Paul Bonatz naît le , à Solgne, alors commune de l'Alsace-Lorraine, son père était fonctionnaireallemand et sa mère luxembourgeoise. Il fait son lycée à l'Humanistisches Gymnasium de Haguenau en 1896. En 1900, il termine ses études d'architecture à l'université technique de Munich. Stylistiquement, il était en faveur d'une simplification radicale du style néoroman comme il le fit pour la gare centrale de Stuttgart en 1927 ou pour le musée d'art de Bâle en 1936. Mais il ne se considérait pas comme un styliste. Paul Bonatz fut initié par Theodor Fischer ; à la différence de ce dernier, il ne rejoignit jamais le parti nazi. Il accepta le poste d'expert architectural et conseiller de Fritz Todt, l'inspecteur général du département allemand des routes. Ce travail lui donna d'immenses commandes relatives aux infrastructures du Troisième Reich, dont deux ponts autoroutiers majeurs et de nombreux autres ponts, ainsi que la grande gare de chemin de fer prévue pour Munich.
Le gouvernement essaya de faire bon usage du talent et de la réputation de Paul Bonatz, mais il était, politiquement parlant, difficile à gérer. Il détestait par exemple la rénovation faite par Paul Troost de la place royale de Munich et le fit savoir. C'était une erreur politique alors que Troost était (selon Albert Speer) le mentor architectural et un ami personnel de Hitler. À cause de ses opinions exprimées, la police fit par deux fois des enquêtes sur Bonatz, l'accusant d'aider les Juifs et d'être ouvertement critique envers Hitler.
Paul Bonatz appartenait à la catégorie des architectes qui étaient approuvés par le NSDAP, le parti nazi défendant une approche architecturale conservatrice, nationaliste et emprunte d'historicismes, incarnée par des architectes comme Theodor Fischer, Heinrich Tessenow ou German Bestelmeyer. Les nazis attaquant l'architecture moderne d'avant-garde vue comme bolchévique, ils élevèrent ces figures conservatrices de l'architecture au rang de héros culturels. Friedrich Tamms(de) exprima l'assentiment officiel du parti dans der Kunst im dritten Reich(L'Art dans le Troisième Reich), et le porte-parole de l'architecture nazie Paul Schultze-Naumburg exprima tout le bien que le mouvement völkisch pensait de l'architecture de Bonatz, qualifiant la gare en pierre de Stuttgart en style roman appuyé construite entre 1913 et 1927 de « bâtiment techniquement moderne au meilleur sens du terme ».
Malgré l'agrément du régime et les commandes qu'il recevait, Bonatz s'enfuit en Turquie aux alentours de 1940, à la suite d'un différend avec Hitler au sujet de ses plans de la gare de Munich. Bonatz construisit de nombreux projets à Ankara entre 1943 et 1947 dont une zone résidentielle de plus de quatre cents unités et l'opéra d'Ankara, avant de retourner en Allemagne pour participer à la reconstruction de Stuttgart et Düsseldorf.
Helmut Gebhard über Paul Bonatz. In: Winfried Nerdinger: Süddeutsche Bautradition im 20. Jahrhundert. Architekten der Bayerischen Akademie der Schönen Künste. Georg D. W. Callwey, München 1985 (p. 119–123).
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Fernanda de Maio: wasser_werke. Paul Bonatz. Die Neckarstaustufen. 2. Auflage, Merz + Solitude, 2001.
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Wolfgang Voigt, Roland May (dir.): Paul Bonatz (1877–1956). Wasmuth, Tübingen, 2010.
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