Rosario Weiss, née le et morte le , est une peintre et graveuse espagnole surtout connue pour ses portraits. Elle est la filleule de Francisco de Goya et vit avec lui pendant ses dernières années, en compagnie de sa mère, qui est la femme de chambre du peintre[1]. Plus de soixante-dix dessins conservés à l'Hispanic Society of America, autrefois attribués à Goya, sont en réalité les siens, comme l'a démontré en 1956 l'historien de l'art José Lopez-Rey[2].
Née à Madrid le , María del Rosario Weiss Zorrilla est officiellement la fille de Leocadia Zorrilla(es) (1788-1856) et d'Isidore Weiss (1785-1850), un bijoutier juif allemand dont la famille vit à Madrid[3]. Il est possible qu'elle soit en réalité la fille de Francisco de Goya (dès 1811, Isidore Weiss avait accusé son épouse de « conduite illicite » ; à partir de 1817, Leocadia devient la gouvernante de Goya et vit auprès de lui)[4].
C'est avec Goya que Rosario apprend le dessin et l'écriture, dès l'âge de sept ans[5].
En 1824, Goya et sa mère s'exilent à Bordeaux. Rosario les accompagne et y demeure jusqu'en 1833[6]. Elle réside d'abord avec eux au numéro 10 de la Croix Blanche[7], puis au troisième étage de l'immeuble situé au 39 des Fossés de l'Intendance (aujourd'hui 57 cours de l'Intendance à Bordeaux, dans les locaux de l'actuel Institut Cervantès)[8].
L'année de son arrivée à Bordeaux, Goya continue de s'occuper de sa formation artistique[9], mais dès 1825, elle s'inscrit aux cours gratuits de dessins et peinture de Pierre Lacour le jeune[10]. Son nouveau maître l'initie à la technique de la lithographie[11] : on connaît d'elle dix-huit estampes exécutées pendant sa période bordelaise, seize reproduisant les œuvres d'autres artistes, deux étant des créations personnelles[12].
Après la mort de Goya en 1828, Rosario et sa mère s'installent au numéro 65 de la rue du Palais Gallien[13].
En 1833, profitant de l'amnistie en faveur des opposants au roi Ferdinand VII, Rosario et sa mère reviennent à Madrid[14]. Sur place, Rosario subvient aux besoins de sa famille en réalisant des copies des vieux maîtres au Musée du Prado[15].
Dès 1837, elle participe aux expositions annuelles du nouveau Liceo Artístico y Literario(es), berceau du mouvement romantique madrilène[17].
En 1840, elle est reçue comme membre de l'Académie Saint-Ferdinand[18].
En 1841, sa peinture allégorique intitulée Le Silence est récompensée d'une médaille d'argent par la Société Philomathique de Bordeaux[19]. Ce tableau, renommé depuis Une Sylphide et considéré comme un autoportrait, est aujourd'hui conservé au musée des Beaux-Arts de Bordeaux (Inv. Bx E 363)[20].
Rosario Weiss fournit par ailleurs des lithographies pour illustrer des éditions[21], notamment le Compendio de la Historia de España desde Ataúlfo hasta nuestros días de C.-M. Nocedal et la Isla de Cuba pintoresca de José Maria de Andueza[22].
La même année, elle est nommée professeur de dessin des princesses Isabelle et Louise-Fernande, recevant un salaire de 8 000 réaux[2].
Elle meurt subitement en 1843, à l'âge de 28 ans. Selon le rapport du médecin royal, son décès serait dû à une réaction aiguë au stress[2] subie après la violente manifestation survenue le lendemain de la chute d'Espartero, dont elle est témoin alors qu'elle quitte le Palais Royal. Cependant, la nécrologie de la Gaceta de Madrid indique qu'elle est morte d'une infection intestinale (probablement le choléra)[14].
↑Alvarez Lopera, La mujer en el arte español : La carrera de Rosario Weiss en España. A la busqueda de un perfil, Ed. Alpuerto, (ISBN978-84-381-0291-6), p. 309-324.
↑ abc et d(es) Natacha Seseña, Goya y las mujeres, Taurus, 2005 (ISBN84-306-0507-X).
↑(es) Carlos Biblioteca nacional, Museo Lázaro Galdiano et Centro de Estudios Europa Hispanica, Dibujos de Rosario Weiss, 1814-1843: catálogo razonado, BNE, Biblioteca nacional de España Museo Lázaro Galdiano CEEH, Centro de estudios Europa hispánica, (ISBN978-84-15245-74-2), p. 31.
↑(es) Jacques Fauque, Ramón Villanueva Etcheverria et Francisco José de Goya y Lucientes, Goya y Burdeos, 1824 - 1828, Ed. Oroel, (ISBN978-84-85921-01-0), p. 220.
↑Carlos Biblioteca nacional, Museo Lázaro Galdiano et Centro de Estudios Europa Hispanica, Dibujos de Rosario Weiss, 1814-1843: catálogo razonado, BNE, Biblioteca nacional de España Museo Lázaro Galdiano CEEH, Centro de estudios Europa hispánica, (ISBN978-84-15245-74-2), p. 36.
↑Carlos Biblioteca nacional, Museo Lázaro Galdiano et Centro de Estudios Europa Hispanica, Dibujos de Rosario Weiss, 1814-1843: catálogo razonado, BNE, Biblioteca nacional de España Museo Lázaro Galdiano CEEH, Centro de estudios Europa hispánica, (ISBN978-84-15245-74-2), p. 44.
↑Carlos Biblioteca nacional, Museo Lázaro Galdiano et Centro de Estudios Europa Hispanica, Dibujos de Rosario Weiss, 1814-1843: catálogo razonado, BNE, Biblioteca nacional de España Museo Lázaro Galdiano CEEH, Centro de estudios Europa hispánica, (ISBN978-84-15245-74-2), p. 45.
↑Jaime Esaín Escobar et Rosario Weiss, Rosario Weiss, la ahijada de Goya, Ed. Aqua, (ISBN978-84-96081-69-7), p. 105.
↑Matheron, Goya, Paris, Schulz et Thuillié, , p. 110.
↑Carlos Biblioteca nacional, Museo Lázaro Galdiano et Centro de Estudios Europa Hispanica, Dibujos de Rosario Weiss, 1814-1843: catálogo razonado, BNE, Biblioteca nacional de España Museo Lázaro Galdiano CEEH, Centro de estudios Europa hispánica, (ISBN978-84-15245-74-2), p. 48.
↑Jaime Esaín Escobar et Rosario Weiss, Rosario Weiss, la ahijada de Goya, Ed. Aqua, (ISBN978-84-96081-69-7), p. 97
↑Carlos Biblioteca nacional, Museo Lázaro Galdiano et Centro de Estudios Europa Hispanica, Dibujos de Rosario Weiss, 1814-1843: catálogo razonado, BNE, Biblioteca nacional de España Museo Lázaro Galdiano CEEH, Centro de estudios Europa hispánica, (ISBN978-84-15245-74-2), p. 51.
↑Carlos Biblioteca nacional, Museo Lázaro Galdiano et Centro de Estudios Europa Hispanica, Dibujos de Rosario Weiss, 1814-1843: catálogo razonado, BNE, Biblioteca nacional de España Museo Lázaro Galdiano CEEH, Centro de estudios Europa hispánica, (ISBN978-84-15245-74-2), p. 65.
↑Jaime Esaín Escobar et Rosario Weiss, Rosario Weiss, la ahijada de Goya, Ed. Aqua, (ISBN978-84-96081-69-7), p. 130
↑(es) Rascon Navarro, « Necrologia. Doña Rosario Weiss », Gaceta de Madrid, , p. 3-4.
↑Rosario Biblioteca Nacional de España et Carlos Sánchez Díez, Dibujos de Rosario Weiss (1814-1843): catálogo razonado, CEEH, Centro de Estudios Europa Hispánica, (ISBN978-84-15245-74-2), p. 69.
↑Esperanza Navarrete Martínez, La Academia de Bellas Artes de San Fernando y la pintura en la primera mitad del siglo XIX, Fundación Universitaria Española, coll. « Colección Tesis cum laude Serie A, Arte », (ISBN978-84-7392-432-0), p. 113.
↑Jacques Fauque, Ramón Villanueva Etcheverria et Francisco José de Goya y Lucientes, Goya y Burdeos, 1824 - 1828, Ed. Oroel, (ISBN978-84-85921-01-0), p. 224.
(es) José Álvarez Lopera, "La carrera de Rosario Weiss en España : a la búsqueda de un perfil". VIII Jornadas de arte : La mujer en el arte español, Madrid, Alpuerto, (ISBN84-381-0291-3), p. 315
(es) Manuel Álvarez Lopera, Rosario Weiss : Vida y obra, Fondation Lázaro Galdiano, 2003.
(es) Carlos Sánchez Díez, Dibujos de Rosario Weiss (1814-1843) : catálogo razonado, Madrid, Biblioteca nacional de Esapaña, , 419 p. (ISBN978-84-15245-74-2)
(es) Carlos Sánchez Díez, Dibujos de Rosario Weiss en la Colección Lázaro, Madrid, Museo Lázaro Galdiano, , 149 p. (ISBN978-84-608-4466-2, lire en ligne)