Le 9M14 Malioutka (ce qui signifie « petit bébé ») est un missile antichar soviétique filoguidé. Il est désigné en Occident sous le code OTAN AT-3 Sagger. C'est historiquement le premier missile antichar portatif soviétique, et probablement le missile antichar guidé le plus largement produit de tous les temps, la production soviétique atteignant les 25 000 unités par an dans les années 1960 et 1970. De plus, des copies de ce missile ont été produites sous divers noms par au moins cinq pays.
Le développement du 9M14 Malioutka commence en quand le gouvernement confie le projet à deux équipes : Tula et Kolomna. Le cahier des charges demandait les qualités suivantes :
Le concept est basé sur les missiles antichars guidés occidentaux des années 1950, comme l'ENTAC français et le Cobra germano-suisse. Finalement, c'est le prototype développé par le bureau de design de machines Kolomna, déjà responsable du AT-1 Snapper, le premier missile antichar soviétique, qui est choisi. Les tests initiaux sont terminés le et le missile mis en service le .
Dans l'armée soviétique, la version portative est déployée au sein du peloton antichar des bataillons de fusiliers motorisés. Chaque peloton a deux sections de Sagger, chacune comptant deux équipes, et chaque équipe avait deux lanceurs. Dans chaque équipe, un assistant porte un lance-roquettes RPG-7. Le missile Sagger ayant une portée minimum de 500 mètres, le RPG-7 sert à couvrir cette zone d'ombre.
Le missile est aussi intégré dans le véhicule de combat d'infanterie BMP-1, le véhicule aéroporté BMD-1 et le véhicule de reconnaissance BRDM-2 et d'autres engins, le Pérou par exemple ayant converti des AMX-13[1].
Le Sagger est employé par les forces nord-vietnamiennes contre les forces sud-vietnamiennes à partir de 1972 pendant la guerre du Viet-Nâm.
Il est employé avec un grand succès pendant la guerre du Kippour en 1973 par les armées syrienne et égyptienne. En moyenne, chaque équipe y tire 20 missiles, soit environ 2 000 missiles par division, au cours de la guerre. Des sources soviétiques affirment que le Sagger est responsable de la perte de 800 chars israéliens pendant cette guerre, bien que certaines sources parlent de 1 063 chars (mais ce chiffre inclut probablement des chars temporairement hors d'état et réparés en moins de 24 heures)[2].
Le missile est utilisé par les Palestiniens pendant Opération Déluge d'al-Aqsa
Le missile peut être tiré à partir d'un lanceur portatif (le 9P111), des véhicules terrestres (BMP-1, BMD-1, BRDM-2) et des hélicoptères (Mi-2, Mi-8, Mi-24). Il faut environ cinq minutes pour déployer le missile à partir de sa mallette 9P111 en fibre de verre, qui sert également de plate-forme de lancement.
Le missile est guidé vers la cible grâce à un petit joystick (9S415). Le guidage demande une certaine habileté de la part de l'opérateur. Les ajustements de celui-ci sont transmis au missile par un mince câble à trois brins qui est déroulé derrière le missile. Le missile s'élève en l'air immédiatement après le lancement, pour éviter de toucher des obstacles au sol. En vol, le missile tourne sur lui-même au rythme de 8,5 révolutions par seconde. Au départ, le missile tourne à cause de son booster, puis le tournoiement continue à cause du léger angle de ses ailerons. Le missile emploie un petit gyroscope pour s'orienter par rapport au sol. Par conséquent, le missile peut mettre un certain temps à être raligné vers la cible, ce qui lui donne une portée minimale, située quelque part entre 500 et 800 mètres. Pour des cibles à moins de 1 000 mètres, l'opérateur peut guider le missile à l'œil nu. Pour des cibles plus lointaines, il peut employer un périscope 9Sh16 grossissant 8 fois et d'un angle de vue de 22,5 degrés.
Le missile peut frapper des cibles situées à 3 km dans un angle de 45 degrés centré sur l'axe de lancement. À des portées inférieures à 1,5 km, cet angle se réduit, et à une portée de 500 m le missile ne peut frapper que des cibles à 50 m de l'axe de lancement. La précision du missile est bien moindre quand la cible est loin de l'axe de lancement.
Malgré des premières estimations selon lesquelles le missile devait toucher sa cible pour entre 60 et 90 tirs sur 100, en pratique il ne touche qu'entre 2 et 25 fois sur 100, en fonction de l'habileté de l'opérateur et de la situation. Il semble nécessiter 2 300 simulations de tir pour apprendre à tirer le missile correctement, et entre 50 et 60 simulations par semaine pour maintenir son habileté.
Un des problèmes du missile est le temps qu'il met à atteindre sa portée maximale (environ 30 secondes), ce qui laisse à la cible le temps de réagir, en se cachant derrière un obstacle, en déployant un nuage de fumée ou en tirant sur l'opérateur.
Les versions les plus récentes du Sagger pallient ces problèmes en remplaçant le système de guidage par un guidage SACLOS et en augmentant la vitesse de vol.