Georges-Antoine Rochegrosse naît d'Élise Marie Bourotte (1828-1904) et de Jules Jean Baptiste Rochegrosse qui meurt en 1874. En 1875, sa mère se remarie avec le poète Théodore de Banville dont Georges-Antoine devient le fils adoptif. Il fréquente les artistes et les hommes de lettres que son beau-père reçoit chez lui : Paul Verlaine, Stéphane Mallarmé, Arthur Rimbaud, Victor Hugo et Gustave Flaubert.
Au début de sa carrière, il pratique la peinture d'histoire[1] et s'essaye au symbolisme[2]. Peintre reconnu et apprécié de la bonne société, Rochegrosse est nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1892. Puis il se tourne vers l'orientalisme en découvrant l'Algérie en 1894, où il fait connaissance de Marie Leblon, qu'il épouse en 1896. Elle est l'amour de sa vie, sa femme, sa muse et son modèle. Il vit et travaille dans la maison de la cité Chaptal à Paris, qui hébergera plus tard le théâtre du Grand-Guignol[3].
Il s'établit avec son épouse, Marie Rochegrosse, à El Biar, dans la banlieue d'Alger, en 1900. Il fait chaque été le voyage à Paris où il est membre du jury du Salon des artistes français. Le couple demeure au début dans la villa des Oliviers[4], puis s'installe dans un petit pavillon. Le couple fait construire une villa baptisé Djenan Meryem (le Jardin de Marie). Ils passent l'hiver en Algérie et l'été à Paris. Ils font construire une maison plus simple à Sidi-Ferruch le long de la plage. En 1910, Rochegrosse fait réaliser un atelier, Dar es Saouar, où il reçoit ses élèves. La même année, il est promu officier de la Légion d'honneur. À partir d', il parraine l'artiste Jeanne Granès, qui ouvre une école d'art à Alger : il se charge de l'atelier de peinture.
En 1905, il est professeur à l'Académie Druet, fondée à Paris en 1904 par le peintre Antoine Druet (1857-1921). Admiré par ses contemporains, en particulier son beau-père Théodore de Banville[5] ou Conan Doyle, il est un membre influent de la Société des peintres orientalistes français. Rochegrosse expose non seulement à Paris, mais aussi au Salon des artistes algériens et préside le jury de l'Union artistique de l'Afrique du Nord dès 1925, fondée par Roméo Aglietti. ainsi que le Syndicat professionnel des artistes algériens[6].
Il est profondément marqué par la Première Guerre mondiale et par la mort de son épouse, en 1920, des suites d'une maladie contractée à l'hôpital d'Alger où elle était infirmière. Inconsolable, il va jusqu'à ajouter le « M » de Marie à sa signature (G. M. Rochegrosse). Sa peinture prend alors un tour plus pessimiste se teintant de religiosité. Il puise de plus en plus son inspiration dans le jardin de sa villa algérienne. Il en représente maintes fois les allées et la végétation luxuriante. Il finit par épouser sa gouvernante Antoinette Arnau, revient à Alger en 1937 et meurt l'année suivante. Son corps est transféré et inhumé à Paris au cimetière du Montparnasse (12e division)[7].
bibliothèque : L'Essai d'interprétation picturale de la Messe en si mineur de Jean-Sébastien Bach, détruit lors de la transformation de l'église Notre-Dame du Mont-Carmel en bibliothèque en 1962.
mairie, salle du Conseil municipal ou salle des mariages : peinture murale allégorique. Le peintre s'est représenté peignant à son chevalet avec dans son dos une silhouette féminine[9].
Localisation inconnue :
Le Repentir, anciennement dans le presbytère de l'église Saint-Anne de La Redoute à Alger, église détruite après l'indépendance.
La Joie rouge, 1906, huile sur toile, dimensions : 9 × 11 m, médaille d'honneur au Salon de 1906, orna le foyer de l'opéra d'Alger jusqu'en 1933-1935, dates de la rénovation à la suite d'un incendie du bâtiment. La toile fut retrouvée roulée en 1942, le tout en très mauvais état et quelques fragments dont la partie centrale furent exposés au nouvel hôtel de ville d'Alger. Elle s'y trouvait encore en 1964.
Le Bal des ardents, 1889, huile sur toile[10]. Le musée possède de nombreuses toiles, aquarelles et illustrations. Il a organisé une rétrospective sur le peintre en 2013-2014.
musée d'Orsay : Le Chevalier aux fleurs ou Le Prédestiné, revêtu de la symbolique Armure d'Argent, va vers l'Idée, insoucieux des Appels de la Vie, 1894, huile sur toile.
bibliothèque de la Sorbonne : Le Chant des muses éveille l'âme humaine, 1898, peinture murale de l'escalier.
↑Le Chevalier aux fleurs, (1894), Paris, musée d'Orsay. Sous-titré Le Prédestiné, revêtu de la symbolique Armure d'Argent, va vers l'Idée, insoucieux des Appels de la Vie. Cette toile est inspirée du mythe de Perceval qui, ayant abandonné sa mère pour devenir chevalier, atteint la lumière en s'initiant au mystère du Graal.
↑Actuelle résidence des ambassadeurs de France en Algérie.
↑Il dédie à son beau-fils un poème de son recueil Les exilés.
↑Marion Vidal-Bué, L'Algérianiste, juin 2009, no 126.
↑Jean-Pierre Ariey-Jouglard et France Raimbault, Le cimetière Montparnasse. Dictionnaire biographique de personnalités enterrées au cimetière, Paris, Christian, , 673 p. (ISBN978-2-86496-183-3), p. 278
↑Reproduction dans : Le Guide d'Alger et sa région, par Antoine Chollier, éd. Arthaud, 1929, p. 57.
↑Le professeur Goinard, affirme qu'elle y était encore en 1994, l'ancien maire d'Alger Jacques Chevallier en aurait obtenu la sauvegarde des autorités à l'indépendance (cf. Marion Vidal-Bué, op. cit.).
↑Edmond Rostand, La princesse lointaine, pièce en 4 actes et en vers - Suivi de La Samaritaine, évangile en 3 tableaux et en vers. Illustrations en couleurs et en noir de Georges-Antoine Rochegrosse, Auguste François Gorguet et Lucien Lévy-Dhurmer pour La princesse lointaine ; illustrations en couleurs et en noir de Georges-Antoine Rochegrosse et frontispice en couleurs de Luc-Olivier Merson pour La Samaritaine. Librairie Pierre Lafitte et Cie, Paris, collection Œuvres complètes illustrées, 1910, 123 et 108p.
Laurent Houssais, Georges-Antoine Rochegrosse, les fastes de la décadence, éditions Mare et Martin, 2013. — Catalogue de l'exposition organisée à Moulins, au musée Anne-de-Beaujeu, du au .
Laurent Houssais, « Archéologie, littérature, illustration : Salammbô vu par G.-A. Rochegrosse », Histoire de l'art, nos 33-34 « Sur le XIXe siècle », , p. 43-54 (ISSN0992-2059, lire en ligne).
Marion Vidal-Bué, « Georges-Antoine Rochegrosse, un maître à Alger (1859-1938) », L'Algérianiste, no 126, , pp. 86 à 93.
Céline Doutriaux, Georges Rochegrosse (1859-1938) ou la violence exacerbée : un exemple de peinture historico-sadique fin de siècle, Villeneuve-d'Ascq : dactylogramme, 2002, maîtrise en histoire de l'art, université de Lille 3, D 2002 154.
Collectif, « Souvenirs de 1916-1920, le peintre Georges Rochegrosse et Marie Rochegrosse, un citoyen illustre d'El-Biar », Les Echos d'El-Biar, no 15, .
Anonyme, Marie Rochegrosse, par un groupe d'amis, 1922.