Jean-Antoine Rossignol | ||
Naissance | Paris |
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Décès | (à 42 ans) Mutsamudu, île d'Anjouan (archipel des Comores) |
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Origine | Français | |
Allégeance | Royaume de France Royaume de France République française |
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Arme | Infanterie | |
Grade | Général de division | |
Années de service | 1775 – 1798 | |
Commandement | Armée de l'Ouest | |
Conflits | Guerres de la Révolution Guerre de Vendée |
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Faits d'armes | Prise de la Bastille Prise des Tuileries Bataille de Montreuil-Bellay Virée de Galerne Bataille de Dol |
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Jean-Antoine Rossignol aussi appelé le Fils aîné de la Patrie[1] est un militant révolutionnaire et un général de la Révolution française, né le à Paris et mort le à Mutsamudu, île d'Anjouan, dans l'archipel des Comores.
« Je suis né d’une famille pauvre. Défunt mon père était Bourguignon. Il vint à Paris et, après quelques années il chercha à se marier. Il fit donc connaissance de ma mère et ils se marièrent. Des cinq enfants qu’ils eurent, trois garçons et deux filles, j’étais le dernier ». Ainsi commencent les Mémoires de Jean Antoine Rossignol[2].
Cinquième enfant d'un facteur aux Messageries, il naît le à Paris, dans le faubourg Saint-Antoine où est installée sa famille. Sorti de l'école à 12 ans, il est mis en apprentissage[1]. En 1774, à quatorze ans, après trois années d'apprentissage comme ouvrier orfèvre, Rossignol, plein d'illusions et voulant être son propre maître, part en province pour faire son tour de France. Bordeaux, La Rochelle, Niort sont les étapes de ce voyage initiatique, qui lui fait vite regretter d'avoir quitté Paris où il revient au bout de six mois. Il travaille alors chez différents patrons comme compagnon orfèvre[1].
Devant la difficulté à trouver du travail, il s’engage dans l'armée sous l'Ancien Régime. Le , il intègre à Dunkerque le régiment Royal-Roussillon sous le nom de « Francœur ». Il prend goût à la vie militaire et au métier des armes mais se montre aussi prompt à la bagarre. En 1783, il obtient son congé par ancienneté et reprend son métier d'orfèvre[1].
Lorsque la Révolution éclate, Jean Antoine Rossignol est à Paris, rue de Charenton, à l'entrée du faubourg Saint-Antoine[1]. « Le 89 je ne savais rien de la Révolution, et je ne me doutais en aucune manière de tout ce qu’on pouvait tenter », note-t-il dans ses Mémoires.
Le 14 juillet 1789 il participe à la prise de la Bastille. « Je suivais le torrent sans pouvoir en apprécier rien », affirmera-t-il plus tard. Officier provisoire dans la compagnie des vainqueurs de la Bastille, il s'enrôle comme fusilier dans le bataillon de garde nationale de la section des Quinze-Vingts[1] le . Bientôt promu sergent, il est un militant sectionnaire dynamique, participe à la rédaction du Journal des Hommes du et joue un rôle actif dans la préparation de la journée du 10 août 1792. Nommé membre de la Commune insurrectionnelle, il entre au Conseil général et au premier comité de surveillance[1].
Capitaine le puis lieutenant-colonel de gendarmerie le , il part en Vendée et se voit affecter à l'armée des côtes de La Rochelle le . Promu successivement adjudant-général à titre provisoire le , adjudant-général chef de brigade le , général de brigade le et général de division le , il est nommé, sous la protection du général Charles-Philippe Ronsin, général en chef de l'armée des côtes de La Rochelle en remplacement de Biron (destitué et arrêté)[1] le , nomination confirmée par décret de la Convention le et devenue effective le .
Sa bravoure et son ascendant sur ses hommes qu'il traite en camarades, lui valent le titre de « fils aîné de la patrie »[1]. L'arrivée en Vendée de l'armée de Mayence, qu'il dispute à Jean-Baptiste-Camille de Canclaux, chef de l'armée des côtes de Brest, donne lieu à un conseil de guerre, devant déterminer à quelle armée les Mayençais seront rattachés. Le plan qu’il proposait aux avocats du conseil de guerre de Saumur était qualifié d’absurde par Philippeaux (représentant de Canclaux) et par les guerriers de l’armée de Mayence, intéressés en la circonstance (les soldats mayençais font savoir qu'il leur répugne d'être intégrés à l'armée de La Rochelle « absolument déshonorée aux yeux de l'Europe »[3]). Rossignol insiste et montre que le projet qu’il soutient est le seul qu’on puisse exécuter. Les votes se partagent également. « Je vois ce qu’il en est, dit en substance Rossignol, le plan est indiscutable, et c’est moi qui vous gêne ; eh bien, je me retire : il ne faut pas abaisser notre grande décision jusqu’à des rivalités personnelles ; j’accepte de servir sous les ordres de Canclaux, pour faire cesser toute querelle, si Canclaux veut commander la marche qui s’impose ». Ce beau mouvement ne décide personne et Rossignol, en s’abstenant de prendre part au second vote, permet à ses contradicteurs de triompher en principe. Il est destitué le par les députés et représentants de la Convention Léonard Bourdon et Philippe-Charles-Aimé Goupilleau. Il est néanmoins défendu par Georges Danton et rétabli le , décision devenue effective le par la Convention, soutenu par Robespierre et Hébert au club des Jacobins en . La marche tournante conçue par le conseil de guerre n'a pas les résultats escomptés, débouchant sur la défaite des Mayençais eux-mêmes à la bataille de Torfou. L'armée des côtes de la Rochelle, de son côté, n'a connu que des échecs (Coron et du Pont-Barré les 19 et ).
Le Rossignol est nommé général en chef de l'armée des côtes de Brest en remplaçant Canclaux, destitué au . Quittant son premier commandement le , il prend le suivant le lendemain. Puis le , il est également nommé commandant en chef de la récente armée de l'Ouest (composée de celle des côtes de la Rochelle, d'une partie de celle des côtes de Brest et de l'armée de Mayence), décision effective le . Enfin le , il prend conjointement la tête d'une troisième armée, l'armée des côtes de Cherbourg. Toutefois, ce dernier commandement lui est retiré dès le après la défaite de Dol, de même que celui de l'armée de l'Ouest le , qui passe au général Léchelle.
Finalement destitué par le Comité de salut public le , à la suite de dissensions avec Billaud-Varenne (ayant lieu lors de la mission du député montagnard à Saint-Malo) et à cause de ses liens avec les chefs cordeliers qui n'ont cessé de le soutenir mais qui ont tous été guillotinés[1], il est relevé de son commandement et remplacé par le général Moulin. Le il se retire à Orléans, rentrant dans la vie civile. Emprisonné le quelques jours après Thermidor, il n'est libéré que le , grâce à l'amnistie générale votée par les Conventionnels avant de se retirer.
Sous le Directoire, compromis dans la Conjuration des Égaux de Gracchus Babeuf, qui comptait sur lui pour entraîner le faubourg Saint-Antoine, il est emprisonné du au , mais parvient à se disculper devant la Haute Cour de Vendôme. Réintégré dans l'armée en l'an VII[1], il sert sans conviction le Directoire, tout en continuant, semble-t-il, un militantisme populaire clandestin dans son faubourg natal. Il est réformé le .
Après le coup d'État du 18 Brumaire, il est banni de Paris au début du Consulat[1]. Puis Bonaparte se sert de l'attentat de la rue Saint-Nicaise pour se débarrasser de lui et décapiter l'opposition néo-jacobine. Rossignol est emprisonné, traîné de prison en prison et condamné à la déportation aux Seychelles en 1801, avec d'autres jacobins. Il est embarqué à Nantes sur la frégate la Chiffonne pour les îles de l'Océan Indien. Après un incident entre les colons et les déportés, l'assemblée coloniale l'embarque en avec 32 de ses camarades et 3 Noirs à bord du Bélier en direction de l'île d'Anjouan, dans les Comores. Un accord est signé avec le sultan de l'île, qui accepte de les accueillir en échange de fusils pour soutenir un conflit contre Madagascar. Toutefois, 21 d'entre eux sont décimés par la maladie en quelques jours[4], parmi lesquels Rossignol, qui meurt le .
Toutefois, le peuple des faubourgs refuse de croire à la mort de son héros. Rossignol se survit donc dans les souvenirs, avant de prendre position dans la légende avec un mauvais roman paru sous la Restauration en quatre volumes : Le Robinson du Faubourg Saint-Antoine, qui le présente sous les traits du chef charismatique d'un peuple de sauvages africains. Dans ses Mémoires d'outre-tombe, Chateaubriand lui fait prononcer ces dernières paroles: « Je meurs accablé des plus horribles douleurs ; mais je mourrais content si je pouvais apprendre que le tyran de ma patrie endurât les mêmes souffrances »[5].
« Je suis l'ami de Rossignol et je m'en fais gloire, mais cela ne doit pas m'empêcher d'émettre librement mon opinion sur son compte : magis amica veritas. Brave, franc, loyal, désintéressé, Rossignol a toutes les qualités d'un républicain, et n'a pas les talents nécessaires à un officier général… Le seul reproche fondé qu'on puisse faire à Rossignol, c'est de s'être mal entouré ; il avait d'autant plus besoin d'avoir près de lui des officiers instruits qu'il l'était peu et que, souvent malade, il ne pouvait agir, ni rien voir par lui-même. On a attribué à son impéritie les échecs qu'il a éprouvés, lorsqu'il poursuivait les rebelles sur la rive droite : on aurait pu les attribuer aussi a l'envie que lui portaient quelques officiers généraux, à la désobéissance et au mépris de ses ordres, qui en étaient la suite[6]. »
« Quand il n'y a pas un homme dans l'armée qui ne convienne, que Rossignol n'est pas un général ; que ce n'est qu'un homme de paille, que tous les intrigants qui l'environnent font mouvoir à leur gré ; quand Rossignol avoue lui-même qu'il n'est qu'un orfèvre, et qu'il n'a pas la moindre des qualités nécessaires pour un commandement de cette importance, qu'on ne peut le lui confier sans trahison ou se rendre complice de son ineptie. […] On a le front de vous écrire que Rossignol a la confiance des troupes. Il n'a même pas celle des troupes lâches, pillardes et crapuleuses, et il n'aura jamais celle de l'armée de Mayence. Rossignol est tellement en horreur dans le pays que nos troupes, à qui l'on fait part dans la traversée de tous ses hauts faits, ont conçu pour lui et pour ses entours un si grand mépris qu'il nous aurait été impossible de les retenir sous les drapeaux[7]… »