L'établissement correctionnel d'Auburn (en anglais : Auburn Correctional Facility) est une prison d'État américaine située dans la localité d'Auburn, dans le comté de Cayuga, dans l'État de New York. Il a été construit sur un terrain qui était autrefois un village Cayuga[1]. Il est classé dans la catégorie des établissements à sécurité maximale.
Construite entre [2] et [3] sous le nom de prison d'Auburn, l'établissement était alors la deuxième prison d'État(en) de l'Etat de New York (après la prison de Newgate située à New York, dans le quartier de Greenwich Village, et qui fut en activité entre et ). L'établissement est également le lieu de la première exécution par chaise électrique, qui eut lieu en , et l'homonyme du « régime auburnien », système correctionnel initié et formalisé par Elam Lynds(en) dans lequel les prisonniers sont détenus à l'isolement dans de grands bâtiments rectangulaires et effectuent des travaux pénaux dans un silence imposé à tout moment. La prison est rebaptisée établissement correctionnel d'Auburn (en anglais : Auburn Correctional Facility) en . La prison est l'une des plus anciennes prisons des États-Unis encore en activité[réf. nécessaire].
La prison était initialement constituée de dortoirs collectifs mais, en et à l'initiative du directeur de l'époque William Brittin, les cellules individuelles ont été mises en œuvre[4]. La prison est ainsi constituée de longs corridors donnant accès à de petites cellules[5].
Dans ses premières années d'activité, la prison facturait des frais aux touristes afin de collecter des fonds pour assurer le fonctionnement la prison. Par la suite, afin de décourager la plupart des visiteurs, les frais ont été augmentés[réf. nécessaire].
La prison connait en outre un coût de fonctionnement et un taux de récidive relativement faible[6].
Les détenus sont obligés de travailler pendant la journée et le bénéfice de leur travail contribue au fonctionnement de la prison[3]. Les détenus étaient séparés en fonction de l'infraction qu'ils ont commise ; en outre, ils reçoivent des vêtements identifiant leur crime. L'uniforme traditionnel en vigueur dans les prisons américaines, composé de rayures horizontales noires et blanches, est ainsi originaire de la prison d'Auburn. Les détenus ont les cheveux rasés de près et marchent au pas(en) en gardant la tête baissée. Chaque détenu pose une main sur l'épaule de l'homme qui lui faisait face afin de maintenir une séparation rigide[réf. nécessaire].
Il y avait un réfectoire commun pour que les prisonniers puissent prendre leurs repas ensemble, mais les gardiens appliquaient strictement la loi du silence à tout moment. Ainsi les détenus travaillent et mangent ensemble, mais dans un silence complet. La nuit, les détenus sont enfermés dans des cellules individuelles (même si le plan initial prévoyait des cellules doubles)[4].
Pendant plusieurs décennies, ce régime, également appelé « système collectif » (en anglais : Congregate System), fut reproduit dans d’autres établissements. L'établissement correctionnel de Sing Sing, également situé dans l'État de New York, a ainsi été construit selon ces principes sous la supervision de l'ancien directeur de la prison d'Auburn, Elam Lynds(en), initiateur du régime auburnien[3].
La prison d'Auburn a « une longue histoire de controverses, de scandales et d'émeutes »[8].
Elle a été le théâtre de plusieurs émeutes notables au fil des ans, incluant notamment une émeute notable survenue en et une émeute raciale en . Les événements les plus graves furent deux incidents liés entre eux et survenus au cours de l'été et de l'hiver . Le , soit seulement une semaine après un incident similaire à l'établissement correctionnel de Clinton de Dannemora, des détenus aspergèrent d'acide le visage d'un surveillant, ce qui leur permet d'avoir accès à l'armurerie de la prison. Les magasins de la prison sont incendiés, six bâtiments sont détruits et quatre prisonniers parviennent à s'évader. Deux détenus sont tués et un autre est blessé, tandis que cinq policiers sont également blessés. Plus tard cette année-là, le , le directeur Edgar Jennings et six gardiens sont pris en otage par un groupe de détenus, dont certains sont parvenus à se procurer des armes lors de l'émeute de juillet et ont réussi à les dissimuler entre-temps. Ce soulèvement provoque la mort du gardien principal George A. Durnford ainsi que celle de huit détenus. Trois détenus sont par la suite inculpés, reconnus coupables et exécutés à la prison de Sing Sing pour leur rôle durant les émeutes[9],[10].
Le , plusieurs détenus parviennent à prendre le contrôle de l'établissement et retiennent en otage 50 personnes, dont des gardiens et des ouvriers du bâtiment extérieurs, pendant plus de huit heures. L'incident est attribué à l'augmentation des tensions raciales et à la violation des droits des prisonniers[11].
Copper John est une statue représentant un soldat de la guerre d'indépendance américaine qui se dresse au sommet de l'établissement correctionnel d'Auburn. Il est entré dans le lexique local comme référence à la prison et à certains aspects de celle-ci, par exemple, être envoyé à la prison d'Auburn signifie « va travailler pour Copper John »[réf. nécessaire].
« John » était à l'origine une statue en bois érigée en au sommet du bureau administratif de la prison. En , la statue avait tellement souffert qu'elle fut démontée et une nouvelle statue fut fabriquée en cuivre par les prisonniers de la fonderie de la prison. En , le gouvernement de l'État de New York se rend compte que la statue avait été conçue pour être « anatomiquement correcte » et ordonne qu'elle soit « incorrecte ». Certains agents correctionnels ont protesté de manière impromptue en distribuant des T-shirts montrant la statue emblématique et en lisant « Save Copper John's Johnson » ; mais la statue fut néanmoins enlevée, son pénis limé et remonté en août[12].
↑ abc et d« Auburn Prison Beginnings » (consulté le ) : « William Brittin, who died in 1821, master carpenter and builder of the prison who became its first agent and warden ... Elam Lynds, a lash wielding principal keeper who delighted in enforcing discipline. He was sadistic by nature. »
↑ ab et cPaul Mbanzoulou, « L’architecture carcérale. Entre fonctionnalité pénale et impératif de sécurité », Droit et Ville, vol. 76, no 2, , p. 121–134 (ISSN0396-4841, DOI10.3917/dv.076.0121, lire en ligne, consulté le )
↑ a et bÉric Keslassy, « Tocqueville et l'« économie » pénitentiaire », Revue d'Histoire des Sciences Humaines, vol. 23, no 2, , p. 175–202 (ISSN1622-468X, DOI10.3917/rhsh.023.0175, lire en ligne, consulté le )
↑(en-US) Special to The New York Times, « CONVICTS RIOT, PUT TORCH TO AUBURN PRISON; 1,700 BATTLE GUARDS FIVE HOURS, WOUNDING 4; TWO MUTINEERS KILLED, 4 ESCAPE OVER WALL; RIOTERS SEIZE ARSENAL Turn Guns on Keepers and Set $250,000 Fire in Rush Across Yard. HACK HOSE, FIGHT FIREMEN Eleven Prisoners Wounded in Break for Liberty Aided by Outside Sources. TROOPERS LEAP INTO FRAY Covered by Machine Guns, They Cornered Rebels--Riot Like That at Dannemora. List of Killed and Injured. Men Who Escaped. Mutineers Chop Hose Lines. Force of 800 on Guard All Night. Swarm Over Wall Amid Bullets. Use Shop Tools Against Firemen. Smoke Pours From Cell Block. Officials Feared Outbreak. », The New York Times, (ISSN0362-4331, lire en ligne, consulté le )
↑"Auburn Prisoners Hold 50 Hostages Eight Hours," New York Times, 5 Nov 1970
↑Mary Bulkot, « Copper John will return to his post », Auburn Citizen, (lire en ligne, consulté le )
↑ a et b(en-US) « CHANGES IN THE PRISONS.; JAMES C. STOUT TO SUCCEED WARDEN DURSTON AT AUBURN. », The New York Times, (ISSN0362-4331, lire en ligne, consulté le )
↑(en) « George W. Benham, retired Auburn banker, former warden of Auburn Prison and for many years ... », The New York Times, (lire en ligne, consulté le )
↑ a et b(en) The New York Times, « CHRISTIAN TAKES CONTROL AT AUBURN; New Acting Warden Consults With Kieb and Starts Study of Situation. KEEPER SUFFERS A STROKE Prosecutor Says Becker Will Be Accused of Slaying Durnford, Buried as a Hero. », The New York Times, (lire en ligne)
↑« Warden Ordered To Take Charge of Auburn. », Greeley Daily Tribune, , p. 5 (lire en ligne, consulté le )
↑(en) The New York Times, « RULE AT AUBURN SHIFTED, DR. CHRISTIAN IS IN CHARGE; GOVERNOR SPEEDS INQUIRY; CHANDLER WILL ACT FOR HIM Governor Picks Ex-Head of State Troopers to Study Outbreak. NAMES A SPECIAL JUDGE Executive Asks January Grand Jury to Consider Slaying of Durnford First. SULLIVAN IS CHIEF KEEPER "Hard Boiled" Sergeant Displaced by the Humanitarian Head of Elmira Reformatory. », The New York Times, (lire en ligne)
↑(en) The New York Times, « DR. HEACOX NAMED WARDEN AT AUBURN; Heart Attack Forces Captain Hoffman to Resign Post He Took After Mutiny. 'SLOW UP,' DOCTOR ADVISED New Appointee Physician at Prison Will Probably Get the Place Permanently. », The New York Times, (lire en ligne)
↑« The Evolution of the New York Prison System » (consulté le ) : « ... the warden's first assistant, who was responsible for the day-to-day operation of the prison, was known as the "'principal keeper.' »
↑ a et b« New Keeper Killed By Auburn Convict. Third In 3 Years. E.L. Beckwith Is Stabbed To Death In Mess Hall By Westchester Inmate As 900 Look On. 7-Year Grudge The Cause. Slayer Believed Four Months Solitary Imposed On Him Long Ago Was Unjust », The New York Times, (lire en ligne, consulté le ) :
« Edward L. Beckwith, principal keeper of Auburn prison since the death of George Durnford, for whose murder Max Becker, a convict, now is on trial for his life, was stabbed and killed today by a long-term prisoner in the mess hall, where 900 inmates were having their midday meal. ... »
↑« Metro Briefing | New York: White Plains: Man Sentenced for 3 Murders », The New York Times, (lire en ligne)
↑Lawrence P. Gooley, Terror in the Adirondacks: The True Story of Serial Killer Robert F. Garrow, Peru, NY, Bloated Toe Publishing, (ISBN978-0-9795741-3-9)
↑Sources : Archives de l'État de New York, Groupe d'enregistrement B0048, État de New York
↑Abraham Myerson, introduction to Prison Days and Nights, by Victor F. Nelson (New York: Garden City Publishing Co., Inc., 1936)
Gustave de Beaumont et Alexis de Tocqueville, Du système pénitentiaire aux États-Unis et de son application en France; suivi d'un appendice sur les colonies pénales et de notes statistiques, H. Fournier jeune, , 439 p. (lire en ligne)
(en) Eileen McHugh et Cayuga Museum, Auburn Correctional Facility, Arcadia Publishing Incorporated, , 128 p. (ISBN978-1-439-62361-9)
Les établissements ci-dessous accueillent exclusivement des hommes exceptés ceux accompagnés du symbole ♀ qui accueillent des femmes et ceux accompagnés des symboles ♂♀ qui accueillent des hommes et des femmes.
Ce modèle concerne uniquement les prisons où sont exécutés les détenus condamnés à la peine de mort aux États-Unis. La mention « Fermées » désigne uniquement les salles d'exécution qui ont fermé, les établissements hébergeant ces salles pouvant encore être en activité.