Beethoven commence sa composition à la fin de l'année 1814[1]. L'œuvre sera terminée durant l'été 1815[1]. La première exécution eut lieu le [1] dans la grande salle de la Redoute[1],[2] à Vienne lors d'un concert de bienfaisance avec l'ouverture Jour de fête op. 115 jouée pour la première fois[1], et une reprise de l'oratorio Le Christ au Mont des Oliviers op. 85[1].
La partition sera publiée chez Steiner en mai 1822[3] et dédiée à Goethe, que Beethoven avait rencontré dès 1812[4] et tenait en très haute estime. Goethe notera sur son agenda à la date du [5]: « reçu une partition de Beethoven » mais il ne prit pas la peine de le remercier[6].
Le [7],[8], Beethoven écrivant à Goethe en vue de réunir des souscriptions pour sa Missa Solemnis lui demandait s'il avait reçu « la dédicace à son Excellence de Meeresstille und glückliche Fahrt. Ces deux poèmes m'ont paru, en raison de leurs atmosphères contrastées, tout à fait convenir à l'expression de ce contraste en musique. Il me serait vraiment agréable de savoir si j'ai bien ajusté mon harmonie à la vôtre ». Goethe ne répondra pas[6].
La cantate est écrite en un seul mouvement et évoque admirablement les contrastes entre les deux poèmes : Meeres Stille, écrit Poco sostenuto[9], ₵[9], ré majeur (mesure 1 à 73)[9] et Glückliche Fahrt, Allegro vivace[9], 6/8[9], ré majeur (mesure 74 à 237)[9].
Sa durée d'exécution est d'environ 7 à 8 minutes[10].
Tiefe Stille herrscht im Wasser,
Ohne Regung ruht das Meer,
Und bekümmert sieht der Schiffer
Glatte Fläche ringsumher.
Keine Luft von keiner Seite!
Todesstille fürchterlich!
In der ungeheuern Weite
Reget keine Welle sich.
Sur l'eau règne un profond silence,
Sans mouvement la mer repose,
Et le marin voit, inquiet,
La plaine lisse alentour.
Aucun souffle d'aucun côté !
Affres d'un silence de mort !
À travers l'immense étendue,
Pas une vague n'est mouvante.
Glückliche Fahrt:
Heureux Voyage :
Die Nebel zerreißen,
Der Himmel ist helle,
Und Äolus löset
Das ängstliche Band.
Es säuseln die Winde,
Es rührt sich der Schiffer.
Geschwinde! Geschwinde!
Es teilt sich die Welle,
Es naht sich die Ferne;
Schon seh ich das Land!
Les brumes se déchirent,
Le ciel est éclatant,
Et Éole dénoue
Les liens d'angoisse.
Ils bruissent les vents,
Et le marin s'active.
Hâtez vous ! Hâtez vous !
La vague en deux se fend,
Les lointains se rapprochent;
Déjà je vois la terre !
↑Ludwig van Beethoven, Briefwechsel. Gesamtausgabe, Sieghard Brandenburg, Éditions G. Henle Verlag 1996-1998, Vol. 5, Lettre n° 1562
↑Ludwig Van Beethoven (trad. de l'allemand), Les lettres de Beethoven : L'intégrale de la correspondance 1787-1827, préface de René Koering (traduction d'après l'allemand par Jean Chuzeville, suivant l'édition anglaise établie en 1960 par Emily Anderson, Arles, Actes Sud, coll. « Beaux Arts », , 1737 p. (ISBN978-2-7427-9192-7), p. 1102
↑ abcde et fToutes les indications de tonalité, nuances, mesure ont été relevées sur l'édition originale visible sur Beethoven-Hauss Bonn, consultées le 2 mars 2012
↑Durée moyenne basée sur les enregistrements discographiques cités
↑ Traduction Elisabeth Brisson, Guide de la musique de Beethoven, Éditions Fayard, 2005, p. 626
↑Cet enregistrement a été salué par un Diapason d'or dans la revue Diapason n° 336 du mois de mars 1988
↑Cet enregistrement a été salué par un diapason d'or dans la revue Diapason (septembre 1992) et par un 10 de Répertoire par la revue Classica-Répertoire (septembre 1992)