Charles Théodore Perron, Monument à André Theuriet (1913), Bourg-la-Reine.
André Theuriet voit le jour à Marly-le-Roi, d'un père bourguignon et d'une mère lorraine de Bar-le-Duc. En 1838, son père est nommé receveur des Domaines à Bar-le-Duc, toute la famille déménage. Il passe beaucoup de temps avec sa grand-mère qui lui apprend à lire. Un de ses grands plaisirs d'enfant est de rendre visite à une grand-tante un peu originale qui se déguise avec des rideaux, et qui déclame des vers.
Il est inscrit à la bibliothèque de la ville et ses préférences vont en matière de prose à Mérimée, Vigny, Balzac[réf. nécessaire] et en matière de poésie à Hugo, Musset, Vigny, Lamartine[1]. Il fait son entrée en 1843 au collège Gilles de Trèves. On raconte qu'en rhétorique, il fait des vers. Il compose en grand secret des odes, des satires, des épîtres, et il transcrit ses premières productions dans un de ses cahiers de classe réservé aux mathématiques. Il s'avise même de faire publier, par un journal de la ville, une de ses poésies. Mal lui en prend : son professeur, ayant eu vent de la chose, s'amuse en classe à se moquer de ses vers. Il est à Civray en 1849, bachelier ès lettres le [réf. nécessaire]. Il s'inscrit à la faculté de droit et participe au concours de l'Académie[1], en 1853, en présentant un poème de 400 vers sur l'Acropole, qui sera fort remarqué. Quelques mois après, il fait la connaissance de la fille du sous-préfet de Civray qui mourra en 1855 d'une angine de poitrine.Et ? Après avoir fait ses études à Bar-le-Duc (bachelier en droit le ), il est employé à la direction des Domaines à Auberive de 1856 à 1859, au poste de surnuméraire de l'enregistrement et des domaines ; à Tours de 1859 à 1863, puis à Amiens, avant de devenir chef de bureau à l'enregistrement en 1863, au ministère des Finances[2]. Il commence à publier des poèmes et des nouvelles à la Revue des deux Mondes. En 1859, il fait la connaissance de celui qui allait être son meilleur ami : Camille Fistié.
À la guerre de 1870, il est au 19e bataillon de la 2e compagnie de la Garde nationale de la Seine. En 1871, il participe à la bataille de Buzenval. Il fera cette même année la rencontre d'Hélène Narat, sa future épouse.
En 1880, il épouse Hélène Narat[3], veuve du peintre Gabriel Lefebvre, un artiste renommé sous le Second Empire. D'après François Carez, c'était « une jeune fille charmante qu'il avait chantée — en amoureux rossignolant — dans le Livre de la Payse »[1]. En 1893, il vend son appartement du no 30 rue Bonaparte à Paris et achète une maison au no 14 avenue Victor Hugo à Bourg-la-Reine qu'il nomme Bois-Fleuri, en souvenir de son roman Boisfleury[2].
Élu au conseil municipal de la ville en 1894, il en devient maire le au décès de M. Jallon[2]. Il fait réaliser deux grands tableaux par le peintre Menu pour orner la salle des mariages. Il démissionne de sa charge le [2]. Il est élu membre de l'Académie française le , au fauteuil d'Alexandre Dumas fils[4], et il y est reçu par l'écrivain Paul Bourget. Le conseil municipal de Bourg-la-Reine fait réaliser par Pierre-Adrien Dalpayrat deux assiettes en porcelaine qui lui sont offertes. Il fut également membre de l'Académie de Stanislas[5].
Son épouse meurt le .
André Theuriet est un écrivain qui chante les terroirs, les forêts, les petites villes bourgeoises avec une étonnante facilité à communier avec tous les pays où le mène sa profession. Ainsi, en Lorraine, en Argonne, dans la Haute-Marne, en Touraine, et dans le Poitou, on le considère comme un enfant du pays.
Il publie de nombreux romans sur Bar-le-Duc, le pays d'Auberive, la Touraine et le Poitou, la Savoie — il séjourna plusieurs étés à Talloires[6], sur les bords du lac d'Annecy — et l'Argonne. L'intrigue de ses romans est souvent conventionnelle et les personnages, dont le caractère est fixé d'emblée et n'évolue guère, incarnent tous les grands sentiments de l'époque, parfois d'une façon stéréotypée, moralement et politiquement modérée. L'auteur se défie également des parvenus et des démagogues, des révolutionnaires et des aristocrates réactionnaires et privilégie les caractères francs et honnêtes, qu'un heureux mariage, socialement convenable, vient souvent récompenser. Mais son œuvre laisse un témoignage précis et fidèle de la vie quotidienne dans les villes et villages de province où les passions semblent magnifiées par les paysages où elles naissent et le lyrisme de l'auteur. Theuriet connaît bien la nature et n'a pas son pareil en sa génération pour brosser, d'une plume certes académique, un beau paysage.
« Le ciel, qui avait été brumeux pendant la matinée s’éclaircissait par places ; des trouées de soleil éclairaient brusquement tantôt la prairie, tantôt un des versants de la forêt. Cette illumination intermittente donnait au paysage une brève splendeur printanière. La chanson discrète des rouges-gorges, les fleurs lilas des veilleuses éparses dans les près aidaient encore à l’illusion. Les parties restées dans l’ombre n’avaient pas, du reste, une coloration moins vivace : le brun pourpré des poiriers sauvages, le rouge sanglant des cerisiers, l’or pâle des sycomores et les retroussis argentés des saules semaient de taches éclatantes les frondaisons encore vertes des chênes et la rousseur fauve des hêtres. De loin en loin, au moindre souffle d’air, l’effeuillement soudain de quelques trembles ressemblait à une envolée de frêles papillons blancs. »
Sans enfant, il laissa ses biens à ses amis M. et Mme Archambault, de Beaune, qui vivaient avec le couple et qui s'occupèrent de lui après la mort de son épouse[7].
Bigarreau, suivi de La Pamplina, de Marie-Ange, de L'Oreille d'ours et de La Saint-Nicolas, Alphonse Lemerre, s.d.
Mademoiselle Guignon, Paris, Charpentier, , 320 p. (lire en ligne)
Le Mariage de Gérard, Paris, Ernest Flammarion, , 255 p. (lire en ligne)
Raymonde : le Don Juan de Vireloup, Paris, G. Charpentier, , 352 p. (lire en ligne)
Sous bois : impressions d'un forestier, Paris, G. Charpentier, , 326 p. (lire en ligne)
Le Fils Maugars, Paris, G. Charpentier, , 320 p. (lire en ligne)
La Maison des deux Barbeaux : Le sang des Finoël, Paris, Paul Ollendorff, , 317 p. (lire en ligne)
Sauvageonne, Paris, Paul Ollendorff, , 311 p. (lire en ligne)
Toute seule, Paris, G. Charpentier, , 333 p. (lire en ligne)
Les Enchantements de la forêt, Paris, Librairie Hachette, coll. « Bibliothèque des écoles et des familles », , 220 p. (lire en ligne)
Madame Heurteloup ()
Le secret de Gertrude (ill. Émile Adan, Eaux fortes gravées par Auguste Boulard et vignettes dans le texte gravées sur bois par Jules Huyot), Paris, H. Launette et Cie, , 213 p. (lire en ligne)
Michel Verneuil, Paris, Paul Ollendorff, , 325 p. (lire en ligne)
Le , le Monument à André Theuriet est inaugurée à Bourg-la-Reine par le président de la République Raymond Poincaré et le sous-secrétaire d'État aux Beaux-Arts Léon Bérard, dans une rue portant son nom, en présence du maire de la ville : le colonel Albert Candelot. Il est dû au sculpteur Charles Théodore Perron, qui demeurait également à Bourg-la-Reine ; le fondeur est René Fulda, à Paris. Un monument lui est également dédié à Auberive, en Haute-Marne, où il fut directeur de l’enregistrement de 1856 à 1858, sur la place q porte son nom. Ce monument a été élevé en 1907, le buste en bronze ayaunent été refait en 1998 par le sculpteur J.M. MAILLARD de Rouelles à la suite d'un vol.
Dans la version parue en France en 1906 du livre sur les Bucegi, Nestor Urechia lui rend un chaleureux hommage par cette dédicace[9] : « À André Theuriet, au maître écrivain, chanteur des bois, des fleurs et des doux sentiments. »
↑ ab et cAuteurs contemporains : études littéraires : Paul Verlaine, Anatole France, André Theuriet, Maurice Maeterlinck, Paul Déroulède / François Carez par François Carez, aux Éditions Demarteau (Liège), 1897, 331 pages
↑ abc et dXavier Lenormand, Histoire des rues de Bourg-la-Reine, p. 18.
↑Philippe Chaplain, « André Theuriet (1833-1907) », in Les grands personnages au cimetière de Bourg-la-Reine, Éd. Bibliothèque de l'Association Historique de Bourg-la-Reine, no 7, 2007, p. 4-9.
Antoine Albalat, Souvenirs de la vie littéraire, Arthème Fayard et Cie éditeurs à Paris, 1921, 319 p.
Jacques Bonnaure: André Theuriet de la Meuse à la Coupole, in Bulletin des Sociétés d'histoire et d'archéologie de la Meuse, no 38-39, p. 125-140.
Emmanuel Besson, A la veille d'un centenaire: Souvenirs personnels sur André Theuriet (1/4) Le Domaine no 97 de , pages 438 à 455, (2/4), Le Domaine, no 98-99 de /, pages 49 à 56, (3/4), Le Domaine no 100 de , pages 78 à 88, (4/4, Le Domaine no 497 de , pages 113 à 122.
Jean David, André Theuriet en Touraine, dans: Mémoires de l'Académie de Touraine, 2004, p. 83 à 97.
Théophile Gautier, Histoire du Romantisme , éd. Charpentier et Cie Libraires-éditeurs, Paris, 1874, 410 p.
Maurice Guillemot, Villégiatures d'artistes, éd Ernest Flammarion, 1897, 260 p.
Ernest Jungle, Profils parisiens, première série, éd. A. Melet, Paris, 1898, 212 p.
Bernard Lazare, Figures contemporaines. Ceux d'aujourd'hui et ceux de demain, Libraires-éditeurs, Perrin et Cie, Paris, 1895, 281 p.
Jules Lemaître, Les contemporains 5e série, H. Lecène & H. Oudin, Paris, 1892, 355 p.
Jules Tellier, Les écrivains d'aujourd'hui -Nos poètes, éd. A. Dupret, Paris, 1888, 258 p.