Naissance | |
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Nom de naissance |
François Marie Alexandre Carcopino-Tusoli |
Pseudonymes |
Jean d'Aiguières, Francis Carco |
Nationalité | |
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Conjoint |
Germaine Carco (d) |
Parentèle |
Jérôme Carcopino (cousin) |
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Francis Carco, nom de plume de François Marie Alexandre Carcopino-Tusoli, né le à Nouméa (Nouvelle-Calédonie) et mort le dans le 4e arrondissement de Paris (Seine), est un écrivain, poète, journaliste et parolier français[1].
Connu également sous le pseudonyme de Jean d'Aiguières, il est le cousin de l'historien et homme politique Jérôme Carcopino.
Carco passe ses cinq premières années en Nouvelle-Calédonie, où son père travaille comme Inspecteur des domaines de l'État. Chaque jour, il voit passer, sous les fenêtres de la maison familiale de la rue de la République, les bagnards enchaînés en partance pour l'île de Nou. Il restera marqué toute sa vie par ces images qui lui donneront le Goût du Malheur. Son père est nommé en Métropole.
Il réside alors avec sa famille à Châtillon-sur-Seine[2]. Confronté à l'autoritarisme et à la violence paternelle, il se réfugie dans la poésie, où s'exprime sa révolte intérieure.
En 1901, la famille s’installe au no 31 de l'avenue de la République, à Villefranche-de-Rouergue[2], puis, au gré des mutations du père, à Rodez de 1905 à 1907. Il fait de fréquents séjours chez sa grand-mère au no 4 de la rue du Lycée, à Nice[2].
Il fait quelques séjours à Agen, où il est surveillant durant quatre mois avant de se faire renvoyer par le proviseur, ayant été surpris laissant sans surveillance les élèves dont il avait la charge, puis à Lyon et Grenoble, des villes dont il parcourt et observe les bas-fonds[2]. Au cours de ces séjours, il rencontre les jeunes poètes qui fonderont avec lui, dès 1911, l'École fantaisiste : Robert de la Vaissière, qui est son collègue au lycée d'Agen, Jean Pellerin, Léon Vérane, Tristan Derème, entre autres.
Carco s'installe à Paris en . Il commence à fréquenter Montmartre. Un bon de consommation en poche, qu'il a découpé dans une revue, il se rend au cabaret Au Lapin Agile[2], où il croise notamment Pierre Mac Orlan, Maurice Garçon et Roland Dorgelès. Après avoir poussé avec succès la « goualante » (chantant des chansons des « bat d'Af ») à l'invitation du père Frédé, maître des lieux, il est immédiatement accueilli à la grande table où se réunissent les bohèmes de ce temps. Il est aussi l'ami de Guillaume Apollinaire, Max Jacob, Maurice Utrillo, Gen Paul, Amedeo Modigliani, Jules Pascin, Paul Gordeaux et Marcel Leprin. Il assure également la critique artistique dans les revues L'Homme libre et Gil Blas. Sentant qu'il risque sa perte dans ce « Montmartre des plaisirs et du crime », il rejoint Nice où sa grand-mère lui « donne la croûte et fournit un ameublement soigné. »
Il publie son premier recueil, La Bohême et mon cœur, en 1912. Début 1913, Carco retourne à Paris. Il s'installe au no 13 du quai aux Fleurs. Il rencontre Katherine Mansfield, compagne de John Middleton Murry, journaliste londonien[2]. « Rebelle et pure jeune fille » originaire de Nouvelle-Zélande, elle quitte quelques mois le domicile conjugal et il entame avec elle une relation troublante, inaboutie, un « amour voué au désastre », comme il le disait lui-même, qui le marquera jusqu’à la fin de ses jours. Il lui prête son appartement pendant qu'il effectue son service militaire à Gray, près de Besançon. Il dira que Mansfield, dans les lettres qu'elle lui adressera alors de Paris, lui a donné toute l'inspiration et les descriptions de Paris qu'il utilisera lorsqu'il publiera Les Innocents en 1916. L'année suivante, elle fait de lui un portrait sinistre à travers le narrateur cynique et désabusé Raoul Duquette dans sa nouvelle Je ne parle pas français[3].
En 1914, il publie au Mercure de France, grâce à l'appui de Rachilde, femme d'Alfred Valette le patron de la revue, Jésus-la-Caille, histoire d’un proxénète homosexuel, dont il a écrit la plus grande partie lors de son exil-refuge chez sa grand-mère à Nice. Ce premier roman est applaudi par Paul Bourget. Mobilisé en à Gray[Où ?] en tant qu'intendant des postes (il a pour habitude d'écrire des poèmes sur les enveloppes des courriers qu'il distribue aux soldats), il rejoint, grâce à l'aide de Jean Paulhan, un corps d’aviation à Avord, près de Bourges, puis à Étampes et enfin à Longvic près de Dijon. Il aura très peu l'occasion de voler et de mettre en valeur son brevet d'aviateur[4] obtenu le , se blessant au genou gauche et étant assez vite démobilisé.
Il rencontre l'écrivaine Colette dans les couloirs du journal L'Éclair en 1917 : « J'ai rencontré une grrrande dame » écrira-t-il à son ami Léopold Marchand. Leur amitié durera jusqu'à la mort de Colette. Ils passeront des vacances ensemble en Bretagne. Il la conseillera pour ses achats de tableaux.
D'autres livres suivront, notamment L'Homme traqué (1922) distingué, grâce au soutien de Paul Bourget, par le grand prix du roman de l'Académie française. Exprimant dans une langue forte et riche des sentiments très violents, L'Homme traqué est un des romans les plus émouvants de Carco. Viendront ensuite L’Ombre (1933), Brumes (1935) dont il dira à la fin de sa vie que ce fut son meilleur roman.
Il écrit des livres de souvenirs, notamment sur Toulet et Katherine Mansfield, Maman Petitdoigt, De Montmartre au Quartier latin, À voix basse, Nostalgie de Paris, des reportages sur le Milieu[5], et des biographies romancées de François Villon, Maurice Utrillo (1938) et Gérard de Nerval (1955). Sa biographie de Paul Verlaine (1948) est particulièrement réussie, tant dans le portrait d'un écrivain profondément lâche, le récit de sa relation avec Arthur Rimbaud, mais aussi avec Lucien Létinois, que dans la description du monde interlope et bohème dans lequel Verlaine évolue.
Son œuvre est riche d'une centaine de titres, romans, reportages, souvenirs, recueils de poésie, mais aussi pièces de théâtre comme Mon Homme qui lancera la rue de Lappe à la Bastille. Surnommé « Le romancier des Apaches », il réalisa certains des plus forts tirages d'édition de l'entre-deux-guerres.
Carco définit lui-même son œuvre comme « un romantisme plaintif où l’exotisme se mêle au merveilleux avec une nuance d’humour et désenchantement. » Dans ses livres transparaît l'aspiration à un ailleurs :
« Des rues obscures, des bars, des ports retentissant des appels des sirènes, des navires en partance et des feux dans la nuit. »
L'enfant battu par son père corse consacra sa vie aux minorités et en fera souvent le sujet de ses romans : Canaques, témoins de ses premières années à Nouméa, prostitués, mauvais garçons.
Carco réside successivement à Cormeilles-en-Vexin où il rachète le Château Vert, domaine d'Octave Mirbeau, avec les droits d'auteurs gagnés avec Mon Homme, puis revient au pied de la Butte, au no 11 rue de Douai[6], puis au no 79 du quai d'Orsay.
En 1932, à l'occasion de conférences qu'il donne à Alexandrie, en Égypte, il fait la connaissance d'Éliane Négrin, épouse du prince égyptien du coton Nissim Aghion. Sur ce coup de foudre, il quitte sa première femme, Germaine Jarrel (ils divorcent le ), au grand dam de ses amis de la Butte, pour accueillir à ses côtés Éliane Négrin, qui laisse son mari, ses richesses et ses trois enfants en Égypte. Sans rancune, Aghion leur adressera un télégramme de félicitations lors de leur mariage le .
En , le couple emménage à L'Isle-Adam[2], avant de s'exiler (Éliane Négrin étant d'origine juive), à Nice, puis en Suisse où il retrouve son ami le peintre Maurice Barraud, qui a illustré en 1919 Au coin des Rues, et se lie d'amitié avec Jean Graven, valaisan, juriste, poète à ses heures, et éminent criminologue « dans la vie publique », qui représentera la Suisse au procès de Nuremberg, puis inventera, à la conférence de Rome qui suivra la Seconde Guerre mondiale, le terme de « crime contre l'humanité »[réf. nécessaire]. Après la guerre, il s'installe à nouveau à L'Isle-Adam.
En , Carco bénéficia de l'aide active de Paul Morand auprès de Jean Jardin pour obtenir les passeports nécessaires à son passage en Suisse[7].
De 1948 à son décès dû à la maladie de Parkinson, Francis Carco habitera au no 18 du quai de Béthune, hôtel de Comans d'Astry, sur l'île Saint-Louis, à Paris, où une plaque commémorative lui rend hommage[2].
Il meurt le à 20 h. Il est inhumé au cimetière parisien de Bagneux.
Son frère, le poète et parolier Jean Marèze, qui s’est suicidé en novembre 1942 à Paris, 11, rue du Bois-de-Boulogne[réf. nécessaire][8], et sa seconde femme, Éliane Négrin, morte en 1970, reposent à ses côtés.
De nombreux peintres et illustrateurs ont été associés à ses livres : Maurice Vlaminck, Suzanne Valadon, Gen Paul, André Derain, Pierre-Eugène Clairin, Louis Legrand, Pierre Ambrogiani, Chas Laborde, Maurice Asselin ou André Dignimont, qui a notamment illustré Perversité (1924), L'Équipe (1925), Bob et Bobette s'amusent (1930) et Nostalgie de Paris (1946).