Alfred Boucher, né le à Bouy-sur-Orvin et mort à Aix-les-Bains le , est un sculpteur et peintrefrançais. Il jouit de son vivant d'une grande reconnaissance et obtint de nombreuses commandes publiques. Il fut le professeur de Camille Claudel et le fondateur de la cité d'artistes La Ruche à Paris.
Le père d'Alfred Boucher, ouvrier agricole à Bouy-sur-Orvin, s'installe à Nogent-sur-Seine (quartier du Champ Calot) en 1859 au service du sculpteur Joseph Marius Ramus. Remarqué par l'artiste dont il devient l'assistant, l'adolescent est présenté au sculpteur Paul Dubois, natif de Nogent-sur-Seine, qui l'encourage dans sa vocation d'artiste.
Soutenu par des bourses de sa ville et de son département, Alfred Boucher entre à l'École des beaux-arts de Paris en 1869 et suit les cours de Paul Dubois et d'Auguste Dumont. Malgré un double échec au premier prix de Rome, il reçoit le second prix de sculpture en 1876[1]. Il séjournera longuement en Italie par deux fois, en 1877-1878 et 1883-1884 .
Le Salon de 1881 le couronne pour La Piété filiale. Dès lors sa célébrité s'accroît par la diffusion de réductions en bronze de ses œuvres et par les très nombreux bustes qu'il réalise : il immortalise aussi bien des hommes de sciences comme Laennec, des hommes de lettres comme Maupassant, que des personnalités politiques comme le roi de Grèce Georges Ier ou le président Jean Casimir-Perier, et beaucoup d'autres.
Il devient l'un des artistes français les plus sollicités par les commandes publiques et aborde avec succès différents sujets. Dans une veine réaliste, il exprime le goût de son époque pour l'Antiquité et l'olympisme renaissant avec son groupe de coureurs à pied intitulé Au but ! ou Les Coureurs, groupe d'un parfait équilibre. Les trois hommes répètent le même mouvement mais à quelques centimètres d'intervalle, le dédoublement des gestes provoque un dynamisme. L'œuvre est primée au Salon de 1886 à Paris, puis reçoit une médaille à l'Exposition universelle de 1889. Une version de grande taille (2 mètres) réalisée en bronze est installée dans le jardin du Luxembourg à Paris mais sera envoyée à la fonte sous le régime de Vichy[2]. En 1913, une copie de ce groupe est installée à Bucarest où il obtient la qualité de monument historique. En 2018 en France, un projet de refonte du groupe est envisagé[3]. Dans le même esprit, il représente le lanceur de disque Gustave Huot en discobole antique sur une médaille.
Il aborde également, comme certains confrères de l'époque (Jules Dalou, Constantin Meunier, Paul Richer…), des sujets sociaux et naturalistes en représentant les hommes au travail avec Le Terrassier ou La Petite Moissonneuse.
Il préfère cependant des thèmes plus poétiques en associant nature, nu féminin et mythologie comme dans la série des Volubilis et des Baigneuses. Ces sujets décoratifs furent diffusés par des reproductions en bronze, en marbre ou en porcelaine de Sèvres.
Apprécié par la bourgeoisie fortunée et par les autorités politiques, il s'installe à Aix-les-Bains en 1889 en conservant son atelier parisien, et honore de nombreuses commandes de monuments commémoratifs. On peut citer comme exemple la chapelle funéraire de la famille Hériot en 1899 à La Boissière-École et la chapelle funéraire de la famille de Caulaincourt de Vicence ("La Duchesse de Vicence") en 1894 à Caulaincourt, ou la sépulture du ministre lyonnais Auguste Burdeau à Paris au cimetière du Père-Lachaise. Parallèlement, il peint quelques toiles[réf. nécessaire].
Au sommet de sa célébrité, il est couronné par le grand prix de sculpture de l'Exposition universelle de 1900. Après la Grande Guerre, utilisant un nouveau matériau, le ciment armé, Alfred Boucher réalise encore, à la fin de sa vie, les monuments aux morts de Nogent-sur-Seine (1920), et d'Aix-les-Bains (1922).
Fidèle à la ville qui l'avait soutenu dans ses années de formation, il fonde, en 1902 à Nogent-sur-Seine, le musée Paul Dubois-Alfred Boucher, devenu musée Camille-Claudel en 2017, qui abrite un fonds de ses œuvres. Généreux et philanthrope, il crée aussi, la même année, la cité parisienne de la Ruche pour aider les jeunes artistes en faisant aménager pour eux des ateliers dans le quartier du Montparnasse en récupérant un pavillon de l'Exposition universelle de 1900.
Il a aussi un rôle de formateur de la jeune génération et encourage les talents de Laure Coutan ou de Camille Claudel qui réalise un buste de son premier maître, ou encore de Louis Morel, qui deviendra le collaborateur et praticien d'Auguste Renoir à Essoyes.
À sa mort, Alfred Boucher est inhumé au cimetière de Nogent-sur-Seine. Un buste de sa femme, Élise, orne son tombeau, ainsi qu'une représentation du visage de sa mère, à la base du monument[4].
En 1935, une rétrospective de son œuvre l'honore à Paris. En 2017, une grande partie de ses œuvres exposées dans le musée qui lui était dédié est remisée en réserve pour mettre en valeur celles de Camille Claudel. Toutefois, une exposition "Alfred Boucher, de l'atelier au musée" est organisée au musée Camille Claudel en 2024.
1886 : Au but !, groupe en bronze, récompensé au Salon de la même année. Installé à Paris au jardin du Luxembourg, envoyé à la fonte par l'occupant allemand en 1942 ;
1897 : Jean Casimir-Perier, ancien président de la République, buste en plâtre ; La Faneuse, marbre.
1912 : Minerve se préparant à partir au combat ; statue patriotique appelée S'il le faut[5],[6].
↑Jules Guiffrey, J. Barthélemy, Liste des pensionnaires de l'Académie de France à Rome : donnant les noms de tous les artistes récompensés dans les concours du Prix de Rome de 1663 à 1907, Édition Institut de France, Académie des beaux-arts (France), 1908.