Durant sa carrière, en tant que critique, auteur et journaliste, il a aussi contribué à la connaissance musicale du public parisien. Défenseur de Richard Wagner, fin connaisseur de la pratique musicale, il livre de belles pages sur les compositeurs et l'orchestre. Plusieurs de ses poésies sont mises en musique, dont les trois « Lieder » dus à Ernest Chausson.
Pendant la Première Guerre mondiale, il est horrifié par les crimes allemands, et malgré sa formation germanophile et son admiration pour les philosophes allemands et Heinrich Heine, il théorise l'influence négative de la culture germanique.
Pendant l'entre-deux-guerres, Camille Mauclair est d'une grande activité et consacre aussi des textes aux villes qu'il admire, dont Bruges et Venise. Il dénonce ce qu'il considère comme la décadence de l'art français et déplore le règne « de la laideur », et formule en 1934 dans « L'architecture va-t-elle mourir ? » une virulente critique à propos de l'architecture moderne et fonctionnaliste, qu'il considère comme étant froidement bétonnée et impersonnelle.
Dans leur anthologie Poètes d'aujourd'hui (1900), Adolphe Van Bever et Paul Léautaud lui attribuent à tort, comme l'avouera Paul Léautaud dans ses entretiens radiophoniques, une origine sémitique, tandis que G. Jean-Aubry (1905) s'arrête à des origines catholiques et lorraines (avec une ascendance danoise). Quoi qu'il en soit, il ne fut dreyfusard que par fidélité à Georges Clemenceau. À cet égard, il écrit : « Ainsi fus-je Dreyfusard de la première minute, par goût de la vérité »[3].
En 1929, dans son ouvrage La Farce de l'art vivant. Une campagne picturale 1928-1929[4], qui est un recueil d'articles paru dans Le Figaro et L'Ami du Peuple, il dénonçait certaines tendances de la peinture comme le fauvisme et le cubisme. Tout en reconnaissant qu'il existait de véritables peintres de talent parmi les artistes contemporains, il conspuait le rôle accru des marchands dans la promotion de ces nouvelles tendances et la « surproduction » d'œuvres d'art qui en découlait dans un but purement mercantile. Il se défendait de tout antisémitisme : « Précisément parce que je suis catholique je ne suis pas antisémite : et j'ai des amis israélites que j'aime profondément. »[5] Un second volume parut en 1930, sous le tire Les métèques contre l'art français, La Farce de l'art vivant, tome II. Dans ces deux recueils d'articles, il explicitait des options nationalistes et réactionnaires partagées par nombre de détracteurs de certaines tendances de l'art moderne, opinions qui prennent la forme d'un antisémitisme violent et issu d'une vague née à la fin du XIXe siècle et dont il était issu ; il y écrit : « Parmi les blancs de l'école de Paris on compte environ 80 % de sémites et à peu près autant de ratés… ».
Comme certaines personnalités du monde de l'art, il fut adepte du gouvernement de Vichy de 1940 à 1944[6]. Collaborateur occasionnel au quotidien pro allemand Le Matin, de Bunau-Varilla, il y signe divers articles favorables à la collaboration[7] et violemment antisémites[8]. Il collabore encore en 1944 à la revue Grand Magazine illustré de la Race : Revivre.
Il fut inclus à la Libération par le Comité national des écrivains dans la liste des auteurs interdits. Camille Mauclair échappe à la justice en mourant le .
L'Art en silence : Edgar Poë, Mallarmé, Flaubert lyrique, le symbolisme, Paul Adam, Rodenbach, Besnard, Puvis de Chavannes, Rops, le sentimentalisme, etc., 1901
Les Camelots de la pensée, 1902
Fragonard, Biographie critique, illustrée de vingt-quatre reproductions hors texte, Paris, H. Laurens, 1904, 128 p., in-4°
L'Impressionnisme, son histoire, son esthétique, ses maîtres, 1904
Idées vivantes : Rodin, Carrière ; Sada Yacco et Loïe Fuller ; la religion de l'orchestre : l'identité et la fusion des arts, etc., 1904
L'Art indépendant français sous la Troisième République (peinture, lettres, musique), 1919
Essais sur l'amour. La magie de l'amour, 1921
Paul Adam, 1862-1920, 1921
Servitude et Grandeur littéraires, souvenirs d'arts et de lettres de 1890 à 1900, le symbolisme, les théâtres d'avant-garde, peintres, musiciens, l'anarchisme et le dreyfusisme, l'arrivisme, etc., 1922
Florence : l'histoire, les arts, les lettres, les sanctuaires, l'âme de la cité, 1923
Claude Monet, 1924
La Vie de Sainte Claire d'Assise, d'après les anciens textes, 1924
Le Génie d'Edgar Poë : la légende et la vérité, la méthode, la pensée, l'influence en France, 1925
Histoire de la miniature féminine française : le dix-huitième siècle, l'Empire, la Restauration, 1925
Le Mont Saint-Michel, 1927
Les Musées d'Europe. Le Luxembourg, 1927
La Vie amoureuse de Charles Baudelaire, 1927
Naples l'éclatante, Capri, Amalfi, Sorrente, Paestum, Pompéi, Herculanum, 1928, illustrations de Pierre Vignal
Le Charme de Bruges, 1928
Henri Le Sidaner, 1928
Puvis de Chavannes, 1928
Les Musées d'Europe. Lyon (le Palais Saint-Pierre), 1929
La Farce de l'art vivant. Une campagne picturale. 1928-1929, 1929
Les Métèques contre l'art français, La Farce de l'art vivant, tome II, 1930
Le Charme de Venise, 1930
Corot, 1930
Jules Chéret, 1930
Fès, ville sainte, 1930
La Vie humiliée de Henri Heine, 1930
Un siècle de peinture française : 1820-1920, 1930
Préface de L'Oiseau chez lui - Livre couleur du temps de Roger Reboussin, 1930
Le Charme de Versailles, 1931
Princes de l'esprit : Poë, Flaubert, Mallarmé, Villiers de l'Isle-Adam, Delacroix, Rembrandt, etc., 1931
Au soleil de Provence. L'Azur et les Ifs. Cannes. Antibes. Grasse. Le Var et la Vésubie. La Montagne. La Vie champêtre en Basse-Provence. La Terre antique et médiévale, 1931
Le Greco, 1931
Fernand Maillaud, peintre et décorateur, 1932
La Majesté de Rome, 1932
Camille Mauclair & J.-F. Bouchor " La Bretagne ", 30 planches en couleur d'après les tableaux du peintre, Henri Laurens Éditeur, Paris 1932
Le Génie de Baudelaire : poète, penseur, esthéticien, 1933
Les Couleurs du Maroc, 1933
" Marrakech ", 30 planches en couleur d'après les tableaux de Mathilde Arbey, Henri Laurens Éditeur, Paris, 1933
Rabat et Salé, 1934
Le Pur Visage de la Grèce, 1934
La Crise du « panbétonnisme intégral ». L'Architecture va-t-elle mourir ?, Paris, Nouvelle Revue Critique, 1934
↑Archives numérisées de l'état civil de Paris, acte de naissance no 5/2921/1872, avec mention marginale du décès (consulté le 29 juin 2012).
↑Camille Mauclair, Servitude et Grandeur littéraires, 1922, p. 126.
↑Le titre Les métèques contre l'art français, La farce de l'art vivant est le deuxième volume paru en 1930 aux Éditions de la Nouvelle Revue Critique. Le titre plus accrocheur a probablement été choisi par l'éditeur.
↑Camille Mauclair, La Farce de l'art vivant. Une campagne picturale 1928-1929, p.215.
↑Camille Mauclair, La Crise de l'art moderne, 1944.
↑entre autres, le 13 décembre 1941 (« La jeune peinture française, libérée des métèques et des juifs, va renouer avec sa vraie tradition »), le 11 décembre 1942 (« Le fantômal État juif-palestinien » : Le Matin, 11 décembre 1942), etc.
Katia Papandreopoulou, Camille Mauclair (1872-1945), critique, théoricien et historien de l’art. Un chemin périlleux entre cosmopolitisme et nationalisme sous la IIIe République, Lausanne, Peter Lang, 2024.