Attiré par l'art d'Auguste Rodin et d'Antoine Bourdelle, Charles Malfray il rejette dans les années 1900 le modèle académique. En 1916 il survit à l'enfer de la bataille de Verdun où il est gazé et demeure d'une santé fragile.
Cette même année 1920, il crée les Monuments aux morts de Pithiviers[1] et d'Orléans, dont le modernisme est extrêmement discuté : « Celui d'Orléans par M. Malfray a paraît-il, excité l'indignation plus que l'admiration. Cela honore le bon goût des Orléanais. Les deux caryatides à tête de dieu hindou, viandes et soufflées comme des veaux à l'étal, sont un attentat à toutes les formes de décence »[2]. Louis Vauxcelles défend l'artiste contre ses détracteurs : « Dès qu'une statue affecte une sévérité qui remémore l'archaïsme, les benêts crient à l'art boche. Malfray est en bonne compagnie : Bourdelle, Bernard et Auguste Perret ont connu cette injure. »[3].
Ruiné par ces travaux, malade des suites de la guerre, il abandonne presque la sculpture. Mais en 1931, son ami Aristide Maillol le désigne comme son successeur à l'Académie Ranson. Tandis que Roger Bissière y enseigne la peinture et la fresque, Malfray a durant les années suivantes pour élèves dans son atelier : Étienne Martin, François Stahly et Jean Le Moal[4] et retrouve le chemin de la création.
Soutenu par le ministre de l'Éducation Jean Zay, Malfray a reçu plusieurs grandes commandes, notamment en 1936 pour le Palais de Chaillot (Le Printemps)[5] et en 1938 pour un jardin public de la ville de Limoges (La Source du Taurion). Venu y soigner une vieille tante, il meurt subitement en 1940 lors d'un passage à Dijon, dans la boutique d'un pharmacien.
Le nom de Charles Malfray a été donné à une rue d'Orléans.
« La sculpture, pas plus que la peinture, n'a pour but de “représenter” la nature. Au contraire, la nature n'est qu'un “prétexte” et un moyen pour manifester son “moi”. L'art est et doit être “création” pur du cerveau et du cœur. »
« L'art est d'évoquer ces grandes vérités il est plus grand ainsi que s'il a la prétention de vouloir définir : car rien dans la vie n'est et ne peut être défini : tout n'est que sensations, désirs, intentions; pas plus que le ciel et comme lui l'art qui est son fils unique ne peut être défini. »
« Les figures de Malfray font corps avec la masse de la pierre. Il ne fait pas de charme : sa sculpture est solidement construite, elle est terrienne, comme la Beauce dont Malfray est issu. Ses femmes ont des membres lourds, des figures en largeur, une chevelure opulente avec des recherches décoratives évoquant celles de la statuaire grecque. »
— Olga Fradisse [conservateur des musées d'Orléans], préface à Hommage à Charles Malfray, Orléans, Musée des Beaux-Arts, 1967.
Le Silence, 1918, plâtre, 0,29 x 0,19 x 0,18 m, n° d'inventaire AM938S ;
Femme s'essuyant un pied, 1928, plâtre, 0,22 x 0,19 x 0,2 m, n° d'inventaire AM937S ;
La Vérité, 1932, plâtre, 1,24 x 0,68 x 0,59 m, n° d'inventaire AM942S ;
Torse de nageuse, 1936, plâtre, 0,87 x 0,68 x 0,35 m, n° d'inventaire AM940S ;
La Source du torrent, 1937, plâtre, 0,55 x 0,89 x 0, m, n° d'inventaire AM941S ;
Tête du printemps, 1937, plâtre, 0,24 x 0,273 x 0,265 m, n° d'inventaire AM939S ;
La Danse, 1938, plâtre peint, 0,23 x 0,12 x 0,045 m, n° d'inventaire AM936S.
Œuvres sur papier :
Nu couché lisant, 1937, sanguine, 0, 51 x 0,6 m, n° d'inventaire LUX.807D ;
Nu couché de dos, 1937, sanguine, 0,29 x 0,48 m, recto, n° d'inventaire AM1414D(R) et Nu couché, 1937, graphite sur papier, 0,29 x 0,48 m, verso, n° d'inventaire AM1414D(V) ;
Nu couché, 1937, sanguine, 0,28 x 0,42 m, recto, n° d'inventaire AM1415D(R) et Sans titre, 1937, dessin, 0,42 x 0,28 m, verso, n° d'inventaire AM1415D(V).
↑Montparnasse années 1930 : éclosions de l'académie Ranson - Bissière, Le Moal, Manessier, Étienne-Martin, Stahly, Rambouillet, Palais du roi de Rome, 6 octobre 2010-16 janvier 2011.
↑Patrick Elliot, « L'énigme Charles Malfray », in Charles Malfray (1887-1940), Paris, galerie Malaquais, 2007.
Vente Atelier Charles Malfray (deuxième vente), Paris, (Maîtres Bellier & Ader, experts Schoeller & Pacitti) , du no 155 au no 312.
Charles Malfray, texte de Waldemar George, Paris, Musée Rodin, 1966.
Hommage à Charles Malfray, Orléans, Musée des Beaux-Arts, 1967.
Françoise Galle, Catalogue raisonné des sculptures de Charles Malfray, [mémoire de maîtrise], sous la direction de René Jullian, Paris, 1971 ([PDF] (en ligne)).
Françoise Galle, Sculptures et dessins de Charles Malfray, [première partie d'un doctorat], sous la direction d'André Laude, Paris, 1973.
Montparnasse années 1930 - Bissière, Le Moal, Manessier, Étienne-Martin, Stahly & les autres… Éclosions à l’Académie Ranson, Rambouillet, Palais du roi de Rome, Éditions Snoeck, 2010, (ISBN978-90-5349-796-8)
Charles Malfray (1887-1940), sculpteur, [catalogue de l'exposition du au ], Paris, galerie Malaquais, 2007.