Président PEN club | |
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Herbert George Wells |
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H. G. Wells, Reginald Bliss, Septimus Browne, Sosthenes Smith |
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Royal College of Science (en) Université de Londres |
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Joseph Wells (en) |
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Sarah Neal (d) |
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G. P. Wells Frank Wells (d) Anthony West |
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Raphael Roche (d) (ami ou amie) |
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Honorary Fellow de l'Imperial College |
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Filmographie de H. G. Wells (d) |
Archives conservées par |
Herbert George Wells, plus connu sous le nom de plume H. G. Wells, est un écrivain britannique surtout connu pour ses romans de science-fiction, né le à Bromley dans le Kent (Royaume-Uni) et mort le à Londres. Il est également l'auteur de nombreux romans de satire sociale, d'œuvres de prospective, de réflexions politiques et sociales ainsi que d'ouvrages de vulgarisation touchant aussi bien à la biologie et à l'histoire qu'aux questions sociales. Il est considéré comme le père de la science-fiction contemporaine.
Né à Atlas House, au 47 High Street dans la ville de Bromley, située une dizaine de kilomètres au sud-est de Londres, Herbert George Wells, Bertie pour sa famille[2], est le quatrième et dernier enfant de Joseph Wells, un jardinier devenu joueur de cricket professionnel et commerçant, et de Sarah Neal, une ancienne domestique[3]. Un héritage permet à la famille de racheter un magasin de porcelaines et d'articles de sport dont elle tire un maigre revenu, complété par les cachets de joueur de cricket de Joseph Wells pour le Kent County Cricket Club[4].
En 1874, âgé de sept ans, H. G. Wells subit un accident qui l'oblige à rester alité avec une jambe cassée[3]. Il passe le temps en lisant les romans de la bibliothèque locale que lui apporte son père. Il prend goût à la lecture et à l'écriture. La même année, il entre à la Thomas Morley's Commercial Academy, une école privée fondée en 1849. L'enseignement y est erratique, plus particulièrement axé, comme Wells le raconte plus tard, sur l'écriture calligraphiée et les calculs utiles aux commerçants. Wells y poursuit sa scolarité jusqu'en 1880[5]. Mais en 1877, son père se fracture une jambe et doit abandonner sa carrière sportive, qui représente une part non négligeable des revenus de la famille[6]. Désormais incapables de supporter financièrement leur famille, les Wells placent tour à tour leurs garçons comme apprentis dans différents corps de métiers[7].
Le mariage Wells est houleux, elle est protestante et lui libre-penseur, si bien que sa mère retourne travailler comme femme de chambre à Up Park, une maison de campagne du Sussex, une fonction qui ne l'autorise à emmener ni mari, ni famille. Par la suite, Sarah et Joseph Wells vivent séparément, sans toutefois divorcer. Up Park possède une magnifique bibliothèque dans laquelle Herbert George se plonge lorsqu'il visite sa mère, lisant de nombreux ouvrages classiques, dont La République de Platon, L'Utopie de Thomas More et les œuvres de Daniel Defoe[8].
En octobre 1879, Sarah Wells s'arrange, par l'intermédiaire d'un parent éloigné, Arthur Williams, pour qu'il rejoigne l'école nationale de Wookey dans le Somerset en tant qu'élève-enseignant, un élève senior qui enseigne aux plus jeunes[9]. Mais en décembre de la même année, Arthur Williams est licencié pour irrégularités dans ses qualifications et Herbert Wells renvoyé à Up Park. Après un court apprentissage chez un pharmacien à Midhurst et un séjour encore plus court en tant que pensionnaire à la Midhurst Grammar School, il signe ses papiers d'apprentissage à Hyde's. Ainsi, de 1881 à 1883, il effectue un apprentissage de marchand de tissus chez Southsea Drapery Emporium[9] où il travaille treize heures par jour et dort dans un dortoir. Cette expérience lui inspire plus tard ses romans The Wheels of Chance, The History of Mr Polly et Kipps[10].
En 1883, Wells persuade ses parents de le libérer de l'apprentissage, saisissant à nouveau l'occasion offerte par la Midhurst Grammar School pour devenir élève-enseignant. L'année suivante, il remporte une bourse à la Normal School of Science à Londres (plus tard le Royal College of Science de South Kensington, qui fait aujourd'hui partie de l'Imperial College London) et étudie la biologie sous Thomas Henry Huxley[11]. Wells participera plus tard à la création de la Royal College of Science Association, dont il devient le premier président en 1909.
Il y étudie jusqu'en 1887, avec une allocation hebdomadaire de 21 shillings. À l'époque, de nombreuses familles de la classe ouvrière vivent avec environ une livre par semaine[12], mais dans Experiment in Autobiography, Wells raconte avoir eu constamment faim, et des photographies de lui montrent un jeune homme très maigre[13].
Ces années marquent le début de son intérêt croissant pour une réforme de la société. Il commence son approche du sujet en étudiant La République de Platon, puis se tourne vers les idées plus contemporaines du socialisme telles qu'elles s'expriment au sein de la Fabian Society et dans diverses lectures à la Kelmscott House, le domicile de William Morris. Il compte également parmi les membres fondateurs du magazine The Science School Journal, un périodique qui lui permet d'exprimer ses propres idées sur la littérature et la société et de tester son écriture[11].
Malgré sa réussite aux examens de biologie et de physique, son échec à l'examen de géologie lui coûte son passage en année supérieure et sa bourse d'études. Herbert George Wells se retrouve alors sans revenu. Sa tante Mary, une cousine de son père, l'invite à demeurer chez elle dans un premier temps, ce qui lui épargne la recherche d'un logement. Pendant son séjour, il nourrit un intérêt croissant pour sa cousine Isabel, qu'il épousera en 1891[14]. En 1888, il obtient un poste d'enseignant à la Holt Academy dans le Pays de Galles[15] et entre parallèlement au Chartered College of Teaching. Il y obtient sa licence. En 1890, il obtient un Baccalauréat des sciences en zoologie du programme externe de l'Université de Londres. En 1889–1890, il réussit à trouver un poste d'enseignant à la Henley House School de Londres, où il enseigne, entre autres, à Alan Alexander Milne, dont le père dirige l'école[16]. Son premier ouvrage publié est un livre scolaire de biologie en deux volumes (1893)[17].
Pour gagner de l'argent, il commence à écrire de courts articles humoristiques pour des revues telles que The Pall Mall Gazette. Il est si prolifique dans ce mode de journalisme que bon nombre de ses premières œuvres restent non identifiées[18]. Son succès l'encourage à écrire des livres, et il publiera son premier roman, La Machine à explorer le temps, en 1895[19].
En 1891, Wells épouse sa cousine Isabel Mary Wells (1865–1931). Le couple se sépare d'un commun accord en 1894 lorsque Herbert tombe amoureux d'une de ses étudiantes, Amy Catherine dite "Jane" Robbins (1872–1927). Ils s'installent à Woking et se marient en octobre 1895. Cette période est la plus créative et la plus productive de sa carrière d'écrivain, car il planifie et écrit La guerre des mondes et La machine à voyager dans le temps, termine L'île du docteur Moreau, écrit et publie The Wonderful Visit et The Wheels of Chance et commence When the Sleeper Wakes et L'Amour et M. Lewisham[2]. Il aura deux enfants avec Jane : George Philip dit "Gip" (1901-1985) et Frank Richard (1902-1982).
En 1898, il commande à l'architecte anglais Charles Voysey, une résidence à Sandgate dans le Kent.
Pendant ses années de mariage avec Jane, Wells entretient des liaisons avec un grand nombre de femmes[20]. Bien qu'elle ait eu connaissance de certaines de ses liaisons extra-conjugales, Jane lui reste mariée jusqu'à sa propre mort en 1927.
En 1907, il a une liaison avec Dorothy Richardson et Wells deviendra dans Pilgrimage, « Hypo Wilson » : par ailleurs, son épouse Jane est l'une des anciennes élèves de Dorothy[21].
En 1909, il a une fille, Anna-Jane, avec l'écrivaine féministe Amber Reeves, ce qui lui vaut une brouille avec son père William Pember Reeves, l'ancien ambassadeur de Nouvelle-Zélande[22].
Entre 1910 et 1913, la romancière Elizabeth von Arnim est une de ses maîtresses[23]. En 1914, il a un fils, Anthony West, avec la romancière et féministe Rebecca West, de vingt-six ans sa cadette.
De 1924 à 1933, il entretient une liaison avec la journaliste et écrivaine hollandaise de 22 ans sa cadette, Odette Keun, qu'il emploie comme secrétaire et avec qui il vit à Lou Pidou, une maison qu'ils construisent ensemble à Grasse, dans le sud de la France. Wells lui dédie son plus long livre, The World of William Clissold (1926).
En 1920, alors qu'il rendait visite en Russie à Maxime Gorki, il avait fait la connaissance de Moura Budberg, comtesse Benckendorf, alors compagne de Gorki, de 27 ans sa cadette et avait eu avec elle une brève aventure. En 1933, lorsque Moura Budberg quitte Gorki et émigre à Londres, leur relation renaît et elle prendra soin de lui à la fin de sa vie. Wells lui demande de l'épouser à plusieurs reprises sans succès[24].
Enfin, à partir de 1920 environ, et par intermittence jusqu'à sa mort, il a une histoire d'amour avec l'activiste américaine du contrôle des naissances, Margaret Sanger[25].
«Je n'ai jamais été un grand romantique», écrit Wells dans An Experiment in Autobiography (1934), «bien que j'aie aimé très profondément beaucoup de gens».
H.G. Wells est diagnostiqué du diabète vers 1930, ce qui le conduit à abandonner sa carrière d'enseignant. En 1934, il co-fonde The Diabetic Association[26].
Il meurt de causes inconnues le 13 août 1946, à son domicile du 13 Hanover Terrace, surplombant Regent's Park, à Londres.
Dans sa préface à l'édition 1941 de La Guerre dans les airs, Wells propose lui-même son épitaphe "Je vous l'avais dit. Foutus imbéciles"[27]. Son corps est incinéré au crématorium Golders Green le 16 août 1946 et ses cendres dispersées dans la Manche à Old Harry Rocks près de Swanage dans le Dorset.
Une plaque bleue commémorative en son honneur est installée par le Greater London Council à son domicile de Regent's Park en 1966.
Le premier best-seller de H.G. Wells est Anticipations, paru en 1901. C'est peut-être son œuvre la plus explicitement futuriste, elle portait le sous-titre « Une expérimentation en prophétie » (An Experiment in Prophecy) lorsqu'elle parait tout d'abord par épisodes dans un magazine[28]. Ce livre est intéressant à la fois pour ses intuitions (les trains et les voitures résultant de la migration des populations des centres-villes vers les banlieues ; les restrictions morales déclinant lorsque hommes et femmes recherchent davantage de liberté sexuelle) et pour ses erreurs (« mon imagination refuse de voir un sous-marin quelconque faire autre chose qu'étouffer son équipage et sombrer au fond des mers »)[29].
Ses premiers romans, qu'on appelle à l'époque des « romans scientifiques », inaugurent un grand nombre de thèmes devenus des classiques en science-fiction, comme La Machine à explorer le temps, L'Île du docteur Moreau, L'Homme invisible et La Guerre des mondes, et sont souvent considérés comme largement influencés par les œuvres de Jules Verne. Mais Wells refuse le titre de « Jules Verne anglais » comme il l'explique dans une préface qu'il écrit pour une réédition de ses romans scientifiques (Scientific romances) en 1933. Wells oppose ses œuvres d'imagination et les romans d'anticipation du Français. Ses inventions n'ont pas pour but de montrer ce qui allait se produire réellement, mais de simplement s'emparer de l'esprit du lecteur par l'illusion romanesque. Il comparait ses romans à L'Âne d'or d'Apulée, à l'Histoire véritable de Lucien de Samosate, à Peter Schlemihl d'Adelbert von Chamisso et à Frankenstein de Mary Shelley. Wells écrit d'autres romans, non fantastiques, qui reçoivent un très bon accueil de la part des critiques, comme Tono-Bungay et Kipps. Wells est également l'auteur de plusieurs douzaines de nouvelles, la plus connue étant The Country of the Blind (1911).
Même s'il ne s'agit pas d'un roman de science-fiction, Tono-Bungay fait une large part à la désintégration radioactive. Celle-ci joue un rôle clé dans The World Set Free paru en 1914 (en français La Destruction libératrice). Ce récit contient ce qui peut être considéré comme sa meilleure intuition prophétique. Les scientifiques de l'époque savaient que la désintégration du radium dégageait de l'énergie à faible rayonnement pendant des milliers d'années. Le taux de rayonnement était trop faible pour avoir une quelconque utilité pratique, mais la quantité totale d'énergie libérée était énorme. Le roman de Wells tourne autour d'une invention non spécifiée qui accélère le processus de désintégration radioactive afin de produire des bombes qui explosent avec une puissance digne d'explosifs ordinaires, mais qui continuent d'exploser pendant des jours et des jours. Leó Szilárd reconnut que ce livre lui inspira la théorie de la réaction nucléaire en chaîne.
H.G. Wells écrit également des ouvrages spécialisés. Son œuvre en deux volumes la plus célèbre est The Outline of History (1920) qui inaugure une nouvelle ère de vulgarisation historique à destination du grand public. Les historiens professionnels de l'époque l'accueillent avec circonspection, à l'exception d'Arnold Toynbee qui qualifie l'ouvrage de meilleure introduction possible à l'histoire mondiale[30].
Wells poursuit dans cette voie en 1922 avec un ouvrage populaire, mais beaucoup plus court : A Short History of the World, et deux autres longs traités, The Science of Life (1930) et The Work, Wealth and Happiness of Mankind (1931)[31].
En 1927, Florence Deeks poursuit Wells pour plagiat, arguant qu'il a copié la plus grande partie de The Outline of History à partir de son manuscrit intitulé The Web qui avait été soumis à l'éditeur canadien Canadian Macmillan Company et refusé. Malgré de nombreuses similitudes de style et nombre d'erreurs historiques communes, la justice disculpe Wells[32].
Dès le début de sa carrière, Wells cherche une meilleure manière d'organiser la société et écrit de nombreuses utopies. Ses romans commencent généralement par la description d'un monde courant à la catastrophe jusqu'à ce que la population mondiale accède à un nouveau mode de vie : soit grâce à un mystérieux gaz libéré par une comète et qui rendait les humains plus rationnels (In the Days of the Comet), soit grâce à un conseil scientifique s'emparant du pouvoir (The Shape of Things to Come (1933)). Wells fit également la description d'une reconstruction sociale d'après-guerre par l'avènement de dictateurs fascistes dans The Autocracy of Mr Parham (1930) et The Holy Terror (1939)[33].
Wells questionne l'essence même de l'humanité en opposant les idées de nature et de culture. Toutes ses utopies ne se terminaient pas forcément de manière heureuse, comme le montre le roman When the Sleeper Wakes (1899) (republié sous le titre The Sleeper Awakes, 1910) qui relève davantage de la dystopie. L'Île du docteur Moreau, plus sombre, force encore le trait. Le narrateur, prisonnier sur une île où les animaux sont changés en êtres humains par vivisection, mais sans succès, rentre en Grande-Bretagne. À l'instar de Gulliver lorsqu'il rentre du pays des Houyhnhnms, il se retrouve incapable de voir ses concitoyens autrement que comme des bêtes civilisées régressant lentement pour retrouver leur nature animale[34].
Wells rédige la préface de la première édition des journaux intimes de W. N. P. Barbellion, The Journal of a Disappointed Man (Le Journal d'un homme déçu), publié en 1919. Malgré ses démentis, Wells est longtemps considéré comme le véritable auteur du Journal jusqu'à la mort de Barbellion la même année[35].
En 1938, il publie World Brain, une série d'essais sur l'organisation future de la connaissance et de l'éducation, parmi lesquels on trouve un essai intitulé The Idea of a Permanent World Encyclopaedia (Une idée d'encyclopédie mondiale permanente), concept cependant voisin du Mundaneum et parfois vu comme un des fondements imaginaires du projet Wikipédia[36]. Une traduction française de cet essai est parue pour la première fois dans l’Encyclopédie française d'Anatole de Monzie et Lucien Febvre en 1937.
Herbert George Wells s'exprime également par le dessin. Ses croquis ornent fréquemment les couvertures de ses propres livres. Ses dessins couvrent un large éventail de sujets, allant du commentaire politique aux critiques littéraires en passant par des sujets plus romantiques. Pendant ses années de mariage avec Amy Catherine — qu'il surnommait Jane —, il dessina un grand nombre de scènes à propos de leur mariage[37]. Il baptise ses dessins des picshuas (déformation humoristique du terme anglais pictures). Ces picshuas firent l'objet d'études approfondies par ses élèves et un ouvrage leur est consacré[38].
À la recherche d'une manière plus structurée de jouer à des jeux de guerre, Wells conçoit les jeux Floor Games (1911) puis Little Wars (1913)[39], qui établissent des règles pour mener des batailles avec des soldats de plomb. Little Wars est aujourd'hui reconnu comme le premier jeu de guerre récréatif et Wells considéré par les joueurs et les amateurs comme "le père du jeu de guerre miniature". Selon Wells, l'idée du jeu lui est venue lors d'une visite de son ami Jerome K. Jerome. Après le dîner, Jerome a commencé à abattre des soldats de plomb avec un canon jouet et Wells s'est joint à la bataille[40].
H. G. Wells se considère comme socialiste, même s'il se trouve occasionnellement en désaccord avec certains autres socialistes de son époque. Il est membre de la Fabian Society, mais la quitte par la suite parce qu'il la juge beaucoup trop radicale. Il est également le candidat du Labour Party à l'Université de Londres en 1922 et 1923, mais même à cette époque sa foi en son propre parti était pour le moins fragile[41].
Ses réflexions sur le socialisme imprègnent certains de ses romans d'anticipation, tels que La Machine à explorer le temps et Les Premiers Hommes dans la Lune, romans dans lesquels les héros découvrent, respectivement dans l'avenir et sur la lune, des sociétés nouvelles. Dans La Guerre des mondes, il met en parallèle les attaques martiennes contre la terre et les pratiques génocidaires de l'Empire britannique en Tasmanie[42].
Vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Alliés découvrent que les SS ont établi une liste des intellectuels et des politiciens à assassiner immédiatement après l'invasion de la Grande-Bretagne pendant l'Opération Seelöwe[43]. Le nom d'Herbert George Wells apparait en tête. Wells, devenu président du PEN club international, avait déjà eu affaire à l'Allemagne nazie en supervisant lui-même l'exclusion du PEN club allemand de la ligue internationale en 1934, à la suite de l'exclusion des écrivains non aryens[44].
Son idée politique la plus féconde concerne la nécessité de créer un État-Monde. Si les détails de cet État-Monde ont varié au cours du temps, son principe fondamental consiste à organiser une société qui favoriserait les sciences, mettrait fin aux nationalismes et permettrait aux citoyens de progresser en fonction de leurs mérites et non plus en fonction de leur naissance. Lorsqu'il travaille à la Charte des Nations unies, il s'oppose à toute mention du terme démocratie. Il craint que le citoyen moyen ne soit jamais suffisamment éduqué ou éclairé pour traiter des problèmes majeurs du monde. Il pense devoir limiter le droit de vote aux scientifiques, ingénieurs et autres gens de mérite. Mais il défend en même temps l'idée que les citoyens doivent jouir du maximum de liberté possible, tant que celle-ci ne restreignait pas celle d'autrui. Toutes les valeurs que défendait H. G. Wells furent de plus en plus critiquées à partir des années 1920[45].
Il accueille avec enthousiasme les tentatives de Lénine de reconstruire l'économie russe, comme il le rapporte dans Russia in the Shadows (1920). Au départ, H. G. Wells pense que Lénine pourrait engager la construction du monde planifié dont il rêve. Ensuite, la politique de Joseph Staline le conduit à changer de point de vue sur l'Union soviétique. Il n'apprécie pas son orthodoxie obtuse et sa manière de gouverner trop rigide, ne laissant aucune place à la moindre pensée indépendante, pour réellement mener à la Cosmopolis qu'il appelle de ses vœux[46].
H. G. Wells adhère à la Société eugénique en 1907, mais rejette les thèses de Francis Galton. Il s'intéresse cependant à l'eugénisme négatif[47].
Avec réserves ou ironies, Georges Bernanos souligna de façon suivante : « dans le dernier petit livre de Wells, l'Esprit au bout du rouleau, malédiction plutôt que testament, l'écrivain célèbre qui se crut jadis naïvement le prophète du futur paradis des machines, du nouvel âge d'or, écrit ces paroles désespérées »[48] :
« L'espèce humaine est en fin de course. L'esprit n'est plus capable de s'adapter assez vite à des conditions qui changent plus rapidement que jamais. Nous sommes en retard de cent ans sur nos inventions. Cet écart ne fera que croître. Le Maître de la Création n'est plus en harmonie avec son milieu. Ainsi le monde humain n'est pas seulement en faillite, il est liquidé, il ne laissera rien derrière lui. Tenter de décrire une fois encore la Forme des choses à venir serait vain, il n'y a plus de choses à venir. »
À la fin de sa vie, Wells a perdu beaucoup de son influence dans les milieux politiques. Ses efforts pour aider à la création de la société des Nations se soldent par une profonde déception, lorsque cette organisation se révèle incapable d'empêcher la Seconde Guerre mondiale. L'éventualité d'un nouveau conflit mondial le rend de plus en plus pessimiste[49]. Au sortir de celle-ci, il publie un dernier livre, Mind at the End of its Tether (1945), et juge que ce ne serait pas une si mauvaise idée que de remplacer l'espèce humaine par une autre espèce. Il appelle cette époque « l'ère de la frustration »[50].
Futuriste et visionnaire, Herbert George Wells prévoit l'avènement des avions, des chars, des voyages dans l'espace, des armes nucléaires, de la télévision par satellite et de quelque chose qui ressemble au World Wide Web[51]. Il anticipe les guerres aériennes, la révolution sexuelle, les transports motorisés provoquant la croissance des banlieues et un proto-Wikipedia qu'il appelle le «cerveau mondial». Dans son roman The World Set Free, il imagine une bombe atomique d'une puissance terrifiante qui est larguée par avion. C'est une vision extraordinaire pour un auteur qui écrit en 1913, et qui a profondément impressionné Winston Churchill[52].
La célébrité posthume de Wells est surtout due à ses romans et à son rôle de pionnier dans l’histoire de la science-fiction. Les premiers mécas, les tripodes martiens, apparaissent dans son roman intitulé La Guerre des mondes.
L'historien de science-fiction John Clute décrit Wells comme «l'écrivain le plus important que le genre ait jamais vu», et note que son travail a été au cœur de la science-fiction britannique et américaine[53]. Pour l'auteur et critique de science-fiction Algis Budrys, Wells "reste le révélateur exceptionnel de l'espoir et du désespoir incarnés dans la technologie"[54]. H. G. Wells est nommé pour le prix Nobel de littérature en 1921, 1932, 1935 et 1946[55]. Wells a tellement influencé l'exploration de Mars qu'un cratère d'impact sur la planète porte son nom.