Joseph Parrocel, né à Brignoles le , est le fils du peintre Barthélemy Parrocel et de Catherine Simone. il est le frère de Louis Parrocel (1634-1694) également peintre. Après la mort de son père qui lui a appris les rudiments de la peinture, il décide de rejoindre son frère Louis au château de Lussan situé dans le département du Gard pour devenir peintre comme lui. Peu satisfait de cet enseignement, il quitte son frère pour se rendre à Marseille où il participe à la décoration intérieure de navires construits par un entrepreneur[JD 1].
Après un bref retour à Brignoles, il se rend à Paris où il séjourne de 1664 à 1667 et y fréquente le milieu artistique parisien. Il maîtrise désormais l'art de la peinture qui lui permet de vivre. Il part en Italie où il séjourne d'abord à Rome vers 1667. Bien que ce séjour italien soit mal connu, on sait qu'il devint l'élève de Jacques Courtois (1621-1676), célèbre peintre de bataille, pour qui le thème du choc de cavalerie est l’iconographie largement dominante de son œuvre. Il se rend ensuite dans plusieurs villes italiennes dont Venise[JD 2].
En Joseph Parrocel retourne à Paris où la situation y a beaucoup changé depuis son dernier séjour car la France est alors en guerre contre les hollandais[JD 3]. Six mois après son arrivée il épouse Catherine Angélique Jaquelin fille du bourgeois jean Jaquelin et de Marie Titon, sœur de Maximilien Titon marchand d'armes enrichi par les guerres de Louis XIV. Il gagne rapidement l'estime des amateurs d'art de la capitale. Le il se présente à l'académie royale de peinture et de sculpture qui agrée l'artiste et lui demande de réaliser un tableau sur l'histoire du roi. Le il présente plusieurs projets, puis le son tableau de réception qui représente Louis XIV dirigeant le siège de Maestricht actuellement au musée de Versailles[JD 4]. Pour sa première peinture officielle joseph Parrocel a dû abandonner la représentation frontale d’un choc de cavalerie et se conformer aux principes de la bataille topographique chère à Van der Meulen[JD 5].
Malgré cette admission à l'académie de peinture, Joseph Parrocel ne parvient pas à faire une carrière officielle, le clan Colbert/Le Brun ne voulant pas l'employer[JD 6]. La paix revenue avec la fin de la guerre de Hollande et le traité de Nimègue, le roi Louis XIV crée par ordonnance royale du l'hôtel des Invalides destiné aux militaires âgés, blessés ou devenus inaptes à la guerre. Joseph Parrocel est chargé par Louvois de la décoration d'un des quatre réfectoires où il réalise, durant les années 1679 et 1680, vingt et une peintures sur enduit et pierre. Les autres réfectoires sont décorés par Jacques Antoine Friquet de Vauroze et probablement une association des frères Michel Corneille le Jeune et Jean-Baptiste Corneille[JD 7].
Louvois qui à la mort de Colbert lui a succédé dans la charge de surintendant des Bâtiments, demande à Joseph Parrocel de peindre un grand dessus-de-cheminée pour orner la salle des gardes du roi au château de Versailles. Le tableau représentant La charge des gardes du corps du roi sera livré le . Cette œuvre n'ayant pas déplu, le surintendant lui commande onze tableaux pour le décor de la salle du Grand Couvert. Joseph Parrocel, dix ans après son arrivée à Paris est au sommet de sa carrière. De 1686 à 1688 il livre pour honorer cette commande : quatre dessus-de-porte, six entre-fenêtres et un grand tableau[JD 8]. Durant cette période l'artiste reçoit dans son atelier ses neveux Pierre et Jacques-IgnaceParrocel.
Durant la guerre de la ligue d'Augsbourg (1688-1697) Joseph Parrocel accorde une plus grande place à la nature, aux paysages, à la chasse et à la peinture religieuse. Il réalise ainsi Saint Jean prêchant dans le désert, May de Notre-Dame actuellement au musée des Beaux-Arts d'Arras. À la même époque il peint, pour le couvent des Petits-Pères de la place des Victoires, un tableau représentant Saint Augustin guérissant les possédés[JD 9]. Après avoir été mis à l'écart des chantiers royaux depuis plus de dix ans, Louis XIV lui commande pour décorer l'antichambre de l'appartement du roi au château de Marly un tableau représentant Le passage du Rhin à Tolhuis qui se trouve actuellement au Louvre[JD 10].
Joseph Parrocel est victime d'une attaque d'apoplexie fin et meurt le . Il est inhumé en l'église Saint-Sauveur de Paris. Le est dressé un inventaire qui donne une description assez précise de l'appartement du peintre situé rue Renard. Dans la cave il y avait une presse en bois de chêne pour imprimer les estampes : c'est donc chez lui que l'artiste a pu réaliser l'impression de la Vie du Christ[JD 11]. Dans la salle principale était rassemblé un grand nombre de tableaux (cent cinquante et un) dont environ le tiers seulement est attribué à joseph Parrocel. Les sujets représentés montrent la diversité de l'artiste à la fin de sa vie. En effet en plus des sujets militaires on trouve des portraits, des scènes de genre et des sujets de chasse[JD 12]. D'après cet inventaire on sait que sa bibliothèque comportait trente-quatre volumes, mais il faut savoir que seuls les ouvrages de valeur étaient inventoriés[JD 13].
Vers 1685 le surintendant des bâtiments du roi commande à Joseph Parrocel onze peintures de bataille pour décorer la première antichambre ou salon du grand couvert de l'appartement du roi. Ces onze peintures ne constituent pas un cycle, mais sont des tableaux sans ordre et sans propos narratif. Elles représentent ce que l'artiste a fait de plus audacieux et de plus hardi dans toute sa carrière[JD 31] et sont :
Dans son livre cité dans la bibliographie, l'historien de l'art Jérôme Delaplanche rejette l'attribution à Joseph Parrocel de certains tableaux qui lui étaient précédemment attribués. Selon lui les qualités distinctives du style de cet artiste sont aisément identifiables et le partage entre œuvres nées de son pinceau et celles peintes par d'autres artistes peut se faire sans trop d'hésitations, d'où le rejet des œuvres suivantes :
Joseph Parrocel semble avoir réalisé peu de dessins préparatoires pour ses peintures. Il entreprend le plus souvent ses tableaux directement sur la toile. Il utilise la pierre noire, la sanguine, la plume et l'encre, les lavis et parfois des rehauts d'aquarelle ou de gouache[JD 46].
Contrairement à la peinture, l'attribution des dessins à Joseph Parrocel est difficile à l'exception d'un petit nombre. En effet beaucoup de dessins donnés à Jacques Courtois ont été progressivement désattribués pour être rendus à son entourage, en particulier à son élève Joseph Parrocel. De même le partage entre ce dernier et son fils Charles n'est pas facile[JD 46].
À l'exception des dessins préparatoires à la réalisation des gravures religieuses (Mtstères et miracles de la vie de Notre Seigneur Jésus-Christ), les dessins attribués avec certitude à Joseph Parrocel et se trouvant dans le domaine public sont les suivants :
Passage du Rhin à Tolhuis par les armées du roi, le , pierre noire, sanguine, plume et lavis brun avec rehauts de gouache blanche et grise, 35,8 × 39 cm[31].
Louis XIV à cheval entouré de cavaliers, Plume et pinceau, encres brune et noire, lavis gris et brun, avec rehauts d'aquarelle, sur traits de pierre noire, 21,1 × 33 cm[32].
Siège de Maastricht, plume et pinceau, avec encre brune, lavis brun et gris, avec rehauts de gouache blanche et rose, 34 × 56,3 cm[33].
Rapport durant une bataille, Plume et pinceau, encre brune, lavis brun, avec importants rehauts de gouache blanche, sur papier beige, 18,7 × 28,4[34].
Siège d'une ville au pied d'un pont-levis, Plume et encre brune, lavis brun et gris avec rehauts de gouache blanche et d'aquarelle, sur traits de pierre noire et papier beige, 29,9 × 49,2 cm[35].
Judith et Holopherne, Plume et pinceau, encres brune et noire, lavis gris, avec rehauts de gouache blanche, sur papier beige, 19,4 × 28,8 cm[36].
Halte de chasse, plume et encre brune, lavis gris et brun, sur traits de sanguine, 21,1 × 29 cm, parfois attribué à Charles Parrocel[JD 47].
Chasse au faucon, plume et encre brune, lavis gris, sur esquisse à la pierre noire, sur traits de pierre noire, 19,8 × 30,4 cm[37], parfois attribué à Charles Parrocel[JD 48].
Grenoble, musée : Chasseurs à cheval, plume et encre noire, lavis de brun sur esquisse à la sanguine, 14,1 × 18,3 cm[JD 49]
Le Christ au désert servi par des anges, pierre noire, plume, encre brune, aquarelle gouachée, sur papier imprimé d'un texte juridique en latin (vraisemblablement une page du Tractus de coniecturis ultimarum de Francesco Mantica), H. 22 ; L. 33.5 cm[39].
Joseph Parrocel pratique également l'art de la gravure. Il offre à Maximilien Titon, oncle de sa femme, une série de quatre gravures composée d'un frontispice et de trois sujets de batailles illustrant les épisodes de la guerre de Hollande : bataille de Senef, combat du col de Bagnols et bataille de Cassel[JD 50]. Les gravures non religieuses de l'artiste sont les suivantes :
Frontispice
Champ de bataille de Senef
Champ de bataille de Cassel
Combat du col de Bagnols
L'Aurore
Le Midi
Le Soir
La Nuit
Bivouac : Cette eau-forte est une des très rares œuvres de Parrocel à représenter un site urbain[JD 51].
Scène militaier de cavaliers
Gravures non religieuses de Joseph Parrocel
Frontispice
Combat du col de Bagnols
Bivouac
Le Soir
Avec d'autres artistes il réalise l'illustration d'un missel édité à Paris en 1685 par Mabre-Cramoisy, puis réédité. Il décore ainsi huit têtes de chapitre par des gravures représentant l'Annonciation, l'adoration des Mages, l'Ascension, la Cène, la présentation au temple, la naissance de la Vierge, le martyre de saint Denis et de ses compagnons, et l'adoration du nom de Yaweh[JD 52]. Parrocel prend probablement gout à ce travail de gravure car il entreprend un vaste projet sur la vie du Christ. Il réalise un premier recueil de quarante-huit gravures à l'eau-forte titré Les Mystères de la vie de Notre Seigneur Jésus-Christ qu'il offrit à l'Académie royale de peinture et de sculpture en 1696. Ce recueil offert à l'Académie a probablement disparu[JD 53]. Les épreuves de ce premier état à l'eau-forte sont très rares[JD 54]. Les planches sont ensuite reprises au burin avec de nouvelles pièces portant le nombre de planches à soixante-cinq. Elles sont regroupées en deux séries :
Les Mystères de la vie de Notre Seigneur Jésus-Christ (25 gravures)
Les Miracles de la vie de Notre Seigneur Jésus-Christ (40 gravures)
Gravures religieuses de Joseph Parrocel
La Visitation
La Vierge et saint Joseph vont de Galilée à Bethléem
La Fuite en Égypte
Le Massacre des innocents
Vie humble de Jésus
Les gravures de Joseph Parrocel sont visibles dans plusieurs musées dont :
↑Le tableau, commandé par Louis XIV, a été peint pour décorer l'antichambre de l'appartement du roi au château de Marly ( source : Xavier Salmon, Parrocel au service de Louis XIV - Un nouveau dessin au Louvre, in Grande Galerie - Le Journal du Louvre, dèc. 2013/jan./février 2014, no 26).
↑Emmanuelle Brugerolles (dir.), Une Dynastie de peintres. Les Parrocel, Paris, Beaux-Arts de Pars les éditions, , 96 p. (ISBN978-2-84056-237-5), p. 22-28
: source utilisée pour la rédaction de cet article
Frédéric Lacaille et al. (préf. Michel Lucas), L'œuvre révélé de Joseph Parrocel : peintures murales aux Invalides, Dijon, Éd. Faton, , 339 p. (ISBN2-87844-078-1, OCLC718494349).
Emmanuelle Brugerolles (sous la direction de), Une dynastie de peintres, les Parrocel, « Carnets d’études 9 », Paris, Beaux-arts de Paris les éditions, 2007 (ISBN978-2-84056-237-5) (BNF41266444)