Adrien de Gasparin | |
Adrien de Gasparin, bronze de Pierre Hébert (1804-1869), fondu en 1942 | |
Fonctions | |
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Député du Vaucluse | |
Élection | 1830 |
Pair de France | |
– (14 ans) |
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Sous-secrétaire d'État à l'Intérieur | |
– (1 an) |
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Gouvernement | Ministère Broglie |
Ministre de l'Intérieur | |
– (1 an) |
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Gouvernement | Ministère Molé I |
Prédécesseur | Camille de Montalivet |
Ministère de l'Intérieur | |
– (moins d’un an) |
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Gouvernement | Ministère de transition |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Orange (Vaucluse) |
Date de décès | (à 79 ans) |
Lieu de décès | Orange (Vaucluse) |
Nationalité | France française |
Père | Thomas-Augustin de Gasparin |
Mère | Marguerite de Serres |
Fratrie | Augustin de Gasparin |
Conjoint | Adèle de Daunat |
Enfants | Paul Joseph de Gasparin Agénor Étienne de Gasparin |
Profession | Officier de cavalerie |
Religion | Protestant |
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Adrien Étienne Pierre de Gasparin[1] est un agronome, haut fonctionnaire et homme politique français né à Orange (Vaucluse) le et mort dans la même ville le .
Issu de la branche protestante d'une famille d'origine corse, il est fils de Thomas-Augustin de Gasparin (1754-1793), conventionnel (régicide) et membre du Comité de salut public, et de Marie-Anne Marguerite de Serre. Adrien de Gasparin perdit son père à l'âge de dix ans. Il embrassa, comme lui, la carrière des armes et fut attaché comme officier de cavalerie à l'état-major du maréchal Murat pendant la campagne de Pologne (1806). Une blessure reçue à Eylau le força à quitter le service.
Il rentra dans sa famille et épousa Rosalie Adèle de Daunant, fille de Paul-Guillaume de Daunant, et sœur d'Achille de Daunant, un ami de François Guizot, un protestant comme lui ; une sœur cadette, Laure de Daunant, deviendra sa belle-sœur en épousant son frère Augustin.
Il s'adonna à des études d'agronomie, adressant de nombreux mémoires aux Sociétés d'agriculture des départements et à l'Académie des sciences, qui établirent sa réputation dans ce domaine. Il donna notamment des travaux sur Le Croisement des races (1810) et sur La Gourme des chevaux (1811) et vit ses mémoires récompensés à Paris et à Lyon. Il publia une étude sur La Culture de la garance (1815), une Histoire de la ville d'Orange et de ses antiquités (1815), un Manuel d'art vétérinaire (1817), appuyé sur les observations qu'il avait faites dans les dépôts de chevaux malades qu'il avait été chargé d'inspecter durant sa carrière militaire, et un Mémoire sur l'éducation des Mérinos (1823). Son mémoire sur Les Maladies contagieuses des bêtes à laine (1821) remporta le prix de la Société royale d'agriculture, qui couronna également, en 1823, le Guide des propriétaires de biens ruraux affermés (publié en 1829).
Après la Révolution de 1830, Gasparin, qui jusque-là s'était plutôt rangé dans l'opposition à la Restauration, se rallia à la monarchie de Juillet. Ami intime de François Guizot, comme lui protestant du Midi de la France, il fut élu député le par le 2e collège de Vaucluse (Carpentras) (88 voix sur 152 votants et 208 inscrits) en remplacement de M. Duplessy, démissionnaire. Mais, Guizot, ministre de l'Intérieur jusqu'en , lui donna des fonctions administratives qui ne lui permirent pas de prendre part aux travaux parlementaires.
Gasparin fut successivement préfet de la Loire () de l'Isère (), député du Vaucluse et préfet du Rhône (décembre1831). Il fut nommé à Lyon au moment de la révolte des Canuts de novembre 1831, en remplacement du préfet Bouvier-Dumolart, qui était jugé trop conciliant avec les ouvriers. Lors de la seconde révolte des Canuts, en avril 1834, l’armée, dirigée par le ministre de l’intérieur Adolphe Thiers, fit mine d’abandonner la ville aux insurgés, avant d'engager une répression brutale, qui fut aussi l'occasion de frapper les républicains et de démanteler leurs réseaux. Gasparin fut accusé par ces derniers d'avoir laissé grandir l'insurrection pour mieux la réprimer : « On a dit, écrit Louis Blanc dans l’Histoire de Dix ans, et c'est moins contre le lieutenant général Aymard[2] que contre M. de Gasparin que l'inculpation a été dirigée, que, pour ajouter à l'importance de sa victoire, le pouvoir avait prolongé volontairement le combat ; que, dans ce but, il avait renoncé à des positions qui n'étaient point menacées ; que, résolu à terrifier Lyon et la France, il n'avait point empêché, le pouvant, des calamités superflues ; que c'était pour rendre les républicains odieux aux propriétaires qu'il avait déclaré la guerre aux maisons, abusé de l'incendie, imposé aux soldats une prudence féconde en désastres, et donné aux moyens de défense les proportions de sa haine plutôt que celles du péril. »
En récompense de son zèle, Gasparin fut fait pair de France le , mais il continua à administrer le département du Rhône jusqu'à sa nomination, le , aux fonctions de sous-secrétaire d'État à l'Intérieur dans le ministère Broglie. S'il ne fit pas partie du ministère Thiers, dont les doctrinaires avaient été écartés, Guizot le fit ensuite nommer ministre de l'Intérieur dans le ministère Molé le . Il ne se fit guère remarquer par son talent oratoire à la tribune de la Chambre, mais soutint néanmoins la discussion du projet de loi municipale et prépara un projet de loi sur les prisons que la chute du ministère, le , ne lui permit pas de mener devant le parlement. Il réalisa toutefois différentes réformes dans l'organisation des hospices, la législation sur les aliénés, et le régime des prisons. Il supprima la chaîne des forçats et décida que le transfert aux bagnes s'effectuerait désormais dans des voitures fermées.
Puisqu'il est directement lié à la commande et au financement du Requiem de Berlioz, cette œuvre majeure du compositeur français lui est dédiée. Dans ses mémoires, Hector Berlioz évoque Gasparin en ces termes: "En 1836, M. de Gasparin était ministre de l’Intérieur. Il fut du petit nombre de nos hommes d’État qui s’intéressèrent à la musique, et du nombre plus restreint encore de ceux qui en eurent le sentiment. Désireux de remettre en honneur en France la musique religieuse dont on ne s’occupait plus depuis longtemps, il voulut que, sur les fonds du département des Beaux-Arts, une somme de trois mille francs fût allouée tous les ans à un compositeur français désigné par le ministre, pour écrire, soit une messe, soit un oratoire de grande dimension. Le ministre se chargerait, en outre, dans la pensée de M. de Gasparin, de faire exécuter aux frais du gouvernement l’œuvre nouvelle. « Je vais commencer par Berlioz, dit-il, il faut qu’il écrive une messe de Requiem, je suis sûr qu’il réussira. »[...]« Je vais quitter le ministère, ajouta-t-il, ce sera mon testament musical.»". Par la suite, un arrêté ministériel décidant que le Requiem serait exécuté au frais du gouvernement en hommage aux victimes de la Révolution de 1830 est envoyé à Berlioz. Après son départ du ministère, Gasparin va continuer à venir en aide au compositeur qui rencontre des difficultés dans l'exécution des promesses du gouvernement[3].
Dans le ministère de transition du , Gasparin fut nommé de nouveau ministre de l'Intérieur et chargé de l'intérim du ministère des Travaux publics, de l'Agriculture et du Commerce. Le retour aux affaires du maréchal Soult, le , en éloigna Gasparin. Il fut admis à l'Académie des sciences le , en remplacement de Turpin dans la section d'économie rurale.
Après la Révolution de 1848, il se retira définitivement de la vie publique et reprit ses travaux agronomiques. Le ministre de l'Agriculture Charles Gilbert Tourret lui offrit la direction du nouvel Institut national agronomique de Versailles, qu'il refusa d'abord, puis finit par accepter sur les instances de M. Schneider (1851) ; mais cette institution fut bientôt supprimée par un décret du .
Au début de 1852, Napoléon III pressentit Adrien de Gasparin pour entrer au Sénat, mais il refusa après le décret du sur les biens de la maison d'Orléans. Il vécut retiré dans sa ville natale où il mourut en 1862.
Il était membre de la Société centrale et du Conseil central d'agriculture.
Sa statue de bronze fut élevée par souscription nationale et inaugurée le à Orange sur le cours Saint-Martin (actuel cours Aristide Briand), où la famille de Gasparin avait son château, construit en 1787 et démoli vers 1910 par la ville, qui l'avait acheté. Transférée dans le parc en 1931, cette statue fut enlevée en mai 1942, pour être fondue.