Durant la Seconde Guerre mondiale, Francis Dhomont perd un œil, atteint par un glaucome. Il se met au piano pendant sa convalescence, se prend de passion pour la musique et décide alors de devenir compositeur. Il suit des cours de piano, avec Cécile de Brunhoff, et de composition avec Ginette Waldmeier, Charles Koechlin et Nadia Boulanger. Vers la fin des années 1940, à Paris, après quelques compositions de musique instrumentale, il découvre intuitivement, grâce à un magnétophone Webster à fil magnétique, ce que Pierre Schaeffer nommera la musique concrète. Fasciné par le monde sonore qui s'offre à lui, il expérimente en solitaire les possibilités musicales de l'enregistrement. Il abandonne progressivement l'écriture instrumentale pour se consacrer à la composition électroacoustique[2].
Au début des années cinquante, Francis Dhomont quitte Paris et s'installe avec sa famille dans le sud de la France aux Baux-de-Provence. Il subsiste tant bien que mal en exerçant divers métiers, tout en gardant contact avec les milieux musicaux. En 1963, il monte un petit studio grâce auquel il compose ses premières pièces sur bande magnétique. Ardent exégète de la modalité acousmatique, son œuvre est, depuis, exclusivement constitué de pièces sur support qui témoignent d'un intérêt constant pour une écriture morphologique et pour des ambiguïtés entre le son et l'image qu'il peut susciter.
Désireux de s'adonner davantage à la composition, il décide, en 1973, de retourner à Paris, notamment au Groupe de recherches musicales. Ses compositions commencent à attirer l'attention, notamment au Concours international de musique électroacoustique de Bourges. Il prend également les rênes du festival Musiques-Multiples à Saint-Rémy-de-Provence, avec un vaste programme d'activités artistiques. C'est durant l'édition de 1978 du festival que Francis Dhomont va rencontrer la scénographe québécoise Marthe Forget, avec qui il viendra s'installer au Québec en 1979[2].
Jusqu'en 2005, Francis Dhomont partage dès lors ses activités entre la France et le Québec. Il enseigne la musique électroacoustique à l'Université de Montréal de 1980 à 1996, en plus de participer activement à l'organisation de nombreux événements.
Il reçoit une première consécration en 1981 pour sa pièce Sous le regard d’un soleil noir, à partir de textes du psychiatre Ronald D. Laing sur la schizophrénie. L'œuvre remporte le premier prix du 9e Concours international de musique électroacoustique de Bourges et paraîtra sur disque l'année suivante. La carrière de Francis Dhomont prend alors son envol. Il est régulièrement invité à se produire dans les festivals, reçoit des commandes, participe à des émissions radiophoniques où ses qualités de communicateur et ses connaissances en font un interlocuteur apprécié.
En 1984, le gouvernement français lui attribue une commande d'état. Ce sera …mourir un peu, créé à Marseille, œuvre qui repose sur les thèmes du voyage et du départ. Francis Dhomont compose plusieurs autres œuvres qui le consacrent peu à peu comme un compositeur de premier-plan et comme théoricien de la musique acousmatique, musique qui ne bénéficie d'aucun support visuel. Mentionnons Points de fuite, Drôles d’oiseaux, Signé Dionysos et Chiaroscuro. Il touche également au cinéma avec la trame musicale de Les traces du rêve de Jean-Daniel Lafond en 1986, à la musique de scène avec Poe-Debussy, Autour de la maison Usher en 1988 et au genre multimédia avec Chroniques de la lumière en 1989, sur une installation de Luc Courchesne.
En 1991, pour les 65 ans du compositeur, un coffret commémoratif de deux disques, sous étiquette empreintes DIGITALes, Mouvances-Métaphores, ainsi qu'un concert-hommage viennent souligner cet anniversaire[2]. Francis Dhomont reçoit également des commandes radiophoniques, dont Simulacres : un autoportrait et Les figures de la nuit.
Il épouse Inés Wickmann, artiste visuelle, en 1996. Toujours sollicité à travers le monde, Francis Dhomont retourne s'installer à Avignon en France en 2004. À l'occasion de son 80e anniversaire en 2006, plusieurs concerts hommages lui sont consacrés.
Francis Dhomont a assuré la direction de numéros spéciaux aux éditions Musiques & Recherches (Belgique) et de «Électroacoustique Québec : l'essor» - pour la revue Circuit (Montréal). Coresponsable musical du Dictionnaire des arts médiatiques, édité par l'Université du Québec à Montréal (UQAM), il est également conférencier et a réalisé plusieurs émissions pour Radio-Canada et Radio-France.
Il est régulièrement invité à participer à des jurys.
Francis Dhomont a été couronné cinq fois par le Concours international de musique électroacoustique de Bourges (France), notamment le Prix du Magisterium en 1988.
Deuxième prix au Prix Ars Electronica 1992 (Linz, Autriche).
2008, Abstraction et figuration dans ma musique / Abstraktion und Gegenständlichkeit in meiner Musik (French/German), Komposition und Musikwissenschaft im Dialog VI, édité par Marcus Erbe et Christoph von Blumröder. Vienne : Verlag Der Apfel, 2008, pp. 134–16, disponible en ligne à eContact! 11.2 — Figures canadiennes (2) / Canadian Figures (2) (), Montréal : CEC.
↑ ab et cFrançois Guérin, « Entre le départ et l'arrivée, un regard sur Francis Dhomont », Itinéraires, livret d'accompagnement du disque Mouvances-Métaphores, vol. Étiquette empreinte DIGITALes, IMED 9107/08., , p. 45-112
(de) In akusmatischer Nacht: Elektroakustische Proust-Bilder franko-kanadischer Komponisten im poetologischen Kontext der Musique acousmatique, Marcel Proust und die Musik: Beiträge des Symposions der Marcel Proust Gesellschaft in Wien im November 2009, éditions Albert Gier, Berlin : Insel Verlag, 2012, pp. 233–284, (ISBN978-3-458-17459-2)
(de) Mythen der elektroakustischen ‘Revolution’: Aktuelle Geschichtskonstruktionen einer Musik ohne Vergangenheit, Vorzeitbelebung: Vergangenheits- und Gegenwarts-Reflexionen in der Musik heute, éditions Jörn Peter Hiekel, Hofheim : Wolke Verlag, 2010, pp. 107–139, (ISBN978-3-936000-85-6)