Francesco Solimena (1657 - 1747), dit l'Abbé Ciccio, est un peintre d'histoire et de sujets religieux ainsi qu'un architecte de l'école napolitaine de la période baroque. C'est une des grandes figures du développement des styles baroque et rococo qui fut reconnu internationalement comme un des plus fameux artistes de son époque.
Angelo voulait orienter Francesco vers l'étude des lettres, contre le goût de ce dernier. Mais le cardinal Orsini (futur pape Benoît XIII) l'en dissuada et Francesco devint ainsi apprenti dans l'atelier de son père, en 1672-1673, puis exécuta avec lui la fresque du Paradis de la cathédrale de Nocera Inferiore et une Vision de saint Cyrille d'Alexandrie à l'église San Domenico de Solofra, vers 1675-1680.
Sa première grande commande, au début des années 1690, est la décoration intégrale de la sacristie de la basilique de San Paolo Maggiore, l'un des principaux sanctuaires de Naples et maison de l'ordre des Théatins, où sont conservées les reliques de son fondateur, saint Gaétan de Thiene. Cette réalisation prestigieuse fait de Solimena le nouveau grand peintre de Naples : il obtient, à partir de cette époque, les plus importantes commandes pour la décoration des grands édifices religieux de la cité succédant à Luca Giordano comme chef de file de la peinture napolitaine. Ainsi, Solimena est choisi pour peindre la contre-façade de l'église du Gesù Nuovo, où il représente Héliodore chassé du temple, une grande fresque qui constitue l'un de ses principaux chefs-d'œuvre. D'autres décors majeurs sont la sacristie de San Domenico Maggiore, la chapelle de Saint Philippe Neri aux Girolamini et la voûte de église San Nicola alla Carità.
À la fin des années 1690 et dans la première moitié du XVIIIe siècle, son atelier devint pratiquement une académie qui occupe le cœur de la vie culturelle napolitaine. De nombreuses toiles en sortent pour décorer les édifices religieux de la ville.
Selon le Dictionnaire Bénézit (1924), il se serait rendu à Madrid en 1702 à la demande de Philippe V d'Espagne pour y réaliser différentes œuvres au palais royal, mais les autres sources ne mentionnent pas cet épisode de sa vie. Toujours est-il que son influence est flagrante chez des peintres comme Francisco Goya qui travaillait à la cour d'Espagne à cette période.
Le succès de Francesco Solimena fut considérable et il travailla pour de grandes cours européennes (dont celle de Louis XIV et celle de Vienne). Cela lui permit de vivre très confortablement en accumulant une fortune considérable et il fut même nommé baron. En dépit de son succès et à l'instar de son père Angelo, il ne souhaitait pas que son fils Orazio se consacre à la peinture et il le destinait à devenir juriste. Celui-ci reçut un doctorat de droit dominicain, mais se consacra finalement à la peinture tout comme son père l'avait fait.
Francesco Solimena est resté actif jusqu'à la fin de ses jours et meurt à l'âge de 89 ans à Barra, le , où il est inhumé à l'église Saint-Dominique.
A part quelques brefs séjours d'étude à Rome, Solimena n'est jamais sorti de chez lui. Il s'est fixé pour mission de discipliner la liberté de Luca Giordano, revenant à la tradition des deux siècles précédents qu'il interprète en émule talentueux et zélé[2].
La composition de ses tableaux est souvent soulignée par des éléments architecturaux (marches, arches, balustrades, colonnes) qui concentrent l'attention sur les personnages, de même que le jeu d'ombres et de lumières des étoffes.
Les historiens d'art ont pris plaisir à identifier les nombreux modèles qu'il avait imités dans ses compositions. Ses nombreuses études préparatoires mélangent souvent plusieurs techniques telles que des dessins à l'encre et à la plume, de la craie et des lavis d'aquarelle.
Un exemple typique du style de ses jeunes années de maturité est l'Allégorie d'un règne (1690), ouvrage de la collection Strogonov aujourd'hui conservé par le musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg.
À partir des années 1680, Francesco Solimena s'approprie l'expérience chromatiste de Luca Giordano, élève de José de Ribera, qui avait assimilé les expérimentations picturales les plus diverses de l'Italie de l'époque et permis l'éclosion de la peinture baroque napolitaine. Francesco Solimena sera son héritier, ainsi que ses élèves Corrado Giaquinto et Sebastiano Conca. À partir de 1690, il revient aux exemples du baroque vigoureux et expressif de Mattia Preti et il commencera à Naples, au début du XVIIIe siècle une période artistique majeure : celle du rococo comme épuisement du baroque, mais aussi comme celle de la victoire du siècle des lumières, de la raison et du raisonnable opposée à l'arbitraire, à l'imagination et au luxe effréné. Au début du XVIIIe siècle, il s'oriente vers de vastes compositions solennelles, aux sujets sacrés ou profanes, et aux tons formels et, à partir des années 1730, revient presque à sa fougue juvénile avec une peinture baroque, retrouvant une bouleversante intensité visuelle.
Secondé par un énorme atelier, pendant trente ans, il met au point tout un manuel de gestes et de postures au bénéfice des cours européennes. Le XVIIIe siècle méridional est celui de Solimena et des siens, avec une forte empreinte maniériste[2].
Francesco Solimena a exercé une influence considérable sur les peintres des plus jeunes générations de Naples mais aussi de toute l'Europe centrale. Il a servi d'exemple aux générations naissantes et notamment Jean Honoré Fragonard, Francisco Goya et François Boucher qui s'inspirèrent abondamment de ses œuvres.
Grâce à lui, en un siècle, la peinture est passée à Naples des clairs-obscurs héroïques du Caravage et de Giovanni Battista Caracciolo aux scénographies lumineuses et cette ville a quitté son statut de centre artistique périphérique pour devenir une des capitales européennes de la peinture.
Vers 1695-1700, La Nativité, La Visitation, L'Annonciation aux bergers, Le Songe de Joseph, La Fuite en Égypte, Naples, autels latéraux de l'église Santa Maria Donnalbina
vers 1741, Portrait du prince de Tarsia, Ferdinando Vincenzo Spinelli, en habit de chevalier de l'ordre royal de saint Janvier, huile sur toile, 250 × 168 cm, musée de Capodimonte, Naples[10]
Emmanuel Bénézit (dir.), Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays, Tome troisième L à Z, Éditeur E. Gründ, Paris, 1924
Encyclopædia Universalis, volume 20, Thesaurus Index Polo à Zyriane, Édition Encyclopædia Universalis France, Paris, troisième publication, 1977
Lucio Felici (dir.), Encyclopédie de l'art, Édition Livre de poche, 1991
(it) Bernardo De Dominici, Vite dei Pittori, Scultori, ed Architetti Napolitani (3 volumes), Stamperia del Ricciardi, Naples, 1742
Nicola Spinosa (dir.), Franceso Solimena (1657-1747) e le Arti a Napoli, catalogue raisonné de l'oeuvre peint et dessiné, 2 vol., Rome, Ugo Bozzi Editore, 2018.
↑ a et bRaffaella Bentivoglio Ravasio, « Biographies », dans Mina Gregori, Le Musée des Offices et le Palais Pitti, Paris, Editions Place des Victoires, (ISBN2-84459-006-3), p. 667
↑Vincent Pomarède, 1001 peintures au Louvre : De l’Antiquité au XIXe siècle, Paris/Milan, Musée du Louvre Editions, , 360 p. (ISBN2-35031-032-9), p. 355
↑Wolfgang Prohaska, Le Kunsthistorisches Museum de Vienne : Peinture, C.H. Beck/Scala Books, , 128 p. (ISBN3-406-47459-4, lire en ligne), p. 15
↑Mina Gregori (trad. de l'italien), Le Musée des Offices et le Palais Pitti : La Peinture à Florence, Paris, Editions Place des Victoires, , 685 p. (ISBN2-84459-006-3), p. 607
Sébastien Allard, Sylvain Bellenger et Charlotte Chastel-Rousseau, Naples à Paris : Le Louvre invite le musée de Capodimonte, Paris Cedex 07/impr. en Italie, Gallimard, , 320 p. (ISBN978-2073013088).
Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays, sous la direction de E. Bénézit - Tome troisième L à Z - Éditeur E. Gründ, Paris, 1924
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