaliens des campus de Paris-Saclay, de Ker Lann, de Lyon, de Pise et d'Ulm. Les différentes équipes s'affrontent dans divers sports afin d'avoir la fierté de ramener dans leur école le trophée RCUL (prononcé « Hercule ») « Rennes Cachan Ulm Lyon »[28]. En parallèle, un trophée des danses est aussi mis en jeu, ainsi qu'un trophée de l'Ambiance, et un trophée du fair-play (traditionnellement remis à Pise pour le déplacement). Après avoir remporté les trophées en 2015, 2016 et 2017, l'ENS du campus de Ker Lann laisse Lyon remporter les deux trophées en 2018. Le trophée de l'Ambiance pour sa part est remporté année après année par Lyon depuis 2017.
Les Inter-ENS ludiques regroupent les élèves des quatre ENS françaises pour un week-end de jeux : jeux de société, jeux vidéo, grands jeux...
Les Inter-ENS culturelles clôturent l'année et permettent aux étudiants de se retrouver autour des différents spectacles et expositions créés par leurs soins.
Chaque année, c'est une école différente qui accueille les événements. En 2018-2019, les inter-ENS sportives sont organisées à Lyon, les ludiques à Cachan et les culturelles à Rennes.[réf. nécessaire]
Un normalien est un élève ou un ancien élève d'une des écoles normales supérieures. De nombreuses grandes figures de la France du XXe siècle en sont issues, autant des écrivains et intellectuels (comme Simone Weil, Jean-Paul Sartre) que des chercheurs (comme Louis Pasteur, Henri Cartan, Jean Perrin) ou des personnalités politiques (comme Georges Pompidou, Ulm 1931), diverses figures médiatiques (comme Bernard-Henri Lévy, Ulm 1968) et des chefs d'entreprise.
Certaines personnalités, sans y avoir été élèves (généralement parce qu'elles n'étaient pas françaises), ont étudié dans une ENS comme auditeurs libres, par exemple Cahit Arf (Ulm, 1930, mathématicien) ou Pierre Deligne (Ulm, autour de 1964).
Les personnalités suivantes ont enseigné dans une ENS ou en ont dirigé une :
Une grande part des mathématiciens ayant reçu la médaille Fields est d’origine française[N 1] et la plupart de ceux-ci ont été élèves à la rue d’Ulm[N 2].
D'après un calcul effectué en 2016 par la revue Nature, l'ENS est l'établissement qui, proportionnellement au nombre de ses anciens élèves, a formé le plus grand nombre de Prix Nobel (0,001 35 per capita), ce qui lui permet de devancer le prestigieux California Institute of Technology (Caltech) et l’université Harvard (respectivement 0,000 67 et 0,000 32 per capita)[29].
Comme les autres grandes écoles, les écoles normales supérieures ont été critiquées par un certain nombre d'ouvrages à partir des années 1980. Pierre Bourdieu — lui-même ancien élève de l'ENS de la rue d'Ulm — a ainsi considéré que le recrutement des grandes écoles était socialement trop sélectif et servait avant tout à permettre la reproduction des élites[30]. Son ouvrage de 1968 écrit en collaboration avec Jean-Claude Passeron[31], fournit cependant des statistiques clémentes à cet égard pour l'ENS d'Ulm, créditée de 14 % de fils d'ouvriers (dont la population était nombreuse à l'époque) à comparer à 4 % pour l'École des mines de Paris, où le coefficient de l'épreuve de français est très élevé.
Le polytechnicien Pierre Veltz a récemment accusé globalement les grandes écoles d'être devenues des « machines à sélection » fermées socialement, donc s'étant éloignées de la devise républicaine La carrière ouverte aux talents, franco-centrées et peu innovantes[32].
D'autres font valoir une caractéristique des écoles normales et de quelques autres[33] dans l'enseignement supérieur français : dépourvues de classement de sortie[34], très largement tournées vers la recherche fondamentale et appliquée[35], elles se placent à la charnière des grandes écoles et des universités et sont considérées comme telles par la Commission Philip destinée à rapprocher les deux composantes de l'enseignement supérieur français[36]. La reconnaissance internationale des ENS a été récemment renforcée par l'ouverture d'une antenne commune à Shanghai, le développement des recrutements[37] et des échanges internationaux. Plusieurs classements internationaux[38] ont constamment placé les ENS parmi les meilleurs établissements européens et français. Cependant, la petite taille de ces structures comparées aux grandes universités anglo-saxonnes et leur orientation vers l'enseignement d'excellence à un petit nombre d'élèves plutôt que la recherche intra-muros jouent en leur défaveur dans certains classements comme le Classement de Shanghai.
Contrairement à d'autres institutions, elles recrutent leurs élèves sur des critères purement académiques. L'anonymat total à l'écrit, la présence au jury de professeurs extérieurs à l’École, la double correction systématique et l'absence d'épreuves de type « entretien de personnalité », socialement très sélectives, doivent favoriser la plus grande égalité entre les candidats lors des concours d'entrée, qui sont des concours de recrutement de la fonction publique. Il faut aussi noter que seules des préparations publiques et privées sous contrat aux concours des ENS existent[39]. Ces choix forts, issus des origines révolutionnaires et républicaines des ENS, n'empêchent pas que, comme dans les autres filières très sélectives[40], la majorité des élèves reste issue de classes favorisées[41],[42]. Diverses démarches, comme la réforme des CPGE littéraires ou les programmes Talens (Entrer en prépa, entrer à l'ENS, c'est possible), Science Académie et Tremplin, tentent d'y apporter une première réponse.