Directeur de recherche au CNRS |
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Les Économistes atterrés HEC Alumni (en) |
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Prix des Rencontres philosophiques d'Uriage (d) () |
Frédéric Lordon, né le , est un philosophe et économiste français. Il est chercheur au Centre de sociologie européenne (CSE)[1],[2],[3] et est directeur de recherche au CNRS au sein de la section 35 en sciences philosophiques et philologiques, sciences de l'art[4],[5],[6]. Il est membre des Économistes atterrés[7], collectif soutenant une pensée économique hétérodoxe qu'une partie de la gauche française partage[7].
Frédéric Lordon est né dans une famille bourgeoise de l'Ouest parisien. Son père est dirigeant d'entreprise et sa mère femme au foyer[8].
En 1985, il entre comme élève à l'École nationale des ponts et chaussées. En 1987, il poursuit sa formation en intégrant l'Institut supérieur des affaires (ISA)[9], devenu depuis un diplôme de maîtrise en administration des affaires (MBA) de l'École des hautes études commerciales de Paris (HEC).
D'abord électeur de droite, Frédéric Lordon devient communiste à la fin de ses études[10],[11],[8].
Souhaitant proposer un point de vue critique sur le monde social, il se tourne vers le travail de recherche universitaire en économie[8].
En 1993, il soutient sa thèse de doctorat à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS) intitulée Irrégularités des trajectoires de croissance : évolutions et dynamique non-linéaire : vers une schématisation de l'endométabolisme », sous la direction de Robert Boyer. Celui-ci en parle comme « de loin la meilleure soutenance qu'il ait jamais entendue » et qualifie Frédéric Lordon « d'étudiant extrêmement brillant, très perfectionniste »[12].
Il publie ensuite des travaux sur la théorie de la croissance et la contribution du passage micro-macro de la théorie évolutionniste[C'est-à-dire ?][13]. Parallèlement à ses études doctorales, il est chargé d'étude à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) et chargé d'enseignement à l'Institut d'études politiques de Paris[14]. Il est signataire en 2010 du Manifeste d'économistes atterrés[15],[16].
En 2012, il passe de l’économie à la philosophie au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) où il est directeur de recherche[17],[5],[6].
Au printemps 2016, il intervient à de nombreuses reprises dans le cadre du mouvement Nuit debout[8], dont il serait« l'une des têtes pensantes » d'après Pierre Tremblay, journaliste au HuffPost[18].
Il est un collaborateur régulier du mensuel Le Monde diplomatique, sur le site web duquel il tient un blog, « La pompe à phynance »[19],[20]. Il est invité sur France Culture[21].
Selon Le Figaro et d'autres organes médiatiques, sa liaison avec la journaliste Aude Lancelin a été l'une des causes de l'éviction de cette dernière de L'Obs[22],[23],[24].
Ses premières publications sont des petits manuels critiques, « faciles d’accès pour les non-initiés », publiés chez Raisons d'agir, une maison d'édition décrite par Le Monde comme étant un éditeur « militant » dont Pierre Bourdieu fut l’un des créateurs[25].
Ses travaux comportent notamment un programme de recherche « spinoziste »[26][source insuffisante] en sciences sociales[27][source insuffisante] et en sociologie économique[28]. Il vise à rapprocher étroitement la science économique de la sociologie[29].
Il décrit sa position dans le champ des sciences économiques comme hétérodoxe et, ce faisant, partage les thèses de régulationnistes et particulièrement celles qui posent le caractère ontologique des luttes au sein des faits sociaux. Il fait sienne la formule de Michel Foucault selon laquelle « la politique est la guerre continuée par d'autres moyens »[30], paraphrase retournée de la formule de Carl von Clausewitz : « la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens »[31].
Il réinterprète le conatus spinoziste afin de se dégager de l'emprise du structuralisme althusserien et permettre que soit réintroduite la dimension de l'action des individus-sujets au cœur des rapports sociaux et des sociétés[32][source insuffisante]. Considérés comme des élans de puissance, les individus spinozistes sont déterminés par des causes extérieures qui orientent leur comportement. Lordon oppose cette thèse à l’humanisme subjectiviste autodéterminé qui forme le cœur de l’imaginaire néolibéral[33][source insuffisante].
Il travaille en 2020 avec la romancière Sandra Lucbert à une œuvre de philosophie politique, poétique et littéraire sur le capitalisme néolibéral comme régime de pulsionnalité (sans avoir annoncé une date de parution)[34],[35],[36].
D'abord électeur de droite, Frédéric Lordon devient communiste à la fin de ses études[10],[11],[8]. Il a lu les travaux de Karl Marx, Pierre Bourdieu, Michel Foucault, Jacques Derrida, Louis Althusser, Baruch Spinoza[11],[8]. Et il effectue une analyse critique du « capitalisme néolibéral »[19],[37],[38].
Selon HuffPost, depuis le mouvement Nuit debout, au printemps 2016, Frédéric Lordon est devenu « l'une des figures intellectuelles incontournables de la gauche radicale »[18]. En , un article de France Info le présente comme « sans attache » vis-à-vis des partis politiques et, selon son entourage, il est inenvisageable pour lui d'être lié à un parti : il se situe uniquement à une place de chercheur[8]. Il a été sollicité par le Front de gauche et les frondeurs du Parti socialiste, mais a refusé toute implication ; et selon France Info, le fait que Frédéric Lordon soit resté indépendant plaît aux « milieux altermondialistes et radicaux de gauche »[8].
Lors de la présidentielle de 2017 il déclare auprès de l'émission Là-bas si j'y suis au sujet de la candidature de Jean-Luc Mélenchon « qu’il est porteur, pour la première fois depuis très longtemps, d’une différence significative de gauche dans le paysage de l’offre politique »[39]. Toutefois, lors d'un entretien avec Judith Bernard pour le site Hors-Série en 2019, il déclare désormais « qu’un gouvernement Mélenchon serait K.-O. debout avant même de poser sa première fesse dans le fauteuil présidentiel »[40].
Concernant son rapport au marxisme, il est généralement considéré comme marxiste hétérodoxe, notamment de par sa proximité avec la théorie de la régulation, critique de l'analyse marxiste orthodoxe. Pour se situer, il cite Pierre Bourdieu : « Marx est indépassable, à condition de le dépasser »[réf. nécessaire][41].
D'après le politologue Eddy Fougier, Frédéric Lordon fait partie des « démondialisateurs français », comme l'économiste Jacques Sapir ou Emmanuel Todd, qui sont comme lui pour une relocalisation de l’économie, en recréant des conditions économiques qui permettent une politique de type keynésien grâce à « la fermeture relative de l’économie (protectionnisme ciblé et contrôle des mouvements de capitaux) et l’autonomie de la politique monétaire (sortie éventuelle de la zone euro) ». À ce titre, Lordon, fait partie des « nouveaux courants contestataires » qui prolongent et renouvellent l'altermondialisme[42].
Frédéric Lordon est présent lors du congrès de fondation de l'organisation Révolution permanente en [43].
Eb 2014, dans son ouvrage La Malfaçon. Monnaie européenne et souveraineté démocratique, aux éditions Les Liens qui libèrent, il soutient que les traités européens ont ôté aux États de la zone euro leur souveraineté économique en les privant de la maîtrise de la politique monétaire et en faisant passer leurs politiques budgétaires sous la surveillance des institutions européennes et des marchés financiers[25]. L'Union européenne est devenue de ce fait « une machine à destructions sociales ». Selon Lordon, il n'existe pas de peuple européen, l'Union européenne ne saurait être transformée en profondeur car la souveraineté populaire ne peut s'y exercer[25], et la seule façon de retrouver la souveraineté populaire, serait de revenir aux États[25].
Le , plusieurs intellectuels français publient dans Libération une tribune appelant à manifester le à Paris malgré l'interdiction. Ils notent que « c’est une victoire pour Daesh que d’avoir provoqué la mise sous tutelle sécuritaire de la population tout entière ». Selon eux, « s’il existe quelque chose comme une valeur française, c’est d’avoir refusé depuis au moins deux siècles de laisser la rue à l’armée ou à la police […] nous n’acceptons pas que le gouvernement manipule la peur pour nous interdire de manifester ». Parmi les signataires : Frédéric Lordon, Pierre Alferi, Hugues Jallon, Éric Hazan, Jacques Fradin, Ivan Segré, Nathalie Quintane, Serge Quadruppani, François Cusset[44].
Le , il signe l'Appel des 58 : « Nous manifesterons pendant l'état d'urgence »[45],[46].
Au printemps 2016, Frédéric Lordon s’engage contre la réforme du Code du travail portée par la ministre Myriam El Khomri. Il intervient en lisant son texte dans un amphithéâtre de l'université Panthéon-Sorbonne[47] et prend la parole lors de la première Nuit debout, place de la République à Paris[48] dont il est présenté comme le « moteur insurrectionnel »[49] ou le « maître à penser »[25]. En , il couvre (avec les auteurs Serge Quadruppani, Nathalie Quintane et Alain Damasio) pour le site d'informations Lundi matin le procès des auteurs présumés de l'incendie d'une voiture de police le à Paris en marge d'une contre-manifestation contre les violences policières[50].
Dans un article de 2012, Frédéric Lordon écarte les explications psychologiques du conspirationnisme, estimant que celui-ci traduit la contradiction entre la volonté de savoir des classes dominées et leur absence d’accès aux moyens de savoir[51]. Pour le philosophe Philippe Huneman, cette idée que le complotiste « se fait des films » par manque d'accès au savoir « est certes éclairante, mais elle n’explique pas pourquoi ceux qui sont séduits par les théories du complot persistent dans leur foi, et même s'y enfoncent, alors que via Internet, l’individu non-spécialiste jouit d’un accès incommensurablement plus grand qu’auparavant à la connaissance naturelle et sociale (une énorme partie des revues scientifiques et d’information sérieuses, dans toutes les langues, étant gratuitement accessible) »[52].
En 2015, Frédéric Lordon est l'auteur d'un article dans un dossier du Monde diplomatique consacré aux théories du complot. Il envisage l'adhésion à celles-ci comme la contrepartie d'un manque de transparence répandu. Selon lui, « le conspirationnisme n'est pas une psychopathologie de quelques égarés, il est le symptôme nécessaire de la dépossession du politique et de la confiscation du débat public ». Dans cet article, il déclare que le conspirationnisme « pourrait être le signe paradoxal que le peuple, en fait, accède à la majorité puisqu’il en a soupé d’écouter avec déférence les autorités et qu’il entreprend de se figurer le monde sans elles ». Ainsi, selon Conspiracy Watch, le conspirationnisme vu par Frédéric Lordon marquerait « la présence d’un processus de revitalisation démocratique par le bas »[53].
Conspiracy Watch estime qu'il s'agit d'« un texte dont la fonction évidente est de sauver le conspirationnisme » et d'une « entreprise de justification intellectuelle » de ce dernier : « L'économiste ne pèche-t-il pas par naïveté en présumant que le conspirationnisme n’est qu'un moment, une étape nécessaire sur le chemin de la réappropriation par les citoyens de leur destin ? Et s'il les emmenait, au contraire, vers des contrées très éloignées de l’idéal démocratique ? Si le conspirationnisme retardait plutôt qu’il ne précipitait ce que F. Lordon appelle l'entrée dans la majorité ? S’il n’était pas l'annonce d'une émancipation mais la voie la plus courte vers l'extrémisme ? »[53].
En 2017, Lordon publie un nouvel article sur le sujet dans Le Monde diplomatique, intitulé « Le complotisme de l’anticomplotisme » où il avance notamment que les accusations de complotisme seraient le moyen commode que les tenants de l'« ordre social » utilisent pour disqualifier leurs adversaires quand ils se trouvent à court d'arguments. Ces accusations seraient devenues « le nouveau lieu de la bêtise journalistique »[54]. Conspiracy Watch voit dans ce texte un symptôme du malaise de la gauche radicale face au phénomène complotiste et estime que Frédéric Lordon « innove […] en liant d’entrée de jeu la question du complotisme à celle de l’antisémitisme, non en faisant du premier l’antichambre du second, comme un peu plus d’un siècle et demi de fantasmes antisémites le suggère pourtant, mais en expliquant au contraire que, sur cet hypothétique échiquier où s’affrontent dominants et dominés, l’étiquette infamante de complotisme remplirait, quoique d’une intensité moindre, très exactement la même fonction que celle d’antisémitisme », c'est-à-dire celle de pouvoir disqualifier certains adversaires politiques[55].
Le , il est intervenant lors de la journée de rencontre « Tout le monde déteste le travail », une journée dont il est l'un des instigateurs au sein d'un collectif. Sur la thématique « penser le travail », il y fait une conférence où il évoque le salaire à vie théorisé par Bernard Friot[note 1], ainsi que le problème de « la charge morale du discours autour du travail »[56].
Le , il débat avec l'économiste Bernard Friot au Centre Pierre-Mendès-France de l’Université Panthéon-Sorbonne, sur le sujet « En quoi la révolution est-elle encore d'actualité ? » alors que des étudiants protestent contre la loi Vidal, dont ils contestent le mode de sélection concernant l'entrée à l'université. Lordon conseille aux étudiants de prendre conscience de leur force et préconise une convergence avec d'autres foyers de contestation, que ce soit dans les universités, les hôpitaux, à la SNCF, ou encore à La Poste[57],[58].
Le , il participe à un « colloque intempestif » organisé à l'École normale supérieure pour débattre du Plan Étudiants[59],[60].
Avec François Ruffin entre autres, il organise le la manifestation « La fête à Macron » pour protester contre la politique du président de la République Emmanuel Macron. Il prend la parole et visant le président et demande : « Où est la légitimité ? Du côté de ceux qui travaillent et de ceux qui souffrent. De ceux qui résistent »[61].
En , Frédéric Lordon reçoit une invitation à participer à l'Élysée à un « Grand débat avec le Président » en compagnie d'une centaine d'intellectuels[62]. Il refuse, affirmant notamment au sujet du Grand débat national qui se déroule alors en France que « personne n’y croit », et il ajoute dans sa réponse au chef de l’État Emmanuel Macron : « Vous détruisez le travail, vous détruisez les territoires, vous détruisez les vies, et vous détruisez la planète »[63].
Le , il participe à un procès parodique d'Emmanuel Macron organisé par Là-bas si j'y suis à la Bourse du travail de Paris dans lequel il joue le rôle du procureur[64]
Frédéric Lordon a fait l'objet d'un ouvrage critique de la part du philosophe Benoît Bohy-Bunel, Contre Lordon. Anticapitalisme tronqué et spinozisme dans l'œuvre de Frédéric Lordon, paru aux éditions Crise & Critique en 2021.
Se donnant pour ambition de présenter un panorama complet et critique des principales thèses de Lordon, l'auteur vise à réfuter ses écrits, n’y voyant rien de plus qu’un anticapitalisme tronqué qui convient aux idéologies de crise populistes : une énième naturalisation de la politique et de l’Économie. « De quoi Lordon est-il le nom ? Le drapeau en berne d’une réaction altercapitaliste à la crise, qui tente de réguler une nouvelle fois l’Économie et la politique de façon "plus humaine", grâce à un spinozisme se mettant au service d’un productivisme ontologique. » Benoît Bohy-Bunel reproche à Frédéric Lordon d'invisibiliser « la barbarie absolue de la genèse historique du capitalisme » et propose un renouveau de la lutte contre la capitalisme basé sur d'autres fondements théoriques que ceux de Lordon.
Frédéric Lordon (doctorant) et Robert Boyer (dir.), Irrégularités des trajectoires de croissance : évolutions et dynamique non linéaire : vers une schématisation de l'endométabolisme (thèse de doctorat en Sciences économiques), Paris, École des hautes études en sciences sociales (EHESS), , 680 p. (OCLC 496096795, SUDOC 041490401, présentation en ligne)
Il participe une première fois à l'émission Ce soir (ou jamais !) de Frédéric Taddeï sur France 2, le sur le thème du sauvetage des banques, face à Catherine Lubochinsky[65].
Il y participe une seconde fois, le , dans laquelle il fait face à Thomas Piketty et Guy Sorman sur le thème « Le capitalisme mérite-t-il une bonne correction ? »[66],[67].
Il participe pour Arrêt sur images à l'émission « d@ns le texte » du avec Judith Bernard, pour présenter son livre Capitalisme, désir et servitude[68]. Il est depuis un invité régulier de l'émission Dans le texte présentée par Judith Bernard sur le site Hors Série, invitations faisant suite à la publication de chacun de ses derniers ouvrages, qui sont le sujet principal de l'entretien[69],[70],[71],[72].
Un épisode de la chronique web « Mes chers contemporains » lui est consacré et enregistre plusieurs centaines de milliers de vues[73].
Il est cosignataire de la pétition contre la sortie de l'arme du motard de la police à Rennes le [74].
Le , il participe avec Thomas Piketty à un débat organisé par le journal L'Humanité autour de leurs derniers ouvrages respectifs[75].
En , il initie la série « Perspectives » sur son blog hébergé par Le Monde diplomatique, consacrée à la situation économique présente et structurée par « quelques hypothèses simples jusqu’à l’esquisse de voies de sortie, en passant par des essais de clarification du « problème » comme il se pose (ou comme on pourrait le poser) »[76]. Composée de neuf articles, il y fait notamment la promotion des propositions de Bernard Friot[77] et d'un « communisme luxueux »[78].
Depuis 2004, Frédéric Lordon a participé à plusieurs numéros de Là-bas si j'y suis, y compris depuis que l'émission est diffusée sur Internet[79].
En 2010, son livre Capitalisme, désir et servitude est présenté par Sylvain Bourmeau dans l'émission « La suite dans les idées »[80] sur France Culture et Laure Adler lui consacre un portrait dans son émission « Hors-champs » en 2013[81].
Frédéric Lordon apparaît à plusieurs reprises en tant que commentateur dans le film documentaire français sorti en : Les Nouveaux Chiens de garde qui explore les collusions entre les médias français et le pouvoir politique et économique français.
Sa pièce de théâtre D'un retournement l'autre à propos de la crise des subprimes est adaptée au cinéma par Gérard Mordillat dans le film Le Grand Retournement, sorti en salles le .
Dans le documentaire de Gilles Perret sorti en , Ma mondialisation, l'économiste fait part de ses observations et réactions[82].