Forêt d'Halatte | ||||
Carrefour du Mont Alta au sud de la forêt d'Halatte. | ||||
Localisation | ||||
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Coordonnées | 49° 15′ 26″ nord, 2° 35′ 01″ est[1] | |||
Pays | France | |||
Région | Hauts-de-France | |||
Département | Oise | |||
Géographie | ||||
Superficie | 4 295 ha | |||
Altitude · Maximale · Minimale |
222 m 39 m |
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Compléments | ||||
Protection | ZNIEFF de type 1 ; Natura 2000 ; Site classé |
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Statut | Forêt domaniale | |||
Administration | Office national des forêts | |||
Essences | Chêne, Hêtre européen | |||
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Oise
Géolocalisation sur la carte : Hauts-de-France
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La forêt d'Halatte, appelée plus rarement forêt de Pont-Sainte-Maxence, est une forêt domaniale des Hauts-de-France, située dans le département de l'Oise, proche de Pont-Sainte-Maxence et de Senlis.
D'une superficie de 4 295 hectares (42,95 km2) en partie domaniale, elle est située dans un massif forestier d'environ 6 000 hectares (60 km2). Ancien domaine capétien, elle a longtemps servi de réserve de chasse royale. Elle est riche autant en production de bois (chêne et hêtre commun) qu'en gibier. Elle forme avec la forêt de Chantilly et la forêt d'Ermenonville, le massif des Trois Forêts.
La forêt d'Halatte est située au nord du bassin parisien, Fleurines, commune au centre de la forêt, étant située à une cinquantaine de kilomètres de Paris[2]. Elle appartient à la région forestière Valois et Vieille France, telle que définie par l'Inventaire forestier national[3], ainsi qu'à la sylvoécorégion (SER) toujours définie par l'IFN du « Bassin parisien tertiaire »[4].
La forêt domaniale d'Halatte s'étend sur un territoire couvrant 11 communes. Au nord et à l'ouest, elle atteint la vallée de l'Oise avec les communes de Pontpoint, Pont-Sainte-Maxence, Beaurepaire et Verneuil-en-Halatte ; au sud-ouest, la Forêt de Chantilly aux limites de la commune d'Apremont ; au sud, les communes de Senlis, Chamant, et Ognon ; puis à l'est, les villages de Villeneuve-sur-Verberie et de Roberval. Enfin, deux communes se situent au cœur de la forêt : Aumont-en-Halatte et Fleurines.
À cette partie domaniale, s'ajoutent des bois prolongeant directement ce massif et appartenant à des communes : bois de Chamant (66 ha), Fleurines (66 ha), Verneuil-en-Halatte (46 ha), Pontpoint (40 ha), ainsi que des bois privés. On considère aussi parfois la forêt privée de la Haute-Pommeraie (671 ha) comme une continuité de ce massif, en direction de Creil.
Le massif recouvre un plateau d'une centaine de mètres d'altitude de moyenne formé de calcaire grossier du Lutétien et de sable de l'Auversien. Trois buttes témoins s'alignent sur une diagonale orientée sud-ouest/nord-est : le mont Alta (142 m d'altitude), un petit plateau du Bartonien moyen, la butte Saint-Christophe (185 m) située au milieu d'une clairière en plein cœur de la forêt, formée de calcaire du Ludien et de Stampien, et enfin le point culminant de la forêt, qui est aussi le point culminant du Valois, le mont Pagnotte à 222 m d'altitude, constitué des mêmes couches géologiques[5].
Aucun cours d'eau ne parcourt le territoire de la forêt en raison des couches de sables et de calcaires superficiels qui empêchent les écoulements de surface. Seuls quelques rus temporaires descendent vers la vallée de l'Oise.
De la forêt primaire, il ne reste sans doute plus rien, en effet, des traces d'occupations humaines sont présentes dès les périodes du Néolithique. Deux principaux ensembles mégalithiques sont en effet signalés sur le territoire de la forêt : les menhirs des Indrolles (parcelle 296) et le dolmen de Chancy (parcelle 102). En outre, il existe deux petits menhirs dénommés « la Pierre qui corne » (parcelle 105) et « le Sanglier » (parcelle 132)[6]
Par la suite, plusieurs signes d'occupation de l'époque gallo-romaine ont été retrouvés en fouille archéologique, le plus connu étant le temple gallo-romain retrouvé sur le territoire de la commune d'Ognon à l'est de la forêt. D'après les analyses palynologiques réalisées dans la région, il semble que ces bâtiments prenaient place à l'origine dans des territoires ouverts, au milieu de champs cultivés et de simples haies et bosquets boisés. Les défrichements étaient donc sans doute déjà venus à bout de la forêt primaire. Le massif forestier actuel ne date donc sans doute que de l'Antiquité tardive et du début du Moyen Âge[7].
La plus ancienne mention du toponyme Halatte remonterait au XIIe siècle dans l'utilisation de l'expression Locus Halachius vers 1165, puis la forêt est désignée sous le nom d'Halata ou Halate au cours du Moyen Âge. Dès le XIIIe siècle, la forêt connaît sans doute ses limites actuelles. Elle a toujours fait partie du domaine royal, mais elle a été en partie aliénée en faveur de plusieurs établissements religieux des environs. Ces aliénations atteignent jusqu'à la moitié de la superficie de la forêt lors de l'arpentage de 1571 : sur 8 896 arpents recensés (environ 4 000 ha), 4 499 arpents appartiennent toujours au roi et 4 487 arpents aux religieux : il s'agit principalement du prieuré Saint-Christophe-en-Halatte, situé en pleine forêt, sur l'actuelle commune de Fleurines à partir de 1068, de l'abbaye Saint-Vincent de Senlis à partir du XIIe siècle, du chapitre de la cathédrale de Senlis à partir du XIIe siècle, du prieuré Saint-Maurice et des chapitres Saint-Frambourg et Saint-Rieul de Senlis mais aussi de l'abbaye de Chaalis, l'abbaye du Moncel, de l'abbaye de Royaumont, de la commanderie de Laigneville et même de l'abbaye de Maubuisson.
La plupart de ces institutions gardent leurs possessions jusqu'à la Révolution, date à laquelle celles-ci sont transformées en biens nationaux et réunies au domaine royal pour en faire une forêt domaniale. De nombreuses bornes armoriées placées en forêt à partir du XVIe siècle sont encore le témoignage de ces diverses propriétés[8].
Malgré l'éparpillement de ces propriétés, les droits liés à ces bois et notamment le droit de gruerie sur l'exploitation forestière, sont le plus souvent restés aux mains du roi de France. Au XIIIe siècle, la gruerie d'Halatte est érigée en office royal et la fonction de gruyer d'Halatte se transmet alors de père en fils dans la famille du Plessis-Choisel. Cependant cette charge est récupérée dès le siècle suivant par les rois de France qui la confient dorénavant à des fonctionnaires royaux, puis à partir de 1554 à une Maîtrise particulière des eaux et forêts du bailliage de Senlis. Cette administration sera chargée de gérer la forêt royale jusqu'à la Révolution[9].
La forêt subit par ailleurs plusieurs réformations, c'est-à-dire la vérification des droits de chaque usager et de chaque propriétaire de la forêt et du respect des règles et revenus du roi. Cet acte juridique essentiel pour connaître l'état d'une forêt sous l'Ancien Régime, intervient à quatre reprises en Halatte : entre 1390 et 1400, puis en 1511, en 1582 puis en 1664[10]. Les aménagements forestiers sont à l'image des autres forêts françaises de l'Ancien Régime : les taillis sont prépondérant. En 1571, on compte, sur les 4 499 arpents appartenant au roi, 409 arpents de haute futaie, 65 de demi-futaie, 260 de haut-taillis et 2 381 arpents de taillis âgés de moins de 12 ans. Les vides et les bois improductifs représentent 583 arpents. Après s'être détériorée au cours du XVIIe siècle, la situation de la production forestière s'améliore au cours du siècle suivant et la futaie atteint la taille de 2 066 arpents, dont 20 sont coupés chaque année[11].
Si les rois n'ont pas hésité à céder une partie de leur domaine et de leurs droits sur la forêt, le droit de chasse est resté en permanence aux mains du pouvoir royal et particulièrement la grande chasse ou vénerie. Les nombreux actes royaux signés à Senlis, Pont-Sainte-Maxence, l'abbaye du Moncel ou même au prieuré Saint-Christophe, montrent que leur présence sur place est régulière. Louis V de France, dernier des Carolingiens, meurt lors d'une chasse à proximité de Senlis en 987. Le , Philippe Le Bel, au cours d'une chasse à courre avec le comte Robert de Clermont, son oncle, est atteint d'une attaque cérébrale fatale ; transporté sur l'Oise puis la Seine à Poissy pour y être soigné, il décède quelques semaines plus tard, le , à Fontainebleau. Par la suite, le chenil royal de Charles VI réside à demeure à Saint-Christophe[12].
À partir de François Ier, les rois de France résident au château de Chantilly pour chasser en Halatte. En effet, la capitainerie royale d'Halatte, juridiction spéciale chargée de conserver le gibier, couvre non seulement Halatte mais aussi les forêts de Chantilly, Carnelle et Ermenonville. D'abord confiée au début du XVIe siècle à Pierre de la Fontaine, seigneur d'Ognon, cette charge est attribuée à Anne de Montmorency en 1520. Elle est de nouveau récupérée par un seigneur de Chantilly en 1674 en la personne du Grand Condé, ce qui lui permet de disposer d'un gigantesque terrain de chasse d'un seul tenant. En 1724, cette capitainerie est étendue encore au bois des Ageux et aux terres de Montepilloy, Brasseuse, Saint-Leu-d'Esserent et Saint-Maximin, les plaines d'Orry-la-Ville, de La Chapelle-en-Serval, de Gouvieux et plus encore. En 1789, la capitainerie couvre 173 520 arpents soit un peu moins de 86 000 ha. La prédominance de la chasse engendre des conflits interminables avec la maîtrise des eaux et forêts de Senlis chargée de la gestion forestière du domaine jusqu'à la Révolution[13].
La forêt d'Halatte est gérée, comme toutes les forêts domaniales, par l'Office nationale des forêts et plus précisément par son unité territoriale des Trois Forêts basée à Chantilly. Il est chargé de mettre en œuvre l'actuel plan d'aménagement forestier valable pour la période 1997-2011. Le précédent a duré de 1983 à 1997.
En l'état actuel, l'étage dominant de la forêt comprend 50 % de chênes et 40 % de hêtres. L'objectif de l'aménagement est de porter le chêne à 74 % et le hêtre à moins de 25 % à long terme. La partie nord de la forêt est occupée majoritairement de futaies de hêtre et la partie sud comporte pour l'essentiel des taillis sous futaie comportant des tilleuls et des chênes. Progressivement, l'ensemble de la forêt doit être traitée en futaie régulière. La durée de révolution des hêtres est de 120 ans, 180 ans pour les chênes. Chaque année, 28 000 m3 de bois certifiés PEFC sont récoltés dans la partie domaniale, 500 à 600 m3 dans les parties communales[14].
La forêt bénéficie de plusieurs types de protections qui concernent les paysages du massif, ses milieux naturels et les espèces qui y vivent.
La forêt d'Halatte constitue un site classé depuis le décret du . Ce site, d'une superficie de 5 300 ha, comprend la forêt elle-même ainsi que les espaces agricoles avoisinants[15].
Une zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) concerne le massif et permet une bonne connaissance de ses richesses naturelles : il s'agit d'une ZNIEFF de type 1 appelée « Massif forestier d'Halatte », qui comme son nom l'indique, couvre l'ensemble de la forêt, les bois environnants ainsi qu'une partie nord de la forêt de Chantilly (7 922 ha)[16].
Deux sites Natura 2000 concernent la forêt depuis avril 2006. À ces titres, elle doit faire l'objet de mesures de gestion qui permettent le maintien des espèces concernées et des habitats qu'elles occupent[17] :
L'ensemble des communes que couvre la forêt appartient au parc naturel régional Oise-Pays de France depuis sa création en 2004.
Au sein de la ZNIEFF « Massif forestier d'Halatte », le milieu naturel largement dominant sont les chênaies-charmaies qui représentent 70 % de la surface, puis viennent les Chênaies acidiphiles pour 10 %, les Hêtraies thermo-calcicoles pour 5 % et les pelouses calcicoles pour à peine 1 %. Le reste est composé de sablières et de quelques rares mares dont la mare du mont Alta (parcelles 267-268), unique point d'eau de tout le secteur sud-ouest du massif forestier[16].
On recense, toujours dans cette ZNIEFF, huit habitats considérés comme remarquables, rares et menacés en Europe : la chênaie-charmaie acidocline (terrains légèrement acides), la chênaie-charmaie à jacinthe, la chênaie-hêtraie, la hêtraie calcicole, la frênaie à laîche espacée, les groupements herbacés humides nitrophiles, les groupements herbacés sur sables, les pelouses et lisières calcicoles[16].
Dans la ZNIEFF, plus de 75 espèces animales et plus de 40 espèces d'herbacées ont été répertoriées. Parmi elles, on retrouve des espèces rares et protégées comme l'Osmonde royale (Osmunda regalis), l'Ophioglosse vulgaire (Ophioglossum vulgatum), la Limodore à feuilles avortées (Limodorum abortivum), la Belladone (Atropa belladonna) et l'Anémone fausse renoncule (Anemone ranunculoides) pour les espèces végétales ; le Pic mar (Dendrocopos medius), le Pic noir (Dryocopus martius), la Bondrée apivore (Pernis apivorus), le Grand Murin (Myotis myotis), le Cerf élaphe (Cervus elaphus), la Grenouille agile (Rana dalmatina) et le Triton alpestre (Ichthyosaura alpestris)[20].
Le territoire de la forêt est utilisé depuis longtemps pour ses carrières de sable. Celui-ci était utilisé pour la fabrication de verre ou de céramique (comme la faïence de Creil-Montereau). Des traces des anciennes exploitations sont encore visibles autour d'Aumont-en-Halatte, autour de la butte d'Aumont et du mont Alta. Des carrières sont toujours exploitées à Villeneuve-sur-Verberie et à Villers-Saint-Frambourg, en limite est de la forêt, par la Société d'exploitation de sables et minéraux (SAMIN), filiale du groupe Saint-Gobain[30].
Du miel de tilleul est produit chaque année à partir des 2 000 ha de taillis de tilleuls présents dans la forêt domaniale. De la mi-juin à la mi-juillet, 3 000 à 5 000 ruches sont déposées dans les sous-bois, ce qui permet de produire 100 à 150 tonnes de miel chaque année[31].
Depuis 1832, l'administration forestière est chargée de l'adjudication publique des droits de chasse pour une durée de neuf ans, comprenant cinq lots de chasse à tir avec une réserve cynégétique d’environ 600 ha[32].
Deux équipages de vénerie ou chasse à courre sont, par ailleurs, actifs en forêt d'Halatte. Le Rallye Trois Forêts, en tenue bleue, se consacre à la chasse au cerf. Le Rallye Pic'Hardy Chantilly, en tenue verte, se consacre au chevreuil[33].
Deux sentiers de grande randonnée traversent la forêt : le GR 12 entre dans la forêt par Roberval, traverse le mont Pagnotte, contourne Fleurines par le sud-est puis gagne Senlis. Le GR 655 suit exactement le même parcours. Le GR 12B vient lui de Pont-Sainte-Maxence, contourne Fleurines par l'ouest et rejoint le GR 12 à la hauteur du carrefour du pavillon de chasse. Le chemin de Petite Randonnée (PR, balisé jaune) 17 de l'Oise parcourt lui aussi la forêt.
Le 10 septembre 1979, Jacques Mesrine tend un guet-apens dans la forêt au journaliste de Minute Jacques Tillier, le torture, le blesse grièvement par trois balles en lui tirant dans la joue, le bras et la jambe. Il le laisse pour mort dans une champignonnière proche du village de Verneuil-en-Halatte en bordure de la route qui mène au village de Fleurines. Mesrine reprochait à ce journaliste de l'avoir diffamé en écrivant qu'il n'était pas une personne « réglo » avec ses associés en août 1979[34].
Plusieurs films ont été tournés, en partie, en forêt[35] :