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Robert Duncan (Edward Howard Duncan) est le fils de Edward Howard Duncan, un ouvrier agricole journalier et de Marguerite Pearl Carpenter. Sa mère décède lors de son accouchement. Son père, ne pouvant subvenir à son éducation, le fait adopter en août 1919 par une famille de théosophes : Edwin Joseph Symmes, architecte, et Minnehaha Harris [1]. C'est ainsi qu'il prend le nom de Robert Edward Symmes, et ce n'est qu'en 1941 qu'il se fait nommer Robert Duncan[2],[3],[4],[5],[6],.
À l'âge de trois ans, il glisse sur la neige, dans la chute, ses lunettes se brisent, un morceau de verre blesse un de ses yeux, entraînant un strabisme.
Il grandit dans un environnement empreint de spiritualité syncrétique, de spiritisme, d'occultisme, d'hermétisme, d'ésotérisme, d'astrologie. Ainsi ses parents adoptifs, après avoir fait son thème astrologique, lui disent qu'il est un descendant d'Atlante. Cette atmosphère le familiarise à une pensée utilisant la symbolique, l'analogie, la polysémie, etc., qui détermineront son style.
En 1936, après ses études secondairesn il est admis à l'université de Californie à Berkeley. Pendant cette période, il écrit ses premiers poèmes, forge ses opinions de gauche et acquiert une réputation de bohème.
En 1938, il entre au Black Mountain College, mais n'y reste pas longtemps du fait d'un conflit avec le corps enseignant au sujet de la Guerre d'Espagne. Il passe deux ans à Philadelphie puis s'installe à Woodstock, où il travaille pour le magazine The Phoenix. Il y rencontre Henry Miller et Anaïs Nin, tous deux le soutiendront dans son travail de poète. C'est aussi à l'université de Californie à Berkeley qu'il forge ses premières idées politiques, il fréquente des cercles trotskystes violemment anti-staliniens. Des étudiantes comme Lilli et Mary Fabilli[7], Pauline Kael, Virginia Admiral[8], Cecily Kramer le soutiendront pour qu'il s'engage dans sa vocation poétique[9].
À Philadelphie, Robert Duncan entretient une relation amoureuse avec Ned Fahs[10], un Assistant de l'Université de Berkeley, relation qui s’achèvera en 1940.
En 1941, alors qu'il fait ses classes au centre d’entraînement militaire de San Antonio, il affirme publiquement son homosexualité[11] ce qui déclenche son renvoi de l'armée.
En 1943, lassé par ses relations homosexuelles instables, il espère nouer une relation amoureuse stable avec une femme, c'est ainsi qu'il se marie avec Marjorie McKee, mariage qui ne tient pas, après quelques mois, ils divorcent. Déçu par sa vie amoureuse, il connait une période de cynisme qui le conduit à être gigolo en Floride.
Il publie en 1944, dans le magazine Politics, un essai intitulé The Homosexual in Society. Dans cet article, Robert Duncan identifie la détresse des homosexuels avec celle des Afro-américains et des Juifs dans la société contemporaine et dénonçait non seulement les persécuteurs mais aussi le culte de la supériorité homosexuelle qui rejetait le monde hétérosexuel qui régnait dans certains cénacles. Pour lui, la rédemption sociale réside dans l'inclusion et l'amour.
Parallèlement, ses poèmes sont un approfondissement de son expérience personnelle de la marginalisation, de la stigmatisation, de la ségrégation. De cette expérience il en tire un rejet du "christianisme mort", une dénonciation radicale des préjugés contre les minorités, un plaidoyer pour la liberté sexuelle et la tolérance, enfin une critique sociale de l'exploitation des classes ouvrières.
Robert Duncan, refuse d'être un antihéros ou un rebelle social, il recherche par l'expérience et l'expression poétique de favoriser l'inclusion des différents mondes, des différentes manières de vivre. C'est ainsi que Duncan rejette l'idée d'une poésie pour des élites, pour lui préférer une poésie comme lieu de compassion, d'empathie, de dialogue, de fraternité humaine.
Après la publication de son premier livre, Heavenly City Earthly City, en 1947). Il prend plaisir à jouer le rôle de médium pour faire émerger une littérature fondée sur la symbolique, l'occultisme, le polythéisme et la diversité sexuelle, il pratique son rôle de médium dans des salons sensibilisés aussi bien à la théosophie qu'au dadaïsme et au surréalisme. ce rôle n'est pas pour lui qu'un jeu, c'est aussi la recherche de fondements ultimes de l’expérience humaine et de son expression rejoignant en cela les archétypes de C.G. Jung, comme il l'expose dans son essai : The Truth & Life of Myth: An Essay in Essential Autobiography publié en 1973..L'un des exemples de cette poésie extatique de Duncan est The Venice Poem publié en 1948, et réédité en 1975, il s'agit d'un immense poème illustrant la peinture du Douanier Rousseau peignant ses rêves et les images et mots que suscitent en lui la Symphonie en trois mouvements d'Igor Stravinsky, collage de sources sonores et picturales pour former un ensemble visionnaire.
Les années 1960 sont les temps de la reconnaissance nationale, c'est ainsi qu'il est le lauréat de nombreux prix : le prix Harriet Monroe (1961), une bourse Guggenheim (1963), le prix Levinson de la revue Poetry (1964) et trois bourses d'écriture du National Endowment for the Arts. En 1985, il a reçu le National Poetry Award. Les trois livres qui retiennent la critique sont : The Opening of the Field (1960), Roots and Branches (1964), et Bending the Bow (1968).
Politiquement, il était anarchiste de gauche, affranchi des dogmes de la gauche institutionnelle américaine et ne se privant pas d'en faire des critiques acerbes, il est proche d'autres écrivains anarchistes tels que Willian Everson[15] et Philip Lamantia et du syndicat dit des woblies. En 1968, il signera, avec d'autres poètes un manifeste contre la politique du gouvernement des Etats-Unis : "Poet Power"[16].
Writing A Composition Book Stein Imitations (1964),
The Poetry Center, San Francisco State College, presents Charles Olson, Thursday, February 21, 1957, San Francisco Museum of Art, éd. San Francisco State College, 1957,
Fictive Certainties: Essays, éd. New Directions, 1979,
Scales of the Marvelous, éd. New Directions, 1979,
Beyond Poetry, éd. Brooklyn & Caringbah, 1974,
The Truth & Life of Myth: An Essay in Essential Autobiography, éd. Sumac Press, 1973,
Play Time Pseudo Stein: From the Laboratory Records Notebook 1953, éd. S. N. Tenth Muse, 1969,
As Testimony: The Poem & The Scene, éd. White Rabbit, 1966,
The sweetness and greatness of Dante's Divine comedy, 1265-1965;: Lecture given October 27th, 1965, at the Dominican College of San Rafael, éd. Open Space, 1965,
Randall Jarrell ... Descriptive criticism, éd. San Francisco State College, 1956,
Upon hearing Leonard Wolf's poem on a madhouse, January 13, 1947, éd. Bancroft Library Press, 1991,
The homosexual in society, éd. Politics Publisher. Co, 1944.
La poésie de Robert Duncan possède plusieurs racines : John Milton, Charles Baudelaire, William Blake, James Joyce, Ezra Pound, Virginia Woolf, Gertrude Stein, Walt Whitman,Charles Olson, Gerard Manley Hopkins, Laura Riding, les mythes antiques (grecs, égyptiens, sumériens, indiens), les gnosesnéoplatoniciennes et perses, le Zohar, Dante, les poètes élisabéthains, mais aussi des philosophes et psychologues comme Mortimer Adler, C.G. Jung, Abraham Maslow, Wolfgang Köhler, Jean Piaget, Alfred North Whitehead, etc. Il utilise la méthode du surréalisme pour faire surgir du fond de son expérience la plus intime des images, des sons, des analogies pour ensuite les traiter de façon rigoureuse, chaque mot, expression est travaillé : analogies, métaphores, association pour former poèmes et prose poétique. Chaque mot, expression sont fouillés pour faire éclater leurs polysémies, leurs capacités à pouvoir signifier. Se démarquant du formalisme post-moderniste il remet la poésie à ce qu'il estime être son usage primitif : la parole, la déclamation, l'expression des affects. Il est probablement inclassable car son œuvre relève à la fois du lyrisme romantique de Victor Hugo, du symbolisme de Mallarmé et du surréalisme d'André Breton et tout cela sur fond d'exégèse juive et de mythologie païenne[22],[23].
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Lectures et interviews audio-phoniques et audiovisuels
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