Prix Max-Jacob (1959) Prix quinquennal de littérature Prix Antigone de la ville de Montpellier (1990) Prix triennal du roman (1992) Prix de littérature-générale (1992) Prix Victor Rossel (1997) Prix des lycéens (1999) Lauréat du Prix international Union Latine de littératures romanes (2002) Grand Prix de littérature de la Société des gens de lettres (2005) Prix du livre Inter (2008)
Henry Bauchau provient du milieu de la bourgeoisie catholique francophone de Flandre.
Sa petite enfance est marquée par l'invasion allemande et l'incendie de sa maison maternelle à Louvain[3]. Le romancier évoquera ce drame dans L'Incendie Sainpierre. Il suit des études de droit à la Faculté universitaire Saint-Louis (devenue Université Saint-Louis - Bruxelles) puis à l'université de Louvain[3]. Il fait la connaissance du journaliste Raymond De Becker en 1931[4].
Avant d'être mobilisé en 1939, il exerce des activités dans le journalisme et milite dans des mouvements de jeunesse chrétiens. Pendant la guerre, de à , il sera responsable du Service des volontaires du travail pour la Wallonie (SVTW), avant de rejoindre un mouvement de Résistance armée; blessé dans un maquis des Ardennes, il termine la guerre à Londres. Son action dans le cadre du SVTW lui vaudra d'être soupçonné après la Libération, mais il est officiellement acquitté par le tribunal militaire[5]. Blessé néanmoins par cette incrimination, il s'éloignera de son pays et vivra en Suisse et en France. À Paris, il travaille dans la distribution de livres, principalement pour l'éditeur franco-algérien Edmond Charlot. Il fréquente Camus et bien d'autres intellectuels, et se lie d'amitié avec Jean Amrouche, ce qui l'amènera à soutenir la cause algérienne, ultérieurement, à partir de la Suisse[6].
De 1947 à 1951, Bauchau entreprend une psychanalyse auprès de Blanche Reverchon, l'épouse du poète Pierre Jean Jouve[7]. Cette analyse marquera profondément sa pensée. Profondément lié à Blanche, par une relation à la fois d'affection, d'estime et de transfert (analytique), il le sera d'une façon plus tumultueuse mais néanmoins presque aussi continue avec Pierre Jean Jouve (dont il admirera toutefois toujours l'œuvre), dont témoignent ses Souvenirs et documents sur Blanche Reverchon et Pierre Jean Jouve parus en 2012.
Dans son second recueil L’Escalier bleu, publié en 1964, les poèmes y sont autant de regard sur l’enfance, où le doute et la peur demeurent encore bien présents[9].
Enfin, il commence son cycle mythologique et donne successivement Œdipe sur la route (1990), Diotime et les lions (1991) et Antigone (1997). Parallèlement, la publication de son Journal (1989-1997) éclaire la création, permet de comprendre l'importance que représentent pour l'écrivain la poésie, les rêves, l'inconscient et l'écriture.
Œdipe sur la route est une relecture du mythe œdipien qui évoque un parcours initiatique au terme duquel le héros se fond littéralement dans l'art. Ici, Œdipe partage avec Orphée la même capacité, celle de ranimer « les trésors perdus de la mémoire » grâce au chant, à la peinture et à l'écriture. Au lieu de se disperser, le roi aveugle retourne à l'unité. Après avoir surmonté ses peurs, il est « encore, est toujours sur la route », dira Antigone à la fin. La route de la connaissance de soi, libérée de la culpabilité et du remords. Antigone, qui l'a accompagné jusqu'au bout, symbolise cette route de la réalisation de soi. Gardienne du principe de vie, elle n'est pas de celles qui se retournent pour voir, par curiosité. De même, quand elle revient à Thèbes pour tenter d'apaiser la rivalité entre ses deux frères, c'est aussi pour dire « oui » à la vie, au futur, à la beauté et pour refuser, dans sa robe déchirée, toutes les manifestations de pouvoir, toutes les guerres. Elle est la part féminine, celle du poétique, de l'amour sans justification, de la patience.
Bauchau mêle l'enthousiasme mystique et la connaissance de l'Antiquité à la psychanalyse, aux philosophies asiatiques et à la foi chrétienne[11]. Après la crise qu'il a connue au sortir de la Seconde Guerre mondiale, il dira néanmoins se tenir "sur le seuil", dans une position agnostique, et non plus dans l'Église où il s'était engagé dans l'action sociale avant la Guerre. L'art et surtout l'écriture, et avec eux une forme permanente d'interrogation, vont alors remplacer les certitudes et l'engagement marqué d'autrefois.
En 2010, il publie "Déluge", qui reçoit à nouveau un succès de librairie[12].
La vie de Henry Bauchau, issu de familles aisées liées au droit, à la sidérurgie, aux industries brassicoles[13],[14] et à la vie politique inscrit en elle la complexité de l'histoire de Belgique[réf. nécessaire].
Répondant aux questions d'adolescents, Bauchau définit ainsi son art :
« L'inspiration est toujours délirante, dionysiaque pour reprendre l'expression de Nietzsche. Elle a besoin de la conscience ordonnée, musicale, apollinienne. C'est un équilibre. Quand Alexandre le Grand brûle le palais de Persépolis, il fait basculer la Grèce sous la suprématie de Dionysos. Elle ne s'en est jamais relevée. »
La Chine intérieure (Seghers, 1975 ; Actes Sud, coll. Le souffle de l'esprit, 2003)
La Sourde Oreille ou le Rêve de Freud (L'Aire, 1981)
Poésie 1950-1986 (Actes Sud, 1986). Prix quinquennal de Littérature 1985 (Belgique) ; prix Foulon de Vaulx de la Société des gens de lettres de France 1987
Heureux les déliants, poèmes 1950-1995. Préface d’Alain Badiou. Lecture de G. Henrot. Bruxelles : Labor ; RTBF, coll. Espace Nord, no 106, 1995, 382 p., bibl[18]. (Labor, Espace Nord, 1995)
Exercice du matin. Arles : Actes Sud, coll. Le Souffle de l’esprit, 1999, 43 p.
Essai sur la vie de Mao Zedong, avec la participation de Laure Bauchau. Paris: Flammarion, 1982, 1048 p.
L'Écriture et la circonstance. Louvain-la-Neuve : Publications de la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université catholique de Louvain, coll. Chaire de poétique, no 2, 1988, 82 p.
La Lumière Antigone : Poème pour le livret de l'opéra de Pierre Bartholomée (Actes Sud, coll. Le souffle de l'esprit, 2009)
Œdipe sur la route : Opéra en quatre actes, à Pierre Bartholomée et Philippe Sireuil, commande du Théâtre royal de la Monnaie à Bruxelles (Actes Sud, 2003)
Fratta Anna Soncini (dir.), Henry Bauchau, Un écrivain, une œuvre. Terzi Seminario Internazionale. Noci 8-10 . Bologna : Éditrice CLUEB, 1993, coll. Beloeil / Bussola no 13, 1993, 384 p., bibl.
Adriano Marchetti, « Peut-être que l’écriture va devenir plus humaine que la parole »: entretien avec Henry Bauchau, dans Francofonia, 25, Autunno 1993.
Adriano Marchetti, « Ancora e sempre sulla strada. Conversazione con Henry Bauchau », in Henry Bauchau, Diotima e i leoni, Giunti, Firenze 1993, pagine 61-79.
Adriano Marchetti, « Les rêves dans Œdipe sur la route d’Henry Bauchau », dans Recherches & Travaux, 47, 1995.
Adriano Marchetti, «Œdipe sur la route d’Henri Bauchau. Le langage poétique et sa provenance, dans Les nouveaux courants poétiques en France et en Grèce 1970-1990, Publications de l’Université de Pau, Pau 1995.
Adriano Marchetti, « La traduction comme exode. Note en marge de la traduction d’Ordipe sur la route , Cahiers Henry Bauchau, 2, 1998.
Adriano Marchetti, « Deux lettres à Henry Bauchau, (traduction de l’italien de Danièle Rousselier), Cahiers Henry Bauchau, 2, 1998.
Myriam Watthee-Delmotte, Parcours d'Henry Bauchau, Paris : L'Harmattan, 2001
Myriam Watthee-Delmotte, Bauchau avant Bauchau, En amont de l'œuvre littéraire, Louvain-la-Neuve : Bruylant-Académia, 2002
Adriano Marchetti(dir), Henry Bauchau . Voix et création de l’écriture, dans Francofonia, 42, Primavera 2002.
Marc Quaghebeur et Anne Neuschäfer (dir.), Les Constellations impérieuses d'Henry Bauchau, actes du colloque de Cerisy-la-Salle en , Bruxelles : AML/LAbor, Archives du futur, 2003
Adriano Marchetti, « Le Labyrinthe. Mythe de l’écriture/écriture du mythe, dans Les constellations impérieuses d’Henry Bauchau, Éditions Labor, Bruxelles 2003.
Geneviève Henrot, Henry Bauchau poète. Le Vertige du Seuil, Genève : Droz, 2003
Olivier Ammour-Mayeur, Les Imaginaires métisses. Passages d'Extrême-Orient et d'Occident chez Henry Bauchau et Marguerite Duras, Paris : L'Harmattan, 2004
Henry Bauchau, une poétique de l’espérance. Actes du colloque international de Metz (6-8 novembre 2002). Édité par Pierre Halen, Monique Michel, Raymond Michel. Bern, Berlin, Bruxelles, Frankfurt am Main, New York, Oxford, Wien : Peter Lang, coll. Recherches en littérature et spiritualité, vol. 7, 2004, 251 p. — (ISBN3-03910-465-9).
Régis Lefort, L'Originel dans l'œuvre d'Henry Bauchau, Paris : Honoré Champion, 2007
Olivier Ammour-Mayeur, Henry Bauchau, une écriture en résistance, Paris : L'Harmattan, 2007
« Un don de présence », interview réalisée par Jérôme Goude et publiée dans Le Matricule des anges,
Emilia Surmonte, Antigone, La Sphinx d'Henry Bauchau : Les enjeux d'une création, Bruxelles [e.a.] : Peter Lang, 2011)[20]
Myriam Watthee-Delmotte, Henry Bauchau : Sous l'éclat de la Sibylle, Arles : Actes Sud, 2013
Michele Mastroianni, La Déchirure di Henry Bauchau. Una rappresentazione della madre: allegoria dell'incontro e dell'elaborazione poetica, Alessandria, Edizioni dell'Orso, 2013
Jérémy Lambert, Henry Bauchau, une poésie de l'existence, Amay - Bruxelles : L’Arbre à paroles - Midis de la Poésie, 2015
Dossier critique : La Déchirure, Le Régiment noir et l'Enfant rieur d'Henry Bauchau. Études réunies par Laurent Déom et Jérémy Lambert. [N° sp. de] Roman 20-50, (Lille : Presses universitaires du Septentrion), 2016, no 2 (no 62), 192 p. - (ISBN9782908481891).
Approches : Henry Bauchau - Inédits, correspondances, hommages, Paris (no 152), , 342 p. (lire en ligne)
En 2012 sur France culture, Henry Bauchau donne une série de 5 émissions de 30 min sous forme d'autobiographie et de commentaires sur son œuvre. (À voix nue, France culture 2012)[23]
↑Henry Bauchau, « Note à propos de Raymond De Becker », dans Myriam Watthee-Delmotte, Bauchau avant Bauchau. En amont de l’œuvre littéraire, Academia-Bruylant, Louvain-la-Neuve, 2002, p. 102. Voir aussi le chapitre « En filigrane, une amitié pesante » : Raymond De Becker », dans Geneviève Duchenne, Vincent Dujardin et Myriam Watthee-Delmotte (dir.), op. cit., p. 19-29.
↑Eric Meuwissen, « Grez-Doiceau - Les Bauchau règnent sur Archennes depuis 1899, nous apprend une étude généalogiqu », Le Soir, (lire en ligne, consulté le ).