Alpins Alpini | |
Alpins du 2e régiment en parade le | |
Création | |
---|---|
Pays | Italie |
Branche | Armée de terre italienne |
Type | Infanterie, transmissions, génie, artillerie |
Rôle | Défense de la frontière alpine italienne |
Effectif | six régiments |
Fait partie de | Commandement des troupes alpines |
Garnison | Bolzano |
Devise | « Di qui non si passa! » (« Par ici on ne passe pas ! ») |
Guerres | Guerre italo-turque, Première Guerre mondiale, Guerre italo-grecque, Seconde Guerre mondiale, Guerre d'Afghanistan (2001-2014) |
Décorations | 73 médailles militaires |
Emblème | |
modifier |
Les Alpins (en italien : Alpini) sont les troupes de l'armée italienne spécialisées pour le combat en zone montagneuse. Elles sont rattachées à l'infanterie et composées, actuellement, de deux brigades.
Formées en 1872, ces unités se trouvent être les plus anciennes des troupes de montagnes actuelles. Leur mission d'origine était de défendre les frontières montagneuses du nord de l'Italie face à la France et l'Autriche-Hongrie (les Alpes). En 1888, les Alpins effectuent leur premier déploiement outre-mer, en Afrique. Ils se signalent durant le premier conflit mondial en combattant pendant trois ans dans les Alpes, s'opposant aux troupes de montagne allemandes et autrichiennes. Durant le second conflit mondial, ils sont principalement engagés sur le Front de l'Est et dans les Balkans.
Avec la fin de la guerre froide et la réorganisation de l'armée italienne, il ne subsiste plus que deux des cinq brigades existantes. En , les Alpins étaient engagés en Afghanistan.
Les origines des Alpins sont très anciennes : au cours des siècles, les habitants des Alpes ont toujours été des combattants valides et fiers, défendant inlassablement leur terre. Les légions alpines à l'époque romaine, les Cimbres, les milices vaudoises, les milices d'autodéfense des vallées de Trente, du val du Piave et du Frioul, pour ne citer que quelques exemples, peuvent être considérés comme des précurseurs des Alpins. Le corps militaire n'a été constitué officiellement qu'en 1872, après l'époque du Risorgimento, le royaume d'Italie devait faire face au problème de la défense de ses frontières terrestres, c'est-à-dire l'arc alpin.
Le capitaine Giuseppe Perrucchetti, considéré comme le « père des Alpins », proposa de confier la défense des cols alpins à des soldats recrutés sur le territoire, qui auraient permis un contrôle majeur, en raison surtout de leur connaissance du milieu. La proposition fut accueillie positivement, et le , à Naples, par le décret royal no 1056, les premières 15 compagnies alpines furent créées, chacune composée de soldats provenant de la même vallée. Le recrutement sur le territoire fut aussi un élément de cohésion sociale, qui renforça sensiblement l'esprit des Alpins, qui allait se former.
Les dimensions du corps alpin crûrent rapidement, en 1873 le nombre des compagnies fut élargi à 24, divisées en sept unités alpines ; en 1875, 10 bataillons furent créés, pour un total de 36 compagnies, et en 1882 enfin, les premiers six régiments furent constitués, et ils devinrent sept en 1887 et huit en 1910. En 1887 naquirent les premières 5 batteries de l'artillerie de montagne. Nés pour défendre les Alpes, les Alpins eurent leur baptême à Adoua, en Éthiopie, et la première médaille militaire fut remise au capitaine Pietro Cella pour la Campagne d'Érythrée des années 1887-1888. Ensuite les Alpins participèrent à la seconde campagne d'Érythrée (1896-1897) et à la guerre de Libye de 1911, où ils démontrèrent un courage et une capacité d'adaptation vraiment exceptionnels. Le , après une période d'essai au 3e régiment, les Alpins furent équipés de ski.
Au cours de la Première Guerre mondiale, les troupes alpines parviennent à leur épanouissement, avec 88 bataillons, 274 compagnies, 67 groupes d'artillerie de montagne et 175 batteries.
Le , à l'entrée en guerre de l'Italie, les Alpins s'installent aux points chauds des cols, comme au col du Stelvio, sur les Alpes juliennes, au col du Tonale et sur le mont Pasubio, et participent aux batailles les plus sanglantes, comme celle du mont Ortigara et celle de Caporetto, jusqu'à la contre-offensive du général Armando Diaz, qui amène la victoire.
Les Alpins jouent un rôle de protagonistes dans un conflit caractérisé par ses batailles sur les Alpes, et sur tous les fronts, du Massif de l'Adamello aux Dolomites, du Karst au mont Grappa, des hauts-plateaux de la Vénétie au Piave, où ils démontrent leur valeur et leur courage, avec plus de 35 000 morts et plus de 85 000 blessés[1].
Aux années 1930, la défense des frontières est confiée au nouveau corps des Gardes de frontière (abrégé en GAF), tandis que les Alpins sont employés aux endroits où il y avait nécessité, même en dehors du territoire alpin. En ce sens, en 1934, de nouvelles divisions sont créées : la Taurinense (Piémont et Vallée d'Aoste), la Tridentina (Vénétie et Trentin-Haut-Adige), la Julia (Frioul-Vénétie-Julienne), la Cuneense (Coni), auxquelles est ajoutée la Pusteria (Val Pusteria) en 1935. C'est le moment de la naissance des Troupes alpines auxiliaires.
En 1934, à Aoste est créé le Centre alpin d'instruction, abrégé en SMALP, ayant son siège principal au château Jocteau, à Beauregard (sur la colline d'Aoste). Appelé aussi École militaire centrale d'alpinisme, au fil des années il est devenu un centre d'excellence pour la préparation aussi dans le domaine des sports d'hiver, jusqu'au point qu'il a été surnommé Université de la montagne.
De 1935 à 1936, les Alpins sont employés encore en Afrique, pour la guerre d'Éthiopie. Ils débarquent à Massaoua, où la division Pusteria participe aux opérations pour la conquête de l'Empire italien, aux batailles de l'Amba Ardam, du Amba Alagi et du Maychew. Des unités alpines participent aussi à la guerre d'Espagne, avec l'uniforme du Tiers étranger.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, les Alpins sont employés sur le front alpin occidental, qui concernait les divisions Taurinense, Cuneense, Tridentina, Pusteria, et Alpes grées, dont faisait partie l'abbé Secondo Pollo (it), le bienheureux patron des Alpins. Ils sont ensuite déplacés sur le front grec-albanais, où était déjà présente la division Julia[2],[3].
Les troupes italiennes en Russie, 1941-1943 :
« Entre et , jusqu'à 230 000 soldats italiens ont combattu dans les plaines ukrainiennes et russe aux côtés de leurs alliés allemands. Ce qui, au départ, avait été présenté comme une promenade militaire, dans le sillon d'une Wehrmacht invaincue, s'est terminé par une tragédie épouvantable : devant Stalingrad, après que le front de l'Axe a été brisé par de massives attaques soviétiques à partir de , les colonnes de soldats italiens en déroute, mélangés à des Allemands, des Roumains, et des Hongrois, ont entamé une retraite dantesque, à pied, par des températures polaires, constamment harcelés par l'ennemi. Ceux qui ont été capturés sont morts par dizaines de milliers dans les camps soviétiques. Au total, en moins de deux mois, 85 000 italiens sont morts ou disparus... »
— Julien Sapori. Marcher ou mourir : Les troupes italiennes en Russie, 1941-1943, 2018, 272 p., (ISBN 978-2813811240).
En 1942, les divisions d'infanterie et les divisions alpines envoyées en Russie par Mussolini pour soutenir l'action des Allemands étaient regroupées en trois corps d'armée : le Trente-cinquième, le Deuxième, et le Corps d'élite que forment les divisions alpines. Pendant l'été, une avancée spectaculaire conduit les Allemands et leurs alliés du Donets au Don. Après plusieurs mois d'immobilité apparente, le , les Russes déclenchent une très puissante offensive qui fera voler en éclats l'ensemble du front sud, étendu sur plus de mille kilomètres. Le , l'ordre est donné de quitter le Don : l'ensemble du Trente-cinquième corps d'armée - la 298e division allemande et les deux divisions italiennes « Pasubio » et « Torino » - doit se replier, car les Russes, qui ont enfoncé en plusieurs endroits le front, sont en train d'enfermer ces divisions dans une gigantesque poche.
Dépourvues de carburant, obligées de laisser sur place leur matériel, leur ravitaillement et leur armement lourd, leurs camions, les troupes italiennes, mal équipées, entreprennent une effroyable anabase vers les lignes amies. Cette marche ne prendra fin que le . Abrossimovo, sur le Don, où se trouvait la division Pasubio, le village d'Arbousov, rebaptisé « la Vallée de la Mort » théâtre de combats acharnés, la ville de Tchertkovo, où les Allemands et les Italiens, assiégés, parviennent à repousser les Russes, jalonnent cette retraite pour échapper à la mort, ces marches désespérées dans la neige, par des températures qui atteignent parfois -40°C[5].
En 1942, un contingent d'Alpins composé des divisions 2e Tridentina, 3e Julia et 4e Cuneense (Corps des Montagnes) de la 8e armée est envoyé sur le Front de l'Est. Ses membres participent à la défense du Don, et sont obligés à une retraite à pieds dans le gel des steppes russes, en s'ouvrant le chemin par des batailles historiques, parmi lesquelles il faut rappeler celle de la bataille de Nikolaïevka. La bataille est un succès car malgré des pertes importantes, les troupes de l'Axe, bien que décimées et complètement désorganisées réussissent à passer le barrage des troupes soviétiques parviennent à atteindre Chebekino le , en dehors des « tenailles » russes. Les deux autres divisions alpines (3e division alpine Julia et 4e division alpine Cuneense (en)) et la Vicenza sont prises au piège et forcées de se rendre à Valouïki (au sud de Nikolaïevka) par les unités de la 6e armée (Union soviétique) qui sont présentes sur le lieu depuis le .
La force des alpini, c'est leur esprit de corps, qui persiste même dans ces conditions terribles. Un chant triste, lent, funèbre et poignant les représentants : Sul ponte di Perati, bandiera nera, relatant les sanglants combats de la division Julia en Grèce[6].
Après l'Armistice de Cassibile du , les Alpins sont employés dans les deux déploiements contre-posés : au sein de la République sociale italienne, est créée la division alpine Mont-Rose, à laquelle s'ajoutent d'autres unités alpines faisant partie de la division Littorio, ou autonomes. Dans l'armée royale italienne (en italien, « Regio Esercito »), les Alpins sont alors représentés par les bataillons Piémont et L'Aquila. Beaucoup d'Alpins entrent dans la lutte partisane.
Après la Seconde Guerre mondiale, l'adhésion de l'Italie à l'OTAN amena à la reconstitution de l'armée.
Les troupes alpines furent réorganisées en cinq brigades :
En 1948, l'École militaire alpine à Aoste a été reconstituée comme Centre alpin d'instruction (Château Jocteau), depuis 1998 l'école est sous le contrôle du Commandement des troupes alpines et est devenue Centre d'instruction alpine. Les troupes de frontière (Guardia alla frontiera, GAF) furent absorbées par les troupes alpines, ce qui créé l'unité des Alpins d'arrestation.
Dans les années 1950, les premières unités d'Alpins parachutistes sont créées, elles représentent l'élite du corps militaire alpins encore de nos jours.
Une autre nouveauté est la création du Centre d'instruction pour les recrues.
Les brigades alpines furent réunies au sein du IVe corps d'armée alpin, dont le premier commandant est Clemente Primieri, élu en 1952. Cette unité avait pour but la défense de l'arc alpin nord-oriental, en cas d'attaque de la part des pays membres du Pacte de Varsovie. Outre à cela, un contingent appelé Cuneense représentait l'armée italienne au sein des Forces mobile alliées (AMF) de l'OTAN.
Au début des années 1990, après l'écroulement de l'Union soviétique, l'armée fut à nouveau réorganisée, et certains unités alpines historiques, telles que les brigades Orobica et Cadore, sont supprimées. En 1997, le IVe corps d'armée alpin est transformé en Commandement des troupes alpines, avec trois brigades : la Taurinense, la Tridentina et la Julia. La brigade Tridentina est supprimée en 2002.
Les années 1990 marquent le début de la présence des troupes alpines dans le cadre des missions internationales. Les Alpins participent notamment aux missions au Mozambique, en Albanie, en Bosnie, au Kosovo, en Afghanistan et au Liban. Cela a amené à une réduction de l'activité en montagne, qui les caractérisait, mais a sans aucun doute augmenté leur prestige au niveau international.
Les 24 derniers mulets utilisés par les Alpins sont vendus aux enchères à Belluno par volonté du Ministère de la défense italien[7].
Un autre changement radical, qui marqua une dénaturation ultérieure des Alpins, est l'abolition en 2005 du service militaire obligatoire en Italie. Cet événement a éliminé la pratique du recrutement régional, un élément historique de cohésion pour les Alpins.
« Di qui non si passa », qui signifie « Par ici on ne passe pas ! », c'est la devise traditionnelle des Alpins, créée par le général savoyard Luigi Pelloux en 1888, lors d'un dîner des officiers alpins à Rome.
« La devise de mes Alpins, quant à moi, se réduit à peu de mots : “Par ici on ne passe pas !”. »
Cette devise a été évoquée fréquemment, surtout pendant la Première Guerre mondiale, lors des batailles de haute montagne, et lors de la défense à outrance le long du Piave.
Egalement connue sous le nom de plume noire (ou "plume sur le chapeau"). C'est une chanson particulièrement réputée qui dès le premier verset décrit l'une des caractéristiques distinctives du corps des chasseurs Alpins (Italiens), ou la classique plume noire positionnée sur le chapeau[8].
Les Paroles de la chanson s'entonne ainsi :
La partie finale de la chanson, fait la louange du Corps des Chasseurs Alpins[9].
En ce début du XXIe siècle, les troupes alpines comprennent différentes spécialités de l'armée italienne : l'infanterie, l'artillerie, la cavalerie mécanisée, les sapeurs, les transmissions, les transports et les matériaux, et les corps logistiques. Presque toutes les unités s'adressent au Commandement des troupes alpines, abrégé en COMALP, un commandement au niveau de corps d'armée, héritage du IV corps d'armée alpin, ayant siège à Bolzano.
Du COMALP dépendent notamment :
La brigade est le cadre de la formation multinationale de la Force terrestre multinationale, complétée par une unité (bataillon ou régiment) de Slovénie et une de Hongrie. En opération depuis 2001, il reçoit des instructions d'un comité tri-national politico-militaire devant être utilisées dans les missions de l'OTAN, de l'ONU, de l'Union européenne et de l'OSCE[10].
Le chapeau est le symbole le plus représentatif des Alpins. Il est composé par plusieurs éléments, qui marquent le grade, le bataillon, le régiment et la spécialité[11].
Elle se trouve sur la gauche du chapeau et mesure de 25 à 30 centimètres. C'est une plume de corbeau noir pour les militaires du rang, d'aigle marron pour les sous-officiers et les officiers subalternes et d'oie blanche pour les officiers supérieurs et les officiers généraux.
Cette plume à laquelle les Alpins sont très attachés, a été conservée à toutes les époques pour toutes les coiffures, casque compris, même pour les casques bleus venant de régiments d'Alpins.
C'est le disque en laine où la plume est infilée. En origine, la couleur du pompon distinguait les bataillons à l'intérieur de chaque régiment : le premier bataillon portait toujours un pompon blanc, le deuxième un pompon rouge, le troisième vert, et, là où il y avait un quatrième bataillon, bleu. Les couleurs sont celles du drapeau italien, le bleu est la couleur de la Maison de Savoie.
Ensuite, d'autres pompons ont été créés et ajoutés, avec des couleurs, des chiffres et des sigles correspondant aux spécialités et aux unités des troupes alpines.
Les pompons utilisés aujourd'hui sont les suivants :
Les adjudants, les officiers et les supérieurs portent un pompon en métal doré. Les officiers généraux portent un pompon en métal argenté.
Il se trouve sur la partie antérieure du chapeau et marque la spécialité d'appartenance :
La facture du symbole change selon le grade :
Sur le côté gauche du chapeau des Alpins se trouvent les grades, en face de la plume et du pompon, sous forme de galons :
Le mulet, un croisement entre un âne et une jument, est devenu pendant la Première Guerre mondiale un duo gagnant des Alpins. En effet, cet animal était utilisé comme moyen de transport de mitrailleuses, d'obusiers et d'autres matériaux. Ensemble avec les Alpins, leurs mulets connurent la faim et le froid du premier conflit mondial, au cours duquel on compta environ 520 000 mulets, provenant surtout de l'Italie du sud.
L'armée italienne disposait de trois types de mulets :
Les convois de ravitaillement portaient des vivres, des munitions et le courrier aux détachements en avant-garde, sur les montagnes, n'importe quelles étaient les conditions météorologiques.
Les mulets furent utilisés par les Alpins de 1872 à 1991. Ils furent remplacés par le quad militaire MTC 90 Fresia F18 4x4, mais ils resteront à jamais les meilleurs amis des soldats alpins.
Les CASTAs sont les championnats de ski des troupes alpines.
Cette compétition a lieu au Val Pusteria, en Haut-Adige, en particulier dans les communes de Braies, Dobbiaco, Villabassa, San Candido et Sesto. Le premier but est celui de vérifier le niveau de formation et d'instruction atteint par les unités alpines, et deuxièmement pour renforcer les liens d'amitié entre les troupes.
Les nations qui ont participé sont : l'Albanie, l'Argentine, l'Autriche, la Bulgarie, le Chili, la Croatie, la Finlande, la Russie, la France, l'Allemagne, le Kazakhstan, la Lettonie, le Liban, la Lituanie, la Macédoine, le Monténégro, le Royaume-Uni, la Roumanie, la Serbie, la Slovaquie, la Slovénie, l'Espagne, les États-Unis, la Suisse, l'Ukraine et la Hongrie.
Sous réserve d'attribution :