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Victor Lucien Guirand |
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Lucien-Victor Guirand, dit Lucien-Victor Guirand de Scévola, né Victor Lucien Guirand à Sète le [1], et mort à Paris le , est un peintre, dessinateur et illustrateur français.
Peintre de fleurs, de natures mortes, de scènes d'alcôves et de paysages, Guirand de Scévola mène également une brillante carrière de portraitiste, exécutant entre autres les portraits du duc de Massa et des duchesses d’Uzès et de Brissac. L’artiste réalise également des scènes mondaines.
Il est connu pour avoir mis au point durant la Première Guerre mondiale des méthodes pour dissimuler des pièces d'artillerie sous des toiles peintes, faisant de lui l'un des pionniers du camouflage militaire.
Lucien-Victor Guirand est le fils de Jean-Antoine Guirand, commis voyageur et de Catherine Mélanie Fournaire, sans profession, son épouse. Élève de Fernand Cormon à l'École des beaux-arts de Paris, il se spécialise dans le pastel. Il expose régulièrement à Paris au Salon des artistes français, puis au Salon de la Société nationale des beaux-arts, dont il devient associé, puis sociétaire, puis membre du comité, et enfin président en 1937, remplaçant le paysagiste André Dauchez. Il est également membre de la Société des pastellistes de France, dont il devient le président.
En 1903, il réalise le décor du foyer et de différents panneaux du théâtre Molière à Sète, inauguré en 1904.
Il épouse le [2] la comédienne française, Marie-Thérèse Piérat, nom de scène de Marie-Thérèse Panot, sociétaire de la Comédie-Française. La Revue hebdomadaire de la semaine nous indique que ce fut « le great event de la semaine. On s'écrasait à la Trinité. Des milliers de personnes durent renoncer à défiler devant les mariés. Le lendemain ça été l'inauguration de l'exposition annuelle de peinture de l'Epatant où l'on s'est naturellement écrasé encore, surtout devant les toiles de M. Guirand de Scévola. » Les Annales du théâtre et de la musique relate aussi cet évènement mondain : « Le mariage civil de Mlle Piérat avec le jeune et distingué peintre Guirand de Scévola avait lieu à la mairie du 9e arrondissement. Les témoins de la mariée étaient : Monsieur Jules Clarétie, administrateur de la Comédie Française et M. de Féraudy, ceux de M. Guirand de Scévola, MM. Guillemet et Edmond Rodier. Le mariage religieux était célébré le surlendemain en l'église de la Trinité, resplendissante de lumières. Une foule immense au milieu de laquelle on remarquait la plupart de la notabilité du monde littéraire et théâtral assistait à la cérémonie. Après un interminable défilé à la sacristie, les invités se rendaient rue Blanche à l'hôtel des Ingénieurs Civils où se donnait une brillante réception. »
Pilier de la vie de bohème de la butte Montmartre et du Cabaret des Quat'z'Arts, en particulier avec ses amis Charles Léandre, Louis Abel-Truchet, Abel Faivre ou Adolphe Léon Willette, Lucien-Victor Guirand de Scévola a son atelier parisien au no 42 de la rue Fontaine jusqu'en 1910. Il fait partie du cercle des Mortigny, fondé par Dimitri d'Osnobichine, en 1908 [3], qui regroupe de nombreux artistes et habitués de la vie parisienne : Marcel Bain qui écrit les 5 actes du drame Le secret des Mortigny ou de l'honneur à la honte et vice versa, Paul Poiret, Bernard Boutet de Monvel, Georges Villa, Guy Arnoux, Joë Hamman, Joseph Pinchon, André Warnod, Pierre Troisgros, Jean Routier, Henri Callot, Pierre Falize, Pierre Prunier, cercle qui fonctionne jusque dans les années 1950[4].
Guirand de Scévola va aussi réaliser les décors de plusieurs pièces dans lesquelles joue son épouse et illustrer les contes qu'elle va publier, comme La galante aventure du roi Jean XV (1928).
Domicilié à Paris au no 91 avenue de Villiers (17e arrondissement), il est nommé chevalier de la Légion d'honneur[5]. Il est promu officier de la Légion d'honneur par décret du [6].
Mobilisé dès le début de la Première Guerre mondiale, Lucien-Victor Guirand de Scévola est considéré comme l'un des inventeurs du camouflage militaire. À l'automne 1914, sur le front et de manière concomitante, Eugène Corbin, un soldat nancéien et son ami, le décorateur Louis Guignot, d'une part et Lucien-Victor Guirand de Scévola, d'autre part, auraient eu l'idée de recouvrir les pièces d'artillerie de toiles peintes se fondant dans le paysage pour éviter leur repérage par l'ennemi. Les deux artistes qui ne se connaissaient vont se rencontrer en et former officieusement une « équipe d'art ». Mais c'est Guirand de Scévola, homme influent à Paris, qui utilise ses relations pour faire la promotion du camouflage.
Dès , à la suite d’essais concluant il est décidé de former à Toul un premier atelier de camouflage dont Guirand de Scévola prend la direction. Plusieurs artistes mobilisés sont affectés à cette nouvelle section autonome, dont le sigle est le caméléon. Secondé par sa femme Marie-Thérèse Piérat, Guirand de Scévola — alors canonnier au 6e régiment d'artillerie à pied, promu rapidement capitaine — utilisa ses hautes relations parmi les membres du gouvernement pour faire connaître aux autorités militaires les expériences menées dans le Toulois. Fort de l'appui du général Castelnau — chef de la IIème armée — et de l'intérêt du président de la République Raymond Poincaré, il finit par persuader le haut commandement de la valeur stratégique du camouflage et de son efficacité pour protéger les points sensibles du front. Guirand de Scévola soumit à l'état major français l'idée de dissimuler, sous des toiles peintes, les canons qui brillaient au soleil, ainsi que les hommes, de telle sorte qu'ils se confondent avec le terrain environnant, et procède à une démonstration sur le front de Picardie.
Le , le maréchal Joffre, convaincu de ce nouvel art militaire, donne une organisation régulière aux camoufleurs rassemblés en une unité rattachée d'abord à son grand quartier général puis, en , au 1er régiment du génie, en la plaçant sous le commandement de Guirand de Scévola. Des ateliers secondaires sont créés à Châlons-sur-Marne, à Noyon et à Chantilly. La création des sections de camouflage permet à des artistes — auxquels la profession ne destinait pas un rôle particulier dans la guerre — de mettre leur talent au service de la France. Ainsi, émergèrent des maîtres du camouflage comme André Mare, Jean-Louis Forain, Auguste Desch, Georges Mouveau et André Dunoyer de Segonzac. Guirand de Scevola indiquait concernant son invention : « J’avais, pour déformer totalement l’objet, employé les moyens que les cubistes utilisent pour le représenter, ce qui me permit par la suite d’engager dans ma section quelques peintres aptes à dénaturer n’importe quelle forme[7]. »
Guirand de Scévola est élevé au grade de commandeur de la Légion d'honneur par décret du pris sur le rapport du ministre de l'Éducation nationale[8].
Pendant la seconde guerre mondiale, Guirand de Scévola est un partisan de la collaboration artistique avec l'Allemagne et un critique de "l'art juif"[9].
Lucien-Victor Guirand de Scévola et son épouse vont passer de très nombreux et réguliers séjours dans la propriété gardoise, le château de Montsauve à Sauveterre, dont elle hérite de sa mère, Alice Panot, et où ils accueilleront de nombreux artistes et autres personnalités. En 1946, la commune acquiert le château pour y héberger les écoles, puis la mairie. La commune a reçu de Jeanne Marguerite Fournials, élève de Guirand de Scevola, un fonds de tableaux peints par son maître qui y sont conservés.
Guirand de Scévola meurt sans postérité le à son domicile parisien, au 119, rue de Courcelles dans le 17e arrondissement. Il est inhumé le à Paris au cimetière de Montmartre après une cérémonie religieuse célébrée à l'église Saint-François-de-Sales, sa paroisse.
Salon de la Société nationale des beaux-arts :