De 1833 à 1848, le canton de Rouen-6 et celui de Grand-Couronne avaient le même conseiller général. Le nombre de conseillers généraux était limité à 30 par département.
Ancien Maître des requêtes au Conseil d’État Député (1978-2016) Maire du Grand-Quevilly (1995-2000) Ministre (1981-1984 et 2000-2002) Premier Ministre (1984-1986) Président de l'Assemblée nationale (1988-1992 et 1997-2000)
↑Pierre-Édouard Turgis - Biographie (en cours)
Source : Oissel. Glanes, traditions, souvenirs, faits contemporains. Édouard Turgis, 1886. Réédition par la Société d’Histoire d’Oissel,1984. Pages II à ??.
Pierre-Édouard Turgis naquit à Rouen le , pendant un court séjour qu'y fit sa mère. Sa famille habitait Elbeuf où son père était à la tête d'une importante manufacture de draps.
Dès qu'il eut atteint l'âge raisonnable, il fut mis en pension à Rouen et suivit les cours du Lycée, où il remporta, pendant le temps de ses études, d'honorables succès.
Son instruction, si bien commencée, s'acheva à Paris. Placé à cet effet chez un homme des plus recommandables à tous les points de vue, il eut bien vite conquis, par l'affabilité de son humeur, l'estime et l'affection de tous les membres de sa famille et, par un heureux privilège, qui est à la louange des uns et des autres, cette vive et réciproque sympathie, bien loin de s'affaiblir ou de disparaître avec la cause qui lui avait donné naissance, s'est au contraire fortifiée et a été l'occasion depuis lors d'un commerce d'amitié plein de charme que la mort seule a eu le pouvoir de briser.
Dès qu'il fut de retour à Elbeuf, M. É. Turgis s'adonna à l'examen approfondi et à la pratique des différentes branches de la fabrication du drap, avec lesquelles, grâce à un travail opiniâtre et à de rares facultés d'assimilations, il devint bientôt familier.
Depuis cette époque jusqu'en 1878, il fit sa carrière de l'industrie lainière, soit comme fabricant, soit comme filateur, et, durant cette longue suite d'années, il trouva le moyen, tout en s'occupant de ses intérêts commerciaux, de donner une large part de son temps aux affaires publiques.
En 1843, il fut pour la première fois appelé à remplir à Elbeuf les fonctions de conseiller municipal qu'il exerça jusqu'en mai 1845, époque à laquelle il donna sa démission.
Plus tard, de 1855 à 1860, il siégea de nouveau dans le corps des édiles elbeuviens dont il se montra un des membres les plus actifs.
Mais ce ne fut point seulement le conseil municipal qui fut favorisé de son précieux concours, la chambre consultative des arts et manufactures lui avait ouvert ses portes dès le et elle le compta au nombre de ses membres jusqu'au , c'est-à-dire pendant une durée consécutive de quatorze ans.
Le , par suite de la transformation de la chambre consultative en chambre de commerce, en vertu du décret du , des élections générales eurent lieu pour composer la représentation de cette nouvelle assemblée de notables. M. Turgis fut élu membre de la chambre récemment instituée, qui lui déféra la vice-présidence le , après qu'il eut décliné, par un sentiment de volontaire effacement dont sa carrière présente plus d'un exemple, la mandat de président qui lui avait été officieusement offert pas ses collègues.
Après cinq années d'exercice, qui prirent fin le , il refusa toute nouvelle candidature par suite de son éloignement d'Elbeuf, et cessa définitivement, à ce moment, de faire partie de la chambre de commerce.
Aux qualités d'administrateur et aux aptitudes spéciales qui l'avaient désigné pour les différentes fonctions dont nous venons de parler, M. Turgis joignait une fermeté d'âme et une solidité de principes qui lui avaient valu une incontestable autorité morale : aussi, lorsqu'il s'agit, pendant l'époque troublée et périlleuse de la deuxième République française, de donner un chef au deuxième bataillon de la légion de la garde nationale d'Elbeuf, fut-il considéré par tous comme l'homme le plus capable d'occuper utilement ce poste ; sa nomination eut lieu le . Il conserva le grade qui lui avait été conféré jusqu'au , date à laquelle les gardes nationales furent licenciées.
Vers le milieu de 1860, un grand changement s'opéra dans la vie et les habitudes de M. Turgis, voici à quelle occasion :
Frappé quelques années auparavant dans le plus intime de son être, par la mort prématurée de sa femme, qui brisait à tout jamais son bonheur, il avait difficilement supporté cette suprême affliction que le temps ne devait point effacer de son cœur et que seule put adoucir sa foi religieuse.
Au mois d'avril 1858, une nouvelle et grande douleur vint encore l'atteindre : il perdit sa mère, dont la tendresse lui était devenue doublement précieuse.
À la suite de cette dernière et cruelle épreuve, Elbeuf, qui ne lui parlait que d'espérances anéanties et d'affections disparues, ne lui offrit bientôt qu'un séjour tellement pénible, qu'il résolut d'habiter momentanément la propriété patrimoniale, située à Oissel, qui lui appartenait : peu à peu il prit goût à sa nouvelle résidence, il s'intéressa au pays, et sans quitter complètement Elbeuf où ses affaires professionnelles nécessitaient fréquemment sa présence, il fit d'Oissel son domicile le plus habituel ; il y retrouvait d'ailleurs le souvenir de sa famille et plus particulièrement celui de son père qui lui avait laissé l'exemple d'une vie toute de dévouement et ennoblie par la pratique des plus belles vertus.
Un évènement dont le canton de Grand-Couronne fut le théâtre en 1861 eut aussi une influence marquée sur sa détermination : des élections devant avoir lieu pour la nomination d'un conseiller général, quelques hommes estimables, parlant au nom de nombreux électeurs, le prièrent avec instance de les autoriser à présenter et à soutenir sa candidature. Il résista aux propositions qui lui furent transmises, parce qu'il n'était point un homme d'opposition et qu'il lui répugnait de faire échec au conseiller sortant, candidat du gouvernement, avec lequel il n'avait entretenu que de bons rapports. C'est seulement lorsqu'on lui eut exposé, qu'à son défaut, la majorité des électeurs, répudiant le candidat officiel, porterait, avec chance de succès, un candidat étranger a pays, c'est seulement alors qu'il crut faire acte de bon citoyen, en revenant sur son refus primitif pour livrer son nom aux hasards de l'élection ; mais il veilla à ce que la lutte qui allait s'engager, restât toujours, de sa part, à l'égard de son concurrent, sur le terrain de la plus parfaite courtoisie.
Le résultat du vote lui fut favorable au-delà de son attente : une chose l'émut surtout profondément, ce fut l'unanimité avec laquelle, par un surprenant accord, les habitants d'Oissel lui donnèrent leurs suffrages(1).
Disons de suite, pour n'y plus revenir, qu'il représenta le canton de Grand-Couronne au conseil général avec la compétence et l'autorité qui lui étaient ordinaires, du au . Aux élections qui eurent lieu à cette époque, il refusa de solliciter le renouvellement de son mandat.
La candidature au conseil général n'est point la seule qui lui ait été offerte : en raison de la popularité dont il jouissait à juste titre, et de l'estime en laquelle il était tenu par tous, chaque fois qu'il s'est agi, depuis 1860, d'une élection à la Chambre des députés, son nom a été mis en avant et les démarches les plus flatteuses ont été tentées près de lui; mais ce fut toujours en vain; on ne réussit point à triompher de son extrême modestie.
Le , M. Turgis, qui avait décidément donné ses préférences à Oissel, fut élu, en tête de liste, membre du conseil municipal de cette commune.
(1) Monsieur Pierre Turgis, chevalier de la Légion d'honneur, après avoir rempli, à Elbeuf, diverses fonctions élevées, fut maire d'Oissel et conseiller général du canton.