EdmondClément MarieDuthoit ( à Amiens- à Amiens) est un architectefrançais du XIXe siècle, issu d'une famille d'artistes amiénois. Il est le fils d'Aimé Duthoit, le neveu de Louis Duthoit, dessinateurs et sculpteurs picards du XIXe siècle et le père de l'architecte Louis Duthoit.
Edmond Duthoit fut l'un des plus fidèles élèves d'Eugène Viollet-le-Duc qui l'appelait : « mon jeune aide de camp », avec qui Aimé et Louis Duthoit, ses père et oncle, travaillèrent également. Il avait la charge, entre autres, de s'occuper de certains bâtiments, sur place, alors que son maître était obligé de faire continuellement des « tours » de France pour visiter chaque site.
C'est au château de Roquetaillade qu'il fit ses plus belles interventions, en collaboration étroite avec Viollet-le-Duc. Il suivit sur place, pour son maître, les travaux de décoration et la création du mobilier de 1864 jusqu'à la chute de Napoléon III en 1870, date à laquelle, faute d'argent, le chantier s'arrêta. Edmond Duthoit finit le chantier de 1875 à 1878, notamment les décors de la chapelle du XIIe siècle. Les décors de Roquetaillade sont uniques car ils sont certainement le seul exemple en France d'un travail complet de Viollet-le-Duc : architecture, restauration, décoration, mobilier et objets[4].
Durant ses voyages d'adolescence en Espagne du Sud, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, Edmond Duthoit découvrit l'art mauresque. Chargé de mission en Orient, il a accompagné en 1861-1863 et 1862-1864, en Syrie et à Chypre, le comte Melchior de Vogüé, dont il collabora à la publication de l'Architecture civile et religieuse du Ier au VIIe siècle en Syrie, d'où le nom de la salle des antiquités chypriotes au Louvre : Voguë-Duthoit[5]. Il réalisa une série impressionnante de dessins sur les monuments du Proche Orient et d'Algérie. Il fut chargé par le gouvernement français d'arbitrer un conflit qui opposait en 1872, la municipalité de Tlemcen et la population au sujet d'un aménagement urbain portant atteinte à la Grande mosquée de la ville[6]. Il fut de 1880 à sa mort, architecte en chef des monuments historiques d'Algérie[5] et participa à la mise en place des fouilles archéologiques des sites romains de Tipaza, Timgad, Djémila en Algérie et d'autres en Tunisie.
Nommé en 1866 inspecteur des Monuments historiques des départements de l'Oise et de la Somme, il s'installa à Amiens en 1870 et partagea son temps entre la Picardie et l'Algérie. C'est à partir de 1884, qu'il réalisa son chef-d’œuvre, la basilique Notre-Dame de Brebières à Albert dans la Somme, monument majestueux, inspiré à la fois de l'art byzantin et de l'art mauresque[Note 1] où l'on peut déceler l'influence de l'architecte Léon Vaudoyer[6].
(en) B. Bergdoll, "The Synthesis of all I Have Seen: The Architecture of Edmond Duthoit (1837-1889)" in Middlerton R. (Ed.), The Beaux-Arts and Nimeteenth Century French Architecture, Cambridge, Mass., The Mit Press, 1982 p. 217-275.
Jean-Charles Cappronnier, Frédéric Fournis, Alexandra Gérard, Pascale Touzet, "L’art sacré entre les deux guerres : aspects de la Première Reconstruction en Picardie" dans In Situ, revue des patrimoines[2]
A. Koumas et L. Nafa, L'Algérie et son patrimoine. Dessins français au XIXe siècle, Momum / Patrimoine, 2003.
Pierre Laboureyras, La ville d'Albert avant et pendant la guerre 1914-1915, la destruction d'une cité picarde et d'une basilique mariale, 1916.
Claude Laroche, "Les enjeux multiples de l’architecture religieuse du second XIXe siècle en France : un essai de litanies" dans, In Situ, revue des patrimoines, [3]
Françoise Le Guet-Tully, Jean Davoigneau, L’inventaire et le patrimoine de l’astronomie, l’exemple des cercles méridiens et de leurs abris (In Situ, revue des patrimoines) [4]
Nabila Oulebsir, « La découverte des monuments de l’Algérie. Les missions d’Amable Ravoisié et d’Edmond Duthoit (1840-1880)», dans Figures de l’orientalisme en architecture (édité par C. Bruant, S. Leprun et M. Volait), REMMM, no 73-74 [1994], p. 57-76.
(de) Nabila Oulebsir, « Edmond Duthoit», dans Allgemeines Künstler-Lexikon (World Biographical Dictionary of Artists), Munich/Leipzig, 2002, K.G. Saur Verlag, vol. 31 p. 195-197.
Nabila Oulebsir, « Edmond Duthoit. Un architecte néogothique et moderne, entre Picardie et Méditerranée », dans Nabila Oulebsir et Mercedes Volait (dir.), L’Orientalisme architectural entre imaginaires et savoirs, Paris, 2009, Éditions Picard/CNRS InVisu, collection « D’une rive, l’autre », p. 155-176.
Nabila Oulebsir, Les Usages du patrimoine, monuments, musées et politique coloniale en Algérie (1830-1930), Paris, MSH, 2004.
↑Jean-Claude Lasserre, 2002 (Le Festin) En Bazadais un château décoré par Viollet-le-Duc et Edmond Duthoit[1]
↑ ab et cPierre Laboureyras, La ville d'Albert avant et pendant la guerre 1914-1915, la destruction d'une cité picarde et d'une basilique mariale, 1916.
↑ a et bFrançois Pouillon, Dictionnaire des orientalistes de langue française, Éditions Karthala, 2008