La famille Kuss est une famille alsacienne protestante aux nombreuses ramifications, originaire de la région de Strasbourg, et qui a produit de nombreux pasteurs, ingénieurs, juristes, médecins et littérateurs, et quelques militaires.
Le généalogiste alsacien Christian Wolff identifie deux familles Küss distinctes, l'une dont la souche est à Westhoffen (le pasteur Johann Friedrich/Jean "Frédéric" Küss né à Anklam en Poméranie en 1792, naturalisé français en 1814, ayant fondé à Westhoffen une nombreuse famille[1]), l'autre identifiée à Bouxwiller, où elle s'est fait connaître en tenant pendant plusieurs générations l'auberge la plus importante de la ville[2].
Nous parlons ici de cette deuxième famille dont les plus lointains ancêtres connus sont attestés à Strasbourg début XVIIe siècle : Georges Küss (Georg Küss), cordonnier de son état, fait baptiser un enfant mâle au temple Saint-Nicolas de Strasbourg le . Il lui donne le nom de Georges. Georges Küss 2 s'installe à Furdenheim, où il a la charge de bailli (Schultheiss) et où il décède en 1689. Son fils Jean Küss (1664-1736) est également bailli de Furdenheim tandis que son petit-fils Michel (1697-1735) s'installe comme aubergiste à Eckbolsheim, à l'enseigne "Au Bœuf". Le nom de Küss est toutefois étroitement associé à celui de Bouxwiller où trois générations d'aubergistes, Jean Georges, Jean Christophe et Charles Küss se succèdent à l'enseigne de l'auberge "Au Soleil", qui est aussi le relais de poste de la ville. Le pasteur Georges Jacques Küss fut agent national de Bouxwiller pendant la Révolution et son fils Jean Frédéric, pasteur et professeur à la carrière internationale, fut principal du collège protestant de Bouxwiller de 1832 à 1852, date à laquelle il démissionna pour ne pas prêter serment à Napoléon III.
On note la coexistence de deux orthographes du nom de cette famille, avec ou sans tréma sur le u : Küss ou Kuss. L'usage du tréma, qui était obligatoire du temps où le parler dialectal aurait fait "Kouss" de la graphie Kuss, s'est perdu dans plusieurs branches de la famille au fur et à mesure de la généralisation du français. L'usage actuel prédominant mais non universel est donc d'écrire Kuss et non Küss.
Liens de filiation entre les personnalités notoires
N'oublions pas ceux dont la mère était une Kuss : Charles-Frédéric Rau, un des grands professeurs de droit civil français, connu pour avoir coécrit le cours de droit civil Aubry et Rau, les frères Auguste et Adolphe Stoeber, poètes, auteurs, folkloristes et hérauts de la littérature dialectale alsacienne, qui ont avec leur père Ehrenfried Stoeber leur monument sur la Place du Vieux-Marché-aux-Vins à Strasbourg, Madeleine Barot, secrétaire générale historique de la Cimade et figure de l'œcuménisme, petite-nièce d'Henry Kuss cité précédemment.
Enfin, le nom de Kuss a été illustré par les médecins Georges Kuss (1867-1936), premier président des sanatoriums français, connu pour la mise au point du pneumothorax, Georges Küss (1877-1966), chirurgien spécialiste de la prostatectomie par voie hypogastrique, et René Küss (1913-2006), fils du précédent, pionnier de la transplantation rénale, le père et le fils étant tous deux membres de l'Académie nationale de médecine.
Cet arbre permet de relier entre elles par les liens de filiation, les personnalités notoires de la famille.
Georges Küss (1616-1689), maire de Furdenheim, épouse Barbe X.
Jean Küss (1664-1736) à Furdenheim, épouse Margaretha Kuhn (ca 1656-1720).
Michel Küss (1697-1735), dit aussi Bohsejockel ou Ochsejockel Küss, aubergiste "Au Bœuf" à Eckbolsheim, épouse Salomé Walther, native d'Illkirch.
Jean Georges Küss (1728-1814), maître de poste et aubergiste "Au Soleil" à Bouxwiller, épouse Régine-Salomé Ziller (1730-1792) à Niedersulzbach, nièce du fondateur de l'auberge et fille du pasteur Jean Vendelin Ziller, originaire de Salzungen en Thuringe et installé à Westhoffen.
Georges Jacques Küss (1753-1811), pasteur à Rothbach, receveur (agent national ?) à l'hôpital de Bouxwiller, épouse Charlotte Reibel, native d'Oberbronn.
Georges Charles Küss (1782-1861), employé de l'Enregistrement à Sélestat, épouse Louise Salomé Trautmann, originaire de Wœrth.
Émilie Küss (1830-1883) épouse Karl Culmann (1821-1881), directeur de l'École Polytechnique de Zurich.
Jean Frédéric Küss (1805-1862), pasteur, principal du collège protestant de Bouxwiller. Il épouse Jeanne Boersch puis sa nièce, Louise Küss (1815-1882), fille de Georges Charles Küss (1792-1861).
Henry Kuss (1852-1914), directeur de l'École nationale supérieure des mines de Paris.
Charles Küss (1855-1910), polytechnicien, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, épouse Helbig.
Marguerite Küss (1886-) épouse Alexandre Auguste Barot, professeur de lettres.
Charlotte Elisabeth Küss (1781-), épouse Paul Louis Rau (1779-), percepteur à Bouxwiller
Charles-Frédéric Rau (1803-1877), conseiller à la Cour de cassation, épouse Marie Laure Liebold.
Jean Jacques Küss (1732-), marchand de farine à Strasbourg, épouse en 1759 Marie Catherine Ziller (sœur de Régine-Salomé Ziller, sa belle-sœur), toutes deux de Bouxwiller.
Théodore Küss, négociant, épouse Adèle Kammerer, s'installe à Marseille à la suite de la perte de l'Alsace-Moselle.
Édouard Küss, négociant, épouse Sophie Mewes
Georges Küss (1877-1966), chirurgien, membre de l'Académie nationale de médecine, épouse Jeanne Amos, blessé de guerre en 1914-1918, résistant en 1940-1944, commandeur de la Légion d'honneur.
René Küss (1913-2006), chirurgien, père de la transplantation rénale, membre puis secrétaire de l'Académie nationale de Médecine.
Émile Küss (1815-1871), dit « le maire Küss », chirurgien, homme politique, dernier maire français de Strasbourg avant l'occupation allemande.
Arbre généalogique complété par des personnalités non notoires
Georges Küss (1616-1689), maire de Furdenheim, épouse Barbe X
Jean Küss (1664-1736) à Furdenheim, épouse Margaretha Kuhn (ca 1656-1720)
Michel Küss (1697-1735), dit aussi Bohsejockel ou Ochsejockel Küss, aubergiste "Au Bœuf" à Eckbolsheim, épouse Salomé Walther, native d'Illkirch
Jean Georges Küss (1728-1814), maître de poste et aubergiste "Au Soleil" à Bouxwiller, épouse Régine-Salomé Ziller (1730-1792) à Niedersulzbach, nièce du fondateur de l'auberge et fille du pasteur Jean Vendelin Ziller, originaire de Salzungen en Thuringe et installé à Westhoffen.
Georges Jacques Küss (1753-1811), pasteur à Rothbach, receveur (agent national ?) à l'hôpital de Bouxwiller, épouse Charlotte Reibel, native d'Oberbronn
Georges Charles Küss (1782-1861), employé de l'Enregistrement à Sélestat, épouse Louise Salomé Trautmann, originaire de Wœrth
Jenny Küss (1860-1886), époux Kilian, pharmacien à Barr
Émile Küss (1810-1825)
Auguste Küss (1812-), conservateur à Sélestat, épouse Madeleine Boell
Amélie Küss (1841-1911), époux Fillion, pasteur à Wildersbach
Marie Fillion
Jeanne Fillion
Georges Fillion
Paul Fillion
Hélène Fillion
Marthe Fillion, époux Moreau
Hélène Küss (1845-), époux Reinhardt
cinq enfants
Mathilde Küss (1851-), époux Geshart
quatre enfants
Louise Küss (1855-), époux Helmboldt
douze enfants
Louise Küss (1815-1882), époux Jean Frédéric Küss (1805-1862) son oncle (voir plus bas)
Adolphe Kuss (1818-1899), polytechnicien, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, épouse Sophie Faudel (1828-1914) de Strasbourg
Émilie Kuss (1856-)
Charles Kuss (1857-1940), conservateur des Eaux et Forêts, Directeur des forêts d'Algérie, épouse Berthe Degermann (1860-1942), de Sainte-Marie-aux-Mines
Lucien Kuss
Alice Kuss (1886-1945), époux Roger Ehrwein (1885-1977), pharmacien à Thaon-les-Vosges
Jean Ehrwein (1913-1991)
Jacques Ehrwein (1916-2005)
André Ehrwein (1921-1998)
Jeanne Kuss (1890-), époux Jean Trocmé
Suzanne Trocmé (1914-2009) artiste-peintre, épouse en 1937 Jean-Jacques Hatt (1913-1997), archéologue
Simone Trocmé (1920-2011), docteur en droit, épouse André Fargues (1921-1946) puis Maurice Favre (1912-1998)
Denise Trocmé (née 1925), épouse Jacques Jaulmes (1922-2015)
Émilie Küss (1830-1883), époux Karl Culmann (1821-1881), directeur de l'École Polytechnique de Zurich
Berthe Culmann (1858-)
Paul Culmann (1860-)
Jean Culmann (1858-)
une fille
René Culmann (1860-)
Chrétien Henri Küss (1792-1848), capitaine de hussards, chevalier de la Légion d'honneur (1823)
Jean Frédéric Küss (1805-1862), pasteur, principal du collège protestant de Bouxwiller, 1re épouse Jeanne Boersch, 2de épouse Louise Küss (1815-1882) sa nièce, fille de Georges Charles Küss (1792-1861)
Victor Küss (1832-1878), fils de Jeanne, pharmacien à Bône
une fille
Émile Küss (1834-1876), fils de Jeanne, professeur de mathématiques à Marseille
Jules Küss (1836-1886), fils de Jeanne, épouse A. Birer
Jules Küss (1854-)
Félix Küss (1861-1915)
Victor Küss (1864-1913), 1re épouse Perrenoud, 2de épouse Perdrix
Henriette Küss (1893-)
Gaston, épouse Leblois
Marie Küss (1841-1861), fille de Louise
Hélène Küss (1842-), fille de Louise, institutrice à Harlem
Georges Küss (1867-1936) médecin, inventeur du pneumothorax
Charles Küss (1813-), dernier Küss aubergiste "Au Soleil" à Bouxwiller
Louise Salomé Küss (1772-), époux Heyd, architecte
X Küss
Charlotte Elisabeth Küss (1781-), épouse Paul Louis Rau (1779-), percepteur à Bouxwiller
Louise Charlotte Rau (Bouxwiller 13/11/1799 - Hochfelden 14/03/1887), époux Chrétien Kassel de la Petite Pierre, pasteur à Asswiller puis à Duntzenheim. Chrétien Kassel, à 19 ans, dirige la mise en défense de La Petite Pierre contre l'armée russe. Leur petit-fils est le folkloriste Auguste Kassel.
Charles Rau (1803-1877), professeur de droit aux universités de Paris et de Strasbourg, coauteur avec Charles Aubry d'un cours fondamental sur le droit civil sans cesse revu et augmenté jusqu'à la fin du XXe siècle, conseiller à la Cour de cassation épouse Marie Laure Liebold
Sidney Rau (1841-1925), général de division, commandant de corps d'armée
Gaston Rau (1844-), professeur de droit, conseiller à la Cour de cassation
Jean Jacques Küss (1732-), marchand de farine à Strasbourg, épouse en 1759 Marie Catherine Ziller (sœur de Régine-Salomé Ziller, sa belle-sœur), toutes deux de Bouxwiller
Jean Georges Küss (1773-), passementier, épouse Marie Sophie Widemann
Théodore Küss, négociant, épouse Adèle Kammerer, s'installe à Marseille à la suite de la perte de l'Alsace-Moselle.
Édouard Küss, négociant, épouse Sophie Mewes
Georges Küss (1877-1966), chirurgien, membre de l’Académie nationale de médecine, épouse Jeanne Amos, blessé de guerre en 1914-1918, résistant en 1940-1944, commandeur de la Légion d'honneur
René Küss (1913-2006), chirurgien, père de la transplantation rénale, membre puis secrétaire de l'Académie nationale de Médecine
S'il n'y a pas trace dans les registres des origines plus lointaines de cette famille, la tradition orale familiale comble ce vide : elle situe l'origine de la famille en Transylvanie, où elle aurait porté le nom de Kiss, et d'où elle aurait importé en Alsace la culture du tokay et du sylvaner ! La tradition familiale s'appuie comme il est fréquent sur les traits physiques courants dans la famille : yeux et cheveux noirs, nez marqué et, pendant qu'on y est, un don de violoniste assez bien partagé. Une très belle histoire, plus vraisemblable que la précédente, rapporte que Catherine Küss, fille de l'aubergiste de Bouxwiller Jean Christophe Küss, avait été choisie pour offrir à l'impératrice Joséphine, lors de sa visite à Strasbourg en 1808, des orangers des jardins seigneuriaux de Bouxwiller, et que l'impératrice, remarquant cette jeune fille au teint plus foncé que ses camarades, aurait fait remarquer qu'elle ne devait pas être alsacienne mais plutôt créole comme elle. Quant aux orangers, un don bien embarrassant à emporter, l'impératrice en fit don séance tenante à la ville de Strasbourg qui créa l'Orangerie Joséphine pour les abriter.
↑Biographie de Henri Küss; l'auteur se méprend sur l'orthographe officielle du prénom, c'est bien Henry dans les registres de l'État civil
↑Pierre Labrude et Stéphanie-Alexandra Strohl, « Georges-Emile Strohl (Bouxwiller 1827-Alger 1882). Une carrière de pharmacien militaire et d'agrégé perturbée par la Guerre de 1870 », Revue d'Histoire de la Pharmacie, no 350, , p. 187-198 (DOIhttps://doi.org/10.3406/pharm.2006.5982, lire en ligne)
La famille Küss à Bouxwiller, in: Pays d'Alsace no 41, 1963
(de) Bopp M. J., Die evangelischen Geistlichen und Theologen in Elsaß une Lothringen von der Reformation bis zur Gegenwart, Verlag Degener & Co, Neustadt an der Aisch, 1959.