Selon la graphie et le dialecte occitan ou gascon, le titre s'orthographie Se Chanta (nord-occitan)[12], Se Canto (provençal, Graphie mistralienne), ou Se Canti (béarnais). En Béarn, pays d'origine de Gaston Fébus, l'appellation Aqueras Montanhas est davantage utilisée[13]. D'autres appellations locales sont A la font de Nimes dans la région de Nîmes, ou Montanhes Araneses dans le val d'Aran.
Le Se Canta est repris d'un bout à l'autre de l'Occitanie[14], avec des variations dialectales et même des variations dans les paroles[15],[16],[17]. Les différentes versions du Se Canta reprennent les mêmes thèmes et figures : les hautes montagnes, obstacle à la réalisation amoureuse, le rossignol servant d'intermédiaire entre les deux amants et enfin, la relation amoureuse impossible. Des versions locales font cependant référence à la ville de Nîmes, A la font de Nimes[18] ou à un pré Al fond de la prada, sans que l'on ne sache à quelle époque ces versions ont vu le jour, ni leur origine exacte[19]. Pour de nombreux chercheurs et érudits, l'air de Gaston Fébus serait devenu tellement populaire qu'il aurait été repris et adapté localement, voire mélangé à d'autres chants populaires locaux.
Poète à ses heures, réputé pour son érudition, sa connaissance des divers dialectes occitans parlés à l'époque et son amour de la musique, Gaston Fébus aurait été délaissé par Agnès de Navarre, retournée en Navarre dans le royaume de son père de Philippe III, de l'autre côté des Pyrénées.
Gaston Fébus aurait alors rédigé Se Canti pour implorer sa belle de revenir auprès de lui. Cette hypothèse est communément admise, même si aucune preuve dans les écrits de l'époque ne nous permet de confirmer la paternité de Gaston Fébus sur cette chanson. D'autres versions voudraient que Gaston Fébus aurait écrit cette chanson, dans laquelle il souhaite voir les Pyrénées s'affaisser afin de laisser libre cours à ses amours. Une autre version serait qu' Agnès de Navarre aurait rejoint la Navarre, lassée des diverses infidélités de son époux. Enfin, une dernière version affirme qu'après avoir eu un héritier, Fébus se serait débarrassé d'elle en la renvoyant à la cour de Navarre ; à la suite de la mort accidentelle de l'héritier, sa belle refusant de lui revenir, il aurait écrit cette chanson.
Ainsi, nul ne connaît avec exactitude la version d'origine de la chanson, cette dernière s'étant transmise de manière orale au cours des siècles, sûrement adaptée selon les chanteurs et les époques[25].
Ce n'est qu'au XIXe siècle que la forme du Se Canta a été fixée par les collecteurs et folkloristes dans les diverses anthologies de chants qu'ils ont pu publier.
Différentes versions du Se Canta selon les dialectes et régions.
En France, il n'y a pas d'usage réglementé de ce chant, comme cela peut être le cas pour un hymne. Néanmoins, on l'utilise publiquement pour montrer son attachement à l'Occitanie, à la langue ou à une région occitane[27].
Le Se Canta a toutefois été déformé au début du XXe siècle pour devenir une chanson patriotique française dont les paroles ont été totalement changées[28].
Ce chant a de tout temps été un des emblèmes du Béarn, indépendamment de l'appellation retenue. En 1895, les concerts de la Lyre Paloise donnaient une dimension lyrique à ce chant[29].
Ainsi, le , le député béarnais Jean Lassalle le chante dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale pour protester contre l'abandon de sa région par les pouvoirs publics[30]. Le à Serres-Castet, François Bayrou, lors de sa déclaration à la candidature pour l'élection présidentielle, entonne le Aqueras Montanhas à la fin de son discours.
La version chantée par le groupe Nadau s'intitule Aqueras Montanhas[31].
Depuis 1993, la vallée occitanophone du Val d'Aran en Espagne a pour hymne national Montanhes Araneses, version adaptée en aranais de Sa canta. Alidé Sans a chanté l'hymne du Val d'Aran à l'acte officiel de la Diada de la Catalogne en 2013[32]. Cette prestation a été retransmise sur TV3, principale chaîne télévisuelle publique catalane.
Il est également populaire dans le Haut-Aragon (Espagne) avec le nom d'Aqueras montanyas ou Aqueras montañas, chanté en aragonais, et avec des paroles similaires. Il a été compilé par le groupe aragonais Biella Nuei et plus tard chanté, entre autres, par l'auteur-compositeur-interprète José Antonio Labordeta.
Dans le Massif central, son usage est également élevé dans les milieux occitanophones. La forme Se Canta languedocienne côtoie la version nord-occitaneSe Chanta dans tout le Massif central, tant en Auvergne[34] qu'en Limousin[35].
Le Se Chanta est très populaire dans les vallées occitanes du Piémont. On voit ainsi apparaître un usage protocolaire en Italie. En application de la loi 482-99 concernant les minorités linguistiques, de nombreuses communes des Vallées occitanes organisent une cérémonie autour de la pose du drapeau occitan sur les bâtiments officiels. Au cours de celle-ci, le Se chanta est chanté, ainsi que la cansoun de la Coupo. Cette cérémonie s'est déroulée pour la première fois en France, dans le village de Baratier, le . Lors des Jeux olympiques 2006 à Turin, la version vivaro-alpine fut chantée pendant la cérémonie d'ouverture, car de nombreuses épreuves se déroulaient dans les Vallées occitanes.
L'air de Se Canta est, toujours dans un parler nord-occitan, repris par l'Ardecha, chant traditionnel considéré comme hymne non officiel de l'Ardèche[36].
Cette chanson est omniprésente lors des matchs des clubs sportifs du Midi de la France. Le Se Canta est par exemple un des hymnes principaux des clubs de rugby occitans. C'est l'hymne officiel de celui montpelliérain Montpellier Hérault Rugby[37],[38],[39] mais également un de ceux du Stade Toulousain[40]. Dans la même ville, les supporteurs du Toulouse Football Club en ont fait leur hymne[41]. À partir de la saison 2010-2011, le chant est également diffusé et chanté à l'entrée des joueurs sur la pelouse, devenant ainsi le véritable hymne du club toulousain. Ainsi qu'en début de match par les supporteurs de l'ASBH de Béziers[42]. De même les joueurs de l'équipe d'Occitanie de football et les joueuses de l'équipe d'Occitanie féminine de football entonnent Se canta[43].
Il existe de nombreuses variantes de cette chanson.
Ci-dessous le texte occitan (compilé de différentes versions traditionnelles), sa version phonétique, sa traduction française et des variantes locales.
Le Se Canta est l'un des titres phares du groupe gascon-béarnais Nadau.
Se Canta est repris dans une version moderne par le chanteur occitan Charlou dans le groupe de musiques du monde Los Mond'oc, également par Georgine Brion.
La fameuse animatrice télévisée Dorothée l'a reprise et modifiée dans la série « Le jardin des chansons » dans l'émission RécréA2 -Discopuce.
Le chanteur Francis Cabrel en reprend la mélodie en 2015 dans son album In Extremis[46].
↑« Se Canta (chant) », sur occitanica.eu ; site officiel de la bibliothèque en ligne Occitanica : « Chanté sur la plupart des territoires d'Occitanie, le "Se Canta" s'affirme comme un hymne fédérateur occitan. Il comprend au moins une quinzaine de variantes, toutes différentes selon les localités où il est chanté ou a été recueilli. C'est cette appropriation, cette adaptation des paroles et de la mélodie mais aussi les thèmes universels qui le traversent qui font de ce chant un véritable hymne populaire sur l'ensemble du territoire occitan. ».
↑Albert et Agnès Vaurs, « Se Canta », sur occitan-aveyron.fr ; site officiel d'Occitan Aveyron.fr, Rodez : « Se canta est l’hymne des pays de langue d’oc. Bien que son véritable auteur soit inconnu, il est attribué à Gaston Phébus (1331-1391), comte de Foix et vicomte de Béarn. ».
↑(en) Nancy Washer, « Discography Of Occitan Recordings Released In 2016 », Tenso, Société Guilhem IX, vol. 33, , p. 257-268
« Le Se Canta (la chanson occitane la plus populaire) »
↑Carmen Alén Garabato, « Enseigner l'occitan / en occitan aujourd'hui : un parcours du combattant... », Ela. Études de linguistique appliquée, Paris, Klincksieck, vol. 143, , p. 265-280 (lire en ligne)
« Les gens d’ici auront bien sûr reconnu le « Se canta », qui est depuis un bon petit siècle l’hymne officieux de l’Occitanie en son sens large, depuis les vallées piémontaises en Italie jusqu’au Val d’Aran en Espagne, et un peu plus à l’ouest vers l’Aquitaine, et un peu plus au nord en grimpant dans le Massif central. »
↑« Pourquoi pas "Se Canto" comme hymne pour l'Occitanie ? », La Dépêche du Midi, (lire en ligne)
↑(fr + oc) Daniel Loddo, Cécile Richard, Se canta, que cante - recueil de chants occitans, La Talvera, , 248 p.
↑(fr + oc) Limotges en Oc, « Chanta e quo 'nirà mielhs / Chantez et ça ira mieux », Vivre à Limoges, Limoges, Mairie de Limoges, vol. 154, (lire en ligne)
↑Renat Sette, Jean-Yves Royer et Roger Bizot, Chansons : tradition orale en Haute-Provence. Cinquante-deux chansons recueillies auprès d'habitants du Luberon, de Lure et du pays de Forcalquier, Mane, Alpes de Lumière, 2001, 120 pages.
↑Véronique Ginouvès, « « Traditions orales en Haute Provence : Chansons » », Bulletin de liaison des adhérents de l'AFAS [En ligne], 27, printemps-été 2005, mis en ligne le 16 octobre 2005, consulté le 17 janvier 2017. (lire en ligne)
↑Maria Vernières-Busson, La langue comme patrimoine : dynamiques de sauvegarde et de transmission de l'occitan (Prérapport d'allocation de formation et de recherche du Ministère de la Culture. Organisme support de la recherche : Fédération Régionale des Calandretas de MidiPyrénées), Toulouse, Université Toulouse-Jean-Jaurès, (lire en ligne) :
« Le « Se Canta » que l'on retrouve sous diverses formes : « Al fons de la prada » dans le Tarn, « Aqueras montanhas » dans les Hautes-Pyrénées. »
↑A. Dugenne, Panorama historique et descriptif de Pau et de ses environs, etc, Vignancour, (lire en ligne)
↑« Petit historique de la musique occitane », sur mediatheque.pessac.fr ; site officiel de la ville de Pessac : « Qu'ils soient anonymes ou non, certains classiques du répertoire occitan - comme Se canta, élevé au rang d'hymne et généralement attribué à Gaston Fébus (1343-1391) – sont parfois repris d'un bout à l'autre de l'Occitanie sous de multiples variantes, au point d'en perdre de vue leur origine. ».
« [...] C’est aujourd’hui l’hymne séculaire Se Canta qui adresse « 1000 Mercés » à tous ceux qui nous aident au quotidien. »
↑Géraud Delbès, Sylvain Lecas, « L'ADN occitan, l'hymne occitan ? » [Interview de Jef Sénégas], sur francebleu.fr ; site officiel de France Bleu Occitanie, Toulouse, : « Et pourtant dans la grande Occitane, celle qui va de Bordeaux à Nice, beaucoup ont déjà adopté leur hymne. Cet hymne, c'est le Se Canta. Se Canta, c'est l'hymne historique de cette Grande Occitanie. Qu'ils parlent occitan ou pas, Se Canta est repris par les supporters du Toulouse Football Club lorsque les joueurs pénètrent sur la pelouse du Stadium. De même, qu'ils parlent occitan ou pas, les supporters du club de rugby de Montpellier entonnent le Se Canta lors des matchs du MHR. Car pour tous ces gens-là (et ils sont nombreux !), Se Canta est un chant qui fédère (de plus, il est en occitan !). ».
↑« Les chants nostalgiques », sur Gallica, Le Périscope : organe des poilus du 83e : journal périscopique, intermittent, utilitaire ["puis" organe des Anciens combattants du 83e R.I.], (consulté le ).
« Il y a déjà quelques semaines, le chanteur occitan Joanda a lancé un appel pour réaliser un clip mosaïque du "Se Canta" en signe de solidarité avec tous ceux qui aident les habitants au quotidien en région Occitanie et ailleurs. »
↑Didier Perre, « Éliane GAUZIT : Faridondeta, revira-te ! Jòcs cantats, ròdas, coblets de dançar. Faridoundette, retourne-toi ! Jeux chantés, rondes, couplets à danser » (Compte-rendu), Cahiers d'ethnomusicologie, Genève, Ateliers d'ethnomusicologie de Genève, , p. 282-284 (lire en ligne) :
« Les écoliers occitans du début du XXe siècle apprenaient sur l’air de la chanson traditionnelle Se canta, réputée hymne occitan, les paroles suivantes : « Oh ! France chérie / France mes amours / Sois toujours bénie / Prospère toujours ! ». »
↑(oc) « L’aranesa Alidé Sans cantarà l’imne occitan a la celebracion del Jorn Nacional de Catalonha », Jornalet, Barcelone, Associacion entara Difusion d'Occitània en Catalonha (ADÒC), (ISSN2385-4510, OCLC1090728591, lire en ligne)
↑(fr + oc) « Se Canta »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur site officiel du club de rugby Montpellier Hérault Rugby : « Le Club Historique des Supporters et le MHR viennent de lancer le nouveau chant des supporters de Montpellier. « Se Canta » est un chant fédérateur. En effet, cette chanson est l’hymne de tous les occitans, elle est reprise depuis des décennies à travers toute l’Occitanie, et appelle au ralliement. Cet hymne est généralement chanté publiquement pour montrer son attachement à sa région, mais aussi à son club. ».
« Si vous ne le savez pas déjà, on l'écrit « Se canta » et cela se prononce « Se canto »… notre célèbre hymne toulousain, chanson en occitan écrite par Gaston Phébus, soulève régulièrement d'émotion les supporters d'Ernest Wallon ou du Stadium qu'il s'agisse de ballon ovale ou rond. »
↑(fr + oc) « Tolosa occitana. Histoire », sur toulouse.fr ; site officiel de la ville de Toulouse, Toulouse, : « Depuis 2010, le Se canta, l’hymne occitan est aussi celui du Toulouse Football Club (TFC). Il est chanté par les supporters à chaque match de Toulouse. ».
↑Géraud Delbès, Sylvain Lecas, « Francis Cabrel, l'occitan », site officiel de la radio FranceBleu - Haute-Garonne, Toulouse, 19 octobre 2020, [lire en ligne]. Extrait : « En 2015 déjà, avec l'album In Extremis, vous retrouvez la mélodie du Se Canta. Toujours dans cet album, Francis Cabrel évoquait également le destin de la langue occitane face à la langue française. »