Organisation | NASA |
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Constructeur | Astrobotic Technology |
Programme | CLPS |
Domaine | Étude de la surface de la Lune et de son exosphère |
Statut | Achevée (échec) |
Lancement | 8 janvier 2024 |
Lanceur | Vulcan |
Fin de mission | 18 janvier 2024 |
Durée | 1 journée lunaire (14 jours) |
Identifiant COSPAR | 2024-006A |
Site | Site NASA |
Masse au lancement | 1283 kg |
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Orbite | Orbite lunaire basse |
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LETS | Mesure du rayonnement |
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NIRVSS | Spectromètre |
NSS | Spectromètre |
PITMS | Spectromètre |
Peregrine Mission One est une mission spatiale robotique à destination de la surface de la Lune qui emporte plusieurs instruments scientifiques ainsi que des charges utiles commerciales. C'est la première mission du programme CLPS de la NASA, dont l'objectif est d'approfondir la connaissance de la Lune pour préparer les séjours à sa surface des équipages des missions Artemis. Peregrine Mission One repose sur un atterrisseur léger baptisé Peregrine de la société Astrobotic Technology, capable de déposer environ 100 kilogrammes de charge utile à la surface de la Lune et de fonctionner durant 14 jours terrestres (une journée lunaire) une fois arrivé à destination.
L'engin spatial est lancé le par la fusée Vulcan, qui effectue son vol inaugural. Il emporte une vingtaine d'expériences dont quatre spectromètres fournis par la NASA. Mais dès le début de la mission, une fuite d'ergols, provoquée par une rupture d'un réservoir, rend impossible tout atterrissage sur la Lune. La trajectoire de l'engin spatial est volontairement modifiée de manière qu'il se désintègre durant sa rentrée dans l'atmosphère terrestre. Celle-ci se produit le . Cet échec a des répercussions sur le calendrier de lancement des missions suivantes d'Astrobotic, en particulier sur celui de l'astromobile VIPER, une mission ambitieuse et coûteuse développée par la NASA et qui était programmée pour fin 2024.
Dans le cadre de son programme Artemis, qui a pour objectif le retour des hommes sur la Lune vers 2026, l'agence spatiale américaine, la NASA, décide en 2018 de confier à des sociétés privées la dépose à la surface de la Lune d'instruments scientifiques et d'engins robotiques. Ceux-ci sont destinés à mener des investigations qui doivent compléter les études scientifiques menées à la surface de la Lune par les astronautes et doivent contribuer à développer les capacités des futures missions lunaires, en évaluant par exemple les ressources en glace d'eau. Celles-ci pourraient permettre à terme de produire des ergols pour les fusées se posant à la surface de la Lune ainsi que de l'oxygène et de l'eau pour les équipages[1].
Pour remplir cet objectif, la NASA met sur pied le programme CLPS. À la suite d'une série d'appels d'offres, quatre sociétés, dont Astrobotic Technology, sont sélectionnées pour transporter des charges utiles à la surface de la Lune. Le cahier des charges de la NASA ne fournit aucune contrainte relative à l'architecture et se contente de définir la masse et la nature des charges utiles qui devront être transportées. Les sociétés sélectionnées sont de nouveaux entrants dans le domaine et ont une expérience limitée dans le développement d'atterrisseur. Mais la NASA accepte la majoration du risque par rapport à une approche plus conventionnelle faisant appel aux poids-lourds du secteur spatial car elle estime que cette démarche permettra d'atteindre les objectifs à un coût au final sensiblement réduit. La philosophie du programme CLPS est similaire à celle des programmes COTS et CCDev, que l'agence spatiale a mis sur pied pour le ravitaillement et la relève des équipages de la Station spatiale internationale[1],[2].
La première mission du programme CLPS, baptisée Peregrine Mission One, a été confiée par la NASA à la société Astrobotic Technology en pour un montant qui est à l'origine de 79,5 millions US$. Elle doit transporter une vingtaine de charges utiles distinctes dont quatre instruments fournis par la NASA[3].
L'atterrisseur utilisé pour la mission, baptisé Peregrine, est un petit engin spatial de 1,3 tonne développé par Astrobotic pour répondre à l'appel d'offres de la NASA. Il est disponible dans deux configurations selon qu'il se pose aux latitudes lunaires moyennes ou polaires. Il peut déposer une charge utile de 100 kg à la surface de Lune. Sa durée de vie est d'une journée lunaire (14 jours terrestres) car il n'est pas conçu pour survivre à la nuit lunaire. Sa propulsion principale comprend cinq moteurs-fusées (poussée unitaire 667 newtons) qui sont utilisés pour l'insertion en orbite lunaire et pour l'atterrissage à la surface de la Lune. Pour l'atterrissage à la surface de la Lune, Peregrine emporte un équipement expérimental, baptisé OPAL, développé en coopération avec des établissements de la NASA (Lyndon Johnson et JPL) qui comprend une caméra et un processeur puissant. Celui-ci dirige l'atterrissage en comparant les images prises et celles stockées en mémoire. Les communications avec la Terre sont assurées en bande X à travers une antenne à moyen gain et plusieurs antennes à bas gain[4].
Les objectifs de la mission Peregrine Mission One sont de déposer sur le sol lunaire une vingtaine de charges utiles, dont 14 sont fournies par la NASA[5] .
Les charges utiles de la NASA sont :
Les autres instruments sont fournis par des centres de recherches de différents pays :
L'atterrisseur emporte également différents témoignages qui seront immortalisés à la surface de la Lune :
La NASA a annoncé en février 2023 que l'atterrisseur se poserait à la surface de la Lune dans une région située près des dômes de Gruithuisen au nord-est de l'Océan des Tempêtes. Les données recueillies sur ce site permettront ainsi de compléter celles fournies par la suite instrumentale Lunar-VISE qui doit être déposée dans la même région par un vol CLPS programmé plus tard[6].
La mission Peregrine Mission One est lancée le 8 janvier 2024 dès l'ouverture de la fenêtre de lancement[7]. L'atterrisseur est placé en orbite par une fusée Vulcan Centaur dont c'est le vol inaugural. Celle-ci qui décolle complexe de lancement 41 de la base de Cap Canaveral en Floride[8] à 7 h 18 min 38 s (UTC)[9]. Le lanceur injecte Peregrine sur une orbite haute de 490 × 383 000 kilomètres qui, après une première révolution complète sur cette orbite, doit la faire passer derrière la Lune (inclinaison orbitale 30,1°). Arrivée à proximité de celle-ci, la sonde spatiale doit s'insérer en orbite lunaire et la réduire progressivement. Il est prévu que l'atterrissage ait lieu le [9],[10].
Sept heures après son lancement, une anomalie de fonctionnement est détectée. La sonde spatiale ne parvient pas à orienter ses panneaux solaires vers le Soleil, ce qui épuise rapidement l'énergie contenue dans ses batteries[11],[12].
L'origine du problème est une fuite continue d'ergols provoquée par le dysfonctionnement d'une vanne située sur la conduite reliant le réservoir d'hélium et les réservoirs d'ergols. Alors que la sonde spatiale entamait son périple dans l'espace, la vanne placée sur la conduite amenant l'hélium stocké sous très haute pression a été ouverte pour mettre sous pression les ergols. Mais cette vanne ne s'est pas refermée lorsque la pression a atteint la valeur prévue dans le réservoir d'ergols. La pression a continué d'augmenter, entrainant semble-t-il (cette hypothèse doit être confirmée par les investigations menées au cours des mois suivants) une fuite dans le réservoir contenant le tétraoxyde de diazote. L'éjection continue des ergols ainsi libérés a déstabilisé la sonde spatiale. Pour contrer cette force qui entrainait une mauvaise orientation des panneaux solaires, la sonde spatiale a dû utiliser de manière continue ses petits propulseurs ISE-5 mais cette action a entrainé une consommation d'ergols qui devait conduire à leur épuisement dans un délai de 40 heures. Plusieurs heures après la survenue de cet incident, les contrôleurs au sol d'Astrobotic parviennent à stabiliser l'orientation de la sonde spatiale avec une consommation minime de carburant, mais elle ne dispose désormais plus de suffisamment d'ergols pour se poser sur la Lune et donc pour remplir sa mission[13],[14],[10].
La sonde spatiale ne pouvant plus mener à bien la mission prévue, les responsables du projet chez Astrobotic étudient plusieurs scénarios avec la NASA : insertion en orbite lunaire, insertion en orbite solaire ou destruction après une rentrée dans l'atmosphère terrestre. L'insertion en orbite lunaire n'est pas envisageable car Peregrine ne dispose pas d'une quantité d'ergols suffisante. Par ailleurs à terme, cette orbite risque de s'achever par l'écrasement de la sonde spatiale à la surface de la Lune, ce que la NASA préfère désormais éviter car la pollution générée peut contribuer à fausser les résultats des études scientifiques de cet astre. La deuxième option est également écartée pour cette dernière raison. Astrobotic opte finalement pour la destruction de la sonde dans l'atmosphère terrestre. Lorsque Peregrine atteint l'apogée de son orbite le la mise à feu d'un des cinq moteurs-fusées principaux ISE-100 de 667 Newtons de poussée est commandée pendant 200 millisecondes pour ramener la sonde spatiale vers la Terre. Durant le trajet de retour, le moteur est rallumé à 23 reprises pour de petites corrections de trajectoire[10].
La sonde spatiale est finalement détruite en pénétrant dans l'atmosphère terrestre le au-dessus de la partie méridionale de l'Océan Pacifique à quelques centaines de kilomètres de la Nouvelle-Calédonie[15].
Une commission d'enquête formée à la suite de cet échec par Astrobotic doit confirmer l'hypothèse selon laquelle la défaillance d'une vanne est à l'origine de la fuite d'ergols. Elle doit définir les modifications qui seront apportées à l'atterrisseur Peregrine pour empêcher que cet incident se reproduise. Cette commission doit également décider si ces modifications seront appliquées à l'atterrisseur Griffin. Cette version plus puissante de Peregrine, également développée par Astrobotic, est chargée de transporter à la surface de la Lune en novembre 2024 l'astromobile VIPER développée par la NASA. L'enjeu financier de cette mission est beaucoup plus important (cout de développement de 430 millions US$)[15],[10].
Avant même le lancement de Peregrine Mission One, la NASA avait décidé de réduire le nombre d'instruments confiés à celle-ci car elle avait exprimé des réserves sur la capacité du système de propulsion développé par la société Dynetics. Le risque découlant du concept retenu pour le programme CLPS rend l'échec de cette mission acceptable mais le programme pourrait être remis en question si, au cours des missions suivantes, le taux d'échec reste trop élevé[10].