Les premiers véritables programmes virent le jour dans les années 1950, avec le développement des ordinateurs. Ils passèrent en un demi-siècle de la connaissance des règles à un niveau au moins égal à celui des meilleurs joueurs humains.
Le premier programme d'échecs, Turochamp, fut écrit par Alan Turing en . Ne disposant pas d'un ordinateur assez puissant pour le faire tourner, il simule lui-même les calculs de la machine, mettant environ une demi-heure pour effectuer chaque coup. Une partie fut enregistrée, où le programme perdit contre Alick Glennie, un collègue de Turing.
En 1948, le livre Cybernétique de Norbert Wiener décrit comment un programme d'échecs peut être développé en utilisant une profondeur minimale de recherche avec une fonction d'évaluation.
En 1958, après Turochamp, les premiers programmes capables de jouer une partie complète voient le jour, le premier par Alex Bernstein et l'autre par des programmeurs russes sur mainframeBESM.
En 1962, le premier programme avec un jeu crédible, Kotok-McCarthy est publié au MIT.
En 1966-1967, le premier match entre programmes d'échecs voit le jour. Le programme Kaissa de l'Institut de physique théorique et expérimentale de Moscou triomphe de Kotok-McCarthy de l'université Stanford. Les coups étaient échangés par télégraphe et le match a duré 9 mois.
En 1967, Max Hack 6 de Richard Greenblatt utilise des tables de transposition pour la première fois et devient le premier programme à gagner contre une personne en tournoi.
En 1977, le premier jeu d'échecs électronique, Chess Challenger, est commercialisé. Chess 4.6 devient le premier ordinateur d'échecs à remporter un tournoi d'échecs majeur. Ben Mittman[4] cofonde l'International Computer Chess Association (ICCA). Également cette année, Applied Concepts commercialise Boris, un ordinateur dédié aux échecs dans une boîte en bois avec des pièces d’échecs en plastique et une planche pliante.
En 1978, Belle, un ordinateur spécialisé construit par Ken Thompson atteint le niveau de maître,
En 1985, HiTech réalise une performance Elo de 2530, c'est le premier programme à atteindre le classement de 2400 (niveau d'un maître international) ; en 1988 il remporte le championnat de l'État de Pennsylvanie après avoir battu le maître international Ed Formanek (2485). Il bat également le grand maître international Arnold Denker en match (3,5-2,5)[5].
En 1989, Deep Thought est facilement battu en match 2-0 par Garry Kasparov.
En 1994, Fritz 3, tournant sur un ordinateur avec un monoprocesseurPentium à 90 MHz, gagne une partie de blitz contre le champion du monde de l'époque, Garry Kasparov et ils terminent ex æquo. Kasparov prend sa revanche dans les départages : 4-1[8]. Cette même année, lors du premier tour du Grand Prix Intel à Londres, Chess Genius bat Garry Kasparov[9] en partie semi-rapide (1,5-0,5) avec un Pentium 100 MHz.
En 1997, Deep Blue bat Garry Kasparov. (2 victoires, 3 nulles et 1 défaite). Cependant Kasparov ternit l'image de son adversaire en accusant l'équipe d'IBM d'avoir triché en faisant intervenir un humain dans les choix des coups de Deep Blue, surtout à la deuxième partie et à la sixième partie, qui se sont achevées par des victoires de Deep Blue[10].
L'utilisation des supercalculateurs dans le cadre des échecs avait deux buts principaux : battre les meilleurs joueurs d'échecs humains, mais surtout créer une vitrine technologique pour les constructeurs de matériel informatiques.
Quelques supercalculateurs dédiés au jeu d'échecs :
Au même titre que le micro-ordinateur pour les premiers ordinateurs, les jeux d'échecs électroniques sont une évolution naturelle des supercalculateurs dédiés au jeu d'échecs vers un format commercialisable. Ils bénéficient des avancées technologiques de miniaturisation des composants[15], mais également des avancées théoriques dans le domaine de l'algorithmique[16]. Ils ne deviennent réellement performants qu'à partir du milieu des années 1980.
Depuis les années 1990, la puissance croissante des ordinateurs personnels a relégué l'utilisation des supercalculateurs et des jeux électroniques au second plan. Depuis, les recherches portent plus sur le développement de logiciels performants que sur les machines utilisées.
Ces anciens programmes d'échecs des années 1970 à 1990 ont été conçus pour fonctionner dans l'environnement MS-DOS, mais peuvent toujours être lancées actuellement (2019) sur la version 64 bit de Windows 10 grâce aux émulateurs tels que DOSBox ou Qemu[18] :
Microchess était le premier jeu commercial pour un ordinateur personnel, développé d'abord pour le KIM-1 et plus tard pour le Commodore PET, l'Apple II, le TRS-80 et autres. Le grand maître Bobby Fischer a joué contre MicroChess[19].
Mac Hack a été le premier programme d'échecs à se voir attribuer un classement Elo et le premier à gagner contre une personne en tournoi.
De nombreux programmes ont également vu le jour pour vérifier la correction d'un problème d'échecs. Ce type de programme est très spécifique, car contrairement à un programme de partie, il se doit d'analyser la totalité des coups possibles, puisqu'un problème qui aurait d'autres solutions que celles voulues par l'auteur serait démoli.
Lorsqu'un problème a été vérifié par ordinateur, cela est mentionné sous le diagramme du problème par le symbole « C+ » (C pour le mot anglais Computer).
Avec le développement de moteurs d'échecs performants, la séparation entre l'interface graphique de jeu (fenêtre, boutons et menus, présentation du plateau de jeu) et le moteur de jeu s'est faite naturellement.
Il existe différents serveurs web dédiés entièrement, ou en partie, au jeu d'échecs entre joueurs. Ils peuvent disposer de nombreux outils : jeu en direct ou en différé (parties par correspondance), classement des joueurs, différentes variantes de jeu (Chess960, Bughouse, Atomic, etc.), tournois, leçons pour débutants, etc. :
En 1977, lors du 2echampionnat du monde d'échecs des ordinateurs, l'ordinateur d'échecs Kaissa donna soudainement une tour sans raison apparente à son adversaire Duchess, et perdit logiquement la partie. Mais, lors de l'analyse post-mortem de la partie (analyse détaillée), on constata que ce coup était en fait le seul qui parait un mat forcé.
↑(en) Dylan Loeb McClain, « Yes, All Players Make Blunders, but Kramnik’s Was Colossal », The New York Times, (ISSN0362-4331, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Chidanand Rajghatta, « Return of the King: Viswanathan Anand », The Times of India, (ISSN0971-8257, lire en ligne, consulté le )
↑La grande majorité des jeux d'échecs électroniques utilisent des composants RISC, qu'on retrouve également dans les PowerPC et les machines spécialisées.
↑intégration de l'algorithme MinMax, utilisation des bibliothèques d'ouverture, etc.