Source principale : Site officiel des Bouffes-du-Nord[1]
Commandé à l'architecte Émile Leménil pour servir de café-concert et construit sur les fondations d'une caserne dont le projet aurait été abandonné, le théâtre des Bouffes-du-Nord[2] est inauguré en 1876. La salle comporte 530 places réparties en un parterre, un rang de loges et une galerie.
Les directions s'enchaînent, peinant à attirer le public parisien de par la situation géographique excentrée du quartier populaire de la Chapelle, encore mal éclairé et mal desservi. Abel Ballet s'en porte acquéreur en 1885 et y monte de grandes fresques historiques, dont La Reine Margot d'Alexandre Dumas avec la jeune Yvette Guilbert, et des mélodrames. De 1893 à 1894, il accueille la compagnie du théâtre de l'Œuvre de Lugné-Poe, avant de passer la main en 1896 à Emmanuel Clot et G. Dublay. Entièrement restauré et électrifié en 1904, et désormais appelé théâtre Molière, il programme des auteurs tels que Henry Kistemaeckers, Georges Darien et Gaston Leroux.
Il ferme au début de la Première Guerre mondiale pour rouvrir en 1917 sous son nom d'origine, en tant que music-hall, avec à sa tête Oscar Dufrenne et Henri Varna, déjà propriétaires de plusieurs music-hall dont le concert Mayol. Henry Darcet leur succède en 1923 et intègre le « Consortium des théâtres de quartiers » dont le but est de faire « tourner des spectacles à succès, créés sur les boulevards »[1], avant d'être remplacé par Paul Le Danois et Charles Malinconi en 1929. Mais la salle sombre dans la torpeur à partir en 1935, après la mort de ses deux directeurs. En , le jeune metteur en scène Jean Serge crée le théâtre des Carrefours, remplacé dès l'année suivante par René Marjolle, ancien chanteur de l'Opéra-Comique qui tente d'y imposer en vain une programmation lyrique. Fin 1950, Charles Béai, ancien directeur du théâtre de l'Humour, renoue avec la comédie non sans succès. Mais ne répondant plus aux normes de sécurité, la salle subit une fermeture administrative en .
En 2008, Peter Brook décide d'abandonner progressivement la direction, confiée à l'automne 2010 à Olivier Mantei[5] et Olivier Poubelle, issus du monde de la musique[6].
En 2020, le peintre Gérard Fromanger orne le plafond du foyer du théâtre[7].
2013 : Qu'on me donne un ennemi, texte Heiner Müller, avec André Wilms, orchestré par Mathieu Bauer
2013 : Le Crocodile trompeur / Didon et Énée, d'après l'opéra de Henry Purcell, mise en scène Samuel Achache et Jeanne Candel, direction musicale Florent Hubert
2015 : Battlefield, tiré du Mahabharata, adaptation Peter Brook, Jean-Claude Carrière et Marie-Hélène Estienne, mise en scène Peter Brook et Marie-Hélène Estienne, avec Carole Karemera, Jared McNeill, Ery Nzaramba et Sean O’Callaghan
2016 : Notre crâne comme accessoire, librement inspiré du Théâtre ambulant Chopalovitch de Lioubomir Simovitch, création collective du collectif Les Sans-cou, mise en scène par Igor Mendjisky
2021 : Le Viol de Lucrèce, opéra de chambre mis en scène par Jeanne Candel[9], célèbre metteuse en scène du Théâtre de L'Aquarium est joué au Théâtre des Bouffes-du-Nord du 19 au 29 mai 2021. La musique a été composée par Benjamin Britten et la direction musicale est menée par Léo Warynski[10]. L'opéra est produit par l'Académie de l’Opéra national de Paris[10] et trouve ses inspirations dans la pièce d’André Obey en 1926, elle-même inspirée du poème de William Shakespeare et intitulée également Le viol de Lucrèce (The Rape of Lucrece).
Geneviève Latour et Florence Claval (dir.), Les Théâtres de Paris, Délégation à l'action artistique de la Ville de Paris, 1991, 291 p. (ISBN2-905118-34-2)