Après de nombreux voyages en Europe (Pays-Bas, Belgique, Rome, Italie du Sud, Grèce, Istanbul), au Moyen-Orient (Liban, Syrie, Irak, Iran), et États-Unis, où il travaille pour les studios de la Metro-Goldwyn-Mayer en Californie, il se fixe en 1959 à Paris et commence à travailler face au modèle dans l’atelier. Il rend alors plusieurs visites à Alberto Giacometti[réf. souhaitée]. Parmi ses voyages, on compte un séjour d'un an à la Casa de Velázquez de Madrid de 1957 à 1958[5].
En 1962, Theodore Schempp devient son marchand. Ses premières expositions chez Aimé Maeght sont très remarquées, en particulier par Chagall et Miró. Dès 1972, Raoul Ubac relève par ailleurs la singulière cohérence de son œuvre, « animée d’un étrange pouvoir travaillant par poussées successives à la reconstitution lente et progressive d’un corps unique[6] ».
Dora Vallier parle de sa peinture de nus comme d’un art « post-abstrait »[3].
Le travail de l’eau-forte accompagne sa peinture depuis 1965.
« Il me plaît que le rouge, ce rouge sans mélange, devienne la nacre d'une épaule, paraisse bleuir au bord d'un sein, et qu'une ombre s'accumule dans la masse opaque de la chevelure ou au secret du ventre. Que la couleur tourne en volume, que le volume fasse jouer la lumière. Que s'inscrive sur la toile une forme, avec sa pesanteur. En se donnant un seul tube de rouge, Garache n'en cherche pas moins à modeler ses chairs comme Rubens, avec des roses légers, des ombres violettes et des demi-teintes orangées : exigence gratuite, prétention impossible, et pourtant nul moyen de nier le résultat. Prouesse : mais qui, née d'une austérité volontaire, est le contraire de la virtuosité. » - Jacques Thuillier[21].
« La couleur qu'emploie Garache n'est-elle pas, bien que si proche en nuance du sang qui donne chair à la vie, chaleur et sens à la chair, ce qui, tout au contraire, par ses apports d'extériorité, de silence, peut le plus insidieusement, le plus dangereusement, en pervertir les aspects : la phrase devenant d'autant plus incompréhensible qu'elle a été presque préservée ? Couleur pour décolorer, unité pour décomposer, ôtant la chaleur au souffle, le regard aux yoeux, le rêve même au désir. Un "opérateur" métaphysique, disons, par quoi l'apparence, se retournant contre soi, se défait de nous. » - Yves Bonnefoy[22].
« Le rouge s'est imposé et ses différentes nuances suffisent à évoquer toutes les nuances de la lumière sur un corps. Nous nageons dans un système codé où il s'agit de rendre fidèlement toute la réalité avec des moyens prélevés dans la réalité donc nécessairement en nombre réduit. Établir une équivalence, jeter un pont, faire vibrer une harmonique, voilà ce dont il s'agit. Pour y parvenir, Garache s'est servi du rouge et le rouge l'a bien servi. » - Jean Frémon[23].
« La peinture de Garache est animée d'un étrange pouvoir, travaillant par poussées successives à la reconstitution lente et progressive d'un corps unique. En vue de quelle plénitude, de quelle réhabilitation glorieuse ? » - Raoul Ubac[24].
Pierre Lecuire, Le Livre des livres, deux eaux-fortes dans un ouvrage collectif, édition originale de 130 exemplaires, Paris, Pierre Lecuire éditeur, 1974.
Yves Bonnefoy, L'Ordalie, édition originale de 120 exemplaires avec six eaux-fortes en couleur, Paris, Maeght, 1975.
Derrière le Miroir, no 213, édition de luxe, 150 exemplaires, dix lithographies, textes de Yves Bonnefoy et Jacques Thuillier, Paris, Maeght, 1975.
Philippe Jaccottet, Placard Jaccottet-Garache, poème sur une estampe de Claude Garache, Paris, Maeght, 1975.
F.R.E.S.E.R.H., une lithographie dans un ouvrage collectif (Alechinsky, Folon, Garache, La Bourdonnaye, Saint-Phalle, Ubac), édition originale de 90 exemplaires, Bruxelles, Michel Vokaer éditeur, 1976.
Derrière le Miroir, no 222, édition de luxe, 150 exemplaires, dix lithographies, textes de John Jackson et Jean-Marie Benoist, Paris, Maeght, 1977.
Arguine, album de dix eaux-fortes et un colophon gravé, édition originale de 65 exemplaires et huit épreuves d'artiste, Pierre Bérès, Paris, éditions Hermann, 1980.
Suite rouge sur ingres rose foncé, album de sept lithographies, édition originale de 60 exemplaires, Paris, Maeght, 1980.
Derrière le Miroir, no 237, édition de luxe, 150 exemplaires, quatre lithographies texte de Alain Veinstein, Paris, Maeght, 1980.
Alain Veinstein, Ebauche du féminin, édition originale de 200 exemplaires avec huit lithographies, Paris, Maeght, 1981.
Suite vermillon sur ingres gris clair, album de huit lithographies, édition originale de 60 exemplaires, Paris, Maeght, 1981.
John E. Jackson, Une écharpe d'eau fraîche, avec une lithographie en frontispice, Le Muy, éditions Unes, 1988.
Edmond Jabès, Désir d'un commencement, Angoisse d'une seule fin, édition originale de 65 exemplaires avec une eau-forte rouge et deux eaux-fortes noires, Montpellier, Fata Morgana, 1991.
Italo Svevo, Une vie, traduit par Georges Piroué, préface de Mario Fusco, L'Etrangère, Gallimard, 1991 (un détail d'une huile sur toile, Epiairoue, a servi de couverture).
Philippe Denis, Notes lentes, édition originale de 55 exemplaires avec une eau-forte en couleur, en frontispice, Genève, La Dogana, 1996.
Yves Peyré, Prière pour les autres jours, avec une eau-forte et un poème manuscrit, sept exemplaires, Paris, Les auteurs, 1997.
Jean Starobinski, La Caresse et le fouet, André Chénier, édition originale de 80 exemplaires avec quatre eaux-fortes, trois de couleurs et une noire, Genève, Editart-D. Blanco, 1999.
Jean Starobinski, Si cette figure porte un nom, édition originale de 165 exemplaires avec une eau-forte et une phototypie, Genève, Editart-D. Blanco, 2003.
Philippe Jaccottet, Année, édition originale de 80 exemplaires avec quatre eaux-fortes, trois de couleurs et une noire, Meaux, Les éditions de la Revue Conférence, 2006.
Garache face au modèle (textes de Raoul Ubac, Florian Rodari, Yves Bonnefoy, Philippe Jaccottet, Roger Munier, Emmanuel Laugier, Alain Madeleine-Perdrillat, Jacques Dupin, Anne de Staël, Nicolas Pesquès, François Trémolières, Michael Edwards, Jean Starobinski, John E. Jackson, Pierre Alain Tâche), La Dogana, Genève, 2006.
Georges Duby et John E. Jackson, Garache - Peintures, éditions de l'École des beaux-arts de Nîmes, 2010 (lire en ligne).
Dora Vallier, « Claude Garache », Derrière le miroir, Paris, Maeght, no 150, 1965
Yves Bonnefoy, « Dans la couleur de Claude Garache », Garache, février-mars 1974, catalogue d'exposition, Saint Paul de Vence, Fondation Maeght, 1974. Repris dans Yves Bonnefoy, Le Nuage rouge. Essais sur la poétique, Paris, Mercure de France, 1977 (lire en ligne).
Jacques Thuillier, « Notes brèves sur Claude Garache », Derrière le miroir, Paris, Maeght, n 213, mars 1975.
Piero Bigongiari, « Arriva Nuvola Rossa : il pittore Claude Garache », L'Approdo Letterario, éditions della RAI, no 77-78, XXIII, juin 1977.
Marc Le Bot, « Claude Garache », revue Arts, no 319, 16 février 1980.
Alain Veinstein, « Archéologie de la mère », Derrière le miroir, Paris, Maeght, no 237, janvier 1980. Repris dans Ébauche du féminin, Paris, Maeght, 1981.
Jean Frémon, « Une version du réel, Garache », novembre 1983-janvier 1984, catalogue d'exposition, Marseille, Musée Grobet-Labadié, 1983.
Marc Fumaroli, « Depuis longtemps, Vénus… » Repères. Cahiers d'art contemporain, Paris, galerie Lelong, no 50, 1988.
Andrew Weiner, « Claude Garache », Spaightwood Newsletter, Madison, Wisconsin, 15 novembre 1991.
↑ a et bDora Vallier, « Claude Garache », Derrière le miroir, no 150, Paris, Maeght, 1965, p. 18-23.
↑« Pour en revenir à la peinture, instinctivement, Degas et Monet exercèrent sur moi un grand attrait quand j'étais tout jeune. Puis, avec l'éducation, ce sont Cézanne et, en plus contemporains, Matisse, Mondrian, et bien d'autres, qui comptèrent pour moi. » cité in : Florian Rodari, Marie Du Bouchet, Alain Madeleine-Perdrillat, Entretiens avec Claude Garache, Hazan, 2010, p. 13.