Groupe | Folklore populaire |
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Sous-groupe | Petit-peuple |
Origines |
Mythologie germanique Folklore germanique |
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Le kobold est une créature légendaire du folklore et de la mythologie germanique.
Le terme n'est pas issu du substantif allemand moderne der Kobold, qui désigne le plus souvent un lutin, mais d'un mot attesté en moyen haut allemand, soit kóbolt ou kobólt. L'origine est probablement encore plus ancienne. Il s'agirait initialement d'un esprit protecteur de la maison et du foyer. Il serait associé aux divers cultes des morts des traditions païennes. Bon et dévoué pour la famille qui l'accueillait en conservant rituels, mais menaçant pour les rivaux et ennemis de la famille, le kobold est devenu une figure ambivalente après avoir été chassé du rituel des foyers par le rigorisme chrétien. Relégués dans les lieux abandonnés et redevenus par nécessité voleurs, sauvages, agressifs et menaçants, les petits êtres sont devenus selon les diverses traditions paysannes soit des lutins des marais, des prairies, des forêts sauvages, soit des nains voleurs de métaux monétaires et précieux des milieux souterrains, soit des recycleurs infernaux des mondes chtoniens[1]. Leur présence médiévale tardive est très souvent associée à des endroits méphitiques ou enfumés, à des brouillards inquiétants et démoniaques, à des charniers ou autres lieux de mort, avant que n'intervienne l'embourgeoisement idyllique par des contes des littératures nationales écrites.
Ce terme peut être décomposé en deux racines ou étymons :
Le kobold serait ainsi « celui qui règne sur une pièce, sur le coin du ménage », c'est-à-dire celui qui perpétue la dernière position du vieil homme ou de la vieille femme, de l'ancêtre de la famille désormais inutile à l'ouvrage. Dans les gloses en vieil-anglais, il apparaît sous le terme cofgod (en), au pluriel cofgodas, « les dieux de la pièce ». Le terme pièce englobe toutes les parties de la maison, cellier, salle principale, etc. Cette étymologie rapproche donc le kobold du domovoï slave ou des dieux lares romains. Le kobold germanique a pour équivalent en France, le gobelin (ou goublin dans le Cotentin).
Dans le folklore minier nordique ou germanique, les kobolds pillent les veines de métaux précieux, causent sans prévenir les graves accidents et surtout les suffocations dans les mines. Les mineurs accusent ces nains dangereux de voler le minerai d'argent ou de cuivre, de le remplacer par des mauvais minerais spécifiques et inutilisables, qualifié de kobolt ou kobalt, cobaltum en latin médiéval, et de disséminer à qui mieux mieux dans les souterrains des émanations ou poussières empoisonnées d'arsenic ou des poches d'hydrogène sulfuré. Les nains médiévaux, soit die Kobolde, expliquent ainsi par dérivation le nom de l'élément chimique cobalt, découvert à partir d'un minerai ou de résidus miniers connus et décrits au XVIe siècle dans des mines de Saxe et de Bohême. Le cobolt désignait en français au début du XXe siècle la poudre fine, en partie oxydée, du corps simple qu'est l'arsenic.
Les kobolds sont des esprits laids souvent apparentés à des gobelins qui proviennent du folklore allemand. Les versions les plus communes, connues sous le nom de Heinzelmännchen, sont décrites en tant qu'elfes de maisons, utiles ou pratiques. Ils effectuent parfois des corvées domestiques, mais peuvent également jouer des tours aux habitants.
Un autre type de kobold, qui peut être trouvé dans les mines et autres endroits souterrains, semble être lié plus étroitement au gnome. Ce sont des créatures mauvaises qui vivent entre elles, plutôt que dans les maisons humaines. Ces kobolds sont décrits comme semblables à des rats ou des chiens se tenant sur deux pattes. Leur taille varie d'une trentaine de centimètres à un mètre. Les plus connus ont une peau de couleur variable, allant du vert au brun. Ils sont souvent représentés avec de petites cornes, des dents très aiguisées, des serres et une queue. Leur espérance de vie est d'environ 40 ans. Ils vivent dans des forêts et s'aménagent des repaires de fortune dans des grottes, dans des racines d'arbre ou dans des galeries souterraines[4].
L'on trouve deux références aux kobolds dans l'œuvre de Théophile Gautier. Dans les deux cas, cette créature est présentée comme un élément symbolique du folklore germanique.
Le , il publie dans Le Moniteur un article intitulé « Gérard de Nerval », dans lequel il parle en ces termes de son ami :
« Les sympathies et les études de Gérard de Nerval l’entraînaient naturellement vers l’Allemagne, qu’il a souvent visitée, et où il a fait de fructueux séjours : [...] les kobolds sont sortis devant lui des fentes de rocher du Hartz, et les sorcières du Brocken ont dansé autour du jeune poète français, qu’elles prenaient pour un étudiant d’Iéna, la grande ronde du Walpurgisnachtstraum [...]. »
Deux ans plus tard, en 1856, il les mentionne aussi dans son essai L'Art moderne, au cours d'une description de la Souabe :
« C'est au pied de ces tours qu'Uhland fait résonner le cor d'ivoire de la chevalerie ; sur ces collines vertes courent les Kobolds aux chapeaux de feutre verts ; du sein de ces ruisseaux, écartant les feuilles du nénuphar, sort l'Elfe, agaçant le comte du saint-empire, imbriqué de son armure d'or, ou le page au pourpoint de soie tailladé ; la légende et le lied se promènent par ces petits sentiers en se donnant la main. »
En 1863, au chapitre I du Capitaine Fracasse, Gautier écrit encore : « Qui devait s'asseoir à ce modeste couvert apporté dans ce manoir sans habitants ? peut-être l'esprit familier de la maison, le genius loci, le Kobold fidèle au logis adopté, et le chat noir à l'œil si profondément mystérieux attendait sa venue pour le servir la serviette sur la patte. »
Dans Le Nabab (1871), Alphonse Daudet évoque « des kobolds familiers » apparaissant à un auteur dramatique en plein effort de création poétique[5].
Le poème Charleroi de Paul Verlaine (1872) commence et s'achève par une allusion aux Kobolds.
Dans l'herbe noire
Les Kobolds vont.
Le vent profond
Pleure, on veut croire.
— Paul Verlaine, Romances sans paroles, Charleroi
Dans Les kobolds (édition Marcel Berry, 1938, chapitre 18), Alexandre Dumas décrit ces créatures :
« — Je vais reconstruire notre vieux château de Wittsgaw, dit le chevalier Osmond à la comtesse Berthe, sa femme ; les Kobolds, ces gentils petits génies qui habitent nos fondations, ne nous en voudront pas. […] — les kobolds faisaient pour leur part autant de travail que les maçons. »
Walter Benjamin, dans une lettre du à Jula Radt, évoque les Kobolds à propos de son travail de traducteur :
« Pour ce faire j'ai, à vrai dire, découvert un régime qui attire magiquement les Kobolds à mon aide et qui consiste en ceci que, lorsque je me lève le matin, sans m'habiller, sans me passer sur les mains ou le corps la moindre goutte d'eau, sans même boire, je me mets au travail et, avant d'avoir achevé le pensum de la journée entière, je ne fais rien, surtout pas prendre le petit déjeuner. »
Ce faisant, il semble instituer le terme « kobold » comme une métaphore de l'inspiration. Robert Kahn, commentant cet extrait, y voit le signe que l'activité du traducteur est perçue par Benjamin comme « une pratique magique, [qui] ne peut s'accommoder d'aucun compromis » :
« L'attitude "idéale" du traducteur, celle qui produira l'intervention des Kobolds, "ces esprits familiers gardiens des métaux précieux enfouis dans la terre", est donc proche à la fois de celle de l'enfant qui écoute les contes de fées en attendant d'être si déçu par "le petit bossu", et des gnostiques ou des "parfaits" cathares qui refusent tout contact avec la matière, œuvre du Démiurge[6]. »
Dans la nouvelle « La coupe », tirée de son recueil Les ingénus, Félicien Marceau décrit ainsi l'un de ses personnages : « ...l'oncle Étienne évoquait assez bien un père Noël qui aurait rétréci à l'usage ou, mieux encore, un de ces bienfaisants kobolds des légendes germaniques »[7].
Dans le recueil Les Sept Femmes de la Barbe-Bleue et autres contes merveilleux d’Anatole France, le conte « La Chemise » fait référence à cette créature :
« — Il me semble, leur dit un jour Christophe V étendu sur sa chaise longue, il me semble qu’une nichée de rats me grignotent les entrailles, pendant qu’un nain horrible, un kobold en capuchon, tunique et chausses rouges, descendu dans mon estomac, l’entame à coups de pic et le creuse profondément[8]. »
Dans la 3e édition du jeu de rôle sur table Donjons et Dragons, les kobolds sont des créatures humanoïdes ovipares de petite taille (environ 1 m). Ils ont la peau recouverte d'écailles dont la couleur varie du brun-roux très sombre au noir rouillé.
Ils ont deux petites cornes sur le front, dont la couleur va du blanc au brun-jaune. Ils vivent dans des cavernes ou des forêts vierges, voient dans le noir et détestent la lumière du jour. Ils vivent environ 135 ans. Leur organisation est tribale et ils détestent les lutins, pixies, esprits follets et les gnomes. Ils sont plus apparentés aux dragons qu'aux gobelins. Comme les gobelins, ils sont souvent considérés comme des proies faciles pour des personnages joueurs de bas niveau. Leur goût pour la fabrication de pièges, la moquerie et la préparation d'embuscades en font cependant d'agaçants adversaires. Avec la troisième édition, les kobolds ont pris beaucoup plus d’importance qu’ils n'en avaient auparavant.
Dans le monde du jeu de rôle Palladium, les kobolds sont des humanoïdes, cousins des gobelins et des orcs, mais plus beaux selon les critères humains. Ils descendent d'un peuple féerique qui a perdu ses pouvoirs magiques. Ils mesurent en moyenne 1 m pour environ 40 kg, et vivent plus de 160 ans (certains atteignent 250 ans). Ils sont minces et musclés, avec une peau épaisse de couleur cire et de cheveux noirs ou blancs, voire argentés ; ils sont glabres. Ils ont de grandes oreilles pointues, des yeux jaunes ou rouges et de petites dents pointues. Ils peuvent voir dans le noir jusqu'à 120 m, mais sont gênés par la lumière du jour qui limite leur vision à une dizaine de mètres.
Les kobolds dédaignent les gobelins, qu'ils trouvent stupides, et haïssent les humains, les elfes, les gnomes et les changelins, mais respectent les nains pour leur qualités guerrières. Ils apprécient la compagnie des trolls, des ogres, des géants et des hommes-loup (wolfen).
Ils vivent dans des cavernes et des mines qu'ils exploitent ; ce sont des forgerons et des orfèvres d'exception, les meilleurs du monde de Palladium après les nains et à égalité avec les jotans (géants de terre). Ils vendent principalement aux hommes-loup, orcs, ogres et gobelins, notamment des armes et armures, mais leur production est également très appréciée des humains.
Leurs villages et leurs villes sont des réseaux de cavernes, bas de plafond (1,5 m à 2,5 m de haut). Les villages sont à quelques mètres sous terre. Les villes abritent 600 à 2 400 kobolds, mais les cités les plus importantes, sous les montagnes de l'Ancien royaume, peuvent abriter jusqu'à 26 000 individus. Elles sont entre 600 m et 6 km de profondeur et sont typiquement formées d'une centaine de kilomètres de tunnels formant un labyrinthe sur environ huit niveaux, sous une surface de quelques kilomètres carrés au sol. Les habitations sont regroupées dans des quartiers pouvant représenter quelques centaines ou milliers de kobolds ; les niveaux les plus profonds servent de mine ou d'égout. Certaines villes sont reliées par des tunnels de plusieurs centaines de kilomètres situés à environ 3 km de profondeur.