Elle marque le début d'un nouveau style de salsa véhiculant un message social et devient un classique chez les latinos des États-Unis, ainsi que dans le reste de l'Amérique latine[2].
En 1984, la Fania avait vendu les droits de Pedro Navaja à des producteurs de cinéma mexicains sans demander l'avis de Rubén Blades. Pour qu'on n'oublie pas qu'il était le créateur de ce personnage, il le fait revivre dans une suite intitulée Sorpresas (Pedro Navaja II) sur l'album Escenas (1985).
Une version live de Pedro Navaja figure sur l'album Rubén Blades y Son del Solar... Live! (enregistrée au Madison Square Garden en 1990). Lors de l'intro, Rubén Blades raconte que sa maison de disques Fania ne pensait pas que le morceau marcherait car il était trop long (plus de sept minutes).
Une autre version live enregistrée figure sur l'album Encuentro (concert donné en 2002 au Banco Popular de Porto Rico, avec Juan Luis Guerra et Robi Draco Rosa), et une autre encore sur son CD et son DVD Live in Cali (2006). En 2014, Ruben Blades enregistre une version tango sur son album Tangos, arrangée par Carlos Franzetti, et il l'interprète en live lors du spectacle Una noche con Rubén Blades avec le Jazz at Lincoln Center Orchestra et Wynton Marsalis.
La chanson narre un récit. Le narrateur parle à la première personne (« Je l’ai vu passer… », « Croyez-moi ou non… », « Comme disait ma grand-mère… »), comme s'il s'adressait directement à l'auditeur, et parle au passé.
Voici ce qu'il raconte (raconté ici au présent) :
Je l’ai vu passer les mains dans les poches de son manteau (pour masquer celle qui porte son poignard), un chapeau à large bords et des chaussures légères (afin de se volatiliser en cas de pépin), des lunettes noires (pour cacher son regard) et une dent en or (qui brille lorsqu’il sourit).
À trois blocs de là une femme attend d'hypothétiques clients sur le trottoir d'en face (une prostituée donc, mais la chanson ne le dit pas).
Une voiture passe très lentement sur l’avenue ; même sans inscription, nul n'ignore que c’est la police.
Pedro Navaja ne voyant personne traverse discrètement.
Pedro Navaja lui tombe dessus et la poignarde quand soudain résonne un coup de feu. Ils tombent morts tous les deux. Personne n'a réagi inquiété du bruit.
Un ivrogne trébuche sur les deux corps, ramasse le révolver, le poignard et de l'argent et repart en chantant (faux) ce refrain : « La vie réserve bien des surprises ! »
Dans la suite de la chanson, les chœurs chantent « I like to be in America… » référence à West Side Story où à un moment les chœurs chantent : « I like to live in America… »
Rubén Blades lâche une série de petites phrases et des proverbes :
Pedro Navaja, tueur des rues : « Qui tue par l’épée, périt par l’épée. »
Comme disait ma grand-mère : « Rira bien qui rira le dernier. »
Quand le destin commande, même le plus brave ne peut rien changer : « Si tu es fait pour le marteau, du ciel te tomberont les clous. »
Dans les quartiers de caïds, attention sur le trottoir. « Attention camarade car celui qui ne court pas, vole. »
Comme dans un roman de Kafka l’ivrogne a tourné dans l’impasse.
À la fin de la chanson, on entend une phrase qui semble provenir d'un flash-info (ce qui ajoute du réalisme à la chanson), parfois oubliée dans la transcription des paroles :
« Dans la ville de New-York deux personnes ont été trouvées mortes. Ce matin, les corps sans vie de Pedro Barrios et Josefina Wilson ont été trouvés dans une des rues adjacentes à …, entre les avenues A et B. La cause de la mort n'est pas encore connue… »
On entend difficilement la fin de la phrase dans la version originale car le volume baisse progressivement, mais dans une version live Rubén Blades la prononce en entier.
La chanson Sorpresas (Pedro Navaja II) poursuit l'histoire :
L'ivrogne s'arrête de chanter; un voleur surgit d'une allée, pointe sur lui un Magnum et il lui dit : - "Donne moi tout ou je tire" -
L'ivrogne, tremblant, lui livre ce qu'il vient de trouver et le voleur étonné lui demande où il a trouvé cela.
Informé par l'ivrogne, à trois blocs au nord le voleur trouve les corps d'une femme et d'un homme en manteau, allongés sur la chaussée en position fœtale.
Il secoue la femme du pied, pour voir si elle réagit ; il se penche et la fouille, sans rien trouver.
Il se penche alors vers l'homme en manteau, et reconnait Pedro Navaja grâce à sa dent en or.
Soudain un poignard le transperce et il meurt en voyant un miracle se produire : la bouche de Pedro Navaja s'ouvre et sa dent brille de nouveau.
Pedro Navaja prend sa carte d'identité et la met dans la poche arrière du pantalon du voleur pour embrouiller les recherches.
Blessé par balle, il prend son autre poignard (il en a toujours deux sur lui).
Josefina était un type déguisé en femme, sachant qui il devait assassiner.
Pedro se soigne avec de l'eau-de-vie et extrait la balle rien qu'avec les dents.
"Mesdames et messieurs, flash-info : Dernières nouvelles, ceci est incroyable !
On a déterminé par une analyse dactylographique que le corps de la personne que l'on croyait être celui de Pedro Barrios, mieux connu comme “Pedro Navaja” est en réalité celui de d'un autre délinquant identifié comme Alberto Aguacate alias “El Salao” ;
D'autre part, Josefina Wilson s'est révélée être un homme, qui pour des raisons encore non déterminées s'habillait avec des vêtements de femme.
Nous continuerons à vous informer, s'il vous plait, restez branchés sur notre station."
Les paroles de Juan Cuchillo de José Fajardo disent : Escóndete Pedro Navaja que Juan Cuchillo te anda buscando (Cache-toi Pedro Navaja car Juan Cuchillo est parti te chercher)
Les paroles de Juanito Alimaña d'Héctor Lavoe disent : Vengo de un velorio, brother, el de Pedrito Navaja (Je reviens d'un enterrement mon frère, celui de Pedrito Navaja). Juanito Alimaña est un truand qui attaque une banque avec un couteau.
Les paroles de La Calle Está Dura par The Bad Street Boys disent Pedrito Navaja por la calle lo vi pasar.
Les paroles de Qué cosas tiene la vida de Pupy y los que Son, Son (le groupe de Cesar Pedroso, pianiste de Los Van Van) disent La vida te da sorpresas, sorpresas te da la vida (paroles du refrain de Pedro Navaja). Los Van Van chantent ce même refrain sur Vive (2004). Les paroles de Desengaños de la vida d'Alma Latina disent (après le solo de piano) : Sorpresas te da la vida.... Même chose pour No me molestes mas du groupe de salsa bordelais Bataola (vers la fin, 2 min 56) et Bye Bye de La 33. Même référence encore par Azucar Negra sur Se acabo el pescao.
La Familia RústiKa chante à la fin de Dani Navaja : La vida le da sorpresas, sorpresas le da la vida.
Dans la chanson Latin Lover du groupe rock Malanga, Ruben Blades est invité pour un rap sur lequel il dit "Lleva un diente de oro que brilla en la oscuridad al estilo Pedro Navaja, porque Pedro Navaja sí es un verdadero latin love."
Bernard Lavilliers s'est inspiré de Mack the Knife et de Pedro Navaja pour sa chanson Pierrot la lame (album O gringo, 1980) et, plus tard, pour son autre chanson Cafard produite par Oscar Hernández (2010).
La chanson Pedro Navaja a inspiré les blockbustersmexicainsPedro Navaja, réalisé en 1984 par Ramón Obón avec Andrés García dans le rôle principal[4], et El Hijo de Pedro Navaja (« Le fils de Pedro Navaja »), réalisé en 1986 par Alfonso Rosas Priego[5],[6].
La Verdadera Historia de Pedro Navaja (« La véritable histoire de Pedro Navaja ») de Pablo Cabrera (Porto Rico) ; musique de Pedro Rivera Toledo, avec Gilberto Santa Rosa dans le rôle de Pedro Navaja, Elvis Crespo, Yolandita Monge, Tego Calderón et Gisselle.
Pedro Navaja, présentée au théâtre ABA à Panamá ; texte d'Edgar Soberon Torchia, basé sur Pedro Navaja de Rubén Blades, Opera do malandro de Chico Buarque et L'Opéra des gueux de John Gay.
Sous la direction d'Edgar Soberon Torchia. Produit par Aurea Horta. Chorégraphie de Fabian Baeza. Distribution : Fabian Baeza, Aurea Horta, Jeico Castro, Priscila Moreno, Felix Gomez, Carlos Serrano, Lucia Moreno, Samuel Ibarra, Idania Ceville, Leda Ovalle, Jade Vasquez, Denis Guerra.
Début 2006, Buena Vista-Miami (filiale de Disney) a annoncé vouloir adapter l'histoire à notre époque, sous forme d'une mini-série télévisée (5 épisodes de 20 minutes à 1 heure) qui raconte les vies parallèles de Pedro Navaja et de Josefina Wilson, une Barcelonaise qui voyage à New York.
Jairo a interprété une adaptation française écrite pour lui par Jean Guidoni, intitulée La Bronx's Story de Pedro Navaja, et créée au Bataclan de Paris en (album Jairo Live Bataclan publié en 1988) ; la version studio figure dans le CD Flechas de neón (1990).
Makinavaja, série de bande dessinée inspirée de Mack the Knife publiée dans le journal espagnol El Jueves dont le nom provient de Mackie el Navaja, adaptation en espagnol de la chanson Mack the Knife, popularisée par le chanteur José Guardiola.