Accords Artemis

Accords Artemis
Description de l'image Accords Artemis.png.
Signature 13 octobre 2020
Signataires 48
Parties 48
Terminaison Durée indéterminée.
Langue Anglais

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Les accords Artemis sont un accord international entre les gouvernements participant au programme Artemis, un effort dirigé par les États-Unis pour ramener les humains sur la Lune d'ici 2025, dans le but ultime d'étendre l'exploration spatiale[1].

Rédigés par la NASA et le département d'État des États-Unis, les accords établissent un cadre de coopération dans l'exploration civile et l'utilisation pacifique de la Lune, de Mars et d'autres objets astronomiques[2]. Ils sont explicitement fondés sur le Traité sur l'espace des Nations unies de 1967, que les signataires sont tenus de respecter, et citent la plupart des grandes conventions négociées par l'ONU constituant le droit spatial[3],[4],[5],[6],[note 1].

Les accords ont été signés le 13 octobre 2020 par des représentants des agences spatiales nationales de huit pays : Australie, Canada, Italie, Japon, Luxembourg, Émirats arabes unis, Royaume-Uni et États-Unis[3]. Les signataires suivants sont l'Ukraine, la Corée du Sud, la Nouvelle-Zélande, le Brésil, la Pologne, le Mexique, Israël, la Roumanie, Bahreïn, Singapour, la Colombie, la France, l'Arabie saoudite, l'Espagne, l’Équateur, l’Inde, l'Argentine, la République tchèque, le Rwanda, le Nigeria, l’Allemagne, l’Islande, les Pays-Bas, la Bulgarie, l'Angola, la Belgique, la Grèce, l'Uruguay, la Suisse, la Suède, la Slovénie, la Lituanie, le Pérou, la Slovaquie, l'Arménie, la République dominicaine, l'Estonie, Chypre, le Chili, et le Danemark. Les accords restent ouverts à la signature indéfiniment, car la NASA prévoit que d'autres nations les rejoindront[7]. D'autres signataires des accords peuvent ne pas être directement impliqués dans le programme Artemis, mais se sont néanmoins engagés à respecter les principes énoncés dans les accords.

Inversement, la signature des accords Artemis n'est pas une condition à la participation au programme Artemis. Ainsi les États européens membres de l'Agence spatiale européenne peuvent participer au programme Artemis par leur participation au programme d'exploration de l'Agence sans être signataires des accords.

État Date de la signature Responsable
Drapeau de l'Australie Australie Dr. Megan Clark, directrice de l'Agence spatiale australienne[8]
Drapeau du Canada Canada Lisa Campbell, présidente de l'Agence spatiale canadienne[9]
Drapeau de l'Italie Italie Riccardo Fraccaro, secrétaire d'État à la Présidence du Conseil des ministres[10]
Drapeau du Japon Japon Kōichi Hagiuda, ministre de l'Éducation, de la Culture, des Sports, des Sciences et de la Technologie et Shinji Inoue, ministre japonais chargé de la Politique spatiale[11]
Drapeau du Luxembourg Luxembourg Franz Fayot, ministre de l'Économie[12]
Drapeau des Émirats arabes unis Émirats arabes unis Sarah Al Amiri, ministre d'État pour les hautes technologies et chef de l'Agence spatiale émiratie[13]
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni Dr. Graham Turnock, Chief Executive de l'Agence spatiale du Royaume-Uni[14]

La signature du Royaume-Uni a été étendue à l'île de Man le 27 juillet 2021[15]

Drapeau des États-Unis États-Unis Jim Bridenstine, Administrateur de la NASA
Drapeau de l'Ukraine Ukraine [16]
Drapeau de la Corée du Sud Corée du Sud Lim Hyesook, ministre des Sciences et des TIC[17]
Drapeau de la Nouvelle-Zélande Nouvelle-Zélande Peter Crabtree, Agence spatiale de la Nouvelle-Zélande[18]
Drapeau du Brésil Brésil Marcos Pontes, ministre des Sciences, de la Technologie, de l'Innovation et des Communications[19]
Drapeau de la Pologne Pologne Grzegorz Wrochna, président de l'Agence spatiale polonaise[20]
Drapeau du Mexique Mexique Marcelo Ebrard, secrétaire aux Affaires étrangères du Mexique[21]
Drapeau d’Israël Israël Uri Oron, Directeur général de l'Agence spatiale israélienne[22]
Drapeau de la Roumanie Roumanie Marius-Ioan Piso, président de l'Agence spatiale roumaine[23]
Drapeau de Bahreïn Bahreïn Dr. Mohamed Al Aseeri, directeur de la National Space Science Agency (en) (NSSA)[24]
Drapeau de Singapour Singapour Gan Kim Yong, ministre du Commerce et de l'Industrie[25]
Drapeau de la Colombie Colombie Marta Lucía Ramírez, vice-présidente de la république de Colombie et ministre des Affaires étrangères[26]
Drapeau de la France France Philippe Baptiste, président du Centre national d'études spatiales[27]
Drapeau de l'Arabie saoudite Arabie saoudite Mohammed bin Saud Al-Tamimi, directeur de l'Agence spatiale saoudienne (en)[28]
Drapeau du Nigeria Nigéria Isa Ali Ibrahim, ministre des Communications et de l'Économie numérique[29]
Drapeau du Rwanda Rwanda Francis Ngabo, directeur de l'Agence spatiale rwandaise (en)[29]
Drapeau de la Tchéquie Tchéquie Jan Lipavský, ministre des Affaires étrangères[30]
Drapeau de l'Espagne Espagne Diana Morant, ministre de la Science et de l'Innovation[31]
Drapeau de l'Équateur Équateur Gustavo Manrique Miranda, ministre des Affaires étrangères[32]
Drapeau de l'Inde Inde Taranjit Singh Sandhu, ambassadeur de l'Inde aux États-Unis[33]
Drapeau de l'Argentine Argentine Daniel Filmus, ministre de la Science, de la Technologie et de l'Innovation[34]
Drapeau de l'Allemagne Allemagne Dr. Walther Pelzer, directeur général du DLR[35]
Drapeau de l'Islande Islande [36],[37]
Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas Harm van de Wetering, directeur du Netherlands Space Office (en) (NSO)[36]
Drapeau de la Bulgarie Bulgarie Milena Stoycheva, ministre de l'Innovation et de la Croissance[38]
Drapeau de l'Angola Angola [39]
Drapeau de la Belgique Belgique Hadja Lahbib, ministre fédérale belge des Affaires étrangères[40]
Drapeau de la Grèce Grèce Giorgos Gerapetritis, ministre des Affaires étrangères[41]
Drapeau de l'Uruguay Uruguay [42]
Drapeau de la Suisse Suisse [43]
Drapeau de la Suède Suède Dr. Mats Persson, ministre de l'Éducation[44]
Drapeau de la Slovénie Slovénie [45]
Drapeau de la Lituanie Lituanie Aušrinė Armonaitė, ministre de l'Économie[46]
Drapeau du Pérou Pérou Javier González-Olaechea, ministre des Affaires étrangères[47]
Drapeau de la Slovaquie Slovaquie
Drapeau de l'Arménie Arménie Mkhitar Hayrapetyan, ministre de l'Industrie de haute technologie[48]
Drapeau de la République dominicaine République dominicaine Sonia Guzmán, Ambassadrice de la République dominicaine aux États-Unis[49]
Drapeau de l'Estonie Estonie Erkki Keldo (en), Ministre de l'Économie et de l'Industrie[50]
Drapeau de Chypre Chypre Nicodemos Damianou, vice-ministre de la Recherche, de l'Innovation et de la Politique numérique[51]
Drapeau du Chili Chili Aisén Etcheverry (en), Ministre de la Science, de la Technologie, de la Connaissance et de l'Innovation[52]

Contenu des accords

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Bien qu'il s'agisse d'une condition préalable à la participation au programme Artemis, les accords ont été interprétés comme codifiant des principes et des lignes directrices clés pour l'exploration de l'espace en général[5]. Leur objectif déclaré est de « prévoir la mise en œuvre opérationnelle d'importantes obligations contenues dans le Traité sur l'espace extra-atmosphérique et d'autres instruments ». Les accords sont un document unique, signé par chaque pays qui s'engage à respecter les principes des accords. Les accords bilatéraux entre agences spatiales pour des opérations spécifiques sur la Lune et au-delà devraient faire référence aux accords et les mettre en œuvre dans des projets particuliers.

Les dispositions[53] :

  • Affirmer que les activités de coopération dans le cadre de ces accords doivent être exclusivement à des fins pacifiques et conformes au droit international applicable.
  • Confirmer un engagement à la transparence et au partage des informations scientifiques, conformément à l'article XI du Traité sur l'espace extra-atmosphérique.
  • Appeler à un engagement à déployer des efforts raisonnables pour utiliser les normes d'interopérabilité actuelles pour les infrastructures spatiales et à établir des normes lorsqu'elles n'existent pas ou sont inadéquates.
  • Appeler à un engagement à déployer tous les efforts raisonnables pour apporter l'assistance nécessaire au personnel en détresse dans l'espace extra-atmosphérique et conformément à leurs obligations en vertu de l'accord de sauvetage et de retour.
  • Spécifier la responsabilité de l'immatriculation des objets dans l'espace, comme l'exige la Convention sur l'immatriculation
  • Appeler à un engagement à partager publiquement les informations sur leurs activités et au partage ouvert des données scientifiques. Ce faisant, les signataires acceptent de se coordonner pour fournir une protection appropriée à toute information exclusive et/ou contrôlée à l'exportation, et cette disposition ne s'étend pas aux opérations du secteur privé, sauf si elles sont menées au nom d'un signataire.
  • Inclure un accord pour préserver le patrimoine spatial, qu'ils considèrent comme comprenant des sites d'atterrissage humains ou robotiques d'importance historique, des artefacts, des engins spatiaux et d'autres preuves d'activité, et pour contribuer aux efforts multinationaux visant à développer des pratiques et des règles pour ce faire.
  • Inclure un accord selon lequel l'extraction et l'utilisation des ressources spatiales doivent être menées d'une manière conforme au Traité sur l'espace extra-atmosphérique et à l'appui d'activités sûres et durables. Les signataires affirment que cela ne constitue pas en soi une appropriation nationale, ce qui est interdit par le Traité sur l'espace extra-atmosphérique. Ils expriment également leur intention de contribuer aux efforts multilatéraux visant à développer davantage les pratiques et règles internationales en la matière.
  • Réaffirmer l'engagement des signataires envers les dispositions du Traité sur l'espace extra-atmosphérique relatives à la prise en compte et aux interférences nuisibles avec les activités d'autres nations, et à fournir des informations concernant l'emplacement et la nature des activités spatiales. Les signataires expriment leur intention de contribuer aux efforts multilatéraux visant à développer davantage les pratiques, les critères et les règles internationales pour garantir cela. Pour mettre cela en œuvre, les accords prévoient l'annonce de « zones de sécurité », là où d'autres opérations ou un événement anormal pourraient raisonnablement causer des interférences nuisibles. La taille et l'étendue de ces zones de sécurité doivent être basées sur la nature et l'environnement des opérations impliquées et déterminées de manière raisonnable en s'appuyant sur des principes scientifiques et techniques communément acceptés. Dans leurs zones de sécurité, les signataires s'engagent à respecter le principe du libre accès à toutes les zones des corps célestes par des tiers et toutes les autres dispositions du Traité sur l'espace extra-atmosphérique.
  • Inclure un engagement à atténuer les débris spatiaux et à limiter la génération de nouveaux débris spatiaux nocifs dans les opérations normales, la désintégration dans les phases opérationnelles ou post-mission et les accidents.

Les accords Artemis ont généralement été bien accueillis pour faire progresser le droit international et la coopération dans l’espace[5]. Les observateurs notent que le fond des accords est « sans controverse » et représentent une « tentative politique significative de codifier les principes clés du droit spatial » pour gouverner les activités spatiales des nations[5]. Les juristes internationaux attribuent également à l’accord le fait d’avoir contribué à influencer l’exploration spatiale dans le sens de normes uniformes de coopération et d’utilisation pacifique[54]. Les accords ont également été salués pour être la première fois que plusieurs pays conviennent de reconnaître la présence du patrimoine culturel humain dans l'espace et la nécessité de le protéger[55].

Avec la signature et la ratification par l’Australie des accords Artemis alors que ce pays avait précédemment signé le traité sur la Lune, des discussions ont eu lieu pour savoir s’ils pouvaient être harmonisés[56]. Dans cette optique, un accord de mise en œuvre du Traité sur la Lune a été préconisé, comme moyen de compenser les lacunes du Traité sur la Lune et de l'harmoniser avec d'autres lois, lui permettant d'être plus largement accepté[57],[58].

Pays participant au programme concurrent ayant le même objectif Station de recherche lunaire internationale, avec principalement la Russie et la Chine.

Les accords Artemis sont également critiqués pour être « trop centrés sur les intérêts américains et commerciaux ». La Russie les a condamnés comme une « tentative flagrante de créer une loi spatiale internationale favorable aux États-Unis »[59]. En plus d'être peut-être une opportunité pour la Chine à la lumière de l'Amendement Wolf (en) (droit américain qui restreint fortement la coopération entre la NASA et la Chine), les médias affiliés au gouvernement chinois ont qualifié les accords de « semblables aux méthodes d'appropriation des terres de l'enclosure coloniale européenne »[60]. La Russie et la Chine sont depuis parvenues à un accord pour travailler ensemble sur le concept chinois de Station de recherche lunaire internationale, afin de constituer une option concurrente potentielle pour des tiers tels que le Pakistan (qui rejoint effectivement cette initiative) et les Émirats arabes unis (qui signent toutefois les accords Artemis)[61].

Deux chercheurs écrivant dans le Policy Forum du magazine Science ont appelé les pays à exprimer leurs objections et ont soutenu que les États-Unis devraient passer par le processus des traités des Nations Unies afin de négocier sur l'exploitation minière spatiale. Ils craignaient que les accords de la NASA, s'ils étaient acceptés par de nombreux pays, ne permettent à l'interprétation du Traité sur l'espace de prévaloir[59]. L'acceptation des accords Artemis est une condition préalable à la participation au programme lunaire Artemis de la NASA[59]. Cependant, les accords Artemis sont signés entres agences spatiales, alors que le Traité sur l'espace est signé par les États.

Les critiques soutiennent également que, puisque le Traité sur l'espace interdit expressément aux nations de revendiquer un autre corps planétaire, les accords violent le droit de l'espace en permettant aux signataires de revendiquer toutes les ressources extraites des objets célestes[62]. Frans von der Dunk de l'université du Nebraska à Lincoln affirme que les accords renforcent « l'interprétation américaine du Traité sur l'espace », à savoir « le droit fondamental des États individuels de permettre au secteur privé de s'engager » dans des activités commerciales. L’interprétation alternative, affaiblie, est que « l'approbation unilatérale de l’exploitation commerciale n’est pas conforme au Traité sur l'espace et que seul un régime international, notamment – vraisemblablement – comprenant un système de licences internationales, pourrait légitimer une telle exploitation commerciale »[63],[64].

Notes et références

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  1. Sauf le Traité sur la Lune, bien que l'Australie l'ait ratifié.

Références

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