Issu d'une famille sympathisante de gauche ayant hébergé dans les années 1930 un socialiste autrichien et des Juifs d'Allemagne réfugiés[2], fils d'un instituteur socialiste, dont il partagea les idées politiques, Well Emmanuel Allot adhère au « Frontisme » de Gaston Bergery en 1937[3]. Il vend alors La Flèche, le journal du mouvement, à la criée[2].
Il entame ensuite une carrière dans la presse, en prenant tout d'abord le pseudonyme de Julien Guernec. Il est l'ami du romancier et journaliste Antoine Blondin[7] et tente lui-même une carrière littéraire, étant alors rattaché au courant des Hussards. Il se spécialise un temps dans les chroniques humoristiques rédigées en argot parisien. Il prend le pseudonyme de François Brigneau pour entamer une carrière dans la presse à grand tirage, son premier pseudonyme étant désormais trop connu et marqué politiquement. En 1954, il obtient le Grand prix de littérature policière pour son polar La Beauté qui meurt.
Lors de l'élection présidentielle française de 1965, il fait partie du comité de campagne de Jean-Louis Tixier-Vignancour, puis retourne au journalisme. En 1967, il est condamné à quinze jours de prison avec sursis et 2 500 francs d'amende pour diffamation envers Pierre Lazareff, qu'il avait accusé de manquer de patriotisme et d'être un « pourrisseur », « aux ordres du pouvoir gaulliste[8] ».
Le , une bombe, déposée devant son domicile à Saint-Cloud, mutile un éboueur algérien, rendu manchot et aveugle[9]. Légèrement blessé, François Brigneau dénonce lors d'un meeting à Paris le 23 juin les « gauchistes [qui] veulent tuer ».
Il rejoint en 1970 le mouvement Ordre nouveau, dans le cadre duquel il participe à la fondation du Front national[10], dont il est de 1972 à 1973 vice-président. Il en écrit la déclaration d'intention en 1972[11]. Il s'en éloigne ensuite lors de la scission qui voit une partie de ses membres fonder le Parti des forces nouvelles[12] (PFN). Il se rapproche plus tard à nouveau du FN, mais sans revenir dans l'appareil du parti. Il a collaboré en tant qu'éditorialiste, dans les années 1980 et 1990, à l'hebdomadaire National-Hebdo, dont la rédaction est domiciliée dans les locaux du Front national. Il fut également le responsable de la rubrique télévision de National-Hebdo, signant ses articles du pseudonyme féminin de Mathilde Cruz.
François Brigneau a également compté parmi les fondateurs du quotidien Présent, mais il s'en est éloigné en 1985 à la suite de désaccords avec le directeur de la rédaction Jean Madiran, portant sur son souhait de voir le journal se rallier au mouvement de Mgr Lefebvre ainsi que sur son soutien au négationnisteHenri Roques[13].
Anticommuniste, François Brigneau s'emploie également régulièrement dans ses éditoriaux à dénoncer l'influence exercée selon lui par la communauté israélite. Il fut plusieurs fois condamné pour écrits antisémites par la 17e chambre correctionnelle de Paris, notamment :
Le à la suite de propos enregistrés pour la préparation d'un livre (F. Brigneau et son avocat, Georges-Paul Wagner, arguèrent, sans convaincre la justice, que ces propos étaient destinés à relecture et révision)[14] ;
Le , il a été condamné par la 17e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris à huit mille francs d'amende, à verser six mille francs au MRAP et à la Licra et à publier un communiqué judiciaire dans trois journaux, à la suite d'un article dans Minute, intitulé « Les silences d’Holocauste », qui reprenait, sur un ton encore plus virulent, les thèses de Robert Faurisson[15].
Le , la 1re chambre civile du tribunal de grande instance de Paris l'a condamné à verser quinze mille francs de dommages et intérêt à Anne Sinclair, pour injure publique envers un particulier. Le jugement observe que l'injure s'inscrivait « dans un contexte antisémite regrettable[16] ».
Le , il fut condamné à 130 000 francs d'amende avec sursis, à verser 10 000 francs à Anne Sinclair, 15 000 francs à Philippe Alexandre, un franc symbolique à la LICRA et à publier le jugement dans neuf journaux[17]. François Brigneau avait — notamment — écrit dans National Hebdo du 6 novembre 1988 : « À 19 heures, Philippe Alexandre, marchand de bretelles à RTL, juif assimilé de tendance centriste, est reçu par la mamma, Haine Sinclaire, marchande de soutiens-gorge à TF1, juive (moins assimilée) de tendance socialiste. Rares sont les émissions de l'épanouie boulangère azyme où le Front national, son président et ses amis, ne soient pas agressés[18]. »
Le , la 11e chambre de la cour d'appel de Paris l'a condamné à dix mille francs d'amende, à verser des dommages et intérêts à la LICRA et au MRAP ainsi qu'à la publication de jugement, pour provocation à la haine contre les Juifs. Dans un article intitulé « Faut-il que je me convertisse ? », paru dans National-Hebdo du 22 septembre 1994, François Brigneau, écrit la cour d'appel, « cherche à susciter chez le lecteur des sentiments d'indignation à l'égard des juifs présentés comme orgueilleux, ingrats, intolérants et repliés sur eux-mêmes ». Le 15 janvier 1998, la Cour de cassation a rejeté son pourvoi[19].
En 1992, lors du non-lieu décidé par la cour d'Appel de Paris (non-lieu cassé ensuite par la Cour de cassation) à l'encontre de Paul Touvier (condamné par la suite à la réclusion criminelle à perpétuité), François Brigneau écrit :
« En 1945, les crimes commis par les Français qui s'étaient rebellés contre le gouvernement légitime et légal de leur pays furent absous, quelle que fût leur horreur […] et celle-ci ne manqua pas. En revanche, les crimes commis par les Français obéissant aux ordres du gouvernement légitime et légal de leur pays continuèrent d'être poursuivis et condamnés, longtemps après la Libération. […] La vraie revanche de l'humanité sur le crime, c'est la chambre d'accusation qui vient de la prendre. Elle a blanchi et libéré Touvier. […] Quant à moi, après ma mort, conclut M. Brigneau, je voudrais qu'une plaque fût apposée sur ma maison. On lirait ces mots : “Ici, pendant la chasse à l'homme, Paul Touvier et les siens furent reçus chaque fois qu'ils le désirèrent”[20]. »
Lorsqu'éclata, fin 1998 et début 1999, la crise entre partisans de Jean-Marie Le Pen et ceux de Bruno Mégret, entre lesquels il ne voulait pas choisir, François Brigneau se résolut à quitter National-Hebdo et se brouilla avec Jean-Marie Le Pen, dont il était pourtant l'un des meilleurs amis. Après cette semi-retraite, il a toutefois continué d'assurer une chronique régulière dans Le Libre Journal de la France Courtoise[21], publication « décadaire » animée par Serge de Beketch.
François Brigneau a également animé plusieurs structures d'édition, les Éditions du Clan dans les années 1960, puis les Publications F.B., qui ont édité ses propres livres et ceux d'auteurs de la même mouvance de pensée, comme Les Mémoires de Porthos, souvenirs de l'ancien milicien Henry Charbonneau. Ayant cessé au début 1998 les activités des Publications F.B., il publie ensuite plusieurs livres sous le label Auto-édition F.B..
Pour les élections européennes de juin 2009, François Brigneau écrit avoir été tenté de voter pour la « liste anti-sioniste » conduite par Dieudonné[22].
En 2010, une polémique éclate dans le monde du roman policier à cause de la décision des Éditions Baleine (plutôt rangées à l'extrême gauche et ayant publié la collection Le Poulpe) de rééditer le roman policier de Brigneau Faut toutes les buter, publié une première fois en 1951 sous le pseudonyme de Julien Guernec et sous le titre Pol Monopol. En réaction à cette décision, plusieurs auteurs du Poulpe (dont Didier Daeninckx) décident de se retirer des éditions Baleine, en signe de protestation contre la présence de François Brigneau au catalogue[23],[24]. D'autres auteurs, dont Serge Quadruppani et Gérard Delteil, ont critiqué cette pétition en soulignant notamment qu'elle faisait de la publicité au livre de Brigneau[25].
J'ai descendu un flic, éd. Froissart, 1947 (traduction du roman de Sam Ross)
Les Propos de Coco-Bel-Œil, Froissart, 1947
Belles amies du temps passé, Froissart, 1947
Paul Monopol, Jean Froissart, 1951 + 1994 (François BRIGNEAU éditions) (réédité sous le titre Faut toutes les buter, Nouvelles presses mondiales, 1954 ; éd. Baleine, 2010)
Mon village à l'heure socialiste, La table ronde, 1982
Jules l'imposteur Édition originale : Présent (avec une préface de Jean Madiran, 2e édition : Éditions Dominique Martin Morin, Bouère, octobre 1983. 180 p.)
Le Notaire de Concarneau, éd. Martel, 1985 ; rééd. La Découvance, 2001
Le Criminel de guerre, éd. Martel, 1985 ; rééd. Auda Isarn, coll. Le " Lys Noir " n°8, 180 p., 2019
1939-1940 : L'année terrible, Publications FB, 1990, 272 pages + annexe (textes publiés au cours de l'année 1989-1990 par National hebdo et Le Choc du Mois)
1792-1794 : La Terreur, mode d'emploi, Publications F.B., 1991, 384 p.
no 2 : Un certain racisme juif : dénoncé par un fils de rabbin, septembre 1991, 72 p.
no 3 : Philippe Pétain : Le chef de guerre – Le chef de paix – Le chef de l'État nouveau – Le théoricien de la Révolution Nationale – Le maudit : Quarante ans après sa mort, 1991, 80 p.
no 4 : La haine anti-Le Pen : L'explosion du 2 novembre 1996 – L'affaire du « Détail » – La journaliste qui venait du show – Le montage de Carpentras – Citations au champ du déshonneur, 1992, 80 p.
Deuxième série :
no 1 : Mais qui est donc le professeur Faurisson ? : Une enquête, un portrait, une analyse, quelques révélations, 1992, 80 p.
no 2 : Le jour où ils tuèrent Philippe Henriot, septembre 1992, 72 p.
no 3 : Devine qui vient télédîner ce soir ?!? : Première service (copieux) : d'Alexandre Philippe à HANIN Roger, janvier 1993, 72 p.
no 4 : L'Interrogatoire : Une histoire ambiguë sur l'antisémitisme, la guerre, l'amour, la vieillesse, la mort et la tendresse homme-chien, 1993, 72 p.
Troisième série :
no 1 : Devine qui vient télédîner ce soir ?!? : Deuxième service : de Michel HONORIN à F.-H. DE VIRIEU, septembre 1993, 72 p.
↑ a et bJean-Yves Camus, René Monzat, Les Droites nationales et radicales en France : répertoire critique, Presses Universitaires de Lyon, 1992 (ISBN978-2729704162), p. 61.
↑Michel Winock (dir.), Histoire de l'extrême droite en France, éd. du Seuil, « Points-histoire », 1994, p. 17 ; Jean-Yves Camus, René Monzat, Les droites nationales et radicales en France: répertoire critique, Presses Universitaires de Lyon, 1992, (ISBN9782729704162), p. 61
↑« Le petit monde de la presse “amie” », Le Monde, .
↑Blondin le cite parmi les dédicataires de son roman L'Europe buissonnière : « J'ai écrit ce livre dans l'espoir de faire plaisir à mes amis. Je veux y associer le nom de Julien Guernec (sans qui je ne l'aurais jamais commencé) et celui de Michel Déon (sans qui je ne l'aurais jamais terminé). Je le dédie à André Fraigneau, en gage de profonde admiration. »
↑« Le second procès de M. Lazareff contre “Minute” », Le Monde, 2 février 1967 ; « Les condamnations de M. Jean-François Devay contre M. Pierre Lazareff confirmées en appel », Le Monde, 15 juin 1967.
↑« Le Monde », L'éboueur blessé par l'explosion paraît hors de danger,
↑Photographie d'un meeting du PFN, tenu en novembre 1974 à Paris
↑Ariane Chebel D'Apollonia, L'extrême-droite en France: De Maurras à Le Pen, vol. 1, Complexe, 1998, 519 p. (ISBN9782870277645), note 54, p. 484.
↑Il fut condamné avec pour attendu « a encouragé les lecteurs à penser que les Juifs sont incapables d'agir ou de participer à la politique du pays comme un citoyen normal et qu'ils sont les auteurs de machinations occultes » (cf. Jean-Jacques Servan-Schreiber, lors de l'émission L'Heure de vérité, le 13 février 1984. Propos retranscrits en annexe de Jean-Marie Le Pen, Les Français d’abord !, éd. Carrere, p. 232). Anne Kling, auteure d'un livre critique sur la LICRA, cite les Mémoires de Georges-Paul Wagner, avocat de François Brigneau (cf. « Quelques procès de la LICRA », blog d'Anne Kling, 31 janvier 2007)
↑« “Présent” condamné pour injure envers Anne Sinclair », Le Monde, 20 décembre 1986.
↑« Pour injures et provocation à la haine raciale — M. François Brigneau est condamné à un total de 130 000 F d'amende avec sursis », Le Monde, 20 mai 1989
↑« Gravement mis en cause dans l'hebdomadaire d'extrême droite — Anne Sinclair et Philippe Alexandre engagent des poursuites contre “National-Hebdo” et François Brigneau », Le Monde, 20 novembre 1988.