Ansar al-Charia | ||
Idéologie | Salafisme djihadiste | |
---|---|---|
Objectifs | Établissement d'un califat islamique Instauration de la charia |
|
Statut | Inactif | |
Fondation | ||
Date de formation | Avril 2011 | |
Pays d'origine | Tunisie | |
Fondé par | Abou Iyadh | |
Date de dissolution | Mars 2015 | |
Actions | ||
Mode opératoire | Assassinats et attentats | |
Zone d'opération | Tunisie | |
Période d'activité | 2011-2015 | |
Organisation | ||
Chefs principaux | Abou Iyadh | |
Fait partie de | Al-Qaïda | |
Groupe relié | Katiba Okba Ibn Nafaâ | |
Répression | ||
Considéré comme terroriste par | Tunisie, États-Unis, Organisation des Nations unies | |
Insurrection djihadiste en Tunisie | ||
modifier |
Ansar al-Charia (arabe : أنصار الشريعة soit « Partisans de la charia ») est un groupe islamiste salafiste actif en Tunisie de 2011 à 2015 et comptant plusieurs milliers de partisans en 2013[1].
À la suite de la révolution de 2011, de nombreux prisonniers politiques islamistes détenus par le régime de Zine el-Abidine Ben Ali sont libérés, y compris Abou Iyadh qui avait cofondé le Groupe combattant tunisien avec Tarek Maaroufi en [2]. Abou Iyadh alors fonde Ansar al-Charia en , qu'il dirige avec le prédicateur Abou Ayoub et l'idéologue Al-Khatib al-Idrissi[3],[4].
Le groupe établit rapidement une branche médiatique, al-Qayrawān Media Foundation, et développe différents canaux de communication, y compris un blog, une page Facebook et un magazine[5]. Il fait campagne pour la libération de prisonniers islamistes, comme Omar Abdel Rahman, Abou Qatada et des Tunisiens qui avaient combattu avec Al-Qaïda en Irak et sont détenus dans les prisons irakiennes[5].
Le groupe tient également une conférence nationale à Kairouan en 2012, durant laquelle Abou Iyadh appelle à l'islamisation des secteurs des médias, de l'éducation, du tourisme et du commerce, ainsi qu'à la création d'un syndicat islamique à même de concurrencer l'Union générale tunisienne du travail de tendance laïque.
Les membres d'Ansar al-Charia ont régulièrement pris part à des manifestations contre ce qu'ils considèrent comme du blasphème et ont été suspectés d'être impliqués dans un certain nombre d'incidents violents, même si peu de preuves ont été présentées et si l'organisation n'a pas été interdite. Parmi les incidents figurent des attaques contre la chaîne de télévision Nessma qui a diffusé le film Persepolis en , contre une exposition d'art controversée en [6] et contre l'ambassade américaine à Tunis en [7], dans le cadre des manifestations et attentats anti-américains.
Le , le ministère de l'Intérieur interdit le congrès d'Ansar al-Charia programmé pour le à Kairouan. Les islamistes guidés par Abou Iyadh, recherché par la police depuis l'attaque contre l'ambassade américaine, annoncent qu'ils n'ont pas besoin d'une autorisation, le ministère indiquant que les déclarations des responsables d'Ansar al-Charia sont considérées « comme un défi ouvert contre les institutions de l'État, une incitation contre elles et une menace de l'ordre public »[8]. Dans une interview accordée à Al Jazeera, le chef du gouvernement Ali Larayedh affirme que le refus d'autoriser ce meeting se base sur trois critères, à savoir que Ansar al-Charia a défié le gouvernement et l'État, que cette organisation est illégale, qu'elle a exercé la violence et qu'elle est en relation avec le terrorisme[9].
Après la décision du gouvernement d'interdire le congrès, des affrontements éclatent le à la mi-journée entre policiers et salafistes à la cité Ettadhamen, où le groupe avait appelé ses militants à se réunir faute de pouvoir se rendre à Kairouan. Deux cents salafistes présumés sont arrêtés, trois manifestants et quinze policiers blessés, dont trois grièvement, selon le ministère de l'Intérieur, qui évoque « plus de sept cents […] islamistes extrémistes [équipés] de mélanges incendiaires, de projectiles et d'armes blanches »[10].
Le , le chef du gouvernement tunisien Ali Larayedh annonce le classement du mouvement salafiste en tant qu'organisation terroriste en raison de sa responsabilité entre autres dans la planification de l'assassinat des opposants politiques Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, l'attaque de plusieurs postes de police et militaires, ainsi que ses liens avec Al-Qaïda au Maghreb islamique[11]. Cependant, le , Ansar al-Charia dément être impliqué dans l'assassinat de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi[12]. Le meurtre des deux hommes politiques tunisiens est revendiqué par l'État islamique le [13],[14].
Entre 2013 et 2014, le groupe Ansar al-Charia se dissout progressivement : bon nombre de ses membres partent en Syrie ou en Libye et rejoignent l'État islamique ou le groupe libyen Ansar al-Charia ; Abou Iyadh lui-même trouve refuge en Libye. Certains combattants restent cependant en Tunisie et rallient la katiba Okba Ibn Nafaâ, la branche tunisienne d'Al-Qaïda au Maghreb islamique commandée par Lokman Abou Sakhr[15],[16].
En , le ministre tunisien de l'Intérieur annonce qu'Ansar al-Charia a été démantelé, mais que son rôle a été repris par la katiba Okba Ibn Nafaâ[17].
Ansar al-Charia est placé sur la liste tunisienne des organisations terroristes après avoir été accusé des assassinats de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi[18]. Le , il est intégré à la liste des organisations et personnes considérées par l'ONU comme proches d'Al-Qaïda ou des talibans[19], liste instituée dans le cadre de la résolution 1267 du visant à lutter contre le terrorisme[20].
Le , l'organisation est intégrée à la liste noire des organisations terroristes dressée par les États-Unis[21] puis, le de la même année, à la liste des organisations et personnes considérées par l'ONU comme proches d'Al-Qaïda ou des talibans[19], liste instituée dans le cadre de la résolution 1267 du visant à lutter contre le terrorisme[20].
Ansar al-Charia utilise deux versions noires et blanches du drapeau utilisé par les salafistes djihadistes[22].